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Rechercher : Rémi Hugues. histoire

  • L’Ami retrouvé ? par Louis-Joseph Delanglade

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    Les événements qui secouent le Burkina Faso (autrefois Haute-Volta) prouvent une fois de plus, après tant dautres du même genre, que lAfrique noire nen finit pas de se chercher. Quand elles ne sont pas tributaires dune décolonisation bâclée et peu soucieuse des réalités ethniques, voire géographiques, les « nations » africaines peinent à trouver une stabilité politique faisant consensus. On nen finirait pas d’égrener la litanie des conflits, coups dEtat, révolutions, etc. qui déstabilisent et ensanglantent le continent depuis un demi-siècle. Il serait pourtant vain et prétentieux dadopter la posture paternaliste du donneur de leçons : les pays africains, notamment les pays dits « francophones », existent bel et bien et, selon une tradition que rien ne saurait remettre en cause, la France se doit de traiter avec les Etats. 

    Il y a quelques années, M. Guaino, par la voix de M. Sarkozy, délivrait à Dakar un message sans doute maladroit puisque mal compris. Il est de toute façon inutile et certainement contre-productif de reprocher aux gens d’être ce quils sont. Les Africains sont dans lHistoire, autant que nous, mais selon leur personnalité propre. Et cest avec eux, tels quils sont, que lon doit traiter si lon veut resserrer ou (re)nouer des liens solides - et profitables aux deux parties comme en témoignent par exemple les diverses interventions de nos troupes sur le sol africain. 

    La France dispose encore datouts-maîtres dans la région. Dabord sa langue, langue officielle de la quasi-totalité de ses ex-colonies, ce qui assure à cette « communauté » une assise linguistique et culturelle incontestée. Ensuite une implantation, encore bien réelle, dans des secteurs aussi variés que le commerce, l’économie, la médecine ou lenseignement. Et encore, une présence demandée dans les domaines régaliens que sont la monnaie (zone franc C.F.A.) et la Défense (bases militaires françaises). 

    De toute façon, nous navons pas vraiment le choix. Linfluence de la France en Europe ne cesse de diminuer à proportion de l’élargissement de lUnion et de laccroissement progressif des pouvoirs supra-nationaux. Son effacement, par manque de moyens, de lAsie et du Pacifique est notoire - tout comme son absence du continent américain. Ne lui reste véritablement que lAfrique pour asseoir ses prétentions à demeurer une puissance internationale.  

    En 1958, la « Communauté française » sest substituée à « lUnion française ». Mais les déclarations dindépendance de 1960 ont vite eu raison de ce qui n’était quun prête-nom. Cependant, un « commonwealth à la française » aurait peut-être permis d’éviter une relation calamiteuse fondée sur un mélange détonant de « Françafrique » au tropisme semi-maffieux et didéologique approche « droits-de-lhommiste ». Oui, il est grand temps de redonner vie à un projet véritablement communautaire qui sinscrirait dans une vision stratégique à long terme. Et de retrouver ainsi lami africain.  ♦

  • 21 Novembre 1914 ... Guillaume II, Empereur d'Europe

    DHALPORT0134.jpgMme de Mac-Mahon a vu aujourd'hui, rue François 1er, une dame de la Croix-Rouge, faite prisonnière à Bapaume, emmenée en Allemagne et revenue en France après quelques semaines d'internement à Hanovre. Cette dame fait le récit suivant :

    « L'ambulance avec laquelle j'avais été faite prisonnière étant passée sous la direction du service de santé allemand, il y eut quelque temps fusion des deux personnels. Je ne tardai pas à remarquer un blessé - d'ailleurs très légèrement atteint d'un éclat d'obus à la cuisse - à qui l'on témoignait une déférence particulière. Voyant ma curiosité, un des médecins allemands finit par me révéler que cet auguste blessé était un des fils de l'Empereur, le prince Eitel. Et, cette confidence faite, il ajouta :

    - Il est triste, notre cher prince Eitel...

    - Et pourquoi est-il triste ? demandai-je.

    On traversait à ce moment une de nos provinces qui a particulièrement eu à souffrir de l'invasion.

    Parce qu'on abîme la France. Et c'était la France qui était destinée au prince Eitel.»

    Cette dame ajoutait :

    « Il ne faut pas s'étonner que Guillaume II ait partagé - avant de savoir s'il aurait la victoire - les peuples vaincus entre ses fils, car j'ai vu sur les murs de Hanovre des affiches dont le titre portait en grosses lettres : Guillaume II, Empereur d'Europe. »

    Des précisions sur la disgrâce de Joseph Caillaux se répandent. D'abord de nombreuses personnes ont été les témoins de scènes désagréables qui se sont produites chez Larue. Un jour, un officier supérieur anglais et quatre de ses collègues sont partis en déclarant qu'ils ne s'assoiraient pas auprès de l'ancien ministre. Le propriétaire du restaurant a fini par prier M. et Mme Caillaux de ne plus venir chez lui, sinon il était menacé de perdre sa clientèle.

    La Stampa, de Turin, a raconté que la disgrâce de Joseph Caillaux et son éloignement avaient été provoqués par le généralissime. Voici le fond de l'histoire. Trésorier-payeur aux armées avec le grade de colonel, Joseph Caillaux, en même temps député, s'était permis d'écrire au général Joffre pour protester contre une punition réglementaire infligée à un officier de réserve, électeur dans la circonscription, désormais célèbre, de Mamers. Joffre répondit par quinze jours d'arrêt à Joseph Caillaux et par une mise en demeure au gouvernement d'avoir à le débarrasser au plus tôt de l'encombrant personnage. On peut croire que Briand et Millerand n'ont pas demandé mieux que de donner satisfaction au généralissime. Caillaux lui-même, pour qui la situation était intenable à Paris, a sans doute accepté avec plaisir la solution d'une mission à l'étranger. Cependant il se pourrait que la série de ses tribulations et de ses avanies ne fût pas achevée. Le bruit court au Figaro qu'il se pourrait fort bien que le ménage Caillaux ne pût même pas débarquer à Rio de Janeiro. 

    Mais cette affaire a encore contribué à irriter le commandement, devant qui cèdent de plus en plus les politiciens.  ♦   

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  • Question du jour : le statut de la République dans la France actuelle !

    lances.jpgUne question se pose : quel est, dans la France d’aujourd’hui, le statut de la République, des valeurs républicaines, des républicains eux-mêmes ? Superficielle ou profonde, artificielle ou pertinente, cette question se pose pour ainsi dire d’elle-même si l’on écoute les déclarations des hommes politiques – surtout ceux qui exercent le pouvoir, mais aussi les autres - si l’on suit les débats, si on lit la presse.

    Pourquoi vient-elle à l’esprit, aujourd’hui plus qu’hier, cette question apparemment inactuelle ? Tout simplement parce que l’ensemble des tenants du Système (politiciens, journalistes, intellectuels) s’expriment en ce moment exactement comme si la République était en danger, comme la Patrie l’avait été et comme on l’avait écrit sur les drapeaux, en juillet 1792 qui devait ouvrir la Terreur. Cris d’alarmes, appels à la Résistance, exhortations à l’union des républicains, comme au temps de Gambetta, vibrants plaidoyers pour la défense des valeurs républicaines menacées (Liberté, Egalité, Fraternité, bien-sûr ; mais aussi démocratie, Droits de l’Homme, laïcité, parité, quoi encore ?) : tout cela fait désormais partie du rituel du Régime.   

    Est-ce à dire qu’après presque un siècle et demi, ce bloc politico-idéologique qu’aucune force sérieuse ne conteste, ne s’identifie pas vraiment à la France, qu’il se considère lui-même, réagit, comme une communauté minoritaire et s’exprime, continuellement, comme un camp retranché (un camp des saints ?) assiégé de toutes parts ?  

    Il ne nous déplairait pas que la République et ses valeurs soient menacées, autrement que par elle-même. Mais de menaces réelles qui lui soient extérieures, qui visent à la renverser, nous ne voyons pas trace. La République, comme l’Union Soviétique des années 1980 et 90, est menacée d’effondrement sur elle-même, non par des adversaires, résolus à l’abattre !  

    Qu’est-ce que tout cela signifie ? Superficiellement, sans-doute, que l’on redoute, ou que l’on fait semblant de redouter le Front National. Pourtant, ce parti politique, contre qui l’on bat le rappel des républicains,  ne conteste ni la République ni la démocratie et François Hollande comme Nicolas Sarkozy comptent bien, l’un comme l’autre ou leurs pareils, sur Marine Le Pen, pour être élus, au second tour de la présidentielle de 2017. Plus profondément, ce tintamarre alarmiste peut signifier aussi que la République ne s’est jamais ni réellement ni tout à fait installée en France ; que le charme séculaire de la monarchie, selon Jaurès, n’y a jamais été tout à fait rompu ; que l’on y revient toujours, comme simple nostalgie ou, pour quelques-uns, comme espérance ; qu’un siècle et demi ou deux n’abolissent pas si aisément qu’on le croit ce qu’ont fait dix ou quinze siècles, qui furent des siècles fondateurs; que l’Histoire dure longtemps, qu’elle est un élément fort du présent ; que l’on n’adopte pas sans réticences ni retours un régime tout entier bâti contre elle ; que la tendance à remonter à son origine, à son principe, et, en quelque façon, à ses princes, n’a jamais tout à fait quitté le peuple français.

     

  • L’Église selon François : Le dossier du numéro de janvier de Politique magazine qui vient de paraître

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    Dossier : L’Église selon François

    Le 13 mars 2013, l’argentin Jorge Mario Bergoglio monte sur le siège de saint Pierre. Il hérite d’un monde catholique en pleine mutation. L’Asie apparaît aujourd’hui comme le continent le plus dynamique quand, en Europe, la situation des catholiques est très inégale. En France, si l’on s’appuie sur les chiffres, le catholicisme est ainsi en voie de quasi disparition…

    Un constat  à - largement - nuancer : la mobilisation de la Manif pour tous a laissé entrevoir la promesse d’un renouveau insoupçonné dont on peut trouver l’origine dans la vitalité des communautés nouvelles. A Rome, un mois après son élection, le pape François rendait public la constitution d’un groupe de travail chargé d’étudier un projet de réforme de la Curie. Une réforme que d’aucuns attendaient comme un « profond bouleversement ». Autre bouleversement : le Synode sur la famille. Certains observateurs ont même parler d’un « Vatican III ».

    Ainsi, alors même que les foules et les médias acclament François, une quantité non négligeable de catholiques sont désorientés par ses dix-huit premiers mois d’évêque de Rome. Inévitable tant ce pape est « inclassable ». Un pape François qui pourrait finalement se révéler plus « politique » que ce qu’il n’y paraît…

    •  Lire l'entretien de Politique magazine avec Jean-Marie Guénois :  « Un pape inclassable »

    - L’Église catholique dans le monde, par Julien Serey
    - Les surgeons d’un renouveau, par Gérard Leclerc
    - Un malaise François ?, par Thibaud Collin
    - François à l’assaut de la Curie, par l’abbé Claude Barthe
    - La seule multinationale qui tienne, par Christian Tarente 

    Et aussi dans ce numéro … 54 pages d’actualité, de réflexion et de culture !

    Analyse : Noël, fête de la naissance par Hilaire de Crémiers ; Société : L’illusion Sarkozy, par Jean de La Faverie  ; Tribune : le djhadisme : un humanisme, par Aristide Renou ; Monde : le grand jeu de l’énergie, par Georges-Henri Soutou ; Économie : Quand l’Europe tangue, par Alain Pélops ; Civilisation : Entretien avec Jean-Christian Petitfils : « On a fait de Louis XV un roi maudit » ; Histoire : Louis XV, le mal-aimé, par Anne Bernet…

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  • Attentats à Paris et à Bruxelles : « C'est l'ennemi qui nous désigne »

     

    Pour comprendre la guerre qui oppose l'Europe à l'islamisme, Mathieu Bock-Côté nous invite à redécouvrir Julien Freund. [Figarovox 1.04] A travers Freund, il nous invite ici à renouer avec les fondements du politique, à rejeter l'universalisme radical, à refuser ce que Maurras eût appelé les nuées, à opérer ce que Thibon nommait retour au réel. « Contre le progressisme qui s'imagine pouvoir dissoudre la pluralité humaine dans une forme d'universalisme juridique ou économique et le conflit politique dans le dialogue et l'ouverture à l'autre ». Sa conception du politique et de l'histoire, son anthropologie même, nous ramènent à Bainville et Maurras. A toute l'école d'Action française. Face à cet épuisement de l'identité européenne - dont le constat nous est familier grâce à Jean-François Mattei - Mathieu Bock-Côté nous conduit, comme jadis Pierre Boutang, à la redécouverte d'une pensée qui sauve. Une pensée des profondeurs qui ressurgit des lointains de notre Histoire. Nous sommes ici dans un paysage familier.  Lafautearousseau  

     

    Mathieu Bock-Coté.jpgPendant un bon moment, la figure de Julien Freund (1921-1993) a été oubliée. Il était même absent du Dictionnaire des intellectuels français paru en 1996 au Seuil, sous la direction de Jacques Julliard et Michel Winock, comme si sa contribution à la vie des idées et à la compréhension du monde était insignifiante. Son œuvre n'était pas rééditée depuis 1986. L'ancien résistant devenu philosophe qui refusait les mondanités parisiennes et la vision de la respectabilité idéologique qui les accompagne œuvrait plutôt en solitaire à une réflexion centrée sur la nature du politique, sur la signification profonde de cette sphère de l'activité humaine.

    Son souvenir a pourtant commencé à rejaillir ces dernières années. Après avoir réédité chez Dalloz en 2004 son maître ouvrage, L'essence du politique, Pierre-André Taguieff lui consacrait un petit ouvrage remarquablement informé, Julien Freund: au cœur du politique, à La Table Ronde en 2008. En 2010, certains des meilleurs universitaires français, parmi lesquels Gil Delannoi, Chantal Delsol et Philippe Raynaud, se rassemblaient dans un colloque consacré à son œuvre, dont les actes seront publiés en 2010 chez Berg international. Son œuvre scientifique y était explorée très largement.

    Mais ce sont les événements récents qui nous obligent à redécouvrir une philosophie politique particulièrement utile pour comprendre notre époque. L'intérêt académique que Freund pouvait susciter se transforme en intérêt existentiel, dans une époque marquée par le terrorisme islamiste et le sentiment de plus en plus intime qu'ont les pays occidentaux d'être entraînés dans la spirale régressive de la décadence et de l'impuissance historique. Freund, qui était clairement de sensibilité conservatrice, est un penseur du conflit et de son caractère insurmontable dans les affaires humaines.

    Freund ne croyait pas que l'humanité transcenderait un jour la guerre même si d'une époque à l'autre, elle se métamorphosait. Le conflit, selon lui, était constitutif de la pluralité humaine.

    Dans son plus récent ouvrage, Malaise dans la démocratie (Stock, 2016), et dès les premières pages, Jean-Pierre Le Goff nous rappelle ainsi, en se référant directement à Freund, que quoi qu'en pensent les pacifistes qui s'imaginent qu'on peut neutraliser l'inimitié par l'amour et la fraternité, si l'ennemi décide de nous faire la guerre, nous serons en guerre de facto. Selon la formule forte de Freund, « c'est l'ennemi qui vous désigne ». C'est aussi en se référant au concept d'ennemi chez Freund qu'Alain Finkielkraut se référait ouvertement à sa pensée dans le numéro de février de La Nef.

    En d'autres mots, Freund ne croyait pas que l'humanité transcenderait un jour la guerre même si d'une époque à l'autre, elle se métamorphosait. Le conflit, selon lui, était constitutif de la pluralité humaine. Et contre le progressisme qui s'imagine pouvoir dissoudre la pluralité humaine dans une forme d'universalisme juridique ou économique et le conflit politique dans le dialogue et l'ouverture à l'autre, Freund rappelait que la guerre était un fait politique insurmontable et que l'accepter ne voulait pas dire pour autant la désirer. C'était une philosophie politique tragique. Mais une philosophie politique sérieuse peut-elle ne pas l'être ?

    La scène commence à être connue et Alain Finkielkraut l'évoquait justement dans son entretien de La Nef. Freund l'a racontée dans un beau texte consacré à son directeur de thèse, Raymond Aron. Au moment de sa soutenance de thèse, Freund voit son ancien directeur, Jean Hyppolite, s'opposer à sa vision tragique du politique, en confessant son espoir de voir un jour l'humanité se réconcilier. Le politique, un jour, ne serait plus une affaire de vie et de mort. La guerre serait un moment de l'histoire humaine mais un jour, elle aurait un terme. L'humanité était appelée, tôt ou tard, à la réconciliation finale. Le sens de l'histoire en voudrait ainsi.

    Freund répondra qu'il n'en croyait rien et que si l'ennemi vous désigne, vous le serez malgré vos plus grandes déclarations d'amitié. Dans une ultime protestation, Hyppolite dira qu'il ne lui reste plus qu'à se réfugier dans son jardin. Freund aura pourtant le dernier mot : si l'ennemi le veut vraiment, il ira chercher Jean Hyppolite dans son jardin. Jean Hyppolite répondra terriblement : « dans ce cas, il ne me reste plus qu'à me suicider ». Il préférait s'anéantir par fidélité à ses principes plutôt que vivre dans le monde réel, qui exige justement qu'on compose avec lui, en acceptant qu'il ne se laissera jamais absorber par un fantasme irénique.

    Un pays incapable de nommer ses ennemis, et qui retourne contre lui la violence qu'on lui inflige, se condamne à une inévitable décadence.

    La chose est particulièrement éclairante devant l'islamisme qui vient aujourd'hui tuer les Occidentaux dans leurs jardins. Les élites occidentales, avec une obstination suicidaire, s'entêtent à ne pas nommer l'ennemi. Devant des attentats comme ceux de Bruxelles ou de Paris, elles préfèrent s'imaginer une lutte philosophique entre la démocratie et le terrorisme, entre la société ouverte et le fanatisme, entre la civilisation et la barbarie. On oublie pourtant que le terrorisme n'est qu'une arme et qu'on n'est jamais fanatique qu'à partir d'une religion ou idéologie particulière. Ce n'est pas le terrorisme générique qui frappe les villes européennes en leur cœur.

    On peut voir là l'étrange manie des Occidentaux de traduire toutes les réalités sociales et politiques dans une forme d'universalisme radical qui les rend incapables de penser la pluralité humaine et les conflits qu'elle peut engendrer. En se délivrant de l'universalisme radical qui culmine dans la logique des droits de l'homme, les Occidentaux auraient l'impression de commettre un scandale philosophique. La promesse la plus intime de la modernité n'est-elle pas celle de l'avènement du citoyen du monde ? Celui qui confessera douter de cette parousie droit-de-l'hommiste sera accusé de complaisance réactionnaire. Ce sera le cas de Freund.

    Un pays incapable de nommer ses ennemis, et qui retourne contre lui la violence qu'on lui inflige, se condamne à une inévitable décadence. C'est ce portrait que donnent les nations européennes lorsqu'elles s'imaginent toujours que l'islamisme trouve sa source dans l'islamophobie et l'exclusion sociale. On n'imagine pas les nations occidentales s'entêter durablement à refuser de particulariser l'ennemi et à ne pas entendre les raisons que donnent les islamistes lorsqu'ils mitraillent Paris ou se font exploser à Bruxelles. À moins qu'elles n'aient justement le réflexe de Jean Hyppolite et préfèrent se laisser mourir plutôt que renoncer à leurs fantasmes ?

    Dans La fin de la renaissance, un essai paru en 1980, Freund commentait avec dépit le mauvais sort de la civilisation européenne: « Il y a, malgré une énergie apparente, comme un affadissement de la volonté des populations de l'Europe. Cet amollissement se manifeste dans les domaines les plus divers, par exemple la facilité avec laquelle les Européens acceptent de se laisser culpabiliser, ou bien l'abandon à une jouissance immédiate et capricieuse, […] ou encore les justifications d'une violence terroriste, quand certains intellectuels ne l'approuvent pas directement. Les Européens seraient-ils même encore capables de mener une guerre » ?

    On peut voir dans cette dévitalisation le symptôme d'une perte d'identité, comme le suggérait Freund dans Politique et impolitique. «Quels que soient les groupements et la civilisation, quelles que soient les générations et les circonstances, la perte du sentiment d'identité collective est génératrice et amplificatrice de détresse et d'angoisse. Elle est annonciatrice d'une vie indigente et appauvrie et, à la longue, d'une dévitalisation, éventuellement, de la mort d'un peuple ou d'une civilisation. Mais il arrive heureusement que l'identité collective se réfugie aussi dans un sommeil plus ou moins long avec un réveil brutal si, durant ce temps, elle a été trop asservie ».

    Le retour à Freund est salutaire pour quiconque veut se délivrer de l'illusion progressiste de la paix perpétuelle et de l'humanité réconciliée. À travers sa méditation sur la violence et la guerre, sur la décadence et l'impuissance politique, sur la pluralité humaine et le rôle vital des identités historiques, Freund permet de jeter un nouveau regard sur l'époque et plus encore, sur les fondements du politique, ceux qu'on ne peut oublier sans se condamner à ne rien comprendre au monde dans lequel nous vivons. Si l'œuvre de Freund trouve aujourd'hui à renaître, c'est qu'elle nous pousse à renouer avec le réel. 

    FigaroVox

    Mathieu Bock-Côté                       

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie et chargé de cours aux HEC à Montréal. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire (Boréal, 2007). Mathieu Bock-Côté est aussi chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada.

  • Vous avez dit liberté de la presse ? Voici un avis américain qui est un brûlot !

     

    Rédacteur en chef du New York Times, lors d'un banquet - le 25 septembre 1880 - John Swinton se fâche lorsque quelqu'un propose de boire « à la liberté de la presse ». On méditera sa réaction, ses propos iconoclastes au regard du médiatiquement correct. Un brûlot. Et les lecteurs de Maurras rapprocheront ce que dit ici John Swinton de ce qui était exposé vingt-cinq ans plus tard dans l'Avenir de l'intelligence sur la condition des intellectuels de l'ère démocratique. Certes, la dite condition ne s'est pas améliorée, à l'exception de cette sorte particulière de liberté de publication que ménage Internet, où tout paraît à volonté. A satiété. Le meilleur et le pire, dans un grand désordre. LFAR

     

    NewYorkTimes.jpg« ...Il n'existe pas, à ce jour de l'Histoire du monde, en Amérique, de presse indépendante. Vous le savez et je le sais.

    Il n'y en a pas un seul parmi vous qui ose écrire ses franches opinions et si vous le faisiez, vous savez très bien qu'elles ne elles ne seraient jamais imprimées.

    Swinton-John.jpgOn me paye chaque semaine pour que je garde mes franches opinions hors du journal pour lequel je travaille. Vous autres aussi vous percevez des salaires pour la même chose  et celui d'entre vous qui serait assez fou pour écrire ses franches opinions se retrouverait dehors, dans les rues, à chercher un autre travail. Si je laissais mes franches opinions apparaître sur une édition de mon journal, avant vingt-quatre heures mon emploi se serait envolé.   

    Le travail du journaliste est de détruire la vérité, de mentir sans limite, de pervertir, d'avilir, de ramper aux pieds de Mammon, et de vendre son pays et sa race pour son pain quotidien. Vous le savez et je le sais. Alors qu'est-ce que c'est-ce que cette folie de vouloir porter un toast à l'indépendance de la presse ? 

    Nous sommes les outils et les vassaux des puissants et des riches, qui sont derrière la scène. Nous sommes leurs marionnettes, ils tirent les ficelles et nous dansons. Nos talents, nos facultés et nos vies sont la propriété d'autres hommes. Nous sommes des prostitués de l'intellect.

    Tout cela vous le savez aussi bien que moi .» 

     

    [Source : Labor's Untold Story, de Richard O. Boyer et Herbert M. Morais, publié par  United Electrical, Radio & Machine Workers of America, New York, 1955 - 1979)]

  • Libye : devons-nous applaudir à la victoire remportée à Syrte par le choléra salafiste sur la peste jihadiste ?

    Syrte, le 10 juin 2016 (AFP/MAHMUD TURKIA)

     

    Analyse de Bernard Lugan

     

    lugan.jpgEn Libye, l’Etat islamique (EI), surinfection d’une plaie jihadiste ouverte en 2011 avec la mort du colonel Kadhafi, est un commode « ennemi de confort » permettant d’éviter de désigner les vrais responsables du chaos. Que l’on réfléchisse un instant : - L’Etat islamique n’étant implanté à Syrte que depuis 2015, ce n’est donc pas lui qui a provoqué une anarchie libyenne ayant commencé en 2011, mais les milices salafistes de Tripoli et celles des Frères musulmans de Misrata.

    - Ce n’est pas davantage l’EI, dont la base démographique est insignifiante, qui envoie des dizaines de milliers de migrants en Europe, mais les cités côtières dont celles de Tripoli et de Misrata. Mêlées à tous les trafics, ce sont ces dernières qui se livrent à la forme contemporaine de la traite des esclaves.

    Or, soutenus militairement par la Turquie, par l’insatiable petit émirat du Qatar, par l’Europe et par les Etats-Unis,  ceux qui sont à l’origine du chaos -et qui en vivent-, viennent de se refaire une vertu auprès de la communauté internationale en chassant de Syrte un Etat islamique qu’ils avaient pourtant longtemps toléré… Cette victoire d’une fraction jihadiste sur une autre n’est en rien un gage de paix pour la Libye et pour toute la région. Le problème de fond est en effet ailleurs : les alliances tribales sur lesquelles reposait l’ordre socio-politique libyen ont été éclatées par l’intervention franco-otanienne de 2011. Dans le vide alors créé se sont engouffrés des acteurs secondaires devenus artificiellement les maîtres du jeu. Qu’il s’agisse des Frères musulmans de Misrata, des islamo-jihadistes de Tripoli ou de l’Etat islamique. Toute pacification de la Libye passe donc par le rééquilibrage entre les vrais acteurs tribaux actuellement tenus à l’écart du processus politique, et ces acteurs secondaires que la communauté internationale s’obstine à vouloir installer au pouvoir à travers le gouvernement dit d’Union nationale dominé par Misrata et placé à la merci de ses milices [1].

    Dans cette analyse, Bernard Lugan développera quatre points :

    1. Les raisons de l’échec de l’Etat islamique en Libye,

    2. Les balbutiements du gouvernement d’Union nationale

    3. La situation sur le terrain militaire et diplomatique

    4. Les  vrais moyens de reconstruire la Libye

    La suite de cette analyse est réservée aux abonnés à l'Afrique Réelle. Pour la recevoir par courriel, vous devez être abonné.

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    [1] Voir Histoire de la Libye des origines à nos jours. Pour commander, cliquer ici

    Le blog officiel de Bernard Lugan

  • Lettre au Tribunal administratif de Nantes ... Succulent ! D'une année à l'autre toujours d'actualité !

    Crèche de la Mairie de Béziers [2014]

    Cher monsieur le tribunal,

    J'ai pris connaissance il y a quelques jours de votre décision d'interdire la crèche de Noël traditionnellement installée dans le hall du Conseil Général de la Vendée.

    Quelle mouche vous a donc piqué ?

    Vous avez fait des études je suppose. Peut-être savez vous donc que Noël vient du latin Natalis qui veut dire Naissance. Alors je vais vous livrer un secret que vous voudrez bien transmettre à vos confrères qui peut-être nagent avec complaisance dans la même ignorance que vous. La naissance dont il est question est celle d'un certain Jésus de Nazareth né il y a un peu plus de 2000 ans. je dis ça parce qu'étant donné que vous n'avez pas interdit les illuminations de Noël, je suppose que vous ignoriez ce détail. Voyez-vous, Noel n'est pas l'anniversaire de la naissance du Père Noel (je suis désolé si je casse ici une croyance ancrée en vous) mais bien celle de ce Jésus. Interdire une crèche sans interdire toute manifestation publique de cette fête est aussi stupide que si vous autorisiez la fête de l'andouillette tout en interdisant la consommation d'andouillette le jour de la fête de l'andouillette.

    La crèche c'est ce qu'on appelle une tradition. Et ne me faites pas croire, Monsieur le Tribunal, que le principe de la tradition vous est étranger. Sinon, comment expliquer que les magistrats exercent leur métier dans un costume aussi ridicule si ce n'est parce qu'il est le fruit d'une tradition ?

    Vous êtes un briseur de rêves Monsieur, vous êtes un étouffeur de sens. La crèche c'est Noël et Noël c'est la crèche. La crèche c'est aussi l'histoire d'une famille qui faute de droit opposable au logement est venue se réfugier dans une étable. C'est un signe d'espoir pour tous les sans logement. La crèche c'est aussi un roi arabe et un autre africain qui viennent visiter un Juif. C'est un signe d'espérance et de paix en ces temps de choc de civilisations et de conflit au Moyen Orient. La crèche c'est aussi des éleveurs criant de joie et chantant dans une nuit de décembre. Connaissez vous beaucoup d'agriculteurs qui rigolent en cette période de crise ? La crèche c'est un bœuf, symbole de la condition laborieuse de l'homme. Enfin, la crèche, c'est un âne, même si une rumeur court disant que cet âne a quitté la crèche en 2013 pour rejoindre le Tribunal administratif de Nantes et ne semble pas en être revenu.

    Malgré le fait que vous allez sans doute, par souci de cohérence, vous rendre à votre travail le 25 décembre, 

    Je vous prie de croire, Monsieur le Tribunal, à l'expression de mes souhaits de bon et joyeux Noël.

    Jean Pierre Santon 

    [Merci à Jean-Louis Faure]

     

  • Tant qu'il y aura des Corses...

     

    cover_je_pense.jpgPar Academos 

    La rentrée scolaire (comme la fin des classes, d'ailleurs) donne lieu à force pots de bienvenue et autres rencontres de prise de contact, c'est bien normal. Au pot d'hier lundi, jour de rentrée des professeurs, j'ai rencontré une jeune nouvelle, toute fraîche émoulue de je ne sais quel institut de déformation des maîtres, bobo-gaucho-trotsko à souhait, et fière de l'être, du type « je n'ai rien à apprendre aux élèves, il me tarde de me mettre à leur écoute pour connaître leurs besoins ». Vous voyez le genre. Bref, plus dans les niaiseries d'aujourd'hui que ça, tu meurs...

    Dans un petit groupe, on se repasse bien sûr les banalités d'usage, faits divers et autres chats écrasés d'avant les vacances (une éternité ...) et, forcément, on reparle de cette fête en Corse où deux maîtresses avaient eu la drôle d'idée de faire chanter aux enfants une partie de chanson en arabe. Subitement ressurgie de je ne sais où, la jeune bobote (c'est comme ça qu'on dit, au féminin ?) arrive les poings tous faits, pour dire tout le mal qu'elle pense de ces parents qui ont empêché la chose : elle n'attaque pas les Corses mais dit que ce sont sûrement des gens du FN. A la mine dégoûtée qu'elle fait en prononçant ce nom de FN on comprend sans peine pour qui elle ne votera pas aux prochaines régionales. 

    Je luis dis simplement :

    « Mais dis moi, tu n'a pas lu Pagnol, qui raconte comment il se faisait taper sur les doigts avec une règle par le maître, et ses copains aussi, quand il parlait provençal ? Et tu ne sais pas qu'en Bretagne fleurissaient les écriteaux Défense de cracher par terre et de parler breton ! La vérité est qu'il est plaisant de voir aujourd'hui que des maîtres veulent implanter une langue étrangère, alors que leurs ancêtres, les « hussards noirs de la république », ont passé leur temps à extirper leurs racines du cerveau des petits Français. Autant qu'ils l'ont pu. Et on voudrait - maintenant que les Français ne connaissent plus leur première langue locale et si mal le français - favoriser l'apparition de nouvelles langues, qui plus est étrangères à notre Histoire et à nos racines ? Cela ne te paraît pas contradictoire ? »

    Si vous aviez vu la tête de la bobote ! Elle n'a pas répondu, et sous le prétexte évidemment futile qu'elle voyait quelqu'un passer, elle a quitté le groupe; elle a dû se dire qu'il n'y a avait rien à tirer d'un type comme moi, et qu'il était inutile d'essayer. Franchement, j'ai pensé d'elle exactement la même chose... 

     

  • Oui le Système est en mode défensif !

     

    La note d'Amaury Grandgil, reprise de Causeur, que nous avons publiée hier, à propos des conditions d'évacuation de l'église Sainte Rita à Paris, n'avait pas pour objet, nous semble-t-il, d'entrer dans des querelles religieuses qui ne sont pas de notre ressort. Pas davantage d'envisager l'affaire Sainte Rita sous son angle judiciaire. Deux remarques cependant : comme à beaucoup, il nous semble en premier lieu que les forces de l'ordre devraient avoir aujourd'hui des impératifs quasi exclusifs d'une autre urgence et d'une autre importance que l'évacuation - très contestée - précipitée et violente, d'une église ou d'une chapelle catholique, quel que soit son statut. Deuxième remarque : de tous temps, l'AF, avec en son sein des croyants et des incroyants, a défendu l'héritage catholique lorsqu'il était menacé. Et ce, d'ailleurs, en évitant toute confessionnalisation. C'est sans-doute ce qu'ont voulu faire les étudiants d'A.F. qui ont pris part à la défense de l'église Sainte Rita.  

    A ce propos, nous avons reçu de Philippe Lallement [Papy, dans les commentaires de Lafautearousseau], les réflexions suivantes qui nous ont intéressés et qui, sans-doute, intéresseront aussi nos lecteurs. LFAR 

     

    Oui le Système est en mode défensif !

    Les remarques de Philippe Lallement 

    1. Une preuve de plus de la décomposition du Système. L'oligarchie chevauche un cheval mort !

    2. Clin d'oeil de l'histoire... comme les premiers étudiants d'AF en 1906 lors des Inventaires, la nouvelle génération remonte en ligne plus de 110 ans après.

    3. Oui contre le pire et contres les pires, il est temps pour les nouveaux maurrassiens de mettre à l'eau « l'arche franco-catholique »*. Les grandes manifestations de la Manif pour Tous ont montré la direction à prendre.

    J'espère qu'a l'occasion du camp MRDS** de cet été - à l'esprit très constructif - les jeunes cadres de la nouvelle génération de maurrassiens intégreront « l'arche franco-catholique » dans leur réflexion stratégique. Et si oui, alors je leur conseille de faire retour sur leurs maîtres, un peu délaissés, que furent Gustave Thibon et Pierre Debray.

    4. Remarque : oui le Système est en mode défensif; oui l'AF est en mode conquête. Très révélateur !

    5. Et encore bravo au site LFAR d'alimenter quotidiennement ces nouveaux militants en arguments intellectuels et culturels.

    *  Ces expressions sont de Charles Maurras, dans sa très célèbre lettre de 1951 à Pierre Boutang.

    ** Camp Maxime Real Del Sarte

  • EURO : APRES LA VICTOIRE DES BLEUS, RETOUR SUR LE HEROS DU JOUR

     

    Antoine Griezmann, un cœur gros comme un ballon !

    Enfin un footballeur qui ne fait pas la gueule sur le terrain, devant les supporters et les photographes.

    par Nicolas Gauthier

    Un excellent et réconfortant billet [Boulevard Voltaire, 1.07]. Il illustre la victoire française d'hier soir, face à l'Allemagne. 

     

    4241968552.pngY aurait-il quelque chose de changé au royaume des Bleus ? C’est à se demander. Allez donc savoir pourquoi, même chez ceux qui ignorent tout de la science footballistique – c’est peut-être pour cela que cet article m’a été commandé – , mais ce cru 2016 paraît autrement plus sympathique que les précédents. Effet Didier Deschamps ?

    Ce qui nous change agréablement de l’équipe de 2010, en Afrique du Sud, première fois dans l’histoire de ce sport où l’on vit onze joueurs marcher plutôt que courir derrière le ballon. D’habitude, nous savions encore que les cheminots, les professeurs, les chauffeurs routiers, etc., pouvaient se mettre en grève ; mais là, une grève de milliardaires, mal élevés de surcroît, c’était aussi une première fois.

    De fait, difficile de ne pas ressentir une certaine admiration pour Antoine Griezmann, auteur de deux buts libérateurs contre l’Irlande. Enfin un footballeur qui ne fait pas la gueule sur le terrain, devant les supporters et les photographes. Nous sommes loin du « Racaille football club », des crétins tatoués, de leurs sextapes, de leurs méthodes de voyous. Une fois encore, effet Didier Deschamps ?

    Mieux : à la suite de ce match ayant permis à l’équipe de France de se hisser en quart de finale, Antoine Griezmann, dans les coulisses du stade de l’Olympique lyonnais, hèle-t-il Hugo, un enfant de dix ans : « Ça va ? On fait une photo ? Ça te dirait d’avoir le ballon du match ? » Hugo, c’est le fils de Jean-Baptiste Salvaing, ce policier assassiné avec sa compagne, en présence de leur enfant de trois ans, par un islamiste. Hugo aurait été invité à voir le match par Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, tandis que sur le site Facebook de la police nationale, on pouvait lire ces quelques mots : « Le fils de notre collègue assassiné a pu réaliser un de ses rêves avec la complicité des policiers du RAID et l’amitié des joueurs de l’équipe de France. »

    Ce ballon ne lui rendra certes pas son père ni sa belle-mère, mais l’espace d’un moment, il lui aura peut-être rendu le sourire. Et ça, ça n’a pas de prix. Merci, Antoine Griezmann. 

    Journaliste, écrivain
  • Société & Politique • Vers le changement

     

    par Guillaume Priou

    Ce à quoi appelle ce bel article - dont on pourra contester tel détail, non le fond - c'est ce que Pierre Boutang nommait métanoïa, qui peut signifier aussi, au sens large, conversion. LFAR

     

    De nombreuses initiatives fleurissent en vue d’un vrai changement dans notre beau pays qui va si mal, la dernière étant le collectif « Horizon ». Il suffit d’ailleurs de voir les rayons de librairies pour se rendre compte que tout le monde s’accorde sur la nécessité de changer de cap. Mais la question n’est pas tant de savoir ce qu’il faut faire, et surtout ce qu’il faut arrêter de défaire, mais de définir comment le faire.

    Car le « système » a bien verrouillé son pouvoir et a organisé sa défense en profondeur : l’idéologie de gauche continue de dominer, abondamment relayée dans les médias et les forces de résistance, que sont pêle-mêle les syndicats, les énarques, la commission européenne et les grands patrons, tiennent les rennes et ne sont pas prêts à se remettre en question. Jusqu’à nos soi-disant alliés américains ou arabes qui s’accommodent parfaitement d’une France en demi-teinte, assez faible pour être influencée, assez forte pour asseoir sur la scène internationale leurs propres intérêts.

    Or la politique est l’art du possible et même avec les projets les plus salutaires, on voit mal comment inverser la vapeur, comment couper les jarrets de ces « forces de progrès » qui conduisent le pays à la ruine et en tout cas menacent de rendre ingouvernable la France de 2017.

    L’urgence est de saper les fondations gauchistes. Il faut des actes forts, éminemment politiques, purement politiques même, qui ne s’attaquent pas aux derniers développements hollandesques mais qui ébranlent tout l’édifice. Militons notamment pour la reconnaissance du génocide vendéen, pour une séance de repentance en bonne et due forme devant ce crime qui remettra en question le mythe fondateur de la Révolution française. Le terrain a été magnifiquement préparé par le Puy du Fou ; la réappropriation par les Français de leur Histoire suivra naturellement…

    Deuxième séries de mesures urgentes à prendre, couper les vivres à tous ceux qui usurpent le monopole de la représentativité et ont les moyens d’occuper le terrain, nourris par ceux qu’ils haïssent : syndicats, médias, associations, lobbys, professionnels de l’anti-culture. Pour être clair, il faut torpiller Libé, dissoudre la CGT, brocarder le festival d’Avignon, fermer des mosquées radicales, etc. Après, les amoureux de la France auront sans doute un peu plus de liberté d’action.

    Puis il y a tout le reste, les migrants, le chômage, les impôts, l’école, la famille, l’islamisme mais aussi l’avortement et le monde rural. La tâche est immense et ça va faire mal ! Un virage à 180 degrés ne serait possible qu’après un chaos total et on ne peut le souhaiter même si on le voit arriver à grands pas. Pour prendre un nouveau cap, il faut s’appuyer sur des valeurs auxquelles les Français adhèrent sans hésitation. Par exemple : liberté et responsabilité. Arrêter de faire croire que les solutions ne peuvent venir que de l’Etat mais laisser se développer et même encourager les initiatives, les audaces et le panache, que ce soient ceux des petits entrepreneurs ou ceux des projets pédagogiques alternatifs. Et au niveau de l’Etat, liberté et responsabilité portent un autre nom : souveraineté.

    En d’autres termes, ce qu’il nous faut, ce n’est pas un catalogue de mesures, mais une méthode et une volonté, bref un nouvel état d’esprit. 

  • SPORT • Antoine Griezmann, un cœur gros comme un ballon !

     

    Enfin un footballeur qui ne fait pas la gueule sur le terrain, devant les supporters et les photographes.

    par Nicolas Gauthier

    Un excellent et réconfortant billet [Boulevard Voltaire, 1.07] 

     

    4241968552.pngY aurait-il quelque chose de changé au royaume des Bleus ? C’est à se demander. Allez donc savoir pourquoi, même chez ceux qui ignorent tout de la science footballistique – c’est peut-être pour cela que cet article m’a été commandé – , mais ce cru 2016 paraît autrement plus sympathique que les précédents. Effet Didier Deschamps ?

    Ce qui nous change agréablement de l’équipe de 2010, en Afrique du Sud, première fois dans l’histoire de ce sport où l’on vit onze joueurs marcher plutôt que courir derrière le ballon. D’habitude, nous savions encore que les cheminots, les professeurs, les chauffeurs routiers, etc., pouvaient se mettre en grève ; mais là, une grève de milliardaires, mal élevés de surcroît, c’était aussi une première fois.

    De fait, difficile de ne pas ressentir une certaine admiration pour Antoine Griezmann, auteur de deux buts libérateurs contre l’Irlande. Enfin un footballeur qui ne fait pas la gueule sur le terrain, devant les supporters et les photographes. Nous sommes loin du « Racaille football club », des crétins tatoués, de leurs sextapes, de leurs méthodes de voyous. Une fois encore, effet Didier Deschamps ?

    Mieux : à la suite de ce match ayant permis à l’équipe de France de se hisser en quart de finale, Antoine Griezmann, dans les coulisses du stade de l’Olympique lyonnais, hèle-t-il Hugo, un enfant de dix ans : « Ça va ? On fait une photo ? Ça te dirait d’avoir le ballon du match ? » Hugo, c’est le fils de Jean-Baptiste Salvaing, ce policier assassiné avec sa compagne, en présence de leur enfant de trois ans, par un islamiste. Hugo aurait été invité à voir le match par Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, tandis que sur le site Facebook de la police nationale, on pouvait lire ces quelques mots : « Le fils de notre collègue assassiné a pu réaliser un de ses rêves avec la complicité des policiers du RAID et l’amitié des joueurs de l’équipe de France. »

    Ce ballon ne lui rendra certes pas son père ni sa belle-mère, mais l’espace d’un moment, il lui aura peut-être rendu le sourire. Et ça, ça n’a pas de prix. Merci, Antoine Griezmann. 

    Journaliste, écrivain
  • Racines & Traditions • Fête de l’Etendard de Jeanne d’Arc, demain dimanche à Lille

     

    Lille_NDT_cote_1_bis.jpgA l’occasion de la Fête de l’Etendard, dimanche 17 Juillet 2016, messe de 11 H en l’honneur de Sainte Jeanne d’Arc, à la Cathédrale Notre Dame de la Treille à Lille. 

    En ce dimanche 17 Juillet 2016, nous célébrons un évènement important dans l’histoire de France qui a été suscité par notre héroïne nationale, Jeanne d’Arc.

    Pendant sa courte vie de 19 ans, Jeanne a obtenu 2 victoires très importantes pour la France pendant la période troublée de la guerre de 100 ans où les rois anglais contestaient la légitimité des rois de France et prétendaient régner sur ce pays, où le dauphin Charles doutait lui-même de sa légitimité. 

    Victoire militaire par la Vierge guerrière, la Pucelle d’Orléans

    Orléans était assiégée par les Anglais. Cette ville était stratégique : placée sur la Loire elle était un verrou qui empêchait les Anglais de déferler dans la partie sud de la France et d’en devenir les maîtres. Sa libération a eu lieu le 8 Mai 1429. Son souvenir est resté dans la mémoire des Français car une loi de la République, passée au journal Officiel le 14 juillet 1920, a institué une « Fête nationale de Jeanne d'Arc et du patriotisme » toujours en vigueur, en souvenir de cet évènement.

    Cette levée du siège d’Orléans fut suivie de la grande victoire de Jeanne d’Arc contre les Anglais à Patay non loin d’Orléans, où il y eut très peu de morts dans le camp français et une grande hécatombe dans le camp anglais. La peur avait changé de camp ! 

    Victoire politique du sacre du roi à Reims, ou « Fête de l’étendard ».

    La route du sacre vers Reims étant ainsi ouverte, Jeanne y amena le dauphin Charles et il y fut sacré roi sous le nom de Charles VII le dimanche 17 Juillet 1429.

    Son sacre le désignait comme l’autorité politique légitime et rétablissait l’unité de la France. Les causes de la guerre de 100 ans étaient anéanties. La paix pouvait enfin revenir entre les deux pays protagonistes.

    Lors de son procès à Rouen en 1431, Jeanne déclara à ses juges : « Je sais bien que les Anglais me feront mourir parce qu’ils croient pouvoir s’emparer de la France après ma mort ; mais seraient-ils cent mille de plus, ils n’auront point le royaume ... Avant qu’il soit sept ans, les Anglais abandonneront un plus grand gage que la seule ville d’Orléans ».

    Effectivement Paris fut repris aux Anglais en 1436 et la bataille de Castillon en 1453 mit un point final à la guerre de 100 ans.  

    En ce dimanche 17 Juillet 2016, nous célébrons donc le 587ième anniversaire de ce sacre. La mémoire de cet évènement est appelée « Fête de l’étendard », en souvenir de la réponse de Jeanne à ses juges : « Pourquoi votre étendard fut-il plus porté à l’Eglise de Reims à la consécration du Roi que l’étendard des autres capitaines ? », et Jeanne de dire « Cet étendard avait été à la peine, c’était bien raison qu’il fut à l’honneur ». 

  • Livres & Actualité • La leçon politique de Patrick Buisson

     

    par Hilaire de Crémiers

     

    2771589182.jpgOn a dit qu’il s’agissait d’un règlement de compte. Rien n’est plus faux. C’est le livre d’analyse politique le plus intelligent de l’année. Car Patrick Buisson prend les choses de haut et vise en profondeur.

    Cette minutieuse étude de « cas » – car il étudie à fond un « cas » – n’est pas écrite pour le politicien moyen qui , de toutes façons, n’y comprendrait rien et qui refuserait de voir ce que ce jet de lumière sur toute la série d’évènements du quinquennat Sarkozy montre à l’évidence : l’incapacité du régime à se réformer, l’impossibilité pour les hommes du régime, type Sarkozy ou n’importe quel autre, à se mettre au niveau du problème de la France d’aujourd’hui.

    L’existence même de la France comme nation historique est compromise ; or il y a dans le peuple français des réactions de vitalité ; mais l’homme politique ne les saisit que comme vecteurs pour parvenir au pouvoir. Au mieux, c’est juste un exercice de conquête : capter des voix.

    Il n’est plus aucune transcendance dans la politique. Elle n’est plus qu’un moyen de réalisation et de jouissance personnelles. L’absence de conviction de fond est la caractéristique de tout ce monde qui prétend gouverner et se partager les prébendes du pouvoir.

    Voudrait-on changer les choses, dans l’état actuel des institutions et de la vie politique, les puissances médiatiques, financières, syndicales, les groupes de pression, les réseaux plus ou moins occultes, et une part importante des pouvoirs publics sous influence se mettraient en travers.

    Conseiller en vérité un homme politique dans pareilles conditions devient un métier impossible. L’homme de pouvoir est devenu trop versatile, trop dépendant des modes du moment, trop sensible à toutes les pressions du politiquement correct pour envisager de vraies réformes de fond, pour même concevoir un redressement français. La vaste culture de Patrick Buisson lui permet de mettre en perspective ses cinq années d’expérience.

    Tout est vu avec justesse. Le commentaire s’élève jusqu’à la philosophie politique à laquelle sont malheureusement étrangers tous les protagonistes de ce mauvais drame. C’est une leçon. Au-delà de Bernanos et de Péguy, il y a du Maurras et du Bainville dans ce livre magistral. La France se meurt d’institutions malfaisantes. Nos hommes politiques sont à leur image. 

    La cause du peuple, l’histoire interdite de la présidence Sarkozy, de Patrick Buisson, Perrin, 460 pages

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