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Rechercher : Rémi Hugues. histoire

  • George Steiner : « Donner à quelqu'un tout ce qu'il veut, c'est pour moi l'insulte suprême à la dignité humaine »

    george-steiner-l-europe-traverse-une-crise-dramatique-elle-est-en-train-de-sacrifier-ses-jeunes,M64907.jpg

    « Notre système de capitalisme libéral nous dit qu'en aucun cas il ne se fait d'illusions sur nous, le mieux étant de nous donner ce que nous désirons. Et donner à quelqu'un tout ce qu'il veut, c'est pour moi l'insulte suprême à la dignité humaine. S'il n'y a vraiment pour alternative que l'Islam fondamentaliste, s'il n'y a plus pour alternative ce judaïsme perverti qu'était le communisme, nous nous trouvons devant un gouffre béant. Et ceci d'autant plus que nous vivons déjà dans une vacuité du monde. La drogue, le kitsch sont autant de vides si présents en nous que je ne vois en aucun cas une bénédiction sans ambages dans cette pseudo-libération mais au contraire une accusation contre nous-mêmes, une sorte d'autocritique que nous ne ferons jamais, alors qu'il nous incombe de refuser que la loi du marché devienne une loi pour l’homme. L'odeur de l'argent empeste chaque pays, la France, l'Allemagne occidentale, l'Angleterre. Le cri de l'argent et ses exigences dominent les universités, l’art, la production théâtrale et littéraire. Tout est dans le mot « rentabilité » : Cela est-il rentable, demande-t-on à chaque coin de rue. La réponse est négative. Aucune pensée, aucune poésie dignes de ce nom n’ont été rentables ne serait-ce qu'une seule fois. Au contraire, elles ont toujours basculé vers un déficit. Si sonne l'heure où l'on doit faire les comptes des profits et des pertes, pensons au notaire qui en anglais s'appelle bokkeeper, le gardien des livres. Ironie de l'Histoire, c'est l’inspecteur des finances qui fait les comptes, c'est lui le gardien des livres et force est de constater que le seul livre qui reste ouvert c'est celui des banques, que l'on examine bien plus que les versets bibliques. Il est au centre du Temple. (…) Je sais que Ie communisme a été une horreur et que ce qu'il en reste ne sont que vestiges absurdes d’une grande défaite. Quelques heures après la destruction du mur de Berlin, les Allemands de l’Est ont acheté des vidéos pornographiques ; une semaine plus tard, s'ouvraient à l’Est des sex-shops. Une semaine après, il faut le voir pour le croire ! Un libéral conséquent doit me répondre en ces termes : « Monsieur Steiner, c'est ce que veut l'humanité.» Et il aura raison. Quant à moi, je sais qu'avoir raison de telle sorte, c'est avoir tort. »  u 

     

    George Steiner, Entretiens avec Ramin Jahanbegloo, Edition du Félin, Paris, 1992

     

     

  • Marion Maréchal Le Pen : Réarmer psychologiquement et moralement les Français ...

    Marion Maréchal Le Pen, député du Vaucluse, tête de liste du Front national aux élections régionales en région Provence-Alpes-Côte d’Azur

     
     
    Pour Boulevard Voltaire, Charlotte d’Ornellas a rencontré Marion Maréchal Le Pen pour un tour d’horizon de l’actualité. D'où le vidéo-entretien qui suit, dont nous recommandons l'écoute.
     
    Nous avons évoqué plusieurs fois ici ce que Gérard Leclerc appelle « la personnalité singulière de Marion Maréchal Le Pen » dont il estime qu' « elle est sans doute une des mieux structurées intellectuellement et spirituellement dans son organisation ».
     
    Il reste que Marion Maréchal Le Pen persiste dans sa critique de la référence sempiternelle, lancinante à la république, qualifiée d’obsession, et que la jeune élue ose rappeler que la France ne s’identifie pas à la république et prévaut sur elle.  
     
     
     
     

    Portrait de Marion Maréchal Le Pen dans Politique magazine de novembre 2015

    Elle est la figure qui monte, qui monte. Marion Maréchal-Le Pen est tombée toute petite dans la marmite politique. À l'âge de deux ans, elle posa avec son grand-père Jean-Marie sur une affiche électorale pour les... régionales de 1992. Passée par l'école Saint-Pie X de Saint-Cloud, une institution de l'ouest parisien, elle décroche un Master de droit public, en 2012, l'année de son élection à l'Assemblée nationale. Elle devient ainsi, à 22 ans, la plus jeune députée de l'histoire de la République. Ses débuts au Palais Bourbon sont logiquement un peu compliqués, mais elle se fait progressivement sa place, affirmant ses convictions tout en assumant son destin : « Il y a une forme de descendance, un peu comme dans ces familles de militaires où l'un des enfants se retrouve haut gradé à 3o ans sans que personne n'en soit étonné. La politique, je l'ai vécue avec mon père, ma tante, mais aussi ma mère et, bien sûr, mon grand-père », explique-t-elle un jour à un journaliste de L'Express qui la qualifie « d'effrontée nationale ». De l'avis de son entourage, elle est idéologiquement plus proche de son grand-père que de sa tante. Celle qui se définit comme « conservatrice, libérale et croyante », cosigne ainsi une proposition de loi sur la reconnaissance du génocide vendéen et participe, quand elle le peut, au pèlerinage de Chartres.

    Elle n'a pas hésité, lors d'une université d'été du FN, à réciter le bénédicité en latin... Mais qu'on ne s'y trompe pas. Derrière les manières courtoises et la douceur apparente de Marion Maréchal-Le Pen, se cache un caractère bien trempé. « Je l'ai déjà vue coller un mec contre un mur en cinq phrases », sourit Marc-Etienne Lansade, maire FN de Cogolin (Var). Pour le député écologiste François-Michel Lambert, elle serait même une femme « cassante », qui « nous parle comme si nous étions des demeurés » Parce qu'elle représente à la fois la tradition et la jeunesse, parce qu'elle incarne sans complexe une certaine conception de la France que la droite et la gauche ont depuis longtemps abandonnée, Marion Maréchal-Le Pen intrigue. Et agace. On n'a sans doute pas fini d'entendre l'« effrontée nationale », valeur montante du FN et de la scène politique française. 

  • La Semaine de Magistro, une tribune d'information civique et politique

     

    MAGISTRO : Adossée à des fondamentaux politiques avérés, Magistro, une tribune critique de bon sens, raisonnée et libre, d'information civique et politique.

    A tout un chacun

    Denis FADDA  Haut fonctionnaire international  Boualem SANSAL - 2084, La fin du monde       
    Aude de KERROS  Essayiste, sculpteur, graveur  L'Imposture de l'art contemporain
    Hélène STROHL  Inspectrice générale des affaires sociales honoraire  Pourquoi des jeunes Français comme les autres deviennent des fanatiques ?
     Anne COFFINIER  Directrice générale de la Fondation pour l’école  L'Enseignement catholique laissera-t-il rogner ainsi ses libertés constitutives ?

    Du côté des 'élites'  

    "L'ambition dont on n'a pas les talents est un crime" Chateaubriand (Lettre à Madame Récamier)

    Roland HUREAUX  < /span>Haut fonctionnaire, essayiste< /span>  Lettre de Francois Hollande aux djihadistes
    Paul RIGNAC  Essayiste, écrivain  Éradiquer notre Histoire pour asservir nos enfants
    Pierre GEOFFROY  Président-fondateur de l'Association Nationale Maréchal Lyautey  Vive la méthode Coué !
    Ivan RIOUFOL    Journaliste politique, écrivain    L’énormité des mensonges

    En France

    Eric ZEMMOUR  Journaliste politique  La France, éternel “petit Satan”
    Henri HUDE  Philosophe  Après les attentats islamistes du 13 novembre 2015 à Paris< /span>
    Yves MEAUDRE  Directeur général d'Enfants du Mékong  A mon peuple chéri
    Jacques BICHOT  Economiste, Professeur émérite à l'Université Lyon 3  Le besoin d’adaptabilité et de polyvalence (des moyens humains)

    Avec l'Europe

    Yves GAZZO  Haut fonctionnaire européen,  Ambassadeur  La politique extérieure de l'UE : une toile d'araignée de plus en plus grande mais qui n'attrape pas grand-chose
    François JOURDIER  Officier amiral (2S) Avec un allié comme ça…

    De par le monde

    Françoise THIBAUT  Professeur des universités, essayiste, historienne  Daesh et l'Occident - Le virtuel et l'archaïque                                               
                                                             
    Transmettez, faites suivre, partagez, ...

  • Retour sur le dernier livre de Pierre Manent : apprendre à vivre avec l'islam ?

     

    Nul ne conteste la qualité, l'intelligence des travaux de Pierre Manent. Nous en traiterons avec respect. Toutefois son dernier petit livre, Situation de la France, soulève, comme il l'avait lui-même prévu, de nombreuses et fortes réserves. La courte recension qu'en a fait Anne Bernet, publiée dans Lafautearousseau le 8 novembre dernier, a été suivie de substantiels commentaires, desquels nous dégageons celui de Jean-Louis Faure qui a été, à juste titre, qualifié de remarquable et réjouissant de lucidité. Qu'en pensons-nous, nous-mêmes ? Comme nombre d'intellectuels catholiques, avec différentes nuances (Frédéric Rouvillois, François Huguenin...), Pierre Manent tente ce qui nous apparaît comme une improbable et périlleuse conciliation entre identité française et accueil de l'Islam. Y croit-il vraiment lui-même ? En tout cas, il ne (se) cache pas la difficulté de l'entreprise, cette sorte de ligne idéale qu'il définit et qu'il propose. « ... Dans un pays de marque chrétienne… c’est un chef d’œuvre d’imagination et de modération qu’il est demandé aux uns et aux autres de réaliser … c’est cette opération suprêmement délicate que nous avons à conduire ensemble … ».  Nous craignons simplement que la recherche d'un idéal si improbable fasse surtout courir au pays un risque supplémentaire, n'accrédite des illusions sans lendemain mais non sans conséquences et n'affaiblisse notre volonté identitaire. Dirons simplement que nous partageons sur l'essentiel l'analyse de Jean-Louis Faure, reproduite ci-après. LFAR    

    Le commentaire de Jean-Louis Faure 

    Donc Mme Bernet est tombée sous le charme. Une phrase pour dire qu’il n’existe pas encore de peson pour mesurer l’intelligence …

    Ce que je lis chez Pierre Manent :

    L’explication-valise d’une Europe intellectuellement diminuée par l’assassinat industriel des juifs. Ce qui est à peine excusable chez le pseudo historien Paxton au café du commerce, est inacceptable sous la plume d’un grand historien des idées politiques tel que Manent. L’assassinat industriel de populations fut une méthode de gouvernance du léninisme et du stalinisme, dans des proportions jamais vues dans l’Histoire, sauf en Vendée sous la terreur jacobine (voir Nicolas Werth, « la route de Kolyma » ; et « l’ivrogne et la marchande de fleurs »).

    La colonne vertébrale de ce petit travail est toute dans cette remarque: « … nous observons l’extension et la consolidation du domaine des mœurs musulmanes plutôt que son rétrécissement ou son attiédissement dans notre pays. Ce fait social est aussi le fait politique majeur que nous avons à prendre en compte. Le prendre en compte, c’est d’abord consentir à admettre que sur ce fait nous n’avons que très peu de pouvoir. Nos concitoyens musulmans sont désormais trop nombreux, l’islam a trop d’autorité, et la République, ou la France, ou l’Europe trop peu d’autorité pour qu’il en soit autrement. Je soutiens donc que notre régime doit céder, et accepter franchement leurs moeurs puisque les musulmans sont nos concitoyens. Nous n’avons pas posé de conditions à leur installation, ils ne les ont donc pas enfreintes … ».

    Tout est dit, À HURLER. « … compromis avec les musulmans français en vue de leur intégration complète dans notre société politique … ». Comment peut on se bercer d’une telle utopie ? De Lois, point de mention. Quant à appeler les catholiques à l’aide, c’est un gag que malheureusement plusieurs évêques dispensent volontiers.

    Intérêt de cet opuscule ? Alimenter un débat lâchement passé sous le tapis par un personnel politique qui a trahi sa mission, représenter le peuple.

    Michèle Tribalat a longuement détaillé pourquoi l’intégration à la française est un échec. Les musulmans n’ont que faire du respect des lois, tout en s’enfermant dans leur communauté par un réflexe endogame. Partant, tout parallèle avec un Français de souche est une pure provocation, comme les musulmans en usent dans un État faible, devenu évanescent. Ceux qui préfèrent se coucher ne manquent pas, et n’ont jamais manqué, hélas, parmi nos évêques. La dhimitude a de beaux jours devant elle.

    Quant à la raison au pays de l’islam, le pape Benoit XVI a dit à Ratisbonne ce qu’il fallait en penser. Manent cultive la posture intellectuelle de l’école de Raymond Aron, merveilleuse pour passer des diplômes de philosophie mais souvent loin du réel. C’est le cas ici. Le summum de l’obscurantisme est quand la discussion sur le sujet dérape en opposition droite – gauche. Comme s’il s’agissait d’une question politique. En dernière analyse, c’est le ressenti du peuple qui s’impose, ce fut toujours le cas dans l’Histoire.

    Pierre Manent écrit dans le cadre de sa fonction, analyse philosophique de la politique et de la société. Pure théorie donc, qui a un intérêt intellectuel patent, indéniable. Mais totalement coupé de la réalité, avec une construction de ce que pourraient être les temps futurs. C’est charmant mais réservé à ses agrégatifs. 

    Je persiste à croire et à savoir que l’on ne négocie pas avec l’islam. Ce corpus n’est pas intégrable dans la liturgie judéo-chrétienne de l’Europe. En suivant Manent nous partons vers des contresens qui vont nous couter cher. Dans une conférence récente, Bernard Lugan mettait en garde contre le contresens autour du mot «réforme». Chez les adeptes de l’islam, il s’agit d’un retour à la pureté des textes du Coran, des hadiths, et non d’une remise en cause comme purent la conduire Luther et Calvin. Manent n’est pas orientaliste.

    Quant à la laïcité est il nécessaire de revenir sur le sujet ? Les analyses sur ce que fut cette démarche strictement française et strictement politique, sont copieuses, didactiques et complètes. Rien à ajouter aujourd’hui, sinon que la situation de 1900 était sans rapport avec celle des années 2000 …

    Le Figaro des 13 et 14 octobre nous a proposé en deux parties un échange de haute tenue entre Manent et Finkielkraut. A l’instar de plusieurs autres critiques de ce petit travail AF pointe plusieurs assertions totalement inacceptables. A vrai dire on termine ces 170 pages en ressortant frustrés, l’impression d’être trompés sur la marchandise. Manent use (et abuse ?) de sa position de grand intellectuel français reconnu de l’école de Raymond Aron pour embrasser beaucoup de notions tel un inventaire à la Prévert en trop peu de pages, sous le titre ambitieux «Situation de la France». Avec selon nous de nombreuses approximations, sinon erreurs. Mais le plus sidérant est de parler de l’islam en Europe et en France tout au long du livre, sans jamais venir à ce qu’est l’islam. Son histoire, son corpus, ses dogmes, son organisation, et en définitive le totalitarisme consubstantiel à cette doctrine. Il revient à plusieurs reprises sur la séparation de César et de Dieu, en oubliant que cette préoccupation est très ancienne dans l’histoire de l’Humanité. L’illumination du Gautama Boudha, 500 ans avant notre ère fut d’écarter les Bramanes de la gestion de la cité. Ce conflit permanent entre deux des trois fonctions identifiées par Dumézil se régla autant dans un calme relatif (cas du boudhisme) que par le feu et le fer. Il ne se pose pas en islam car la doctrine religieuse dirige toute la société, sa structure, sa morale, ses tribunaux, la cellule familiale, l’obligation du patronyme. Et donc disserter sur l’islam en France sans convoquer dans la discussion, le principal intéressé est surréaliste.
    Les dizaines d’ouvrages d’exégètes sur la nature de la doctrine rendent vaine la tentative de l’assimiler. C’est l’islam qui donne le tempo et qui à terme règnera en maitre. Naïveté ou dangereuse rêverie ? Ce sont nos églises que l’on démolit, et c’est Boubakeur qui réclame 2.000 mosquées. C’est la totalité du corps médical qui est confronté au mépris de la Loi et de l’hygiène. C’est la provocation permanente qui s’est installé dans l’éducation dite nationale, c’est le Code Civil qui est en permanence foulé aux pieds. C’est une société en totale régression qui prospère désormais sous nos yeux. Nous partageons la réserve de Manent sur la laïcité, et l’évidence de son inutilité. Notion « à la française » qui n’a aucune signification dans aucun autre pays, et dont les fondements avaient éventuellement un sens à la fin du XIXème siècle au Palais Bourbon. Imagine-t-on aujourd’hui la lettre de Jules Ferry aux instituteurs ? Dans un débat organisé par Finkielkraut chez France Culture, la réponse que firent les deux invités, d’abord Jacques Julliard, ensuite Dominique Reynié, est un modèle du genre. Pas une seule fois le mot islam ou musulman n’est prononcé tout au long de leur absconse logorrhée.

    A vrai dire, cette lecture inspire les pires inquiétudes. Dans une première partie Pierre Manent décrit la rencontre entre un pays faible et l’islam fort. Une langue riche mais compliquée pour nous parler d’un islam rigoriste et dominateur, ce que savent tous les orientalistes. Les ouvrages savants sur l’islam ne manquent pas dans les bibliothèques françaises.. Où l’on y découvre très vite que les cinq piliers (jamais cités) ne se discutent pas. Et plus loin Pierre Manent poursuit, toujours dans une langue tarabiscotée pour nous dire que la laïcité ne règle rien, ce que sait tout orientaliste ayant vécu en pays arabo-musulman, dès lors que religion et séculier sont indissociables, et que la première dirige le second.

    Nous partageons son analyse que cette religion très sectaire (c’est moi qui le dis) s’implante dans une Europe qui est devenue un désert spirituel, et la France en particulier. Pierre manent nous décrit une 3ème République comme un état fort, mais à aucun moment ne fait mention de la Loi et du Droit. Ne regarder la place de l’islam dans notre société que sous un angle philosophique ou sociologique sans évoquer l’obligation d’entrer dans le corps des Lois, nous expose au minimum à un développement séparé, à supposer que les autochtones, les Français de souche, l’acceptent. Loin de l’assimilation, plutôt une vague intégration (la nuance est faite par Michèle Tribalat). Dans une incantation qui nous laisse sans voix, Manent termine par « … Trouver leur place dans un pays de marque chrétienne … c’est un chef d’œuvre d’imagination et de modération qu’il est demandé aux uns et aux autres de réaliser … c’est cette opération suprêmement délicate que nous avons à conduire ensemble … ».

    Ce qui s’appelle rêver éveillés ! 
     

    Quelques liens critiques sur le travail de Pierre Manent

    http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/10/05/31003-20151005ARTFIG00304-pierre-manent-islam-de-france-mode-d-emploi.php

    http://www.wukali.com/Situation-de-la-France-l-essai-non-marque-de-Pierre-Manent-2235#.Vhk0c_-hfIU

    http://www.slate.fr/story/107855/compromis-musulmans-france-manent

    Et une analyse du livre très intéressante, car simple et claire de Pierre Le Vigan publiée dans Polemia.

    http://www.polemia.com/situation-de-la-france-de-pierre-manent/?utm_source=La+Lettre+de+Pol%C3%A9mia&utm_campaign=444b2e572c-lettre_de_polemia&utm_medium=email&utm_term=0_e536e3990e-444b2e572c-57836697

  • ECOLOGIE • Le climat tue

     

    par Ph. Delelis

    Le changement climatique n’en finit plus de faire des victimes. Notamment chez les journalistes. Il y a eu d’abord le cas de Eric Holthaus qui, lisant le 5e rapport du GIEC dans l’avion, le 27 septembre 2013, a pleuré, immédiatement tweeté son chagrin et décidé de ne plus remettre les pieds à bord d’un aéronef.

    Depuis, il mesure l’impact positif de sa décision sur la planète. Franchement, l’épisode laisse sans voix. D’abord lire un rapport du GIEC plutôt que toute autre publication, comme le magazine de la compagnie aérienne par exemple, c’est plus que de la conscience professionnelle : une abnégation, puisque, de l’avis de ceux qui s’y sont risqués, on n’y comprend rien.

    Tous les 6 ans – ce qui est un délai raisonnable quand on travaille sur des données relatives à des milliers d’années (surtout quand on n’oublie pas celles qui faisaient du Groenland, mot à mot, un pays vert) – le GIEC publie des rapports de plusieurs milliers de page réunis en trois forts volumes (éléments scientifiques, impacts et adaptation, atténuation du changement climatique), chacun accompagnés d’un « résumé à l’intention des décideurs ».

    Mais, même ces textes sont abscons. Selon le Centre for Climate Change Economics and Policy de l’Université de Leeds « Les décideurs politiques doivent avoir l’équivalent d’un doctorat en science du climat pour commencer à saisir pleinement le sens des rapports ». Et ces chercheurs, qui ne sont pas nés de la dernière pluie, ajoutent que « même des textes d’Albert Einstein » sont plus limpides. On pourrait trouver là une autre explication des larmes de M. Holthaus : l’incompréhension, le regret de ne pas avoir terminé un doctorat en climatologie au MIT ?

    Mais on ne comprend toujours pas sa décision de ne plus prendre l’avion puisque, avec ou sans lui, le trafic aérien enregistre un doublement du nombre de passagers tous les 15 ans. En 2013, trois milliards d’inconscients ont préféré le magazine de la compagnie aérienne aux rapports du GIEC. Franchement, c’est à n’y rien comprendre.

    Autre victime récente parmi les journalistes, Philippe Verdier, présentateur de la météo sur le petit écran, auteur de « Climat Investigation » (Ed. Ring), licencié pour avoir, sans mettre de distance entre son employeur et lui, non pas nié le changement climatique mais seulement, émis des doutes sur la fabrication du consensus politique et dénoncé son caractère impératif. Aucun doctorat ne paraît nécessaire pour aborder son ouvrage, ce qui indéniablement, l’a desservi dans le procès en sorcellerie dont il a été victime.

    Il est vrai qu’auparavant d’autres scientifiques avaient été conduits au bûcher : Claude Allègre et Vincent Courtillot, notamment. Quant à Emmanuel Le Roy Ladurie, il va dans dire que personne, parmi les procureurs de la pluie et du beau temps, n’a lu son Histoire du Climat depuis l’an mil (Flammarion, 1967).

    Bien évidemment, on ne se prononcera pas sur le fond (ou la fonte) de ce sujet grave, mais on ne peut manquer d’être frappé de la violence avec laquelle le moindre doute est traqué, dénoncé, vilipendé, réprimé. 2015 est une sale année pour Voltaire : je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je vous battrai à mort pour que vous ne puissiez le dire…  

  • Préservatifs « républicains » ou la stérilité des politiques

     

    Par Christian Combaz*

    Christian Combaz juge que l'opération préservatifs « merci pour ce moment » lancée par les jeunes Républicains qui font la tournée des plages, illustre que la démocratie en ce moment ne vole pas très haut. Il a raison. Sauf que « en ce moment » nous paraît un peu restrictif et exagérément optimiste ou, si l'on préfère, trop indulgent pour les périodes précédentes. Et ce depuis fort longtemps ...

     

    PHO9e41d9cc-5dcc-11e4-8d02-d023d2df5b0e-805x453.jpgLa distribution de préservatifs par une formation politique, quel que soit le slogan imprimé sur le sachet, entrera dans les manuels d'histoire comme un symptôme de la médiocrité démocratique au temps de la publicité triomphante, c'est à dire dans les dernières années de la Cinquième république.

    Pour commencer, le mot de caravane appliqué à ce genre de distribution sur les plages rappelle ces arrivées du tour de France où les bannières du Conseil général se mélangent à celles du supermarché local au milieu d'une procession de 2CV Cochonou, de chars Pneus Kléber et de camions Vittel. L'habitude est de lancer de menus cadeaux le long du parcours afin d'infantiliser la foule, tous âges confondus, à travers une course effrénée au «truc gratuit», course dont les préservatifs républicains ne sont même pas l'objet puisqu'on trouve leur équivalent partout dans les boîtes de nuit.  

    Ensuite il faut croire que si l'intérêt de la gratuité ne joue pas, c'est donc le message qui est censé attirer le passant. Et là quand on lit, d'un œil navré, les explications des responsables de l'opération on s'aperçoit que le message est inexistant. Il s'agit d'attirer l'attention en affirmant que le projet politique est original, tout en utilisant des moyens éculés pour le faire. Il est probable que s'il y avait eu, au sein de l'équipe qui a imaginé cette campagne, deux ou trois vieux routiers de la propagande , ils auraient sonné le tocsin en affirmant que tout cela ne volait pas assez haut, mais personne ne les a invités pour éviter de l'entendre. Pendant la réunion, l'un d'entre eux aurait souligné que distribuer des préservatifs au nom d'un parti, c'est associer à son message l'idée de stérilité, d'absence de fécondité. A quoi l'un des jeunes aurait sans doute répondu: «peut-être, mais il y a aussi là-dedans l'idée de convivialité, de fête, de plaisir!». Le vieux aurait conclu: « de plaisir sans lendemain, c'est bien ce que je dis ».

    Difficile de ne pas lui donner raison.

    Finalement cette opération dont les auteurs se justifient piteusement aujourd'hui en rappelant qu'elle n'est pas la première, et qu'ils avaient fait la même chose il y a dix ans, tend à prouver que la tolérance à la sottise recule, alors que la sottise ne cesse de gagner du terrain. Du coup, ceux dont la patience est excédée chaque jour par ce genre d'initiatives finissent dans une sorte de faux-plafond de la politique où ils restent invisibles aux instituts de sondage jusqu'à ce que le faux-plafond s'effondre un soir d'élections.

     

    * Christian Combaz est écrivain et essayiste, auteur des Gens de Campagnol (Flammarion). Son prochain livre, Les Ames douces, paraîtra aux éditions Télémaque à la rentrée. Lire également ses chroniques sur son blog.

  • La Saint Louis, c'était hier et Boulevard Voltaire l'a célébrée. Bravo !

    Saint Louis et notre temps, par Henri VI, Comte de Paris

    Texte publié dans Le Monde, en 1970, pour le 700e anniversaire de la mort du roi Saint Louis.  [Extraits]

     

    comte de Paris

     

    « Il n'est pas deux époques plus différentes, apparemment, que celle de Saint-Louis et la nôtre. Notre monde, gouverné par la science et les techniques, qui se veut matérialiste, où l'on ne connaît ni bien ni mal, ne peut que difficilement comprendre un siècle qui fut peut-être celui de la plus haute spiritualité, où le péché était en abomination, et qui reconnut pour héros celui dont tous les actes de la vie et jusqu'à l'holocauste final, n'eurent d'autre principe que la foi: la foi la plus ardente, la plus généreuse et la plus agissante qui s'empara jamais de l'esprit et du cœur d'un homme. La gratuité des dernières croisades, inspirées par le seul amour du Christ, apparaît comme aberrante à notre temps où il arrive qu'on en prêche de nouvelles, pour la défense d'une certaine forme de civilisation, sans doute, mais aussi pour sauvegarder le culte sourcilleux d'un tout autre dieu.

    Notre société, décomposée, où triomphe l'individualisme absolu, avec ses apparences égalitaires, son refus du sacré et son pouvoir banalisé, est certes à l’opposé de la société féodale du milieu du treizième siècle, rigoureusement organisée et hiérarchisée, mais couronnée par une autorité légitime, sacralisée, aux vertus évangéliques. Point n'est donc surprenant que ce règne, glorieux entre tous, qui malgré les vicissitudes de l'histoire, demeura si longtemps populaire et ne suscita qu'admiration et respect, soit aujourd'hui tenu pour négligeable, voire dénigré et contesté. 

    Certaines circonstances du temps de Saint Louis ne sont pas pour autant si éloignées du nôtre. Au jeu des comparaisons, il serait facile d'y trouver des similitudes étonnantes pour ceux qui douteraient de la constance de la nature humaine et du renouvellement des situations qu'elle explique: révolte de puissants mal contents; violences estudiantines ; ébranlement des maîtres, université en péril; poussées anarchiques au mysticisme déclamatoire; prétentions abusives et virulentes de groupes sociaux jaloux de leurs privilèges... Mais ce n'est pas à ces péripéties qu'il faut s'arrêter pour nous sentir plus proches du roi à la conscience héroïque; mieux vaut rechercher dans l'exemple qu'il nous a laissé, dans les enseignements qu'il nous a légués ce qui doit être utile au pays dans le présent, ce qui peut contribuer à assurer son avenir. Cela est bien, je crois, la meilleure manière d'honorer sa mémoire.

    D'abord, il faut constater que tous les principes par lesquels s'est constituée notre vie nationale se manifestent déjà ou sont en germination dans le règne de Saint Louis, « printemps de la France ». Avec Louis IX apparaît vraiment la notion de légitimité fondée sur le respect du peuple et du pouvoir qui le représente, le guide et le sert. C'est de lui que la monarchie capétienne tient son caractère spirituel qui donne à son œuvre de justice, d'unité et d'émancipation sa valeur profonde.

    [...] Nous sommes tous les fils de Saint Louis : quelles que soient les apparences présentes, les Français resteront les pèlerins de l'idéal, la seule recherche de biens matériels ne suffira pas à les satisfaire et n'apaisera pas leur soif de justice. » 

     

  • Musique • Un duo antidépresseur

     

    par Raphaël de Gislain
     

    La chanson est un art difficile et rares sont les artistes qui ne s’y ridiculisent pas. De Biolay à Vianney, on ne compte plus les sous-Gainsbourg et autres Adamo 2.0 qui recyclent des formules usées jusqu’à la corde. Loin des productions formatées, Lili Cros et Thierry Chazelle, unis à la ville comme à la scène, nous offrent avec Peau neuve un spectacle dont les chansons éblouissent comme un feu d’artifice.

    Entre la chanteuse au look d’Amélie Poulain vintage et son atypique guitariste, l’alchimie est totale et la magie contagieuse. La voix chaude et expressive de Lili Cros, aux accents tantôt lyriques, tantôt réalistes, se pose sans effort sur les dentelles de cordes de Thierry Chazelle, formé au conservatoire de Caen, qui passe avec une égale facilité de la guitare électrique à la mandoline, apprise pour l’occasion.

    Les styles se télescopent, offrant un dépaysant voyage au spectateur, de la chanson populaire à la Brassens à des boucles plus tribales, où Lili, qui s’accompagne à la basse, retrouve les rythmes de sa Côte d’Ivoire natale dans des moments de lâcher-prise et de chant pur.

    Les mélodies restent en tête et les textes sont d’une qualité rare, baignés de réalisme poétique, de fantaisie et d’émotion. On rit sur L’Homme de sa vie – l’histoire d’une fille qui fuit le grand amour à rebours des autres, comme l’on est touché par les lettres restées sans réponses, les soldats partis sans retour, les cieux brouillés du Havre ou le bonheur de vivre de Tout va bien.

    La mise en scène, avec ces jeux de lumières remarquablement inventifs, transporte le spectateur au cœur de l’univers de ce duo unique, donnant une identité artistique forte à la vingtaine de titres qu’ils interprètent, issus de leur trois albums déjà parus.

    En cette période de sinistrose, il serait dommage de se priver d’un tel spectacle, à la joie authentique et communicative. D’autant qu’après Paris, une grande tournée est prévue en province jusqu’à la fin de l’année ! 

    Peau neuve,
    de Lili Cros et Thierry Charelle, mise en scène de Fred Radix et François Pilon.

    Jusqu’au 28 février à Paris au Ciné 13 Théâtre, 1 avenue Junot, 75008.
    Dates et réservations à Paris et en province : http://liliplusthierry.com/

     

     

     
     
  • La bataille de Damas n'est pas terminée

    Daraya, au sud-ouest de Damas

     

    Par Antoine de Lacoste

     

    antoine_de_lacoste.pngDepuis le début du conflit syrien, une large partie de la banlieue de Damas est occupée par différentes factions islamistes. Les loyalistes ne sont jamais parvenus à les en déloger hormis à Daraya, au sud-ouest de la capitale. C'est en effet la seule localité où des moyens conséquents ont été déployés pour vaincre la rébellion.

    Pourquoi à Daraya et pas ailleurs ? Parce qu'elle se trouve au sud-ouest et qu'elle était la seule. Toutes les autres villes aux mains des islamistes se situent à l'est. Il était donc logique de s'attaquer sérieusement à cette verrue d'autant qu'elle se situait à proximité de la route menant au Liban, axe stratégique, ainsi qu'à la grande station d'eau potable alimentant Damas.

    La reprise de Daraya a tout de même duré plusieurs mois et s'est soldée par la toute première négociation entre l'armée et les islamistes, sous l'égide des Russes. Plusieurs centaines de combattants islamistes ont cessé le combat et ont été autorisés à conserver leurs armes. Ils ont ensuite été acheminés avec leurs familles en car jusqu'à la province d'Idlib, occupée par de nombreuses factions islamistes. Ils ont depuis été rejoints par les vaincus de la grande et décisive bataille d'Alep.

    Cette dernière ayant monopolisé le gros de l'armée syrienne et de ses alliées chiites, un certain statu quo prévalait à Damas et sa banlieue jusqu'à la semaine dernière.

    Mais l'histoire s'est brutalement accélérée. L'armée syrienne a mis la pression, sans véritablement attaquer, sur la ville de Qaboun située au nord-est de la capitale. C'était en effet une cible intéressante car isolée; mais surtout cet isolement avait entraîné de la part des islamistes la construction de nombreux tunnels permettant son ravitaillement depuis leurs places fortes de la Ghouta,Saqba, Irbine et Jobar, toutes situées à l'ouest de Damas.

    La prise de Qaboun aurait permis à l'armée d'accéder au réseau des tunnels ce  qui représentait un danger mortel pour la rébellion.

    Les islamistes ont alors osé une stratégie particulièrement audacieuse : tout en envoyant des combattants vers Qaboun pour rompre son encerclement, ils ont dans le même temps directement attaqué le centre de Damas pour essayer d'atteindre la prestigieuse place des Abbassides, celle-là même qui est restée tout au long de la guerre le centre de la vie des Damascènes.

    Fort heureusement, l'armée ne s'est pas laissée surprendre malgré plusieurs attaques suicides parfaitement organisées par le Front Fatah al Cham (le nouveau nom du Front al Nosra) et les islamistes ont été repoussés vers Jobar, leur principale place forte.

    L'aviation russe n'est pas intervenue et cette fois c'est bien l'armée syrienne qui a assumé l'organisation des opérations bien aidée toutefois par les hommes du Hezbollah libanais.

    Aujourd'hui, l'éradication de ces bastions islamistes aux portes de Damas est une nécessité absolue pour les Syriens. Mais ce sera long et difficile d'autant que les Russes sont militairement nettement moins actifs en Syrie depuis la reprise d'Alep et privilégient pour l'instant les discussions avec les Turcs, les Américains et les Iraniens. 

  • Idées & Politique • Fin de campagne

     

    par Gérard Leclerc

    Jeudi 20 avril 2017 

    rubon9-071ca.jpgEnfin ! Enfin, nous arrivons au bout de cette campagne électorale. Peut-être ai-je tort de m’exprimer ainsi, car l’impatience d’en finir pourrait être demain relayée par le désolation d’une nouvelle impasse, ou pire encore du chaos. Certes, il ne faut jamais parier pour le pire, et même si c’est la crise institutionnelle qui s’imposait dans les prochains mois, il faudrait espérer contre toute espérance, en se persuadant que souvent le sursaut peut jaillir de l’abîme. Il s’agit de ne décourager personne, et surtout pas les courageux militants qui se sont engagés, corps et âmes, dans un combat qu’ils croient nécessaire. Mais c’est la situation qui rend perplexe l’observateur que je suis. Un observateur nullement détaché, mais suffisamment indépendant pour tenter de juger les choses sans trop de préjugés.

    Dans ma perplexité, je me suis saisi avidement des deux pages du Monde, où trois philosophes allemands éminents étaient invités à exposer leur analyse de la situation politique en France. Je ne puis dire que j’ai été déçu, car j’ai trouvé aussi bien chez Sloterdijk, Habermas que Streeck, des éléments intéressants, grâce au regard extérieur qu’ils projettent sur notre pays. Néanmoins, ces trois esprits puissants n’ont pas produit en moi le dénouement que j’escomptais, peut-être avec présomption. J’ai cru comprendre qu’ils attendaient beaucoup d’Emmanuel Macron, pourvu qu’il gagne la compétition, mais ils m’ont donné l’impression d’investir le compétiteur de leurs propres espoirs en une reconfiguration des forces politiques qui est, à mon sens, plus que problématique. Et lorsque nos philosophes mêlent à leur supputation des vœux qui s’adressent au pays des Lumières, je ne marche pas du tout, ce supplément d’âme masquant ce qu’il y a de hasardeux dans leur pari.

    Et puis Wolfgang Streeck contredit l’optimisme de ses collègues, en montrant la vanité d’une médiation qui ne résoudra en rien les difficultés d’un monde bousculé par ce qu’il appelle « la logique du perpétuel ajournement de la faillite ». Non, il n’y a rien dans tout cela de propre à nous sortir de nos incertitudes, sauf une invitation à dire non à l’à quoi bon et à la fin de l’histoire. La nôtre ! 

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 20 avril 2017

    Gérard Leclerc

  • Les bonnes intentions de la loi Veil et l’enfer de la catastrophe démographique

     

    Par Marc Rousset

    Un utile rappel [Boulevard Voltaire, 3.07] à l'heure des louanges sans nuances qui accompagnent la disparition de Simone Veil.  

     

    f682426fee04086bb84efa58fc9b3d8e.jpeg.jpgSimone Veil a participé à la Manif pour tous ! Les bonnes intentions justifiées de la loi Veil auraient dû rester immuables et fixées dans le marbre ! Il n’en a rien été et l’IVG, au fil des années, est devenu un acronyme administratif, un droit à tuer, en lieu et place des considérations humaines, morales, exceptionnelles et de détresse de la loi Veil.

    Le résultat des courses, c’est plus de 220.000 naissances par an qui manquent à la France, remplacées par 250.000 immigrés extra-européens. Le seul continent où la population continue de baisser est bien l’Europe. L’Europe représente, aujourd’hui, 10,3 % de la population mondiale contre 25 % en 1900. En France, le taux de fécondité de 1,6 enfant par femme d’origine européenne est inférieur au taux de remplacement à l’identique des populations de 2,1 enfants par femme.

    Les cocoricos démographiques français sont des mensonges cyniques qui proclament, en fait, le Grand Remplacement des populations puisque au-delà de l’invasion migratoire annuelle des 250.000 immigrés extra-européens, le taux de fécondité des populations immigrées est de plus du double de celui des populations européennes, soit 3,4 enfants par femme. 

    L’Histoire, c’est la démographie, disaient les grands historiens français Pierre Chaunu et Fernand Braudel. L’enfant, c’est l’avenir, il n’y a plus d’espoir quand 220.000 enfants disparaissent tous les ans – autant que la mortalité infantile sous Louis XIV.

    Le pape François a pu dire : « Ainsi, tu peux visiter le monde, partir en vacances, avoir une maison à la campagne, être tranquille. Et c’est sans doute mieux, plus commode, d’avoir un petit chien, deux chats… » Combien d’Européens se retrouvent dans une maison de retraite sans aucun enfant pour leur rendre visite ? « Seigneur, préservez-moi, disait Victor Hugo […] de jamais voir l’été sans fleurs nouvelles, la cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles, la maison sans enfants. » 

    Une société qui avorte et qui ne veut pas d’enfants est une société qui se laisse envahir et qui meurt. L’Empire romain s’est effondré sous les coups des barbares lorsqu’il a préféré le pain, les jeux, la jouissance et l’insouciance du lendemain à la perpétuité de sa race.

    Quand on en arrive à 220.000 avortements par an, cela ne regarde plus seulement des femmes, leur vie personnelle, mais bien la nation tout entière dans la question de son renouvellement et, partant, de sa pérennité. Le libertaire Macron s’occupe des entreprises jeunes pousses, mais il n’a toujours pas compris que les familles nombreuses et les enfants sont des jeunes pousses encore plus importantes pour la survie et l’avenir d’une nation et d’une civilisation.   

    Économiste
     
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  • Patrimoine • L’hôtel de Caumont à Aix-en-Provence

     

    Revenons sur l’histoire de l’hôtel de Caumont à Aix-en-Provence. C’est au 17e siècle qu’Aix-en-Provence connaît un important essor démographique qui donnent lieu à un agrandissement de la ville sous la houlette de l’archevêque Michel Mazarin (frère du cardinal) qui imagine un quartier baptisé « Mazarin » où les riches familles auraient des hôtels particuliers.  

    13_-_hdc_1212.jpgEn 1715, François Rolland de Réauville, marquis de Cabannes demande à Robert de Cotte, premier Architecte des Bâtiments du Roi de lui ériger un hôtel particulier dans le quartier « Mazarin ». Le marquis de Cabannes est alors Président de la Cour des Comptes d’Aix-en-Provence. Il lui faut donc une demeure digne de son statut.

    Il décède en 1745 sans que le chantier ne soit achevé. Ses héritiers le continuent mais sont contraints de vendre en 1758 à François de Bruny de la Tour-d’Aigues qui est un banquier et armateur de Marseille. L’hôtel devient Hôtel de Bruny.

    06_-_hdc_7004.jpgJean-Baptise de Bruny hérite en 1772 de la demeure de son père. Grand collectionneur, membre de l’académie de peinture de Marseille mais aussi botaniste, il y installe des œuvres d’art et des minéraux. L’hôtel de Bruny connaît des heures fastes. De somptueuses réceptions s’y tiennent, rassemblant la haute société d’Aix-en-Provence.

    La révolution de 1789 sonne le glas de cette époque. L’hôtel particulier a été hérité par le fils de Jean-Baptiste de Burny qui décède dans la misère à Rouen des suites de la révolution. La fille de Jean-Baptiste, Pauline en hérite alors. Elle est l’épouse d’Amable de Seytres, marquis de Caumont. L’hôtel devient Hôtel de Caumont.

    De cette union malheureuse avec le marquis de Caumont, Pauline de Bruny n’a pas eu de descendance. A sa mort en 1850, c’est son cousin Louis-Charles de Bruny qui en hérite. Jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, l’hôtel de Caumont va connaître de nombreux propriétaires successifs et son état va se délabrer.

    Pendant la guerre, il est divisé en appartements où l’on cache des résistants. En 1964, il est racheté par le général Isenbart qui le restaure puis le vend à la ville d’Aix-en-Provence qui décide d’y abriter le Conservatoire de musique et de danse. L’hôtel est classé sur la liste des monuments historiques.

    Le 6 mai 2015, il a réouvert ses portes après un minutieux travail de restauration, s’appelant désormais Caumont Centre d’Art. 

    Photos et sources : Site officiel du Caumont Centre d’Art

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  • Livres • Un anarchiste conservateur

     

    Par Eugénie Bastié

    Une excellente recension* à propos d'un livre dont le sujet - Proudhon - retiendra toute l'attention des lecteurs de LAFAUTEAROUSSEAU.

     

    2863182147.2.jpgOn retient de lui la célèbre sentence provocatrice : « La propriété, c'est le vol ». Il était revendiqué par Jaurès et Maurras, il a influencé Bakounine et Péguy. Pierre-Joseph Proudhon a joué un rôle de premier plan dans l'histoire de la philosophie politique. Né vingt ans après la Révolution française, à Besançon, l'inventeur du mot « anarchisme » est inclassable. Autodidacte, rare penseur du XIX° siècle à être issu d'un milieu ouvrier, Proudhon fut journaliste, polémiste, philosophe et même député en 1848. Dans son essai Pierre-Joseph Proudhon, l'anarchie sans le désordre, Thibault Isabel nous invite avec pédagogie à découvrir les multiples facettes d'un philosophe sous-estimé, perdant de la bataille des idées.

    Proudhon tente de réconcilier dans un « anarchisme conservateur » le besoin d'autorité et celui de liberté. Dans la lignée du socialisme à la française d'un Fourier ou d'un Leroux, il plaide pour une « philosophie des producteurs » qui mette le travail au centre de la société. Contrairement à Marx qui souhaite renverser le capitalisme par le haut, quitte à employer les moyens les plus brutaux, il n'aura de cesse de dénoncer la double aliénation du capital et de l'Etat.

    Proudhon.jpgContre le centralisme jacobin et la jungle capitaliste, il propose le fédéralisme intégral sur le plan politique et le mutuellisme sur le plan économique. Il plaide pour l'établissement de frontières solides dans le commerce pour éviter l'établissement de grands monopoles transnationaux. Il appelle à encourager la petite propriété, le travail coopératif, le tissu associatif et l'organisation de solidarités locales. Anticapitaliste, Proudhon n'est pas antilibéral : bien au contraire, il considère que les libertés individuelles sont la seule chose sur laquelle doit veiller l'Etat.

    Après que le marxisme a montré son caractère funeste, l'heure de la revanche sonne pour le Bisontin. Loin du « ni Dieu ni maître » des casseurs en rouge et noir, sa pensée est une ode à l'équilibre, un « ni Wall Street ni soviet » d'une surprenante actualité. Disciple d'Héraclite et de Montaigne, Proudhon croit à l'irréductible pluralité du réel et à la mesure des choses. C'est sans doute en cela qu'il est conservateur : il n'espère ni lendemains qui chantent ni refonte d'un homme nouveau. A l'instar de Weil ou Camus qu'il influencera, il croit, comme l'écrit Isabel, que : « La révolution est dans les âmes plutôt que dans les urnes ou sur les barricades. » 

    Ci-dessus, à droite, Gustave Courbet, Portrait de P.-J. Proudhon en 1853, Petit Palais

    Pierre-Joseph Proudhon. L'anarchie sans le désordre, de Thibault Isabel, Autrement, 180 p., 18,50 

    * LE FIGARO MAGAZINE - 23 JUIN 2017

     

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    Charles Maurras : Lorsque Proudhon eut les cent ans…

  • Hambourg, apparences et réalités

     

    Publié le 7.07.2017 - Réactualisé le 8.07.2017  

    En deux mots.jpgFaut-il accorder quelque importance au G20 qui s'ouvre aujourd'hui, pour deux jours, à Hambourg ?

    Sans-doute est-il pour les vingt chefs d'Etat qui s'y retrouvent, l'occasion d'échanger, de se jauger, et même de se toiser, de se mesurer. L'on servira aux peuples de moins en moins crédules, avec le concours des médias, la fable d'une sorte d'entente - ou même de gouvernance - mondiale, façon Attali. Gouvernance mondiale qui serait dans ces G20 en quelque sorte, préfigurée.  

    La réalité est tout autre. Elle est même l'inverse. 

    Comme les jeux olympiques restaurés à l'ère moderne devaient, suivant Pierre de Coubertin, signifier par le sport l'unité universelle et manifestèrent surtout la confrontation des nationalismes, le G20 en cours - et ceux à venir - consacrera en arrière fond, ce que l’on appelle le retour des nationalismes, en réalité leur permanence et de plus en plus ces temps-ci la montée de leurs affrontements. 

    La remise en cause du libre-échangisme par la première puissance économique du monde - via Donald Trump qui ne fait que l'officialiser avec éclat - est un fait majeur mais non pas nouveau. Leur retour au protectionnisme est désormais proclamé mais a toujours été pratiqué par les USA. Quant à la réaffirmation du dogme libre-échangiste par l'Allemagne et par la Chine, elle provient du simple fait que cette option idéologique constitue pour elles une aubaine considérablement lucrative. Le mondialisme de ces deux dragons est un nationalisme.  

    Economique, pour l'heure, mais pas seulement. 

    Le G20 sera aussi l'occasion pour les participants de mesurer l'intensité montante des affrontement géostratégiques. Ils se manifestent notamment en Europe de l'Est, où rien n'est réglé, au Proche-Orient, où règnent le chaos et la guerre, en Asie, où la compétition pour la puissance et l'hégémonie, prend de plus en plus la forme de la course aux armements. Les gesticulations de la Corée du Nord, indocile marionnette chinoise, les budgets militaires de Pékin, le réarmement du Japon avec la bénédiction de Washington, sont le signe de la dangerosité du monde actuel et du risque accru de conflagration de grande ampleur. 

    La littérature nous apprend - comme l’Histoire et parfois mieux -  que les dirigeants des puissances qui s’opposent aiment à se rencontrer avant que telle ou telle fatalité ou nécessité ne les conduisent à faire parler les armes. 

    Armes économiques, armes de guerre : le G20 de ce week-end, sera l'une de ces rencontres qui sous des dehors aimables et des protestations d'amitié, servent surtout à évaluer les rapports de force. 

  • Littérature • Et si on (re)lisait Stefan Zweig cet été ?

     

    Par Johan Rivalland

    Article d'une  série, sur Contrepoints, destinée à nous faire découvrir ou redécouvrir l’auteur autrichien Stefan Zweig. Dont toute l'oeuvre, si riche, nous intéresse à bien des titres. Aujourd’hui, présentation de « L'ivresse de la métamorphose ».

     

    GeO1v_zloUlL25W1g1uECL1razY.pngOeuvre posthume, Ivresse de la métamorphose est un roman dont l’écriture a débuté en 1930-1931 et a été poursuivie en 1938-1939. Trois grands temps semblent se succéder, avec une rupture marquante entre les deux derniers, qui coïncide avec la rupture d’écriture, sans qu’il y ait d’incohérence, bien au contraire.

    Les tourments de la guerre

    Le premier temps décrit une peinture de la femme autrichienne, du moins de certaines d’entre elles, celles qui ont souffert de la manière la plus criante des conséquences de la Grande Guerre, à travers ici une toute jeune femme, qui en a vu sa vie bouleversée durablement.
    On trouvait déjà une telle peinture de jeune femme emportée plus directement dans les tourments de la Guerre dans Clarissa (voir notre volet précédent), mais à un âge un tout petit peu plus avancé.

    Ici, d’emblée la peinture est sombre ; on ressent pleinement, au-delà du drame de la guerre elle-même, la destruction qu’elle engendre, jusque dans les longues années qui suivent, pour les populations qui ne pourront jamais vraiment s’en remettre, en raison en particulier de la pauvreté, voire l’état de misère, qu’elle induit.

    Un destin bien sombre

    Puis un second temps ouvre des perspectives vers un autre monde, en flagrant contraste et dont la peinture est, elle aussi, particulièrement riche et évocatrice, décrite avec l’acuité toute particulière de Stefan Zweig, maître hors pair de la psychologie humaine et de l’observation sociologique.

    Elle va trouver son point de rupture et déboucher sur ce troisième temps, très sombre et qui préfigure, de manière grandissante, ce qui va constituer une part du destin de l’auteur lui-même, ne manquant pas de susciter en nous une certaine émotion ou, plus exactement, revêtant une valeur particulière dans cette oeuvre, par l’authenticité de la description de certains faits. Avec aussi, en arrière-fond, une critique très intéressante de l’État, particulièrement en temps de guerre ou après (ici appliqué au cas de l’Autriche), que je ne renierais pas. 

    Un chef d’œuvre de subtilité

    Je reste, bien sûr, volontairement flou dans ce commentaire, pour ne dévoiler en rien l’histoire et tâcher même de brouiller un peu les pistes, mais je n’ai qu’un conseil, pour ceux qui connaissent bien l’auteur et n’ont pas encore lu ce livre-ci : ne pas passer à côté de cette lecture.
    Un roman vrai, un roman fort, un sujet grave et qui mérite toute notre attention. Un chef d’oeuvre de subtilité.  •

    Stefan Zweig, I'vresse de la métamorphose, Le livre de poche, avril 1994, 285 pages. 

    Johan Rivalland