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  • Franck Ferrand: «L’ignorance de l’histoire est le terreau sur lequel progresse la cancel culture», par Victor Rouart.

    Franck Ferrand. François BOUCHON/Le Figaro

    À l’occasion de la parution de son nouveau livre, «Portraits et destins» (Perrin), Franck Ferrand invite à ne pas porter un regard anachronique et moralisateur sur le passé et appelle à célébrer l’héritage que nous avons reçu.

    FIGAROVOX.-Dans votre nouveau livre, «Portraits et destins», vous racontez vingt histoires, de la bataille de Salamine aux premiers pas de l’homme sur la Lune. Existe-t-il un lien entre ces épisodes?

    Franck FERRAND.-Ce qui les relie les uns aux autres se trouve moins dans les sujets que dans la façon de les envisager et de les traiter. Tous ces moments d’histoire, je les ai d’abord écrits pour le magazine Historia, avec la double ambition d’instruire et de distraire.

    Enfant, c’est de la lecture ce magazine que s’est nourrie ma passion pour l’évocation du passé, à l’école de maîtres comme Decaux et Castelot, bien sûr, mais aussi Erlanger, G. Lenotre ou le duc de Castries... Tous étaient attentifs, avant tout, à maintenir et soutenir l’attention du lecteur, mais sans rien concéder à l’exactitude et à la clarté.

    Chaque évocation, par ailleurs, se devait de tendre vers une forme de synthèse, tout au moins vers un archétype... Plus j’avance dans ce métier et dans la vie, plus je me dis qu’il n’existe pas de meilleure école.

     

    En rappelant l’extraordinaire envergure du personnage de Colbert, l’on comprend l’aberration que pourrait constituer le fait de « déboulonner sa statue ». 

     

    Vous racontez notamment l’épopée d’Alexandre de Macédoine qui fut en quelque sorte la première figure du conquérant victorieux. Pour reprendre votre terme, à quel archétype son parcours se résumerait-il?

    La vie du grand Alexandre a été, de diverses façons, vouée à la notion de dépassement. C’est ce qu’il y a, au fond, de fort peu grec chez ce Macédonien. L’influence de sa mère Olympias, sans doute… Son ambition ne connaît pas de limite, jusqu’à l’hybris des dernières années. Certains préféreront peut-être retenir son rêve de synthèse Orient-Occident, rêve avorté de son vivant, et jamais abouti nulle part, depuis. Alexandre n’en reste pas moins un personnage fascinant, très agréable à ressusciter.

    Vous avez montré, dans de précédents ouvrages, que la controverse vous effrayait peu. Votre portrait de Colbert est-il une réponse à ceux qui voudraient le réduire au Code Noir, et en profiter pour déboulonner sa statue?

    Il me semble que l’ignorance est le terreau sur lequel peut prospérer cette cancel culture qui nous vient d’outre-Atlantique. Pour ce qui est du Code Noir, il suffirait ainsi de le remettre dans son contexte pour comprendre qu’en ce temps-là, et quelles qu’aient pu être les horreurs de la Traite négrière, il marquait plutôt un progrès dans la manière de considérer les esclaves. Plus généralement, en rappelant l’extraordinaire envergure du personnage de Colbert, au regard de son activité presque surhumaine, par le recensement aussi de tout ce que lui doit une France alors à son apogée, l’on comprend l’aberration que pourrait constituer le fait de «déboulonner sa statue». Mais peut-être est-il plus facile, et plus productif pour certains, de s’en tenir à la surface, à la légende…

    En 2021, nous devrions fêter le bicentenaire de la mort de Napoléon, mais là aussi, des polémiques apparaissent. Aujourd’hui, est-il si difficile de resituer un personnage historique dans le contexte de son temps, et d’essayer comprendre son action, autrement qu’à l’aune de nos concepts moraux actuels?

    Vous avez identifié le problème. C’est ce que les historiens appellent la téléologie: une faute de méthodologie, pour ne pas dire de simple logique, consistant à envisager un événement à la lumière de ses suites. De là à porter sur telle ou telle figure de l’Histoire un jugement motivé par des valeurs anachroniques, il n’y a qu’un pas, vite et bien franchi…

     

    J’ose espérer que les célébrations du Bicentenaire de la mort de Napoléon, déjà grevées par le contexte sanitaire, seront quoi qu’il en soit à la hauteur du personnage. 

     

    Comme dans le cas de Colbert que l’on voudrait réduire au Code Noir, certaines associations aimeraient anéantir l’ensemble de l’immense héritage napoléonien, au prétexte que Bonaparte a formellement rétabli l’esclavage...J’ose espérer que les instances officielles sauront déjouer le piège, et que les célébrations du Bicentenaire, déjà grevées par le contexte sanitaire, seront quoi qu’il en soit à la hauteur du personnage. Disons que nous allons avoir sous les yeux un test des plus significatifs.

    Souvent, une évocation historique est pour vous l’occasion de redresser une idée fausse ou que, en tout cas, vous considérez comme telle. Dans ce livre, vous tentez ainsi de rendre justice au malheureux président Deschanel…

    Si toutes ces années de pratique m’ont appris une chose, c’est que les réputations historiques doivent souvent moins à la réalité qu’aux jugements portés par les chroniqueurs et par les biographes d’autrefois. Par exemple, le fondateur de la dynastie carolingienne, Pépin le Bref, a plus de mérites, à tout prendre, que son fils Charlemagne. Pourquoi dès lors ne parle-t-on, toujours et partout, que du second? Parce que Charles s’était assuré les services d’un talentueux hagiographe, Éginhard, précaution que Pépin, son père, avait négligée…

     

    Les réputations historiques doivent souvent moins à la réalité qu’aux jugements portés par les chroniqueurs et par les biographes d’autrefois

     

    Dans le cas du président Paul Deschanel, victime à l’Élysée de ce que nous appellerions un burn out, et tombé du train présidentiel sous l’effet, probablement, d’un syndrome d’Elpénor, les échotiers et les chansonniers de 1920 l’ont fait entrer dans les annales sous les traits d’un fou, d’un paltoquet ridicule ; cela vous paraîtra suspect, si l’on vous rappelle qu’il avait eu le mauvais goût de voler l’élection présidentielle à un certain Georges Clemenceau, le Père-la-Victoire…

    La France est attachée à la figure de «l’homme providentiel», qu’on parle, justement, de Clemenceau ou bien du général de Gaulle... Les Français d’aujourd’hui attendent-ils l’homme providentiel?

    Oui, je pense qu’ils attendent cet homme d’exception… ou cette femme! Ce qui nous ramène à Jeanne d’Arc, comme souvent… Dans mon précédent ouvrage, L’année de Jeanne, j’imaginais précisément qu’en 2022-2023, nous arrivait, non des «marches du royaume», mais des confins de la République, la Nouvelle-Calédonie en l’occurrence, une jeune fille de grande lucidité, appelée à sauver le pays…

    Dans la réalité, cette figure n’a pas encore émergé ; mais je veux croire qu’elle finira par le faire, tant le génie français - je crois beaucoup au génie propre des peuples - est attaché au mythe de l’homme providentiel.

     

    Conteur d’histoire, écrivain et conférencier au public fervent, Franck Ferrand peut être écouté chaque matin sur Radio Classique de 9h à 9h30 dans «Frank Ferrand raconte». Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont le Dictionnaire amoureux de Versailles (Plon, 2013), et publie portraits et destins (Éditions Perrin, mars 2021, 300 p. 17€).

    Source : https://www.lefigaro.fr/vox/

  • “Ce n’étaient que des catholiques après tout!”, par Philippe Bilger.

    Les antifas s'en prennent à la procession sur le Boulevard du Ménilmontant. Image: capture d'écran Le Figaro.

    Les catholiques, de la chair à c..ons !

    Samedi 29 mai à Paris, une procession en mémoire des martyrs catholiques de la Commune a été attaquée par des antifas

    7.jpgJe suis un pécheur. Je suis un catholique à la pratique imparfaite, intermittente, un catholique de culture, de transcendance, de doute, d’incertitude, d’espérance, d’indignation et de désespoir, un catholique qui ne peut pas croire au néant et qui pourtant le craint. Mais un catholique de combat et, si possible, de lucidité. Aussi quand Monseigneur Aupetit réclame l’égalité de traitement entre toutes les religions et que le catholicisme ne soit pas stigmatisé et agressé, je le trouve bien naïf. Comme si l’Eglise, d’abord, n’y avait pas mis du sien et qu’à force de se courber, elle n’avait pas favorisé les coups.

    Trois cents catholiques, femmes, enfants, personnes âgées, ont été honteusement insultés. On leur a jeté des saletés, des immondices, certains ont fait l’objet de violences. Parce qu’ils voulaient honorer la mémoire des prêtres assassinés sous la Commune de Paris. Quelle intolérable prétention ! Ils ont déposé plainte contre X mais le Parquet de Paris n’avait pas jugé bon d’ouvrir une enquête d’initiative. Ce n’étaient que des catholiques après tout ! Et ils n’avaient pas été mis à mal par des Identitaires mais seulement par une trentaine d’antifas, d’abord, j’ose le dire, des idiots. Avant d’être des brutes et des malfaisants !

    Tant de signes dérisoires ou importants démontrent que le catholicisme, lorsqu’il ose pointer le bout de sa foi, est traîné dans la boue ou au moins moqué. Une manifestation même autorisée n’a pas le droit d’exister puisque la rue n’est légitime que pour la gauche, l’extrême gauche et les syndicats progressistes, c’est-à-dire politisés. Des catholiques tranquilles mais à l’air libre, n’ayant pas honte de ce qu’ils sont et de ce qu’ils proclament, constitue un authentique scandale. L’aberration de notre monde et d’une modernité dévoyée nous fait détester le fait religieux, la grandeur de la religion, qu’on soit dans la croyance ou non, au prétexte que le terrorisme islamiste a rendu odieux tout ce qui de près ou de loin se rapproche de la familiarité avec un quelconque au-delà. Les pratiques honorables paient pour les extrémismes meurtriers parce qu’on a un pouvoir qui n’a pas le courage d’assumer des discriminations de bon sens, fondées sur la réalité de notre quotidien. Voir la tragique lâcheté d’un Jacques Chirac ne se battant pas pour imposer les racines chrétiennes de l’Europe. Cette banalité historique et culturelle, qui crève les yeux et l’âme, a été déniée par ses soins. Il faut rendre hommage sur ce plan aux présidents Sarkozy et Macron qui n’ont pas fait preuve de la même frilosité et qui n’auraient sans doute pas cédé ainsi.

    Quelle joie aussi pour tous les histrions, jamais drôles et vraiment indécents – pas seulement sur France Inter – de pouvoir s’en prendre sans rien risquer au catholicisme, aux prêtres (dont la multitude n’est pas indigne de leur magnifique mission), à Jésus-Christ, aux symboles d’une chrétienté sur lesquels non seulement on peut mais on doit cracher. L’ignominie des uns, le silence des autres… Plus grave d’une certaine manière, la déplorable propension de notre espace intellectuel, politique et médiatique à ne plus savoir penser dans la plénitude. Appréhender la Commune et ses avancées qui ont anticipé des idéologies et des réflexions libertaires et en même temps s’associer à l’hommage rendu aux prêtres assassinés ainsi qu’à toutes les victimes de la férocité “versaillaise”.

    Est-il inconcevable, pour une France qui certes n’est plus enrichie par le savoir historique et la complexité de l’intelligence et de la tolérance, de s’adonner à cette honnêteté contrastée et nécessaire ? Les antifas sont évidemment les moins doués pour cet exercice d’esprit, de cœur et de compréhension. Ils représentent, pour le pire, une parfaite incarnation de notre dérive moderniste. La violence, l’outrance, le mépris, la dérision, la brutalité des gestes et des attitudes, la haine qui a pour seule ambition d’exclure ceux qui sont coupables d’être de l’autre côté, sont leur unique langage. Discuter est une tare, frapper une obligation. Ces extrémistes, qu’on ne songe pas à interdire, à l’égard desquels certains médias éprouvent une étrange et fascinée complaisance, j’ose le répéter, sont d’abord des c*ns mais ils font de terribles dégâts ! Il est vrai que nous n’en sommes plus à une indécence, à une honte près mais tout de même! Notre résistance qui n’a jamais été exemplaire s’est effilochée au point de devenir une exception saluée comme s’il s’agissait d’héroïsme alors que ce devrait être notre normalité…

    Alors, oui, Monseigneur Aupetit est naïf mais puis-je respectueusement lui donner un conseil ? Que ceux qui parlent au nom des catholiques ne soient pas si intermittents dans leurs protestations mais fiers et audacieux à plein temps ! Qu’ils ne rougissent plus de ce à quoi ils croient !

     

    Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.
     
  • Algérie : mission ou démission ?, par Jean Monneret.

    La négociation confiée à Benjamin Stora et les redoutables perspectives ouvertes.

    Comme il l’a rappelé dans son entretien à L’Express (22 décembre), le président Macron a confié en juillet 2020 à l’écrivain d’extrême gauche Benjamin Stora une mission importante. Il s’agirait pour l’intéressé, de favoriser «  la réconciliation entre la France et l’Algérie  ». 

    3.jpgLes réactions à cette désignation ont été discrètement favorables. Ceci n’a rien d’étonnant vu la partiale tendresse des médias en faveur de «  Benjamin Stora  », souvent dépeint, sans rire, comme «  le meilleur historien concernant l’Algérie  ». Nous ferons une notable exception pour Jean Sévillia qui a indiqué, dans Le Figaro, combien ce choix lui paraissait contestable.

    En effet, Stora a écrit une profusion de livres sur l’Algérie à l’époque française et sur le conflit qui sévit entre 1954 et 1962. Sa position à ce sujet est bien connue. C’est un anticolonialiste avéré et l’œuvre de la France en Algérie, l’activité de l’Armée française et celle de ses compatriotes pieds-noirs ne lui inspirent que très peu de considération. Le choisir pour «  nous réconcilier  » avec l’Algérie est donc une démarche aussi claire que discutable  : la repentance sera à l’ordre du jour.

    Une Algérie inconsciente

    Certains diront que ses vues anticoloniales sont précisément de nature à en faire un interlocuteur écouté à Alger, où dominent des bureaucrates issus du FLN lequel anima jadis la rébellion qui mena à l’Indépendance. Si un tel raisonnement a inspiré le président de la République, il y a lieu de s’inquiéter. Ledit FLN et ses épigones au pouvoir depuis près de soixante ans, sur l’autre rive de la Méditerranée, n’ont cessé de réclamer des «  excuses  » à la France pour sa présence en Algérie durant 132 ans et pour l’action de ses soldats dans le conflit qui démarra en 1954. L’ex-président Bouteflika a même insulté notre pays en le comparant, en la matière, au troisième Reich.
    Bernard Lugan a donc eu raison d’écrire dans son blog, L’Afrique réelle, que Macron a ouvert une «  boîte de Pandore  » qu’il sera malaisé de refermer. Déjà, les demandes de “réparations” s’accumulent. Tel hiérarque du FLN réclame la «  totalité des archives françaises sur l’Algérie  ».  Tel autre évalue à 100 milliards de dollars ce que la France devrait à ce pays. Bernard Lugan propose donc de présenter à Alger «  l’addition de ce que l’Algérie a coûté à la France entre 1830 et 1962… sans parler du coût colossal de l’immigration depuis cette date  ». Et l’historien rappelle ceci  : «  En 1959, l’Algérie, à elle seule, engloutissait 20  % du budget de la France.  »

    Une France repentante

    En fait, ce qui se profile n’est pas une solide défense de l’honneur français et de la mémoire de nos 25  000 combattants tombés pour la Patrie mais, tout au contraire, une nouvelle phase aggravée de la contrition nationale. Cette politique, car c’en est une hélas, a été illustrée par les déclarations déjà anciennes d’un de nos ambassadeurs, selon qui la répression du soulèvement du 8 mai 1945 était «  inexcusable  ». L’hommage récent à madame Audin allait dans le même sens, comme une multitude de films et de documentaires dénonçant notre armée. Rappelons, entres autres, le navet antihistorique  Hors-La-Loi,  infecte pellicule antifrançaise, toujours diffusée sur nos écrans. Il est quand même significatif que le seul film français récent qui dénonce le terrorisme du FLN, Qu’un sang impur, œuvre d’un Algérien né en France, ait été refusé par tous les distributeurs français, sauf la société Mars…

    Quelle était donc la motivation profonde de M.  Macron en organisant la mission de Stora dont il a déclaré attendre des résultats «  pour la fin de l’année 2020  » (ce serait en fait en janvier 2021)  ? La réponse nous est fournie par le communiqué même de la présidence  : il s’agit «  de dresser un état des lieux, juste et précis du chemin à accomplir en France [c’est nous qui soulignons] sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie ainsi que du regard porté sur ces enjeux [sic] de part et d’autre de la Méditerranée  ».

    Une mission pénitentielle

    Si l’on prend ces phrases à la lettre et, en supposant que leur côté jargonneux soit purement accidentel, il faudrait donc penser que la mission Stora se fixera pour objectif ultime d’aider la France à parcourir un certain chemin. Quel peut être ce chemin, sinon celui qui mène vers une nouvelle étape de la repentance  ?
    Monsieur Macron qui parlait, il y a peu, de «  crime contre l’humanité  » à propos de l’Algérie, n’est-il pas en train de dévoiler de bien curieuses batteries  ? La «  réconciliation entre la France et l’Algérie  » ne va-t-elle pas conduire notre pays à se flageller à nouveau, au prix d’une grave atteinte à son prestige  ?
    Si la personnalité et l’œuvre de M. Stora ne rassurent aucunement sur ce point, que dire de celle de son interlocuteur mandaté par le pouvoir algérien  ? Il s’agit de M.  Abdelmajid Chikhi, notoirement connu pour ses fortes orientations islamistes et une particulière hostilité à la France. N’allons-nous pas assister à un prolongement de la fable du pot de terre et du pot de fer, stratégie qui réussit si bien au FLN, en mars 1962 à Evian  ?
    Pour l’instant, M. Chikhi, qui n’est pas escrimeur mais mériterait sûrement de l’être, s’est fendu d’un communiqué commandant à la partie française de clarifier sa position. En effet, selon lui, le bourreau et la victime ne peuvent pas écrire une histoire commune.

    Il va sans dire que pour ce gracieux personnage la France est le bourreau et l’Algérie la victime. On mesure donc la charmante perspective qu’ouvre la négociation avec lui. A moins que, les politiciens sont si surprenants, tout cela ne soit qu’un ballet soigneusement réglé et dont le résultat est déjà prévisible. La partie française n’aura qu’à écrire en bas de page  :  «  Pénitentiellement vôtre  ».

    Illustration  : « Nommé le 29 avril [2020] conseiller en charge des archives nationales et de la mémoire nationale auprès du président Abdelmadjid Tebboune, Chikhi s’est violemment attaqué à la France neuf jours plus tard. Sur les ondes de la radio nationale, il a accusé Paris “de livrer une lutte acharnée contre les composantes de l’identité nationale”, à savoir la langue arabe, l’islam et les coutumes
et traditions ancestrales. […] 
À la veille de la célébration du 58e anniversaire de l’Indépendance, début juillet, 
ce natif de Batna est de nouveau monté au créneau, en précisant que “la génération actuelle et celles qui lui succéderont demeureront attachées à la demande de la restitution de toutes les archives nationales détenues par la France et se rapportant à plusieurs périodes de notre histoire”  ».
    Jeune Afrique, 21 juillet 2020.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Lieuron et Aulnay-sous-Bois: notre laxisme sur le banc des accusés Mauvaises pensées à l'encontre d'une France dévoyée..

    Le 1er janvier 2021, à Lieuron (Ille-et-Vilaine), à environ 40km de Rennes, des jeunes participant à une rave party adressent des doigts d'honneur aux gendarmes © JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP.

    Du vendredi 31 décembre 2020 au 3 janvier 2021, la bêtise et la violence ont frappé encore plus gravement que d’habitude. À la rave party de Lieuron, et à Aulnay-sous-Bois dans la cité des 3 000.

    3.pngIci une free party dispersée seulement au bout de 36 heures. Un énorme matériel. Une organisation programmée, structurée. Des gendarmes blessés, de la drogue, au moins 2 500 personnes se moquant des précautions sanitaires et de diffuser le virus, l’arrogance de l’un des organisateurs se disant prêt à recommencer, un seul individu déféré au parquet de Rennes contre lequel, paraît-il, une instruction étant ouverte, la détention sera requise. Bref, un scandale de laxisme et d’impuissance.

    Le Coran, ça part en couille! Nique-le sa race!

    Là, deux motards de la CSI 93, effectuant un contrôle routier, sont gravement agressés par une bande d’une quinzaine de voyous. Les policiers sont hospitalisés. Leur hiérarchie a exprimé son soutien – quel baume pour eux ! – et les agresseurs, dont l’un a déjà été interpellé, sont recherchés.

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    Ces deux épisodes sont caractéristiques d’une France dévoyée. La sécurité et le civisme sont au rancart, relégués, abandonnés. Il est impossible de demeurer indifférent face à ces scènes de la vie que j’ose qualifier d’ordinaire. 

    Sans doute, magistrat, ai-je trop plaidé en faveur de l’état de droit quand la société le permettait encore. Aujourd’hui, le monde le rend vain, presque ridicule. C’est une abstraction sur des réalités épouvantables. Le débat ne peut se contenter de se situer au niveau de la lutte contre le terrorisme puisqu’en amont, la France n’est même pas capable d’assurer la sécurité ordinaire de ses citoyens et de ceux qui sont chargés d’y veiller, de faire respecter ses lois partout et tout le temps.

     

    Il est insupportable que les délinquants gagnent à tout coup!

     

    Qu’on me pardonne mais je devine par avance ce qu’on va me répliquer et qui ne doit plus avoir cours. Non, la société n’est pas coupable, non, la jeunesse n’est pas une catégorie d’âge qu’on doit mépriser à force de complaisance aveugle, non, les cités ne doivent pas être traitées à part, non, cela ne change rien qu’ils soient Français ou étrangers, en situation régulière ou illégale, non, Mediapart n’aura pas raison en affirmant que la police était coupable et les jeunes de Leurion des révoltés, non, il n’y a pas une fatalité de l’air du temps qui rendrait inefficace toute action, non, l’autorité de l’Etat n’est pas impossible à instaurer ou à restaurer, non, la France ne devrait pas être impuissante face à sa part dévoyée, non, l’humanisme n’est pas forcément une bénédiction octroyée à ceux qui le foulent aux pieds. 

    Ce qui a suscité mon exaspération est d’une part la honte que chacun de nous doit éprouver face à la lenteur faiblarde et vaudevillesque ayant tant bien que mal mis fin à la free party et d’autre part la certitude, si on demeure dans nos chemins usuels, d’un hiatus déprimant, infiniment long, mollement répressif (dans le meilleur des cas) entre ces réalités insupportables et leur traitement judiciaire. Mes mauvaises pensées se rapportent surtout à ce dernier point. Monte en moi une aspiration à l’ordre, une volonté de gestion expéditive, un désir de manu militari qui, pour Lieuron par exemple, n’auraient même pas nécessité cette multitude bureaucratique d’amendes mais l’expulsion immédiate de tous ces transgresseurs irresponsables et contents d’eux. J’entends bien que d’une certaine manière la France devrait s’inventer moins précautionneuse, plus ferme, plus assurée de son bon droit et de ses devoirs, plus réactive face à ce qui la trouble ou qu’elle attend (les vaccins), moins soucieuse des formes et des garanties qui au fond donnent bonne conscience à son impuissance.

     

    La démocratie ne doit pas avoir peur de sa force

     

    Il est insupportable que les délinquants gagnent à tout coup. Parce que nos réponses sont trop douces et limitées pour des malfaisances ne s’assignant aucune limite. Quand on aura appréhendé, si on y parvient, la plupart (tous, ce serait inconcevable !) des voyous d’Aulnay-sous-Bois, il y aura les dénégations, la mauvaise foi, les dissimulations à cause des difficultés de la preuve individuelle (au lieu de revenir au bon sens d’un collectif solidairement fautif), la lenteur des investigations, la phase judiciaire, le temps qui passera, un ou deux mis en cause, en définitive et au mieux, renvoyés devant le tribunal correctionnel, de faibles sanctions parce que l’effervescence indignée d’Aulnay en date du 3 janvier sera devenue une tiède et molle dénonciation, presque un oubli. Alors que ces délinquants, dans tous les cas, méritent autant d’énergie pour leur appréhension qu’on en met dans des affaires médiatiquement et politiquement signalées, un traitement urgent, non bureaucratique, des évidences de leur implication, un jugement à la hauteur de la gravité intrinsèque de ce qu’ils auront perpétré en bande et une exécution de leur peine jusqu’au terme avec moins de pleurs sur la prison que d’obsession de sauvegarder, grâce à elle, policiers, citoyens, honnêtes gens.

    Rien n’est encore perdu. On peut toujours arracher l’humanisme des mains de ceux qu’il protège injustement, abusivement, pour en faire don à une démocratie métamorphosée qui n’aura plus peur de sa force puisqu’elle la saura légitime.

     

    Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.
  • «Il y a aussi des chrétiens en Afghanistan et ils risquent tous la mort !», par Timothée Dufour.

    Plusieurs milliers de chrétiens vivent aussi en Afghanistan, ici à Kaboul (mai 2020). AFP.

    FIGAROVOX/TRIBUNE - Pendant la présence américaine, l'Afghanistan était déjà un pays où les chrétiens étaient persécutés, explique l'avocat Timothée Dufour. Avec le retour des talibans au pouvoir, il craint «l'horreur» pour cette petite communauté qui compterait 3000 à 5000 fidèles.

    3.jpgLa situation des chrétiens afghans, qui était déjà très préoccupante alors que les Occidentaux étaient présents dans le pays, devient alarmante avec le retour des talibans au pouvoir. Le risque de mort auquel ils sont confrontés réclame de la communauté internationale une vigilance permanente quant aux gestes des nouvelles autorités afghanes à leur égard.

    «Les attaques contre les chrétiens sont susceptibles d'augmenter dans la région alors que l'avancée rapide des talibans enhardit les extrémistes», soulignait l'organisation de défense des chrétiens persécutés Release International dans un article du 16 août dernier, qui prévient que «toute personne identifiée comme chrétienne pourrait être tuée».

    À ce jour, le porte-parole du mouvement taliban Zabihullah Mujahid a affirmé, sans convaincre la communauté internationale, que «les femmes auront des droits, dans le cadre de la charia», lors de cette première conférence de presse après leur arrivée au pouvoir. Aucun de ses propos ne donnait la moindre assurance quand aux minorités religieuses en Afghanistan, notamment la communauté chrétienne afghane.

    La situation des chrétiens estimés à quelques milliers de personnes était déjà inquiétante en Afghanistan où le christianisme, comme le rapporte Eusèbe de Césarée, serait arrivé avec les apôtres Thomas et Bartholomée au IIe siècle après J.-C. , soit six siècles avant la naissance de l'islam.

    Même pendant la présence occidentale, le blasphème, l'apostasie et le prosélytisme des non-musulmans étaient déjà considérés comme des crimes.

    Timothée Dufour

    La constitution afghane adoptée en 2004, rédigée avec l'aide d'un «éminent juriste français», comme l'avait relevé non sans fierté le gouvernement français dans une réponse à une question parlementaire publiée le 8 juillet 2004, se voulait certes rassurante. «La sainte religion islamique est la religion de la République Islamique d'Afghanistan. Les adeptes des autres religions sont libres, dans les limites de la loi, d'exercer et de célébrer leurs rites religieux», précisait le texte constitutionnel. Tel n'était hélas pas le cas dans la réalité : le blasphème, l'apostasie et le prosélytisme des non-musulmans étaient déjà considérés comme des crimes.

    Les organisations internationales avaient très vite pointé du doigt la situation difficile des chrétiens afghans, dont l'organisation Portes Ouvertes, une ONG qui œuvre dans plus de 60 pays pour soutenir les chrétiens privés de liberté religieuse et souffrant de persécution. Elle soulignait combien il était «impossible de vivre ouvertement en tant que chrétien en Afghanistan». Les prises de position d'élus afghans avaient confirmé le durcissement de leur situation, comme en témoigne un parlementaire afghan qui, le 9 septembre 2013, avait demandé que les musulmans qui se convertissent au christianisme soient mis à mort, en vertu de la charia, le droit islamique.

    La Cour européenne des droits de l'homme avait relevé la situation dramatique de la communauté chrétienne dans un arrêt du 5 novembre 2019. Les juges européens s'étaient opposés à une mesure d'expulsion décidée par la Suisse au motif que les personnes converties au christianisme, ou même simplement soupçonnées de l'être, «sont exposées à un risque de persécution qui peut prendre une forme étatique et conduire à la peine de mort».

    Dans ce contexte, quels changements la communauté chrétienne peut-elle espérer avec l'arrivée des talibans au pouvoir, vingt ans après avoir été chassés de Kaboul ?

    Les chrétiens afghans qui devront plus que jamais vivre leur foi dans l'ombre ne s'attendent pas à un simple durcissement de leurs conditions de vie, mais à une mort certaine, annoncée par avance.

    Les talibans revendiquent une application rigoriste de la charia dans la vie quotidienne, dont l'objet est de réislamiser les mœurs, la justice et l'ensemble des droits et des devoirs tant individuels que collectifs des individus.

    Leur sort est déjà connu au regard des années où les talibans étaient au pouvoir, entre 1996 et 2001, période pendant laquelle la loi islamique la plus stricte a été promulguée, interdisant jeux, musique, photographies, télévision. Les femmes n'avaient plus le droit de travailler, les écoles pour filles étaient fermées, les mains des voleurs étaient coupées, les chrétiens exécutés en public, les homosexuels écrasés sous un mur de briques, les femmes adultères lapidées à mort.

    Les témoignages récents confirment l'horreur réservée à la communauté chrétienne.

    Timothée Dufour

    Les témoignages récents confirment l'horreur réservée à la communauté chrétienne. «Les chrétiens risquent la trahison, même de la part des membres de leur propre famille», souligne l'article de Release International évoqué plus haut. Parmi les témoignages que l'on peut lire sur Twitter, l'auteur américaine Mindy Belz relaie les propos alarmants d'un responsable d'églises de maison en Afghanistan : «Une personne qui travaille avec les réseaux d'églises de maison en Afghanistan rapporte que ses dirigeants ont reçu hier soir des lettres des talibans les avertissant qu'ils savent où ils sont et ce qu'ils font».

    Les anciens maîtres du pays n'ont donc pas changé d'état d'esprit depuis la période 1996-2001, en tout cas dans leur interprétation de la charia à l'égard des chrétiens.

    Avant l'arrivée des talibans, l'Afghanistan était déjà le deuxième pays où les chrétiens sont le plus persécutés, selon l'Index mondial de persécution 2020, publié par Portes ouvertes. Demain, l'Afghanistan sera très certainement au coude-à-coude avec la Corée du Nord pour la première place de ce classement.

    «Non, les talibans n'ont pas changé de visage. Ils sont encore plus féroces. L'un de leur moteur, c'est la fracture sociale qui scinde la société afghane en deux», comme l'a rappelé Victoria Fontan, rectrice de l'Université américaine d'Afghanistan et spécialisée dans l'éducation, dans des pays en crise.

    Dans l'immédiat, nous ne pouvons que répondre présent au cri du cœur du Père Giovanni Scalese au micro de Radio Vatican, missionnaire barnabite d'origine italienne : « Priez, priez, priez pour l'Afghanistan ».

     

    Timothée Dufour est avocat au barreau de Paris

    Source : https://www.lefigaro.fr/vox/

  • Le nouveau régime libre-échangiste

     

    Par  Mathieu Bock-Côté 

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgCe que Mathieu Bock-Côté écrit ici dans son blogue du Journal de Montréal [ 26.04] nous paraît de première importance, plus, peut-être, que jamais. Il s'agit d'une recension d'un ouvrage de Simon-Pierre Savard-Tremblay qui s'intitule Despotisme sans frontières, qui vient de paraître et dont le titre dit presque tout. Mathieu Bock-Côté en fait une remarquable synthèse, juste, forte et savamment équilibrée. Nous n'y ajouterons presque rien. Il faut la lire. Nous aussi avons écrit que le libre-échange des biens, des hommes et des idées, qui date de la nuit des temps, doit se régler selon les circonstances, les époques et les lieux. En fonction des biens-communs particuliers des peuples et des Etats. Mais il devient despotique et destructeur lorsqu'il se mue en idéologie ou prétend s'imposer comme dogme universel. Il nous semble que c'est ce que démontre ici brillamment Mathieu Bock-Côté. Et cela est important parce qu'il s'agit de notre destin et même de notre survie.   LFAR   

     

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    Il est courant, aujourd’hui d’affirmer que la mondialisation est en crise et que son système s’est profondément déréglé. L’heure est à la révolte contre la mondialisation, et elle s’exprime de nombreuses manières, comme on l’a vu avec le référendum grec contre l’austérité, la résistance wallonne contre le CETA, la victoire du Brexit ou l’élection de Donald Trump. Cette révolte est à la fois portée par la gauche et par la droite, si ces catégories veulent encore dire quelque chose dans les circonstances. Mais contre quoi se révolte-t-on, exactement? Contre un mouvement historique irrépressible, condamnant cette révolte à n’être qu’un baroud d’honneur? Ou contre un régime politique qui ne dit pas son nom mais qui s’est mis en place sur une cinquantaine d’années et qui a transformé radicalement notre rapport au monde ?

    C’est à cette question que Simon-Pierre Savard-Tremblay a cherché à répondre dans Despotisme sans frontières, un très intéressant opuscule qu’il vient de faire paraître chez VLB. Et sa réponse est claire: la mondialisation telle que nous la connaissons est un régime qu’il faut nommer comme tel et combattre comme tel. C’est-à-dire que la mondialisation s’est installée au fil des décennies à coup d’accords internationaux de plus en plus secrets et de plus en plus contraignants, généralement au nom de l’idéal d’un libre-échange globalisé, qui serait l’expression naturelle et bienheureuse de l’humanité enfin délivrée du politique, des frontières et des souverainetés, qui diviserait l’humanité contre elle-même et la soumettrait au règne de l’arbitraire. Elle représenterait une mutation du cosmopolitisme le plus radical, prenant le relais, à sa manière, de l’internationalisme prolétarien. Le nouveau régime du libre-échange domestique les États, qui n’ont désormais plus qu’une mission centrale: aménager leur pays de manière à le rendre le plus compatible possible avec les exigences de la mondialisation. En fait, c’est la démocratie qui est domestiquée, puis neutralisée, car condamnée à l’insignifiance. L’État ne gouverne plus: il n’est que gestionnaire.

    Mais SPST insiste : le libre-échange tel qu’on le pratique aujourd’hui n’est pas le libre-échange en soi, qui ne saurait se laisser enfermer dans une définition aussi idéologiquement contraignante. Il y a une différence fondamentale entre favoriser le commerce entre les nations et créer un environnement juridique supranational favorable au règne des corporations, qui consacre en fait l’hégémonie de ces dernières, au point même de leur permettre de poursuivre les États devant les tribunaux lorsqu’ils jugent qu’une politique ou un règlement les empêche de tirer un profit optimal de leurs investissements. Et on ne saurait assimiler au protectionnisme la remise en question du moindre accord de libre-échange, quel qu’il soit. Notre monde ne doit pas choisir entre l’ouverture et la fermeture, comme le prétendent les idéologues mondialistes que notre auteur ne cesse de remettre en question. Les hommes politiques auraient tout avantage à se délivrer de cette propagande qui étouffe la réflexion dans une fausse alternative entre le bien et le mal. On ne saurait assimiler le bien politique à la perspective glaçante du sans-frontiérisme.

    0bc2a567-fd9a-48ea-9b53-fa426d1c1cb9_ORIGINAL.jpgSPST insiste: il ne s’oppose pas au libre-échange en soi mais à une forme de radicalisation du libre-échange qui vise à homogénéiser juridiquement et socialement la planète en programmant la dissolution des États et des nations. «Le «nouveau libre-échange» vise à ce que les pays du monde aient des législations quasi identiques pour que le capital puisse circuler d’un territoire à l’autre en ayant droit au traitement princier» (p.13). Mais à la différence des critiques habituels de la mondialisation, qui basculent tôt ou tard dans une forme de fantasme socialisant, SPST demeure sur terre et pose un objectif politique réaliste: le retour graduel, mais résolu, à l’État-nation, au nom d’un projet qu’il nomme à la suite de plusieurs la démondialisation. Il cherche à nous montrer de quelle manière on pourrait s’y engager et nous rappelle qu’il n’est en rien contraire à une grande coopération entre les peuples. SPST contribue ainsi, notons-le en passant, à une redéfinition nécessaire du souverainisme québécois, pour lui permettre d’entrer dans une nouvelle époque. Les souverainistes ne gagneront rien à toujours vouloir se plier à la définition médiatique de la modernité.

    Cet ouvrage est une belle réussite. La matière en elle-même est extrêmement complexe et SPST parvient à la rendre intelligible en la ramenant vers ce qu’on pourrait appeler les fondamentaux de la science politique: il pose la question du régime, il se demande qui commande, il cherche à identifier les intérêts sociaux qui tirent avantage des institutions, et ceux qui sont laissés dans les marges. En d’autres mots, l’objet de son livre est moins économique que politique, et c’est ce qui fait sa force. Personne ne croit qu’on sortira demain de la mondialisation, et qu’il faille la rejeter en bloc. Mais il s’agit, pour chaque nation, de reconstruire sa souveraineté, de lui redonner de la substance, car elle-seule est garante de la possibilité d’une expérience démocratique authentique. En fait, SPST veut nous convaincre que le nouveau régime du libre-échange s’accompagne d’une civilisation dégradée, qui abime notre humanité, nous déracine et nous condamne à la sécheresse existentielle: celle du consommateur absolu. Il s’agit, pour emprunter ses mots, «de recréer un mode de vie sain qui nous reconnecte à notre humanité» (p.126). Il veut nous convaincre, et nous convainc.  •   

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Mourir de tout sauf du COVID ?, par Hil­de­garde.

    « Per­sonne ne sera pri­vé de soins en fonc­tion du passe sani­taire », a assu­ré le ministre de la San­té. Tan­dis que le « Conseil consti­tu­tion­nel a vali­dé l’obligation du passe sani­taire pour les visi­teurs ou les patients non urgents dans les éta­blis­se­ments de san­té et mai­sons de retraite tant que ce der­nier ne fait pas « obs­tacle à l’accès aux soins ». 

    « Le Conseil consti­tu­tion­nel a pré­ci­sé la ligne de par­tage, sou­ligne une source consti­tu­tion­nelle. Il est vrai­ment essen­tiel de sou­li­gner que ce passe sani­taire ne peut en aucun cas faire échec à l’accès aux soins. » selon Public Sénat.

    Il s’agit comme tou­jours du « en même temps macro­nien ». Les direc­teurs d’hôpitaux doivent s’arracher les che­veux car il leur est lais­sé l’opportunité de la mise en place des mesures.

    Elles pas­se­ront de toute façon par l’embauche sup­plé­men­taire de vigiles ce qui risque de per­tur­ber un peu plus les per­son­nels soi­gnants qui réclament depuis des années une aug­men­ta­tion du per­son­nel hos­pi­ta­lier : Des sous pour les uns et par pour les autres.

    Mais sur­tout qui va juger de l’urgence des soins. Nous avons bien com­pris que les ser­vices d’urgence ne seront pas concer­nés. Mais qui va juger de l’urgence des soins dans tous les autres cas. Nous ne citons que quelques exemples car la liste serait trop longue :

    • Der­ma­to­lo­gie : détec­tion du can­cer de la peau
    • Oph­tal­mo­lo­gie : détec­tion de la DMLA (dégé­né­res­cence mus­cu­laire liée à l’âge qui rend aveugle)
    • Rhu­ma­to­lo­gie : détec­tion de tumeurs osseuses, mal de Pott, mala­die des os de verre…
    • Neu­ro­lo­gie : tumeur du cer­veau, Par­kin­son, Alzheimer…
    • Gas­troen­té­ro­lo­gie : péri­to­nite, can­cer, mala­die de Crohn…
    • Radio­lo­gie : Détec­tion d’à peu près tout…

    Toutes ces mala­dies dont le diag­nos­tic pré­coce est ques­tion de sur­vie pour beau­coup. Qui va déci­der qu’elles n’entrent pas dans les urgences sachant que l’on ne se rend géné­ra­le­ment pas à l’hôpital pour se dis­traire. Si nous fai­sions du mau­vais esprit (ce qui ne sau­rait être le cas), nous dirions même qu’il n’y a qu’aux urgences où cer­tains se rendent pour un rhume au grand déses­poir des soi­gnants, vu la pénu­rie de méde­cins généralistes.

    Enfin, ris­quons-nous de voir à nou­veau des patients sans visites et som­brant dans le déses­poir ou mou­rant seuls comme au début de la pandémie ?

    Nous n’avons pas par­lé des psy­chiatres et des psy­cho­logues qui, eux, face à ces déci­sions ubuesques ne pour­ront peut-être même plus rece­voir à l’hôpital les dépres­sions en masse. Il ne fau­dra pas s’étonner que les gens pètent les plombs. Mais nos gou­ver­nants nous expli­que­ront que ce sont de mau­vais Français.

             La famille régnante aimait ses enfants ; notre pré­sident observe les sta­tis­tiques, sur­veille les indi­ca­teurs éco­no­miques, ne consulte per­sonne avant d’annoncer des déci­sions aus­si graves (ni élus, ni syn­di­cats, ni corps asso­cia­tif), pèse le pour et le contre pour être réélu par 1/5e de la popu­la­tion. Mon­sieur Macron joue avec le feu. La colère gronde…

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Michel Onfray, encore et toujours !, par Philippe Bilger.

    Il paraît que des abonnés se seraient retirés de cette excellente revue qu'est Front Populaire au prétexte de la position très lucide et humainement irréfutable de Michel Onfray en faveur de la vaccination.

    6.jpgJe n'ai pas la prétention de les faire revenir mais j'aimerais au moins tenter ma chance parce que MO vient de publier aux Presses de la Cité un étincelant essai, qui est aussi un pamphlet dévastateur, dont le titre Autodafés, et le sous-titre : L'art de détruire les livres, révèlent bien la substance.

    Celle-ci consiste à dénoncer la manière dont des ouvrages capitaux pour la compréhension de la société et du monde, géniaux à cause de l'anticipation des dangers, salubres pour la révélation des horreurs ignorées ou occultées par l'idéologie, ont été longtemps interdits, censurés, étouffés pour la simple et triste raison qu'ils disaient tous la vérité.

    Qu'on en juge : Simon Leys pour les Habits neufs du président Mao, Soljenitsyne et l'Archipel du Goulag, Paul Yonnet contre un certain antiracisme dans Voyage au centre du malaise français, Samuel Huntington prophétisant Le Choc des civilisations, la mise à bas du mythe d'un islam civilisateur de l'Occident dans Aristote au mont Saint-Michel de Sylvain Gouguenheim et enfin, sous la direction de Catherine Meyer, Le Livre noir de la psychanalyse la ridiculisant.

    MO ne se contente pas de décrire brillamment le bienfaisant scandale que ces bombes ont créé lors de leur publication mais, avec une cruauté jouissive, accable le milieu germanopratin, un mélange prétendument progressiste de philosophes égarés, d'écrivains énamourés, de journalistes perdus, de sociologues confus et d'idéologues aveugles parce qu'ils souhaitaient plus que tout être aveuglés. Pour qui est familier de l'univers de MO et de son style qui s'adapte au genre que son infinie curiosité aborde, on devine avec quelle talentueuse et acerbe impétuosité il s'est livré dans ces exercices de démolition qui sont un régal.

    Lorsqu'il regrette qu'il n'y ait jamais eu "le Nuremberg du marxisme-léninisme", il déplore, selon une magnifique formule, que "les atrocités léninistes, trotskistes, staliniennes, bénéficient d'une extraterritorialité morale" avec la jurisprudence qui s'ensuit : on peut avoir pensé, voulu et validé le pire dans l'extrême gauche sous toutes ses latitudes et avec les honteuses complaisances qu'il est facile d'imaginer, ce ne sera jamais "un obstacle dirimant pour faire carrière"! Contrairement à ceux de l'autre bord extrême, nazis, fascistes, pétainistes, franquistes et autres, soutiens de régimes autoritaires, qui, et "c'est heureux", seront stigmatisés à vie.

    Ce qu'énonce MO est une évidence mais son expression fait tellement peur qu'il faut lui savoir gré de la proclamer. De même d'ailleurs qu'il ne faut pas manquer d'un vrai courage intellectuel pour affirmer le délétère et malfaisant compagnonnage, malgré les apparences cherchant à sauver la mise de tel ou tel, entre Marx, Lénine, Staline et Trotski.

    À lire Autodafés, il ne faut plus que MO s'indigne, ou même s'étonne, de ne pas être convié sur certaines radios, par exemple France Inter où le vrai pluralisme et l'authentique liberté intellectuelle sont aussi absents que l'esprit de ses humoristes. Comment l'espace médiatique incriminé, qui n'aura aucun mal à se reconnaître, pourrait-il, avec une tolérance qui serait proche du masochisme, accueillir à bras ouverts, à intelligence curieuse, MO qui a dressé un fulgurant acte d'accusation contre les turpitudes d'une époque où de manière indigne on vilipendait des héros de la vérité pour lesquels la littérature était un moyen de se sauver et de nous protéger.

    J'aime aussi particulièrement que Autodafés batte en brèche la réputation de narcissisme et d'autarcie que des malintentionnés, des ignorants lui ont faite alors que son livre démontre le contraire. Puisqu'il le consacre à défendre des causes détachées de l'actualité, fondamentales parce qu'elles ont eu des enjeux de haute portée historique, philosophique et politique, et des personnalités qui ont honoré la pensée, le courage, la liberté et la vérité. Je n'imagine pas BHL - et de fait je ne l'ai jamais vu adopter une telle posture - se dépenser dans tous les sens du terme pour de tels combats ne rapportant rien médiatiquement et politiquement, seulement destinés à réparer des injustices anciennes, à promouvoir d'autres écrivains que lui, à rappeler leurs audaces qui n'étaient pas celles (à couvert) des champs de bataille mais infiniment plus périlleuses puisqu'elles avaient pour ennemi essentiel l'immense et étouffante chape d'idéologies que la bienséance interdisait de questionner.

    Pourtant ces auteurs, que MO a mis à l'honneur, l'ont fait et il convenait qu'avec superbe ils soient sublimés et leurs adversaires dégradés.

    J'entends déjà le reproche : encore Michel Onfray, toujours Michel Onfray !

    Ce n'est pas ma faute s'il a écrit Autodafés. Je ne pouvais pas me passer de lui rendre cet hommage, lui qui a su si bien se mettre au service du génie intrépide de quelques autres.

    Source : https://www.philippebilger.com/

  • Mathieu Bock-Côté : « Éloge de l'héritage »

    « La grande obsession de Terra Nova est de liquider le vieux monde, comme si nos sociétés devaient renaître en abolissant le principe de continuité ». [Palais du Louvre]

    Par Mathieu Bock-Côté 

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    Terra Nova vient de publier un rapport qui préconise une hausse massive de l'impôt sur les successions. Mais favoriser une fiscalité confiscatoire sur les héritages a sans-doute pour but et aura pour effet de sectionner les liens entre les générations et de lacérer le lien social. De cet article de Mathieu Bock-Côté [Le Figaro, 12.01] nous extrayons trois idées-force qui se rattachent directement à notre école de pensée : « Une société en guerre contre l'héritage est en lutte contre elle-même » ; « Il fallait liquider une France nostalgique de son identité passée et en faire naître une nouvelle, mieux adaptée aux appartenances hybrides, à la fluidité identitaire et à la mondialisation » ; « Un homme ne devrait plus se soucier de sa lignée ou chercher à transmettre plus qu'il n'a reçu ». LFAR

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    Terra Nova s'est fait connaître depuis 2008 à la manière d'un think-tank à l'avant-garde du progressisme.

    On lui doit d'avoir théorisé la stratégie invitant la gauche française à rassembler les différentes minorités identitaires et les élus de la mondialisation dans une nouvelle majorité politico-idéologique, censée convertir la France d'hier au génie de la société diversitaire. Les classes populaires devenues culturellement conservatrices étaient abandonnées. Il fallait liquider une France nostalgique de son identité passée et en faire naître une nouvelle, mieux adaptée aux appartenances hybrides, à la fluidité identitaire et à la mondialisation. Telle serait apparemment la loi de l'hypermodernité: rien ne devrait plus être comme avant.

    Il faut garder cela à l'esprit quand on se penche sur la nouvelle contribution du think-tank à un « grand débat » dont les termes demeurent étrangement incertains. Terra Nova vient ainsi de proposer dans un rapport une augmentation massive de l'impôt sur les successions, comme le notait Virginie Pradel le 8 janvier dans Le Figaro . Je n'entends pas ici revenir sur les aspects techniques de la proposition de Terra Nova, mais sur l'arrière-fond philosophique qui pousse les « progressistes » à favoriser une fiscalité confiscatoire en matière de succession au nom de la lutte contre les inégalités.

    Dans la perspective progressiste, un monde juste serait un monde mis à plat régulièrement, empêchant que ne se forment au fil des générations des hiérarchies toujours condamnables. On trouve ici une utopie qui sans cesse se recompose, celle d'une société capable de remettre le compteur à zéro à chaque génération, autrement dit qui parvienne à faire table rase en étendant sans cesse l'application du principe égalitaire. On comprend que la grande obsession de Terra Nova est de liquider le vieux monde, comme si nos sociétés devaient renaître en abolissant le principe de continuité.

    Faut-il le dire, c'est aussi dans cet esprit qu'on a assisté, depuis plus d'un demi-siècle, à la déconstruction progressive de l'école et de l'éducation. Selon le vocabulaire consacré, il fallait abolir la figure de l'héritier, comme si la modernité devait correspondre à une perpétuelle nuit (d'abolition) des privilèges. On connaît le résultat: plutôt que relever le niveau culturel des milieux défavorisés, c'est l'idée même de culture générale qu'on a fait exploser. Une société en guerre contre l'héritage est en lutte contre elle-même, et se prépare à se confier à des planificateurs sociaux à l'imagination hasardeuse.

    Mais c'est la nature humaine qu'on heurte ainsi. Le progressisme se laisse aller à une agression anthropologique. Il réduit le désir de transmettre à une forme d'égoïsme pathologique, lié à la persistance de valeurs familiales régressives qui rendraient l'homme étranger au bien commun. Un homme ne devrait plus se soucier de sa lignée ou chercher à transmettre plus qu'il n'a reçu. Il ne devrait plus travailler pour céder un monde meilleur à ses descendants puisqu'il contribuerait ainsi à l'injustice sociale. Pour le dire autrement, il ne devait travailler qu'à l'horizon de sa propre vie. La modernité, ici, révèle sa tentation nihiliste.

    Une véritable ascension sociale

    La transmission du monde est la condition de sa sauvegarde, et rien ne dure sans le désir de durer. Qui veut sectionner les liens entre les générations lacère en fait le lien social. Dès lors, on ne saurait œuvrer consciemment à la neutralisation programmée de la transmission familiale sans condamner la société à un double mouvement de collectivisation aliénante et d'individualisation abstraite. L'individu détaché de ses appartenances, coupé de sa communauté, éloigné de sa famille, se retrouve finalement bien seul devant une administration qui prétend mieux savoir que lui comment gérer sa vie et le voit comme un pion dans son système. Cette société planifiée quadrillant tout le réel pour éviter que quoi que ce soit ne lui échappe est au fond d'elle-même hostile aux libertés les plus fondamentales.

    La lutte contre les inégalités est essentielle et la colère révélée par les « gilets jaunes » rappelle que la réactivation de l'ascenseur social est une nécessité vitale. Le combat pour la justice sociale rappelle aux hommes qu'ils forment une communauté où chacun est appelé au bien commun et qui donne aux enfants de tous les milieux l'occasion d'une véritable ascension sociale. Nul n'est assez bête, non plus, pour croire qu'elle repose sur le seul mérite individuel, sans que ne pèsent sur elle de puissants déterminismes sociaux. Chacun doit contribuer selon ses moyens à la construction d'institutions valables pour tous.

    Mais rien de tout cela ne doit obligatoirement se penser à l'aune de l'utopie de la table rase, qui pousse la quête égalitariste à jeter à terre tout ce qui l'entrave, en créant une horizontalité morne, qui rapetisse l'homme en croyant le libérer.   

    Liens
    Les classes populaires devenues culturellement conservatrices
    Virginie Pradel le 8 janvier dans Le Figaro
    Mathieu Bock-Côté 
    Le-nouveau-regime.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politiqueaux éditions du Cerf [2016] et le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017). 
  • Famille de France • Quand « L’Incorrect » évoque le Prince Jean de France face aux « débats » en cours

    ®Benjamin de Diesbach pour L'Incorrect

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgCet article est paru sur le site de L’incorrect [17.01]. Il est consacré au Prince Jean de France et à ses dernières déclarations où le Dauphin de France se positionne dans les débats qui agitent le pays. C'est le style et la vision de l'Incorrect. Vif, incisif et intéressant.  LFAR

     

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    JEAN D’ORLÉANS S’ADRESSE DE NOUVEAU AUX FRANÇAIS

    Descendant du dernier roi des Français, Jean d’Orléans est un des potentiels héritiers au trône de France, vacant depuis la chute de la monarchie en 1848. En adressant ses vœux aux Français par le biais d’un communiqué mis en ligne sur son site officiel, le prince se positionne dans le grand débat institutionnel qui s’amorce dans « l’Hexagone ». 

    2128386616.jpgSa tribune publiée le 9 octobre dans le Figaro appelant « à rétablir la constitution dans la perspective tracée par de Gaulle », qui avait songé un temps à rétablir la monarchie, avait été saluée par les constitutionnalistes. Alors que la France est plongée dans une grave crise institutionnelle et sociale, avec le mouvement des gilets jaunes « qui cristallise toutes les fractures de notre société », le prince Jean d’Orléans pose les fondations d’un projet dont il dessine avec précaution les contours tout en gardant la hauteur que lui imposent son héritage et sa future charge, si le destin devait l’appeler un jour à ceindre la couronne de France. 

    Sur les réseaux sociaux, qu’il suit avec assiduité, les messages se sont multipliés ces derniers mois pour qu’il se montre aux Français et qu’il s’investisse plus dans le champ politique. Le prince est un homme de réflexion. Il entend suivre les pas de son grand-père, le comte de Paris, Henri d’Orléans avec lequel il partage les mêmes yeux bleus azurs.  « Un prince doit rester indépendant : pour faire de la politique, il ne faut pas en faire…Il faut aussi prendre le temps d’écouter.

    Il n’est pas nécessaire que j’intervienne à tout bout champ. Au contraire, mes propos auront d’autant plus de poids que je m’en tiendrai à l’essentiel (…). Pour beaucoup de nos compatriotes, les temps sont d’autant plus difficiles à vivre qu’ils ne savent pas où va la France. Les Français n’ont plus de repères. Il est donc de mon devoir de leur dire quels sont les miens (…). Ma passion, c’est la France !» déclare le prince Jean d’Orléans. 

    Le retour à la monarchie, une solution en ces temps troublés ? « Notre pays doit affronter depuis plusieurs années une profonde crise de structures. Malaise social, crise économique, mais crise aussi de nos institutions (…) qui s’expliquent par la tentation de nos gouvernants d’abandonner à l’Europe la direction de nos affaires.

    Bon nombre de Français s’interrogent (…) et si les Français se posent ces questions (et je sais qu’ils le font), s’ils s’inquiètent pour la France (et les nombreuses alternances que nous connaissons depuis un quart de siècle en sont un indice), alors je crois qu’ils viendront, tout naturellement, à peser dans leur réflexion, les avantages d’un régime, la monarchie qui vise à garantir l’indépendance, la stabilité et l’équité du pouvoir suprême »  affirme le duc de Vendôme, titre de courtoisie qu’il a reçu en 1987, et qui confessait encore récemment, sur les ondes de la radio Europe 1, son admiration pour la monarchie constitutionnelle espagnole. 

    « Croyez-moi, la monarchie est une idée neuve en Europe » surenchérit-il avec humour mais toujours avec le sérieux qui le caractérise comme on a pu l’apercevoir cette année sur la chaîne de télévision France 2,  lors d’une émission consacrée au monarchisme et pour laquelle il avait été brièvement interrogé.

    « La monarchie, c’est un prince dont l’arbitrage est admis par tous, n’étant l‘homme d’aucun camp, il ne peut être soupçonné de favoriser l’un au détriment de l’autre (…). La monarchie, enfin, c’est un rapport direct-personnel, entre le roi et le peuple. Ce lien s’établit entre autres, grâce au référendum, dont l’usage malheureusement se perd,  comme si l’on craignait que le peuple ne déjuge celui qu’il a élu ». 

    2307869059.jpgDrapé dans l’héritage capétien de Saint-Louis, ce père de 5 enfants a déjà tracé les lignes d’un début de programme, à travers un livre-entretien paru en 2004, intitulé  Jean de France, un prince français, évoquant tous les sujets dans lesquels il est investi tels que l’éducation, la justice, la foi, la culture, l’économie, la politique étrangère, la défense nationale ou encore celui des institutions.

    Dans ses vœux aux Français, le prince Jean d’Orléans semble s’afficher indubitablement comme un prétendant naturel, en arbitre crédible à l’heure où le peuple se cherche une authentique figure sacrée à laquelle se rattacher.  

    Frederic de Natal
    frederic.natal@lincorrect.fr
  • Nous disons avec Mathieu Bock-Côté: « Non au pacte mondial sur les migrations »

    Par Mathieu Bock-Côté 

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     « La crise migratoire frappe toutes les sociétés occidentales et même la propagande la plus sophistiquée ne convaincra pas les peuples qu'elle porte en elle un avenir radieux ». C'est ce qu'écrit ici Mathieu Bock-Côté [Le Figaro, 30.11] au moment où Emmanuel Macron s'apprête à signer à Marrakech le pacte mondial sur les migrations de l'ONU. Quand la contestation et la colère grondent en France et que Paris vit une forme d'insurrection permanente contre sa politique, ce n'est sûrement pas ainsi que le président de la République se conciliera l'estime du peuple français.  LFAR

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    Il aura fallu un certain temps avant que le pacte mondial sur les migrations de l'ONU, qui doit être adopté à Marrakech les 10 et 11 décembre, trouve sa place dans le débat public.

    Sans trop de surprise, pourrait-on dire. Le droit international s'élabore rarement, pour ne pas dire jamais, dans les paramètres de la souveraineté populaire et nationale, mais il s'impose ensuite aux peuples, qu'on morigène sans gêne lorsqu'ils rechignent à se soumettre aux « engagements internationaux » pris en leur nom. On leur explique qu'ils ne sauraient s'y soustraire, d'autant que les grandes migrations seraient fondamentalement positives et contribueraient à l'enrichissement matériel et moral de l'humanité, ce qu'affirme aussi sans rire le pacte. Il ne serait plus possible, aujourd'hui, de stopper les grandes migrations, ni même de les contenir : on pourrait au mieux les encadrer. C'est dans cet univers mental qu'il faudrait impérativement évoluer.

    ob_6a91e9_pacte-mondial-immigration-non.jpgConcrètement, avec ce pacte, il s'agit de jeter les bases normatives d'un futur droit à la migration. Il s'agit aussi, et cela n'est pas un détail, d'encadrer le plus possible les termes du débat public en le soumettant à une pédagogie diversitaire de plus en plus contraignante. Le pacte sur les migrations invite ainsi les gouvernements à cesser d'« allouer des fonds publics ou d'apporter un soutien matériel aux médias qui propagent systématiquement l'intolérance, la xénophobie, le racisme et les autres formes de discrimination envers les migrants, dans le plein respect de la liberté de la presse ». Quand on sait que, du point de vue des théoriciens du multiculturalisme, il suffit souvent de critiquer leur doctrine pour se rendre coupable de racisme ou de xénophobie, il y a de quoi s'inquiéter. L'ONU plaide ici pour un langage médiatique formaté par l'idéologie diversitaire - par exemple en remplaçant la figure de l'immigrant illégal par celle du migrant irrégulier.

    Pourtant, le parti immigrationniste avance sans assumer son projet, en prétendant que ce texte est strictement symbolique et n'a aucune portée pratique. Pris de panique devant les critiques qui se multiplient contre le pacte, ses défenseurs nous expliquent que chacun pourra l'interpréter à sa guise dans le plein respect de sa souveraineté. C'est ce que faisait la Canadienne Louise Arbour jeudi dans les pages du Figaro. D'ailleurs, certains exégètes autoproclamés du vrai et du faux présentent l'éventualité d'une perte de souveraineté comme une rumeur relevant des fausses nouvelles. C'est à se demander pourquoi la nomenklatura diversitaire se mobilise autant pour un texte aussi désincarné. Dans les faits, elle travaille sans l'avouer à vider de sa substance la souveraineté nationale, pour ensuite placer les peuples devant le fait accompli.

    Mieux vaudrait parler un langage de vérité. La crise migratoire frappe toutes les sociétés occidentales et même la propagande la plus sophistiquée ne convaincra pas les peuples qu'elle porte en elle un avenir radieux. La caravane de migrants qui s'est levée au Honduras, a traversé le Mexique et campe actuellement à la frontière américaine donne un exemple convaincant des effets anxiogènes d'une immigration de masse non désirée. Il suffirait que l'Amérique consente à l'ouverture même partielle de ses frontières dans les circonstances présentes pour provoquer un appel d'air qui deviendra vite incontrôlable, d'autant que nous sommes témoins d'un détournement à grande échelle du droit d'asile, qui n'a pas été pensé pour réguler de tels flux migratoires. Dans les faits, le droit d'asile a surtout pour fonction de disqualifier moralement le concept de frontière, comme si celui-ci avait seulement vocation à s'effacer - il serait même inhumain de penser le contraire. À terme, il faudrait vider de tout contenu la différence entre le citoyen et celui qui ne l'est pas pour que naisse une humanité nouvelle.

    Les migrations de masse sont en train d'atteindre des proportions telles qu'elles relèveront de la submersion démographique, quoi qu'en disent certains statisticiens militants qui jouent avec les mots et les chiffres pour nous convaincre que cette grande révolution qui se déroule sous nos yeux n'a pas lieu. C'est un thème récurrent de la pensée progressiste du dernier siècle: le réel serait une machination réactionnaire. Mais les États sont en droit de vouloir reprendre un contrôle politique sur le fait migratoire. De ce point de vue, on ne peut qu'applaudir les gouvernements occidentaux qui, depuis quelques semaines, annoncent qu'ils ne signeront pas ce traité. Ils montrent ainsi que le « sens de l'histoire » n'est qu'une illusion idéologique dont peuvent se déprendre ceux qui désirent orienter autrement leur destin. Et, pour le dire franchement, Emmanuel Macron ne devrait pas être un des rares à se sentir obligé de signer ce pacte. C'est en se délivrant des filets d'un « droit international » instrumentalisé idéologiquement que les nations retrouvent la substance de la démocratie.   

    Mathieu Bock-Côté 

    Le-nouveau-regime.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politiqueaux éditions du Cerf [2016] et le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017). 
  • Gilets jaunes : d'accord avec Patrice de Plunkett

    Un billet de Patrice de Plunkett

    Il y a certains sujets importants sur lesquels nous sommes aujourd'hui en parfait désaccord avec Patrice de Plunkett. Nous partageons pourtant tout à fait son analyse de la situation du pays dans l'affaire des Gilets jaunes, ses causes, ses conséquences qui ont tout l'air d'un effondrement du Système sur lui-même. LFAR  

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    Toute violence est déplorable. Mais déplorables aussi sont les causes de la violence !

    L’intervention de casseurs de tout poil, et la « radicalisation » de gilets-jaunes, sont inévitables puisque la vague de manifestations perdure. Et elle perdure parce que la rage des manifestants vient de loin ; que leurs griefs sont multiples ; et que la Macronie leur répète qu’il n’y a rien à négocier. Ce qui équivaut à dire qu’il n’y a pas d’issue… Ce matin à la radio un LRM prend des airs offusqués :  « Les gilets-jaunes sont incapables de négocier ! » Quoi : ces losers refusent de venir à une non-négociation, ils disent qu’on ne les écoute pas ? ils restent fâchés au point de se donner ENCORE rendez-vous à Paris, pour des manifestations donnant fatalement lieu à plus de violences ? Tout ça paraît méprisable aux supporters éclairés de M. Macron : « produits finis » de la « théologie du management » et du dogme « néolibéral »  [*], ces gens considèrent que l’humain digne de ce nom commence au diplômé d’HEC ou de l’Essec ; un peu comme le chancelier Metternich considérait que « homme commence au baron ».

    Mais Metternich avait plus de lucidité que les jeunes arrogants de la Macronie. Il disait :  « Le plus grand don de n'importe quel homme d'État n'est pas de savoir quelles concessions faire, mais de reconnaître quand les faire. »  L’Elysée avait entre les mains le moyen d’une concession apaisante, puisque M. Macron – le 27 novembre – avait évoqué un délai de “trois mois” pour élaborer des méthodes d’accompagnement : il aurait suffi de dire que cela impliquait un moratoire du prix des carburants... Cette manœuvre retardatrice aurait donné aux gilets-jaunes le temps de désigner de vrais délégués et de mettre au point des doléances concrètes... Mais non !  La Macronie ne discute pas ! Mue par la Main Invisible, elle a été placée là pour libérer les winners du vieux boulet de la solidarité avec les losers.  Elle le fait sentir.  Et les Français qui le sentent, se sentent par là méprisés. Et ça a donné le jour de fureur du 1er décembre.

    Pendant que le chaos se déployait dans Paris à la barbe de M. Castaner, je quittais Dijon après des heures passionnantes aux 7èmes « Universités de la famille » (thème de ce colloque 2018 : Famille et écologie). A la gare il y avait les gilets-jaunes, très combatifs. Ils me disent : « Macron fait la politique de ceux qui vont bien en se foutant de ceux qui vont mal ! ».  Au guichet, une dame énervée déblatère contre « ces imbéciles de gilets-jaunes ». Je lui demande :  «pourquoi ‘imbéciles’ ? » – « Parce qu’ils ne comprennent rien à l’économie ! »  – « En êtes-vous sûre ? » –  « Monsieur, je suis dans une société financière et je sais ce que je dis. » Cette dame a dû prendre un plaisir vengeur, ce matin, en lisant la diatribe élyséenne du Journal du dimanche.

    Entre le micro-milieu de ceux qui vont bien et la masse de ceux qui vont mal, ou (pour reprendre la formule de David Goodhart) entre « les individus de n’importe où », mobiles et bankables, et « le peuple de quelque part » lié à un territoire et un mode de vie, il n’y a plus de langage commun. De l’executive woman de la gare de Dijon à M. Castaner annonçant qu’il n’y a rien à négocier, 25 % des Français tournent le dos à tous les autres : voilà l’effet du néolibéralisme sur la personne humaine... Je laisse ce point de méditation à la bourgeoisie catholique de l’Hexagone.  

    Patrice de Plunkett : le blog

  • La justice ou la guerre

    par Louis-Joseph Delanglade 

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    « Ils vont revenir » (10 juin 2013), « Daesh intra muros » (23 septembre 2014), « Guerre totale » (14 mars 2016) : ces trois titres, extraits de la liste des articles que nous avons consacrés à l’islamo-terrorisme dans ces colonnes, sont déjà une réponse au sujet redevenu brûlant du terrorisme.

    Aujourd’hui, en effet, une échéance se précise puisque Mme Belloubet, ministre de la Justice, vient de confirmer et la prochaine sortie de prison d’une « trentaine » de jihadistes et le « rapatriement » de cent-trente individus prisonniers en Syrie. Les arguments fallacieux de M.  Castaner, ministre de l’Intérieur (« ce sont d’abord des Français avant d’être des jihadistes ») et de M. Le Drian, ministre des Affaires étrangères (« les enfants [feront l’objet d’un] traitement spécial, au cas par cas, en relation avec la Croix-Rouge internationale et sous le contrôle des autorités judiciaires françaises ») peuvent donner bonne conscience à certains mais ne tromperont que ceux qui veulent bien l’être : que ces cent-trente soient français ou pas, enfants ou adultes, ce n’est pas la question. La seule question est : comment se débarrasser de cette engeance ? 

    ee6db5c_12442-1h4gjjm.4fly.jpgLa judiciarisation du terrorisme de guerre revient, dans les faits, à privilégier l’Etat de droit, c’est-à-dire à considérer le pouvoir judiciaire supérieur au pouvoir politique. En l’occurrence, cela nous conduira à quelques aberrations insupportables. On va ainsi juger, condamner et incarcérer quelques dizaines d’individus qui rejoindront les trop nombreux terroristes surpeuplant déjà nos prisons, soutenus par des familles et un entourage communautaire fanatisés, dans l’attente d’une sortie inévitable puisque forcément programmée par notre système judiciaire. Interrogé sur Europe 1, M. Kepel, spécialiste de l'islam et du monde arabe contemporain, décrit ces « revenants » (« les durs des durs […] auréolés de gloire ») ; il reconnaît que leur retour et la succession de procès qui s’ensuivra seront mal acceptés par l’opinion publique ; il affirme d’ailleurs que ni la Justice ni l'administration pénitentiaire n’ont pris la vraie mesure du problème posé ; mais il estime en fin de compte que ce sera la moins mauvaise des solutions. Résignation.

    Tonalité différente sur France Inter, radio militante. Qu’on nous permette une citation un peu longue de M. Legrand, éditorialiste politique : «  Bien sûr, plus personne ne croit en une déradicalisation certaine des individus, bien sûr le jihadisme prolifère en prison… Mais la France se doit d’offrir (avec la rigueur de la loi) un procès équitable, même à ses pires ennemis, une fois qu’ils ne sont plus en état de nuire. Il est une évidence en perte de vitesse, en ces temps d’illibéralisme rampant : on ne défend pas la démocratie avec les armes de la tyrannie… Sinon, les jihadistes, même du fond de leur prison ou de leurs tombes, auront partiellement gagné… » (7/9, 1er février). Notre réponse : la France se doit à elle-même et ne doit rien à ses pires ennemis ; elle n’a pas pour mission de défendre la démocratie et ce n’est qu’une fois mort qu’un jihadiste cesse d’être en état de nuire.

    M. Delahousse, grand reporter à L’Obs, auteur de La chambre des coupables, propose enfin, devant caméras et micros, une approche très « gauche chrétienne » de la question. L’alternative serait simple : « la justice ou la guerre ». La guerre, cela a pu consister dans des « assassinats ciblés », option sans doute efficace mais devenue difficile voire impossible [rappelons ici les dires exactement contraires, et tout à son honneur, de M. Dumont, député LR]. En fait, « il faut militer pour que la justice trouve son chemin », aussi bien pour les « rapatriés » de Syrie que pour les milliers de radicalisés connus vivant sur notre sol. M. Delahousse ne nie certes pas que beaucoup de jihadistes sont des fanatiques irrécupérables et très dangereux. Il ne nie pas non plus que notre Etat de droit fait ce qu’il peut mais qu’il est pris de court : il y a un « trou dans la raquette» dit-il - métaphore inquiétante pour la sécurité nationale. Néanmoins, ce qui le motive, ce sont les quelques « brebis égarées ». Amen. 

    le-ministre-francais-de-l-interieur-gerard-collomb-a-decines-charpieu-pres-de-lyon-le-20-mai-2017_5884351.jpgVous ne voulez pas la guerre ? Vous l’aurez quand même car ceux d’en face la veulent, quelque forme qu’ils lui donneront (ce sont eux qui ont la main). Mieux vaudrait admettre cette évidence et accepter d’utiliser tous les moyens à disposition d’un pays en guerre. A s’y refuser, on court le risque encore plus grand de l’ouverture d’un « front intérieur ». Ce serait non seulement la guerre, mais la pire des guerres. 

  • Mathieu Bock-Côté: « Marlène Schiappa et les amalgames de la gauche mondaine »

    Par Mathieu Bock-Côté 

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    CHRONIQUE - Les propos de la secrétaire d'État sur la Manif pour tous et les terroristes islamistes traduisent l'incapacité d'une certaine gauche de débattre autrement qu'à travers le scandale moral. [Le Figaro, 22.02]. Mais Bock-Côté va plus loin lorsqu'il dénonce l'amalgame que fait la gauche mondaine entre l'islamisme radical et la tradition profonde de notre civilisation. LFAR 

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    Une violence idéologique inouïe

    Interviewée par Valeurs actuelles , la secrétaire d'État Marlène Schiappa en a profité pour s'en prendre avec une violence idéologique inouïe aux militants de la Manif pour tous, en les comparant aux islamistes, avec lesquels elle leur trouve quelques troublantes ressemblances.

    Certes, le commentaire est bête, et de ce point de vue, pas nécessairement surprenant de la part d'une ministre qui n'est pas la puissance intellectuelle dominante de son gouvernement. On pourrait aussi dire simplement qu'il est absolument odieux et fermer le dossier. Pourtant, une telle déclaration est révélatrice de ce qu'on appellera la psychologie politique de la gauche mondaine et de son incapacité quasi congénitale à penser le désaccord politique autrement qu'à la manière d'un scandale moral. Elle mérite qu'on s'y attarde.

    Essayons de reconstruire le raisonnement de Marlène Schiappa. Dans son esprit, la société française est engagée dans un mouvement d'émancipation diversitaire comme le sont les autres sociétés occidentales. Ce mouvement se concrétiserait autour de grandes réformes sociétales s'enchaînant logiquement une après l'autre, chacune appelant la suivante. Il faudrait suivre le rythme du progrès et ne jamais s'arrêter, l'humanité se purifiant ainsi de ses toxiques préjugés. Devant cela se dresserait un grand parti conservateur transculturel fédérant les retardataires de toutes les civilisations, qui se caractériserait par le refus de la différence.

    4500846_7_195f_dans-la-manif-pour-tous-dimanche-apres-midi_ef264dfcbfbef040038b4bc5e548c6fb.jpgEn d'autres mots, entre les militants de la Manif pour tous et les islamistes, la différence ne serait pas de nature, mais de degrés. Dans son esprit, la droite versaillaise et les islamistes sont les deux revers d'une même médaille. Ils convergeraient idéologiquement. Marlène Schiappa a même trouvé le moyen de rendre la Manif pour tous responsable des agressions contre les homosexuels.

    On avait entendu un semblable raisonnement après la tuerie du 12 juin 2016 à Orlando. On s'en souvient, Omar Mateen qui avait prêté serment d'allégeance à l'État islamique, avait fait 50 morts et 53 blessés dans une discothèque gay. Sans surprise, le commentariat progressiste avait entonné le chant désormais célèbre du « pas d'amalgame ». L'islamisme n'aurait non seulement rien à voir avec l'islam, il en serait même le contraire. Mais l'argument avait été poussé plus loin. Cet attentat aurait en fait été révélateur de la profonde homophobie inscrite au cœur des grandes religions monothéistes. Autrement dit, s'il fallait refuser l'amalgame entre l'islam et l'islamisme, il fallait en faire un entre l'islam, le christianisme et le judaïsme, décrétés coupables par association de ce massacre. D'ailleurs, à ce moment aussi, la Manif pour tous avait été ciblée, comme si sa position sur le mariage la conduisait automatiquement à la persécution des homosexuels et même à la volonté de les exterminer ! En d'autres mots, du conservatisme traditionnel à l'homophobie meurtrière, il n'y aurait qu'un pas ou deux à franchir.

    XVM39a2f9ae-bb27-11e7-9ef0-d3e21654415a.jpgÀ travers cela, le parti progressiste trouve une nouvelle manière de relativiser l'offensive islamiste, qu'il n'accepte de dénoncer qu'en lui trouvant quelque ressemblance avec un péril intérieur pour éviter toute forme de stigmatisation. Ainsi, on ne dénoncera l'islamisme qu'à condition de dénoncer en parallèle l'islamophobie et la tentation identitaire qui rongerait nos sociétés de l'intérieur. On ne s'inquiétera de l'antisémitisme islamiste qu'à condition de soutenir au même moment que l'antisémitisme européen demeure le principal vecteur de la haine des Juifs. Dans le même esprit, on condamnera l'infériorisation structurelle et explicite de la femme dans l'islam à condition d'ajouter que son sort ne serait guère plus enviable dans le monde occidental, l'aliénation par le niqab trouvait son équivalent dans l'aliénation par le string.

    Que l'islamisme soit ouvertement en guerre contre le monde occidental, qu'il cherche à le soumettre en misant notamment sur le terrorisme le plus meurtrier, n'est finalement plus qu'un détail auquel il ne faut pas accorder une attention exagérée.

    Revenons-y : le progressisme version Schiappa se montre manifestement incapable de penser la figure d'un adversaire politique raisonnable, qui ne serait pas un ennemi public, non plus qu'un ennemi de l'humanité. Il se montre étranger au pluralisme politique le plus élémentaire qui consiste à accepter une diversité de points de vue légitimes sur le bien commun, et plus encore, qui tolère la coexistence de plusieurs philosophies politiques s'opposant mais ne cherchant pas à s'exclure mutuellement de la cité. Dans l'esprit de Marlène Schiappa, on trouve d'un côté les gens avancés, et de l'autre côté, les retardataires, qui sont aussi des retardés. Elle a beau prétendre aimer le débat, en fait, elle préfère sermonner, quand ce n'est pas tout simplement diaboliser.    

    Mathieu Bock-Côté 
    Le-nouveau-regime.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politiqueaux éditions du Cerf [2016] et le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).   
  • À MOURIR DE RIRE

    Par Aristide Renou

    13012740_593519734146357_8761653567887746626_n.jpgCe matin, sur la ROFSB©*, Charline Vanhoenacker était dans une forme o-lym-pi-que ! Chaussée de ses sabots de compétition – un modèle à semelles de plomb lesté au mercure, conçu spécialement pour elle – l’humoriste officielle de la France qui sent bon et qui met un foulard rouge nous a régalé de l’une de ses chroniques à jamais inimitables, du moins on l’espère.

    Le thème était : « 150 réfugiés ont été mis à l’abri du froid dans un gymnase du 16e arrondissement de Paris. Les habitants protestent parce qu’ils ne peuvent plus faire de sport ».

    Avec un tel sujet, vous pensez bien que c’était du nan-nan pour notre Charline, et, en l’écoutant, on s’émerveillait, comme à chaque fois, que France-Inter ait su dénicher, parmi tous les humoristes de la terre, celle qui précisément saurait, sur chaque sujet et sans jamais faillir, sauter à travers tous les cerceaux de la correction politique et slalomer sur tous les terrains sans jamais manquer un seul cliché, si petit, si usé soit-il.

    C’était léger, fin et appétissant comme un plat de frites froides et molles, assaisonnées de mayonnaise et de beurre fondu.

    Charline s’en barbouillait avec délectation, il y en avait partout sur les murs, et on entendait distinctement dans la voix de notre Belge émoustillée le léger feulement, signe infaillible de la jouissance morale qui est le privilège – oh, bien mérité – de ceux que leurs opinions agréablement parfumées mettent au-dessus de la vile multitude nauséabonde.

    C’est bien simple, on n’en était même plus au stade du grand-art mais carrément à celui du chef-d’œuvre. Jugez-en simplement par sa conclusion :

    4836041_6_e57d_chaque-nuit-depuis-des-mois-150-refugies_504567c65245c2c3b3a87a8dd40edd53.jpg« Oui, les gamins du 16e arrondissement de Paris sont privés de gymnase pendant trois mois. Bon, ben il leur restera l’équitation ! Vous voulez quand même pas qu’ils fassent des exercices chez eux ? Si c’est pour casser un vase Ming en faisant son stretching ! Ça fait certainement parti du Grand Remplacement !! D’abord on nous empêche de faire du sport, du coup on a du cholestérol puis on meurt et ils peuvent prendre notre place. On ne se méfiera jamais assez de la perfidie des islamo-gauchistes. »

    Hein ? Ça c’est de la chute, pas vrai ? Ça c’est de la conclusion impertinente et imparable !

    Je suis épastrouillé, comme disent nos amis Belges, esbaudi, confondu, stupéfié. Et reconnaissant.

    Car moi aussi j’aime l’humour et, bien que je n’aie aucunement la folle prétention d’égaler Charline dans cet exercice, je sais également distraire mon prochain avec quelques zamalgames bien sentis. Et comment ne me sentirais-je pas encouragé par l’exemple descendu de l’Olympe du rire ?

    Tenez, laissez-moi vous donner un échantillon de mon modeste talent.

    – 29 janvier, « la Sûreté départementale a arrêté un demandeur d’asile suspecté d’être le violeur du Saulcy (Metz). L’homme aurait agressé trois étudiantes messines entre octobre et novembre. L’ADN le met en cause. » (Le Républicain Lorrain)

    Hihihi (gloussements de rire)

    – 28 janvier, Avignon, Ydem Guiassa comparait devant la cour d’assisses de Vaucluse pour des viols sur deux femmes âgées de 71 et 88 ans (Le Dauphiné)

    Ahahah ! (rires francs)

    – 8 Janvier, Saint-Cyr-Au-Mont-d’Or (Lyon), une femme d’une quarantaine d’années est agressée par un individu armé d’un cutter. « Il a commencé par la frapper au visage avant de la faire sortir de son véhicule pour la conduire de force dans le bâtiment voisin en travaux. Là, sans qu’il ait expliqué son geste lors de sa garde à vue, il l’a forcée à se dévêtir et l’a abandonnée ainsi : en sous-vêtements, pieds nus et le visage tuméfié. » La victime a subi plusieurs fractures qui lui ont valu 30 jours d’ITT. Le suspect, qui a reconnu les faits, est un Congolais de 28 ans, sans domicile fixe (Le Progrès)

    Wouahaha ! (rires à gorge déployée)

    – 10 janvier, « Un homme de 48 ans a été placé en détention ce jeudi après-midi pour vol avec violences ayant entraîné la mort. Il est soupçonné d’avoir battu à mort un autre homme de 63 ans pour lui dérober quelques euros, le 5 décembre dernier, après une dispute à la sortie d’un bar du Vigan (Gard). Depuis les faits, le suspect était introuvable. Ce ressortissant malien, sans domicile fixe et en situation irrégulière depuis plus de 20 ans, s’était réfugié en région parisienne où il a de la famille. » (France bleu)

    Ahaouhahaouah ! (rires massifs)

    Capture-d’écran-2018-09-06-à-09.39.52-390x205.png– 5 janvier, « Un homme âgé de 56 ans a été tué de 28 coups de couteau à son domicile à Joué-les-Tours (Indre-et-Loire). Les faits se sont produits à la mi-décembre et le meurtrier présumé est un migrant ivoirien de 22 ans (Photo)  que la victime hébergeait. » (La Nouvelle République)

    Rhahahouaha ! (hurlements de rire)

    Allez, je m’arrête là, j’aurais peur de finir par vous faire mourir de rire. 

    * ROFSB© = Radio Officielle de la France qui Sent Bon.

    Aristide Renou