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Rechercher : qu'est-ce que le Système

  • L’âme de l’Europe

    Le pont Charles, à Prague, sur la Moldau

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    L’appellation « Union européenne » pourrait n’être bientôt plus qu’une simple alliance de mots, c’est-à-dire un excellent exemple d’oxymore, tant les pays semblent peu unis, tant les peuples semblent mécontents. Depuis des mois, le groupe de Visegrad (dénomination à forte connotation historique), qui réunit Pologne, Hongrie, Tchéquie et Slovaquie, s’oppose résolument aux injonctions de Bruxelles et de Mme Merkel sur les migrants. Le 6 avril, les Pays-Bas ont rejeté par référendum l'accord d'association entre l’U.E. et l’Ukraine. Le 22 mai, le candidat des nationaux autrichiens a échoué d’un rien (trente mille voix) à l’élection présidentielle. Le 23 juin prochain, les Britanniques devront décider de leur maintien dans l’Union.  

    Les commentateurs patentés de la pensée politique correcte nous expliquent que les pays de l’ex-Europe de l’Est, toujours traumatisés par le joug soviétique, seraient trop sourcilleux sur leur indépendance et leur identité; que les Hollandais n’auraient été que 30% à voter; que les Autrichiens ont quand même élu celui que soutenaient tous les partis de l’extrême gauche à la droite mondialiste; et qu’en Grande-Bretagne enfin les sondages donnent le « oui » à l’Union en tête. Tout cela est vrai mais occulte l’essentiel : la vague qualifiée avec mépris et condescendance de « populiste », car jugée dangereuse pour la démocratie prétendument « représentative », monte et continuera sans doute de monter jusqu’à se transformer peut-être un jour en déferlante. 

    Le cas autrichien est exemplaire. Le Monde (22 mai) y voit «  la fin d’une ère pour les partis traditionnels ». M. Zemmour (R.T.L., 24 mai) entend sonner « le glas du clivage droite-gauche traditionnel tel qu'il s'était incarné depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ». Cette remise en cause des grands partis du système qui ne concerne pas que l’Autriche « précise les fondements économiques, géographiques, sociologiques, idéologiques de nos affrontements de demain ». Tout le monde ne fait pas preuve de la même lucidité. Ainsi M. Védrine, après avoir justement critiqué la « référence implicite aux années trente » lorsqu’il est question de populisme et admis que « le vrai problème en Europe aujourd’hui, c’est le décrochage des peuples » (France Inter, 24 mai), pense qu’« il faut parler aux 60% de déçus ». On peut s’étonner que lui, d’habitude mieux inspiré, ne comprenne pas que c’est l’Union en tant que telle qui est rejetée, l’Union en tant que négatrice de la véritable Europe, celle des mille et une diversités, celle qui n’apparaît même pas sur les billets de la monnaie commune. 

    Non, l’Union n’est pas l’Europe mais une caricature pitoyable, avant tout héritière de la CECA et de la C.E.E. Quand on entend, après tant d’autres du même tonneau, M. Moscovici, Commissaire européen, s’exprimer sur les ondes de France Inter (26 mai), on comprend vite ce qu’est, ou plutôt ce qu’a vocation à être cette Union européenne : un « euroland » fédéral et libéral, partenaire soumis des Etats-Unis d’Amérique et complètement déconnecté des réalités humaines, culturelles, religieuses et historiques de la vieille et authentique Europe. Cette Europe-là veut vivre. C’est ce que montre semaine après semaine une poussée populiste qui, malgré les inévitables excès et dérives, est l’expression de l’âme même de l’Europe.

     

  • Régionales : un premier tour dévastateur

     

    par Nicolas Julhiet

    Une excellente analyse dans Politique magazine. En forme de tour d'horizon

     

    Avis aux retardataires : sortez les petits-fours et installez-vous confortablement devant vos téléviseurs. Le spectacle offert par la politique française, à l’issue du premier tour des élections régionales, est à ne manquer sous aucun prétexte dès lors que l’on est amateur du genre. A gauche et à droite, la panique se généralise. Du grand cinéma ! Les acteurs jouent parfaitement leur rôle. L’heure est aux calculs, aux petits arrangements, aux tractations… Avec un objectif clair : « faire barrage au Front national ». A gauche, ceux qui sont arrivés troisième sont invités à se retirer – sauf en Alsace, où le candidat résiste. A droite, les candidats se maintiennent en prônant un « ni-ni » qui ne leur coûte rien. Une posture d’intransigeance à peu de frais… qui ne trompe plus personne.

    Au PS, les dégâts sont lourds. La nouvelle popularité de François Hollande, qui a connu un fort regain après les attentats du 13 novembre, n’a pas suffi à créer une dynamique favorable. De toute façon, personne ne s’étonne plus que les élections intermédiaires soient remportées par un parti de l’opposition. C’est une habitude française. Mais cette fois, ce ne sont pas les Républicains qui en profitent mais le Front national : et même si le parti de Marine Le Pen ne remporte qu’une seule région – il pourrait raisonnablement en enlever trois -, il serait le grand vainqueur de cette élection. Ceux qui expliquaient que les sondages qui montraient sa spectaculaire progression étaient gonflés artificiellement pour mobiliser les autres électeurs se retrouvent bien sots depuis hier. La présence du FN au second tour de la prochaine présidentielle passe de l’hypothèse à la quasi-certitude. Les chroniqueurs politiques, comme Thierry Arnaud, l’ont acté.

    Pour l’ex-UMP, en revanche, il sera difficile de triompher dimanche 13 décembre : les victoires qu’il obtiendra ne le seront pas à la régulière. Il lui faudra en effet compter sur les voix de gauche pour espérer l’emporter. Une pensée, au passage, pour les socialistes qui devront glisser, la mort dans l’âme, un bulletin « Estrosi » dans les urnes… Quel sens du sacrifice et du devoir républicains ! Un élu PS du troisième arrondissement de Marseille, interrogé sur BFM-TV, confessait s’y résoudre avec abnégation. Une perspective qui, visiblement, avait empêché le pauvre hère de trouver le sommeil.

    Cruelle désillusion, aussi, pour Nicolas Sarkozy. Que les Républicains ne virent pas en tête au premier tour pourrait lui coûter cher en terme de légitimité à être candidat à la présidentielle de 2017. Sur les plateaux de télévision, les chroniqueurs politiques annoncent déjà avec gourmandise les règlements de comptes à venir au sein de la « droite de gouvernement ». C’est simple : à l’unité feinte des ténors de l’ex-UMP cette semaine succédera, le lendemain même du second tour, une mise à mort de l’ancien président qui sera alors accusé de tous les maux. Déjà, quelques voix dissidentes se font entendre : celles de Nathalie Kosciusko-Morizet ou de Jean-Pierre Raffarin, en désaccord avec le « ni-ni » prôné par le parti.

    Mais ce sont tous nos politiciens qui semblent avoir perdu le nord face à cette nouvelle donne électorale. En être réduit à proposer, comme l’a fait Julien Dray chez Jean-Jacques Bourdin (BFM-TV), une « alliance arc-en-ciel des partis progressistes » et appeler à la fondation d’un nouveau Conseil national de la résistance, montre dans quelle impasse les partis traditionnels se trouvent. Même une Ruth Elkrief, éditorialiste particulièrement modérée de la même chaîne, expliquait ce matin que « le système est à bout de souffle ». Que trouveront-ils à dire, dimanche prochain ? 

  • Défense d'Erdogan

    Erdogan posant dans son nouveau palais d'Ankara

     

    Par Péroncel-Hugoz

    Moins par esprit de contradiction que par goût de la logique, notre confrère risque un petit coup de dent contre les détracteurs systématiques du président Erdogan de Turquie. Cette position peut surprendre ou agacer, mais elle a sa logique. La détestation d'Erdogan par les Systèmes politico-médiatiques bien-pensants occidentaux ne tiendrait-elle pas simplement au fait que son régime est autoritaire, nationaliste et identitaire ? Après tout, sa politique intérieure est son affaire, pas la nôtre. L'analyser suffit à démontrer que la Turquie n'a pas sa place en Europe. Mais avons-nous à la morigéner parce qu'elle entend suivre sa voie propre souverainement ? LFAR     

     

    peroncel-hugoz 2.jpgOutre Daech, ennemi bien réel, l’Occident s’est trouvé deux autres adversaires de taille, peu ou prou fantasmés, eux : le « tsar » Poutine et le « sultan » Erdogan. Laissons le premier, que nous avons déjà défendu ici et attardons-nous quelques instants sur le second particulièrement, criblé de balles médiatiques depuis la tentative de putsch turque de mi-juillet. 
     
    Nombre de mes confrères euro-américains croient insulter Erdogan en le traitant de « sultan » ou en l’accusant d’« ottomanisme », ce en quoi ils tombent à plat chaque fois car le Sultanat ottoman (XVIe-XXe siècles) a été et reste le plus grand moment de gloire, civilisation et rayonnement de l’Histoire turque. Et il est patent que l’immense majorité des Turcs, y compris les républicains, majoritaires depuis Ataturk (au pouvoir à Ankara de 1922 à 1938), sont fiers des siècles ottomans que les écoliers turcs ne sont pas incités à dénigrer, tout au contraire. 
     
    Quant à l’époque actuelle, le régime établi par le parti politique légal d’Erdogan, est régulier par rapport aux impératifs démocratiques. Oui, vous diront des tas d’Occidentaux, mais Erdogan est « autoritaire » … Oh ! le vilain mot ! Faudrait-il que la démocratie turque, que le président Erdogan, soient « mous » ou « faibles » pour plaire aux commentateurs de Bruxelles, Washington, Londres ou Paris ? …  
     
    Même l’opposant intellectuel Nedim Gürsel, dont les romans en français sont lus à travers la Francophonie, a volontiers reconnu sur France-Inter, au lendemain du récent putsch raté, que la grande majorité des Turcs soutenaient  le président Erdogan, y compris son projet de rétablir éventuellement la peine capitale, abolie en 2004, par une décision souveraine d’Ankara. Et la patronne de la diplomatie bruxelloise, la signora Mogherini, a beau tempêter contre ce projet, la Turquie est pleinement souveraine et elle fera ce que décideront son président, son gouvernement et son parlement.  Les 27 Etats-membres de l’Union européenne n’ont plus, eux, cette liberté depuis qu’ils ont abdiqué une bonne part de leurs droits souverains entre les mains de l’obscure, non-élue et toute-puissante « Commission européenne » … 
     
    Ajoutons à ce tableau que la Turquie en est à 6% de croissance annuelle, que ses exportations ne cessent d’augmenter, que son armée est une des meilleures du monde, etc, etc. J’y ajouterai encore l’aura dont jouit la Turquie erdoganienne à travers nombre de pays d’Islam. Chaque fois que je suis pris pour un Turc à Rabat ou Casa, dans un train, un taxi ou un café, avant même que j’ai eu le temps de démentir, je suis couvert d’éloges et de félicitations pour Erdogan et sa politique de dragée haute à l’endroit des Etats-Unis d’Amérique, d’Israël ou de l’Union européenne. Les nombreux Marocains visitant ces temps-ci la Turquie, qui ne leur demande pas de visa, reviennent en général éblouis par la civilisation ottomane, et aussi frappés par l’ambiance de travail, de sérieux, de dignité, de sérénité émanant du peuple turc. Tout cela ne date pas d’Erdogan bien sûr, mais cet homme d’Etat volontariste et nationaliste, a su s’appuyer sur ces qualités populaires pour installer son pouvoir. « Les chiens aboient, la caravane passe … » Ce proverbe est aussi turc. 

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 29.07.2016

  • Sanctionner, interdire, éradiquer les No Borders, ces soutiens radicaux des migrants, voilà une urgence !

    A la frontière franco-italienne le 7 août dernier. La banderole indique: « le problème, c'est la frontière ». - Photo : JEAN CHRISTOPHE MAGNENET/AFP

     

    Le point - édifiant - publié par le Figaro, le 8 août [Extraits]

    Après Calais, c'est à la frontière avec l'Italie que ces militants de l'ultra-gauche défendent la liberté de circulation. Des manifestations ont eu lieu ce week-end, certaines émaillées d'incidents.

    Les No Borders se sont une nouvelle fois fait remarquer. Cette fois-ci ce n'est pas dans le nord de la France mais à la frontière avec l'Italie, à Menton et Vintimille. Vendredi, ces militants qui prônent l'abolition des frontières avaient encadré une action de migrants qui sont parvenus à entrer de force en France avant d'être arrêtés et renvoyés en Italie. La préfecture a indiqué que 4 militants avaient été interpellés, dont l'un a été placé en garde à vue et un autre reconduit à la frontière.

    Samedi, ces mêmes militants ont participé à une manifestation de protestation à Vintimille où des échauffourées ont éclaté. Les militants assurent avoir été reçus par des tirs de gaz lacrymogènes puis pris en chasse par la police. Un policier italien a succombé à un infarctus en marge de ces heurts. « Nous avons appris le décès, de mort naturelle, de ce policier, par les médias. On n'a pas participé à ça », a indiqué dimanche un militant.

    Le climat étant monté d'un cran, une manifestation prévue dimanche à Vintimille a été annulée. « Dans le climat de répression et d'instrumentalisation actuels, faire une manifestation aurait été un suicide », a déclaré à l'AFP un des militants No Borders. « Nous ne voulons pas tomber dans le piège, et pour cela nous avons (...) opté pour un sit-in en défense des personnes ‘en voyage' qui sont enfermées » à Vintimille, ont ajouté les militants.

    Dimanche, plusieurs groupes de Français ont rejoint les militants italiens.

    À Vintimille, les No Borders veulent défendre la liberté de circulation et dénoncer un « système d'apartheid » dans la mesure où selon eux les voyageurs blancs franchissent la frontière sans encombre alors que les migrants, tous originaires d'Afrique sub-saharienne, sont bloqués.(...)

    Refus de la hiérarchie

    Ce groupuscule est apparu en Allemagne dans les années 90. Depuis 2009, il apporte un soutien inconditionnel aux migrants de Calais qui souhaitent rejoindre la Grande-Bretagne. Les activistes aident ainsi les migrants à s'installer, à entreprendre des démarches administratives et ouvrent parfois des squats pour les accueillir. D'après le ministère de l'Intérieur, qui surveille le mouvement, ces anarchistes sont d'origine française, allemande et hollandaise. La presse outre-Manche évoque également la présence de nombreux militants britanniques dans leurs rangs.

    A priori, No Border ne fait mention d'aucun organigramme et refuse le principe même d'une hiérarchie.Il s'agit davantage d'un réseau transnational d'activistes que d'un groupe véritablement organisé. Le Monde rappelait qu'il est « difficile de décrire cette mouvance dont les membres fuient la presse ». Comme l'indique leur nom, ils se battent principalement pour l'éradication des frontières et la distinction entre « citoyen et non citoyen ».

    Leur présence à Calais ? : « Un ensemble d'activités variées qui a pour but de construire la résistance face aux agressions policières, d'éveiller les consciences sur la situation calaisienne, de montrer notre solidarité avec les migrants, et tout simplement d'essayer de rendre la vie des gens un peu plus facile », lit-on sur leur blog.

    Rue 89 rapportait que les militants filmaient depuis 2009 les interventions policières, « pour avoir des preuves en cas de bavures mais surtout pour témoigner du harcèlement policier dont sont victimes les migrants et les militants ». Une compilation d'images qui ont permis à l'organisation de saisir en 2011, le Défenseur des droits, qui a enquêté sur le sujet et publié, en 2012, un rapport dénonçant des violations des droits des migrants.

    « Ils essaient d'endoctriner les migrants »

    Il n'empêche, ces activistes sont mal vus des associations locales, notamment dans le Calaisis. « Les No Borders sont une nuisance. Ils essaient d'endoctriner les migrants. (...) Pour Emmanuel Agius, premier adjoint au maire de Calais, ces « gens de bonne famille qui connaissent le droit sur le bout des ongles pour mieux contourner la loi », utilisent les migrants « pour servir leur cause ».

    Début novembre 2015, après une série de heurts avec les forces de l'ordre, le mouvement avait été critiqué par le gouvernement. « Il y a des militants No Borders qui ont été identifiés (...) qui profitent du désarroi, de la détresse de ces migrants, qui instrumentalisent cette détresse, et les poussent à faire n'importe quoi», avait indiqué sur France Info le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre Henry Brandet. Pour ce dernier, ces militants « poussent les migrants à l'émeute, à des violences envers les policiers, à essayer coûte que coûte d'arrêter des camions sur la rocade pour pouvoir passer en Angleterre ». 

  • Société • Les pieds nickelés de la lutte sociale et politique Brexiters, syndicalistes, nuit-deboutistes…

     

    par Amaury Grandgil

    Un excellent billet, tout à fait dans notre ligne politique et sociétale, qu'Amaury Grandgil a publié sur son blog mesterressaintes et sur Causeur [08.07]. Nous avons aimé.  LFAR 

     

    amaurygil.jpgLes oligarques nous mènent où ils veulent presque aussi facilement qu’un troupeau à l’abattoir, croyant nous faire prendre des vessies pour des lanternes le plus longtemps possible. Les peuples cependant expriment de plus en plus leur colère face à tant de mépris, de dédain à peine caché. Ils pensent parfois se trouver des leaders pour mener la révolte mais ceux-ci sont autant de pieds nickelés sans grande envergure qui se contentent de jouer leur « emploi » de comédie afin de continuer à bénéficier du système et que l’on continue de voir leur binette partout dans la presse. C’est à désespérer de se dresser contre les pseudo-élites de plus en plus déconnectées des peuples…

    En Grande-Bretagne les promoteurs passionnés du Brexit se dégonflent les uns après les autres. Ce sont autant de pieds nickelés, de Nigel Farage à Boris Johnson, le maire de Londres ayant la même tignasse que Ribouldingue. Ils ressemblent un peu à ces mauvais élèves qui n’en croient pas leurs yeux et leurs oreilles d’avoir réussi à convaincre le pion rassis de service de ne pas retourner en classe et de faire cours dehors. Et finalement ils ont l’air de songer que leur blague est allé un peu trop loin et abandonnent toute responsabilité laissant leur peuple aux mains de responsables dont le rêve humide récurrent est de faire de la Grande-Bretagne le « paradis fiscal » du monde entier. Ils reviennent sagement dans les rails.

    Personne n’est d’ailleurs plus vraiment certain maintenant que le Brexit sera réellement finalisé. Donald Tusk et Jean-Claude Juncker, le responsable européen qui parle aux ovnis, trouveront bien un moyen de ne pas tenir compte de ce vote, de le renvoyer aux oubliettes de l’histoire. Ils feront une petite leçon de morale aux mauvais élèves et tout rentrera dans l’ordre à coup de chantage économique, ainsi qu’en Grèce. Et Farage et Johnson font finalement partie du spectacle tout autant que les Le Pen en France, épouvantails utiles de la droite dire républicaine et de la gauche sociétale, tout autant que les autres politiques.

    En France, les opposants à la « loi travail », soit disant de Myriam El Khomri, alors que ses véritables auteurs sont quelques technocrates européens, ont décidé donc que la lutte sociale s’arrête pendant les vacances d’été. On me rétorquera que les utopistes de Nuit debout ont aussi décidé de remettre la révolution après leur séjour au camping des Flots bleus ou à Ibiza, ou chez Tata Geneviève à Nice. Quant aux « casseurs » anarchistes jusqu’au-boutistes, attention, s’ils ne se retenaient pas, on verrait ce qu’on verrait, ils font appel à la justice bourgeoise.

    Pour ne cependant pas totalement se ridiculiser des responsables syndicaux comme Jean-Claude Mailly prédisent des « surprises » pendant l’été, des actions ponctuelles qui marqueront les esprits… Des flash-mobs ? Une vente de tongs écrivant FO ou CGT sur le sable de la plage ? Une quête à la sortie des agences Pôle emploi ?

     

    Pourtant cette « loi travail » empêchera par ses conséquences sur de nombreux salariés, leur paupérisation, leur précarisation, de partir en vacances justement. Un peu moins de la moitié des Français n’en ont justement plus les moyens. C’est finalement à se demander si Philippe Martinez et Jean-Claude Mailly ne jouent pas aussi leur rôle, leurs « emplois » de « repoussoirs » pour les élites, au sein du grand « Barnum consumériste » rentrant ensuite bien sagement à l’étable comme le reste du troupeau.

    Il faut dire que pour eux le pion rassis en chef, Manuel Valls, a décidé de siffler une bonne fois pour toutes la fin de la récréation en faisant jouer encore une fois le 49.3…

    Et les oligarques seront ainsi à peine inquiétés. Encore une fois… 

    Amaury Grandgil
    anime le blog mesterressaintes.hautetfort.com

  • Pourquoi pas la France ?

     

    par Hilaire de Crémiers

    L'éditorial du numéro d'été de Politique magazine - encore à paraître, avec un dossier très attendu sur les royalistes français aujourd'hui. Naturellement, nous y reviendrons.  LFAR

     

    157e493dd19d0d2ee135205f081739f9_Hilaire.jpgLe 24 juin 2016 restera dans les annales européennes. Le peuple anglais a manifesté sa liberté. Comme toujours. C’est le vrai fond du peuple anglais qui a parlé ; les médias, surtout en France, ont bien insisté et avec tout ce qu’il fallait de mépris sur le caractère profondément enraciné de ce vote : un vote de bouseux et de petites gens. Toute personne un tant soit peu cultivée et de simple bon sens a parfaitement compris ce qui s’est passé : l’Angleterre historique, celle qui refuse de sortir de l’histoire, s’est exprimée. England for ever. Personne ne lui dicte sa loi ; elle se la donne à elle- même ; c’est la règle de son histoire, une constante à travers les siècles. Ni des rois trop étrangers, ni Napoléon, ni Hitler, ni l’Europe apatride et donneuse de leçons n’en sont venus à bout.

    Depuis la Grande Charte, c’est ainsi. L’Angleterre d’aujourd’hui demeure encore et toujours l’Angleterre. Son vote est culturel et historique. En dépit de toutes les menaces, elle a tenu bon. Même le chantage au « fric » n’a pas marché, dans cette nation de commerçants et de banquiers. Eh bien, il nous est bon pour nous Français qu’elle nous surprenne. Si elle pouvait nous réveiller !

    Et pourtant ! Aussitôt ce fut un déferlement de haine et de prédictions apocalyptiques. Principalement de la part des Français, de nos dirigeants, de nos commentateurs patentés, avec cette morgue insupportable qui est leur marque de fabrique à tous. Ils allaient jusqu’à plaindre les Anglais, à récuser le principe de ce référendum. Maintenant c’était un devoir de les châtier, et vite, pour qu’ils comprennent, pour l’exemple aussi, pour que leur faute – leur péché ! – ne donnât point de mauvaises idées aux autres élèves indisciplinés de la classe européenne dont Hollande se considère – ça fait rire tout le monde – comme le « magister » : il a le savoir et il détient la baguette et le bonnet d’âne ! Du moins le croit-il.

    Avec son air affecté de « prof d’école », sa rhétorique hésitante de « faux curé », il faut le voir et l’entendre distribuer les bons et les mauvais points. Il va même, tout en parlant de renvoi nécessaire et immédiat, jusqu’à suggérer à l’Angleterre de venir à résipiscence, au motif qu’il y aurait des réactions à Londres, en Écosse et en Irlande. Bien sûr, mais, là aussi, c’est typiquement historique et l’Angleterre, elle, connaît tout ça et depuis longtemps. Elle a le temps devant elle ; elle est une monarchie. Donc, là encore, elle prendra son temps. David Cameron l’a lui-même annoncé à son dernier conseil européen du 28 juin.

    Ce n’est pas le ridicule Hollande qui lui dictera son agenda. Les Anglais agiront à leur façon, quand ils voudront, selon les possibilités et les circonstances, et selon surtout leur intérêt le plus pragmatique, comme ils l’ont toujours fait. Ils étaient déjà dans l’Europe comme n’y étant pas et avaient obtenu toutes les dérogations qu’ils avaient réclamées. Ils continueront sur la même voie. Pourquoi se gêneraient-ils ?

    C’est la France qui devrait avoir peur. Les affaires françaises vont très mal. Hollande aura beau dire, son « ça va mieux » n’a aucun sens. Il est incapable de diriger chez lui ; ses lois sont toutes contestées. Il épuise la nation. L’état lamentable de ses finances le met à la merci des moindres secousses politiques, diplomatiques, économiques, sociales et financières avec les risques d’un terrorisme omniprésent. Il en est réduit à courir après Merkel, faisant de l’Europe allemande la seule issue à son euromanie par laquelle il compte rebondir en grand défenseur de l’Europe pour la prochaine campagne électorale.

    Tout lui sert. Pro-Europe, anti-Europe, voilà sa dialectique. Il s’est trouvé ainsi ses adversaires, il polit son argumentaire, il choisit son angle d’attaque, indécrottable politicien, semblable à tous les autres, ses concurrents ! Est-ce cela la tradition française ? Cet abject système qui broie la France ? Ah non ! Tous ceux qui en vivent veulent nous le faire croire. Or, rien n’est plus opposé à notre génie. Nous aussi, nous Français, autant que les Anglais, plus qu’eux peut-être, nous avons une histoire et qui porte, elle aussi, sa leçon d’éternelle reviviscence. Elle est nationale, elle est royale.

    Il en est qui s’en souviennent. Le dossier de Politique magazine de cet été les présente. Et si la France voulait bien chercher dans cette direction, ne pourrait-elle pas avec intelligence et force, après le désastre annoncé, renouer avec son histoire pour se préparer un meilleur avenir ? 

  • Frédéric Rouvillois : « La politesse est une vertu nécessaire dans notre monde nombriliste »

     

    Par Alexis Feertchak

     
    A l'occasion de la sortie de son Dictionnaire nostalgique de la politesse, Frédéric Rouvillois a accordé un long entretien à Alexis Feertchak pour FigaroVox [18.11]. Historien du savoir-vivre, il y montre que la politesse est une affaire politique qui permet à la société de tenir debout. Lafautearousseau a déjà évoqué [Cf. ci-dessous] la parution du  Dictionnaire nostalgique de la politesse et dit l'attention qu'il convient d'accorder aux travaux de Frédéric Rouvillois « qui, pierre à pierre, construit une œuvre.  Une œuvre diverse et originale, toujours en lien avec le fond de notre civilisation, nos racines nationales et notre tradition monarchique. Une œuvre qui compte désormais dans notre famille de pensée, l'actualise et la fortifie ».   Lafautearousseau 
     

    Pourquoi avoir ainsi intitulé votre ouvrage ? Y a-t-il des raisons d'être nostalgique en matière de politesse ?

     

    Il se trouve que dans la politesse elle-même, il y a quelque chose qui relève nécessairement de la nostalgie parce que celle-ci nous renvoie à des us et des coutumes qui sont ceux de notre enfance, de notre jeunesse, certains qui se sont accentués, d'autres qui ont été effacés par le temps. Parler de politesse, c'est aussi parler de soi, de ses parents, de ses grands-parents, de toute une tradition qui se trouve derrière nous et d'où nous viennent nos codes de politesse. Il y a cette forme de douceur et de tendresse dans la politesse qui me semblait renvoyer à la nostalgie. C'est l'aspect le plus personnel que j'ai essayé d'instiller dans ce Dictionnaire nostalgique.

    Votre dictionnaire est aussi un livre d'histoire et de géographie. Vous évoquez la Chine impériale, l'Allemagne, les pays arabes. En montrant combien les règles de la politesse ont évolué et sont « la mesure du temps perdu », vous restez dans la nostalgie sans jamais basculer dans le désespoir du « c'était mieux avant » ...

    Le désespoir est le contraire de la nostalgie. Il y a inscrit dans la nostalgie l'idée d'un retour ou de retrouvailles, ce que ne permet pas le désespoir. Être désespéré de l'homme, c'est ne pas voir qu'il a toujours reproduit les mêmes merveilles et les mêmes crimes, les mêmes sottises et les mêmes choses admirables. L'homme poli de l'époque d'Aristote, de Cicéron ou de Saint-Augustin ressemble au fond à l'homme poli de l'époque de Louis XV ou à l'homme poli de l'époque de François Hollande. La géographie et l'histoire nous enseignent le caractère à la fois éternel et universel de la politesse, la permanence de sa nécessité, même si ses formes évoluent. Alors, elle peut être plus ou moins sophistiquée, chatoyante, complexe, byzantine, sincère, mais elle est toujours là. Comme le langage, elle est un des éléments fondamentaux des rapports sociaux, un élément sans lequel ceux-ci seraient assez rapidement condamnés à dérailler.

    Et aujourd'hui, comment notre époque regarde-t-elle la politesse ?

    La politesse connaît des hauts et des bas, mais il faut constater que l'on est plutôt dans un haut relativement à la période des années 1960 ou 1970 quand celle-ci était considérée comme ringarde, archaïque, périmée, bourgeoise, bref, réservée aux lecteurs du Figaro (rires…). Les choses ont changé positivement à partir de la fin des années 1980 et du début des années 1990. On a assisté à une espèce de renversement, qui est lié à mon sens à l'émergence de l'univers de la crise. Il y a sans doute un rapport entre la crise économique et sociale, la montée du chômage, le sentiment que la vie devient plus difficile, le sentiment que l'on a quitté les Trente glorieuses et la prise de conscience de l'utilité de la politesse. Quand tout va bien, la politesse est juste la cerise sur le gâteau. Quand les choses deviennent plus difficiles, elle reprend toute sa force et son utilité s'impose. Les gestes quotidiens de la politesse deviennent le liant de ce fameux vivre ensemble.

    La politesse est-elle donc une affaire politique ?

    Il y a d'abord une proximité dans les mots de politesse et de politique qui paraît évidente en français et dans d'autres langues. Dans les deux cas, il y a une racine qui apparaît commune - même si en fait ce n'est pas vrai - qui est celle de polis, la cité en grec, qui signifie plus largement la société, le fait d'être ensemble, d'être en relation avec autrui. Il semblerait que l'étymologie réelle de politesse viendrait de « pulizia » qui veut dire la propreté en italien. Pour autant, je suis très amateur des fausses étymologies. En l'espèce, la proximité entre politesse, politique et polissage dit beaucoup de l'objectif de la politesse, qui est précisément de fluidifier les relations au sein de la société. En polissant les rapports sociaux, elle permet qu'il y ait le moins possible de rugosité à l'intérieur de la société. Sans elle, la polis risque de basculer dans un rapport de violence verbale voire physique.

    Que répondre à ceux qui vous diront que les règles bourgeoises de la politesse sont un éloge de l'hypocrisie, qu'elles sont une sorte de paravent de l'ordre établi ?

    Mais, déjà, un paravent, ce n'est pas rien ! Ce n'est pas intrinsèquement mauvais. Certes, la politesse est effectivement une forme d'hypocrisie, mais il s'agit - si je puis le dire ainsi - d'une forme d'hypocrisie vertueuse. Ce n'est pas nouveau et nous en avons toujours eu conscience. Molière nous a tout appris sur la nature humaine dans le Misanthrope. Il nous décrit bien les limites de la politesse, de la bienséance et du savoir-vivre quand ceux-ci tombent trop évidemment dans l'hypocrisie, mais il montre également que si nous voulons être comme Alceste dans la transparence totale, nous finirons seul, loin des autres, y compris dans notre vie amoureuse. Cette hypocrisie vertueuse permet tout simplement de mettre un peu d'huile dans les rouages sociaux. Il faut savoir ne pas tout dire, sinon c'est la guerre.

    Pour qu'une société tienne debout, faut-il que ses membres partagent une certaine ressemblance dans les codes de politesse qu'ils adoptent ? En particulier, dans le cadre d'un projet politique multiculturaliste, quand les codes de politesse des différentes communautés sont extrêmement différents et sources de possibles incompréhensions, la politesse n'est-elle pas une gageure supplémentaire ?

    Vous avez certainement raison. À partir du moment où la politesse est un moyen de vivre ensemble, il y a un risque d'incompréhension des différents systèmes de politesse qui pourraient cohabiter entre eux. Si l'on a des communautés distinctes les unes des autres, qu'il existe des codes de politesse dans une communauté qui sont tout à fait dissemblables de ceux d'une autre communauté qui vit à côté, cela signifie que nous aurions un vivre ensemble à l'intérieur des communautés, mais pas entre elles. Ceci peut poser problème pour des choses extrêmement basiques. Le fait de cracher dans la rue a longtemps été considéré comme tout à fait normal, y compris en Occident. Mais, dans nos pays, cette pratique ne l'est plus depuis belle lurette alors qu'elle reste tout à fait admise dans d'autres systèmes de politesse. Pour que la politesse se constitue comme un liant au sein de la société, il faut que celle-ci soit relativement homogène ou qu'il existe de forts rapports hiérarchiques. Au 18e siècle, il n'y avait pas un seul système de politesse. Il y avait une politesse de la ville et une politesse des champs. Mais en définitive, elles n'avaient pas tellement l'occasion de se rencontrer. Les risques de friction n'étaient pas considérables. À la campagne, on se moquait éventuellement du noble qui se comportait comme à la Cour. De même, à la ville, on se moquait du paysan qui arrivait avec ses gros sabots. Dans une société urbaine comme la nôtre, où les communautés cohabitent entre elles, le risque me semble beaucoup plus grand.

    Votre dictionnaire permet de se rendre compte que les règles de politesse sont extrêmement marquées par l'altérité des sexes et la différence des âges. Avec la rupture de mai 68, la théorie du genre, le jeunisme, ces nouvelles tendances de fond n'ont-elles pas tendance à fragiliser la politesse telle qu'on la connaissait jusque-là ?

    Je dirais qu'elles ont tendance à la rendre plus compliquée et plus incertaine. Les nouveaux surgeons du féminisme radical pour lesquels la différence des sexes est purement culturelle nous expliquent que la femme est un homme comme les autres et qu'il n'y a pas lieu de la traiter autrement. En même temps, d'autres femmes considèrent dans le métro qu'il n'est pas normal que les hommes ne cèdent pas leur place aux dames. Au fond, ce discours féministe est-il vraiment une tendance lourde en dehors de certaines élites autoproclamées et de microcosmes présents dans certains centres urbains? Je ne le crois pas. Pour la plupart d'entre nous, la différence des sexes qui fait que la femme est une femme, que l'homme est un homme, subsiste. Le plus souvent d'ailleurs, la femme est assez contente qu'on lui reconnaisse un certain nombre de privilèges galants, même si l'anthropologie inégalitaire qui se développe au 19e siècle et qui consacrait cette galanterie bourgeoise n'existe plus.

    Vous parlez aussi du culte de la performance, de la vitesse, de la rationalisation… Un tel monde permet-il d'être poli ?

    C'est le problème principal qui se pose à nous aujourd'hui. Quand je pense en particulier à ce qu'a pu écrire Françoise Mélonio sur Tocqueville et la manière dont la politesse pouvait se pratiquer aux États-Unis, je me dis que la question est moins celle du rapport entre la politesse et la démocratie que celui qui s'établit entre la politesse et la modernité technicienne. Ce monde tous azimuts fait que nous n'avons plus le temps de rien, sauf de gagner de l'argent ou de gagner en efficacité. Or, la politesse est par définition quelque chose de gratuit, ce qui est incompatible avec l'idée de performance, d'efficacité et de productivité.

    La politesse est-elle vraiment un don gratuit ? N'existe-t-il pas une forme de contre-don, même implicite ?

    Il y a effectivement un contre-don qui est le remerciement de celui envers qui l'on est poli. Il existe un autre contre-don, plus subtil, qui est simplement le plaisir que l'on éprouve soi-même à tenir la porte à quelqu'un. Mais dans un système où le seul but est d'aller au plus simple, au plus utile et au plus rentable, cette idée de gratuité compensée seulement par le remerciement ou le plaisir d'être poli devient illusoire. La première caractéristique de la politesse est en effet que l'on accepte de donner du temps à autrui. Dans la civilisation pressée de Paul Morand, le temps est la chose au monde la moins bien partagée. Il y a là une vraie raison d'éprouver de la nostalgie pour la politesse qui prenait le temps de s'exprimer. Les 18e et 19e sont des siècles où les gens avaient le temps de déposer des cartes de visite, d'écrire de longues lettres terminées par des formules de politesse plus alambiquées mais aussi plus belles les unes que les autres. Cette époque-là n'est plus. Le fait d'avoir commencé mon dictionnaire nostalgique par le mot abréviation est au fond assez significatif de ce mouvement. En même temps, je remarque que revient en force l'idée que la lenteur est quelque chose d'important et qu'il y a des « limites » aux choses - pour reprendre le titre d'une jeune revue que j'aime beaucoup. Ce sont des valeurs qui sont intrinsèquement bonnes et qu'on peut essayer de retrouver. Ce sont des éléments qui font que, encore une fois, politesse pas morte !

    Le narcissisme est-il l'autre ennemi d'une politesse qui repose d'abord sur la modestie ?

    Est poli celui qui ne se met pas systématiquement en avant, celui qui ne veut pas faire son malin, celui qui est fréquemment dans l'understatement. Se prendre pour l'illustre Gaudissart de Balzac, c'est un peu le contraire de la politesse. Je remarque que, de nos jours, la vie n'est plus qu'un immense entretien d'embauche ! Voilà pourquoi, dans notre monde prosaïque et nombriliste, obsédé par l'utilité et par la vitesse, la politesse est plus que jamais nécessaire. Elle demeure l'une de ces petites vertus qui permettent de tenir debout.

    Si vous aviez un geste de politesse auquel vous teniez particulièrement, lequel serait-ce ?

    Le baisemain m'amuse beaucoup parce qu'il a volontairement un côté un peu archaïque, une illusion rétrospective qui fait que l'on croit que c'est très ancien alors qu'en réalité, la généralisation de sa pratique ne remonte qu'au début du XXe siècle seulement. Il y a une sorte d'incongruité poétique de ce geste de déférence qui m'amuse beaucoup et que l'on perçoit aussi dans la manière dont il est ressenti par la personne qui le reçoit. En matière de baisemain comme souvent quand la politesse est en jeu, l'unique certitude est que le tact doit l'emporter sur la règle et l'esprit sur la lettre. 

    Alexis Feertchak

    Dictionnaire nostalgique de la politesse, de Frédéric Rouvillois, illustré par Emmanuel Pierre, Flammarion, 420 p., 25 C. 

    Frédéric Rouvillois est écrivain et professeur agrégé de Droit public à l'Université Paris-Descartes, spécialiste du droit de l'État et d'histoire politique. Auteur de nombreux ouvrages, il a notamment publié Crime et Utopie, une nouvelle enquête sur le nazisme (éd. Flammarion, 2014) ; Être (ou ne pas être) républicain (éd. Cerf, 2015) et dernièrement La Clameur de la Terre. Les leçons politiques du Pape François (éd. Jean-Cyrille Godefroy, 2016).     

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  • Ce 18 brumaire électoral que l'on n'attendait pas...

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

    Une analyse bienvenue, faite d'un point de vue français.

     

    1345578492.2.jpg« Sondage n’est pas suffrage » : cette vieille rengaine qui est la mienne depuis longtemps et que j’appelle parfois « la sagesse du paysan de Lancieux », apparaît à nouveau d’une grande actualité en ce jour de résultats électoraux aux Etats-Unis. La victoire inattendue de M. Donald Trump est-elle, comme l’évoquait avant l’heure Le Figaro sous la plume de M. de Kerdrel ce matin, une « vengeance des peuples », fatigués d’une mondialisation qui n’est plus heureuse que pour ceux qu’ils nomment « élites » quand, le plus souvent, elles ne le sont désormais que par l’argent et non par le travail ? Ce qui est certain, c’est que le vote présidentiel de ce mardi n’est qu’une marque supplémentaire, et sans doute pas la dernière, de cette défiance à l’égard d’un système considéré comme socialement injuste, une défiance qui prend désormais des allures de colère (et de fâcherie) des électeurs des classes populaires et des classes moyennes inquiètes contre ceux qui gouvernent depuis si longtemps aux destinées de leur pays ou du monde… 

    Il est amusant de noter que ce 9 novembre 2016 correspond, dans le calendrier républicain (français) au… 18 brumaire ! Léon Daudet y aurait sûrement vu un intersigne et, si M. Trump n’est pas Bonaparte, certains voient dans sa victoire contre toute attente, une sorte de coup d’Etat électoral, et le nouvel élu, comme le disait Jacques Bainville à propos du futur empereur, « apparut comme le sauveur qu’on cherchait ». Ainsi, les électeurs états-uniens (du moins ceux qui ont voté pour lui) auraient trouvé en M. Trump le meilleur moyen d’envoyer balader le « There is no alternative » (« Il n’y a pas d’alternative ») de Mrs Margaret Thatcher ! Son refus des accords de libre-échange, s’il se confirme, rejoint la contestation altermondialiste de gauche (mais pas seulement, car existe aussi une contestation traditionaliste du libéralisme, contestation à laquelle je me rattache) et, d’une certaine manière, lui coupe l’herbe sous le pied : le plus humiliant pour cette gauche dite radicale façon Tsipras (ou Mélenchon) serait qu’il tienne sa promesse de campagne de rejeter le fameux traité transatlantique (ou TAFTA) et qu’il réussisse à faire échouer ce que les multinationales voulaient faire aboutir tandis que les altermondialistes ne sont jamais vraiment arrivés à freiner le rouleau compresseur de cette mondialisation libérale… 

    En revanche, on peut légitimement s’inquiéter de son refus de toute écologie au moment où il faudrait, bien au contraire, engager une véritable politique, dans chaque pays, pour orienter l’économie et la société vers de nouvelles attitudes et habitudes plus respectueuses de l’environnement : cela va imposer aux partisans de l’écologie intégrale de redoubler d’efforts, et, entre le pape rédacteur de l’encyclique Laudato Si’ et M. Trump, mon choix est, évidemment, vite fait ! Tout comme je soutiens ces tribus sioux du Dakota du Nord qui, demain, vont poursuivre la lutte contre l’installation d’un nouvel oléoduc traversant leur territoire alors que M. Trump veut, lui, poursuivre et intensifier l’exploitation du gaz de schiste au détriment de la santé même des Amérindiens vivant à côté des zones d’extraction. 

    Ce qui est certain, c’est que cette élection présidentielle états-unienne nous oblige, nous Français, à renforcer notre Etat et notre nation pour affronter les tempêtes qui, en fait, n’ont pas attendu M. Trump pour se lever depuis déjà quelques années, voire un peu plus… « Faire de la force » : le mot d’ordre de Maurras (pour une fois bien inspiré) est un programme que les candidats à l’élection française du printemps prochain pourraient faire leur, mais il n’est pas certain que la République soit appropriée à ce qui devrait être une feuille de route prioritaire pour la France dans un monde incertain…

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Médias • Les 3 « pan sur le bec » aux 2 journalistes, seuls bons moments d'une « soirée primaire » ennuyeuse...

     

    Mur-bleu gds.jpgIls voulaient tous tellement bien faire - ou, plutôt, ne pas mal faire - qu'on aurait dit qu'ils s'étaient rognés les ongles et que, de fait, ils se retenaient pour ne pas faire de faute : résultat, un moment long, très long, de sept monologues en même temps, à peine coupés par moments d'un - rare - bon mot ou de ce que l'on espéra jusqu'au bout, mais en vain, voir devenir un réel débat entre eux...

    Bref, une soirée vraiment ennuyeuse, et même, disons-le, pénible. Même Copé n'a pas fait rigoler, c'est dire !... On a beau s'intéresser au sort de son pays...

    Il y a quand même eu une chose réjouissante, ou, si l'on préfère, trois, mais qui n'en font qu'une : quand les deux meneurs de jeu Pujadas et Elkabbach se sont sèchement fait remettre à leur place : deux fois pour Pujadas et une pour Elkabbach.

    En ce qui concerne Pujadas, Sarkozy et Fillon ont eu raison de le « casser », comme disent les ados dans les cours de récré. Sarkozy en lui rappelant qu'il représentait le service public, et que sa façon de procéder, en ce qui concerne les accusations de Ziad Takieddine était « indigne ». Et, d'ailleurs, le David n'a pas insisté. Pas plus qu'il n'a insisté lorsque, à la fin, Fillon lui a reproché de toujours couper la parole, de ne pas laisser parler pour aller à l'essentiel. Sa Suffisance a prudemment, les deux fois, battu en retraite plus vite que son ombre...

    sans-titre.pngPour ce qui est d'Elkabbach, il aurait mieux fait de suivre l'injonction restée célèbre - au point, maintenant, d'appartenir à l'histoire, du moins celle du journalisme - de Georges Marchais : « Taisez-vous, Elkabbach !». S'il s'était tu, au moment où il a cru finaud de s'en prendre à Bruno Le Maire, le décrétant déjà éliminé, il se serait évité le juste « recadrage » de ce dernier :

    « Mais qu'est que vous dites Jean-Pierre Elkabbach ? (...) Vous connaissez déjà le résultat de dimanche ? Vous savez ce que vont voter les Français ?... Vous savez il y a une France des sondages, il y a une France des journalistes, (...) elle a le droit de le commenter. Et il y a la France des Français... » - « On en reparlera lundi matin », l'a alors interrompu Jean-Pierre Elkabbach. « M. Elkabbach. Je suis candidat à la primaire, ça mérite tout simplement le respect de votre part »

    Les internautes et utilisateurs de twitter s'en sont d'ailleurs donné à cœur joie, aux dépens de ce pauvre El Kabbach. La palme revenant selon nous (on ne peut bien sûr citer tout le monde) à Pierre Courade et Renaud Dély : 

    - de Pierre Courade : « Je trouve J-P Elkabbach plus en forme que lors des débats entre René Coty et Guy Mollet »

    - de Renaud Dély : « On dira ce qu'on voudra, J-P Elkabbach sans Georges Marchais ni Raymond Barre, c'est plus ce que c’était » 

    On pense ce que l'on veut de Sarkozy, Fillon ou Le Maire, mais tous les trois ont bien fait de reprendre ces journalistes pontifiants, et ces trois escarmouches ont été les seuls bons moments d'une soirée qui n'est même pas « à oublier d’urgence ». Elle l'est déjà, oubliée...

    Rappelons seulement, pour finir, que le but de cette chronique n'est pas de donner des consignes de vote ; nos lecteurs le savent : depuis notre création, des consignes de vote, lafautearousseau n'en donne pas, considérant que son rôle est de contribuer autant que faire se peut à la royalisation du pays, et que chacun de nos lecteurs est parfaitement capable, en conscience, d'aller vers le candidat de son choix ; nous n'allons pas nous diviser, tombant dans les pièges du Système, ni perdre de vue l'essentiel : notre action quotidienne inlassable en vue du Bien commun.

  • Politique & Religion • La leçon politique du pape

     

    par François Reloujac

    Le 24 septembre, le pape François a rencontré les élus du Congrès américain. Les médias ont d’une part souligné qu’il s’était adressé aux représentants du peuple américain (exclusivement ?) et d’autre part insisté sur certains points particuliers comme la peine de mort, l’écologie ou la lutte contre la pauvreté. Nul n’a oublié de dire qu’il avait cité Martin Luther King mais bien peu ont déclaré qu’il avait aussi cité Thomas Merton. Il est vrai que le monde connaît le pasteur baptiste noir américain, mais qui a réellement entendu parler du moine cistercien ?

    Ceci étant, en en restant là, c’est un message terriblement tronqué que les médias nous ont présenté. Certes, le pape, en bon jésuite, part toujours des situations concrètes et s’élève à partir d’elles à une dimension beaucoup plus générale qu’il ne faut pas occulter sous peine de passer à côté de l’essentiel. La leçon du pape a une portée beaucoup plus universelle et il faut une certaine myopie intellectuelle pour considérer, par exemple, que l’appel aux « membres du Congrès » ne concernerait qu’eux et n’intéresserait pas les Parlementaires des autres pays.

    En fait, le pape a donné deux leçons principales à tous les Parlementaires du monde, à travers les Représentants du Congrès américain, avant de prononcer quelques aphorismes dont il a le secret.

    La nature du travail parlementaire

    Le pape a donc dit aux Représentants du Congrès américain que la responsabilité de tout Parlementaire est de permettre à son pays, à travers son activité législative, « de prospérer en tant que nation ». En tant que représentants du peuple, en tant que visage de ce peuple, tous les Parlementaires sont appelés à « défendre et préserver la dignité » de leurs concitoyens, « dans la recherche inlassable et exigeante du bien commun, car c’est le principal objectif de toute politique ». En système démocratique, ce n’est pas quelque chose de facultatif ni qui relève de la seule fantaisie de chacun car, « l’activité législative est toujours fondée sur la protection du peuple. C’est à cela que vous avez été invités, appelés et convoqués par ceux qui vous ont élus ». Il s’agit d’une véritable mission dont le modèle est donné dans la Bible en la personne de Moïse : « D’une part, le patriarche et législateur du peuple d’Israël symbolise le besoin des peuples de maintenir vivant leur sens d’unité au moyen d’une juste législation. D’autre part, la figure de Moïse nous conduit directement à Dieu et ainsi à la dignité transcendante de l’être humain ». C’est pourquoi, le pape demande aux Parlementaires de calquer leur démarche sur celle de Moïse : « vous êtes chargés de protéger, à travers la loi, l’image et la ressemblance de Dieu façonnées en chaque visage humain ».

    La méthode du travail parlementaire

    Faisant semblant de s’adresser ensuite, au peuple tout entier à travers leurs représentants, le pape, en fait, donne ce que l’on pourrait appeler une leçon de méthodologie. Les parlementaires sont ainsi appelés à ne pas voir dans les hommes et les femmes « qui s’efforcent chaque jour d’accomplir un honnête travail » des personnes qui seraient « simplement concernées par le paiement de leurs impôts ». Ces personnes sont en fait les forces vives de la nation, celles qui « individuellement, de façon discrète, soutiennent la vie de la société ». Ce sont elles qui sont à la base de toutes les actions de solidarité que les parlementaires sont donc invités à respecter. Comme ils doivent prendre en compte les activités bénévoles des retraités et permettre aux jeunes de travailler « pour réaliser leurs grandes et nobles aspirations ».

    Quelques aphorismes

    « Bâtir un avenir de liberté demande l’amour du bien commun et la coopération dans un esprit de subsidiarité et de solidarité ».

     « Toute activité politique doit servir et promouvoir le bien de la personne humaine et être fondée sur le respect de sa dignité ».

    « Il est difficile de juger le passé avec les critères du présent ».

     « Bâtir une nation nous demande de reconnaître que nous devons constamment nous mettre en relation avec les autres, en rejetant l’esprit d’hostilité en vue d’adopter un esprit de subsidiarité réciproque ».

     « Un bon dirigeant politique est quelqu’un qui, ayant à l’esprit les intérêts de tous, saisit le moment dans un esprit d’ouverture et de pragmatisme ».

    « Un bon dirigeant politique choisit toujours d’initier des processus plutôt que d’occuper des espaces ».

    Et pour terminer, ce passage qui figurait dans le texte écrit mais que le pape n’a pas prononcé dans son intégralité : « Si la politique doit vraiment être au service de la personne humaine, il en découle qu’elle ne peut pas être asservie à l’économie et aux finances. La politique est, en effet, une expression de notre impérieux besoin de vivre unis, en vue de bâtir comme un tout le plus grand bien commun : celui de la communauté qui sacrifie les intérêts particuliers afin de partager, dans la justice et dans la paix, ses biens, ses intérêts, sa vie sociale ». 

  • Ballade des envahisseurs heureux

     

    Par Academos 

     

    cover_je_pense.jpgEn son temps, dans les années quatre-vingt, Gérard Lenormand avait fait le bonheur des radios avec son tube « La ballade des gens heureux » : mise au goût du jour, si l'on écoute BFMTV, c'est bien "des envahisseurs" qu'il faudrait chanter maintenant. « Ils sont heureux comme tout ! » dit, sans rire, au journal de 14h30 de jeudi 10, le journaleux de BFM, bobo évidemment, et participant lui aussi à cette déferlante de l'intox et du bourrage de crâne qui accompagne l'invasion (en chantant !) de l'Europe par des masses venues d'ailleurs : on commence par nous dire Syrie et Irak, bien sûr, mais on lâche aussi Somalie, Erythrée, Afghanistan, Kosovo, Tchétchénie... Toutes ces masses venant avec leur(s) propre(s) fondamentaux, dont on verra très vite qu'ils s'opposent radicalement à ceux de notre vieille Europe blanche, de culture et tradition gréco-latine et de religion judéo-chrétienne. Mais rien n'y fait, les moutons ont invité les loups à souper, et les journaleux trouvent çà très bien. Ce n'est que plus tard qu'ils déchanteront, comme les moutons.

    Seuls quelques uns restent lucides, comme ce premier ministre slovaque entendu hier soir au JT de France 2, expliquant qu'il ne « prendrait » au mieux que 200 étrangers, et qu'il les voulait chrétiens, car, disait-il, il n'y a pas de mosquées en Slovaquie. Et il ne souhaite pas en construire parce que, dit-il, nos valeurs ne sont pas les mêmes. Faisant preuve d'un grand bon sens et d'une même lucidité, il a ajouté pour le journaliste médusé que, eux (les envahisseurs), le savaient très bien. L'on ne pouvait que se souvenir à ce moment-là de ceux qui criaient Allah Akbar ! sur les quais de la gare de Budapest...

    « Entre-ici, Jean Moulin...» a dit Malraux, dans un discours célèbre. « Entrez-ici, les Merah, Kouachi, Koulibali, sid Ahmed Ghlam et autres Yassine Salhi...» répond aujourd'hui la sainte alliance des gens de finance qui veulent se payer des esclaves à bas prix et des révolutionnaires qui veulent diluer la France et l'Europe dans n'importe quoi, pourvu qu'elles ne soient plus ni blanches, ni gréco-latines, ni judéo-chrétiennes. Car, comme Hitler avec son Mein Kampf avait prévenu, en disant tout ce qu'il comptait faire, Daech aussi nous a prévenus qu'il utiliserait l'arme démographique en nous envoyant des masses humaines pour nous déstabiliser : combien de terroristes, statistiquement, là-dedans ? Largement assez pour faire sauter plusieurs trains, avions et bateaux; ou plusieurs rames de métro bondées, et tout ce que l'on peut imaginer que des cerveaux fanatisé pourront inventer.

    En attendant, on ne cesse, en France de trouver et d'aménager à grands frais des lieux d'accueil pour ces envahisseurs.

    C'est fou : il y a chaque année des dizaines de Français qui meurent de froid dans les rues, en hiver, et, à eux, on ne propose pas grand chose. On dira : mais ils refusent les hébergements d'urgence ! Oui, si c'est pour se faire frapper, voler voire pire encore. Mais ils accepteraient volontiers ces chambres et appartements que l'on donne aux envahisseurs...

    Pareils pour les trois millions cinq de mal-logés recensés par la Fondation Abbé Pierre et les huit millions six de pauvres : pourquoi ne leur a-t-on pas proposé ces lieux que l'on offre maintenant à ces gens venus d'ailleurs ?

    Oui, c'est fou : dans le moindre petit trou perdu de la France profonde, dans le plus petit Trifouillis-les-Oies du plus reculé du plus lointain canton de notre beau pays, on voit surgir des dizaines de gymnases abandonnés, bases de loisirs inutilisées, casernes abandonnées, locaux municipaux inoccupés... que l'on s'empresse d'aménager, non pas pour les Français pauvres, mal-logés ou qui meurent dans la rue, mais pour les Syriens, Irakiens, Somaliens, Erythréens et autres Afghans, Kosovars, Tchétchènes, j'en passe et des meilleures...

    C'est, si l'on me passe l'expression, tout simplement dégueulasse. Ce Système et ses journaleux est dégueulasse, et doit être montré du doigt comme tel... 

     

  • André Bercoff • Hollande, Le Foll : impuissance de l'action et misère de la parole

    Stéphane Le Foll parle. Il a le verbe et la dégaine d'un marchand de cravates sur la voie publique. Mais il parle ...

     

    Quand le bon sens, le style, la verve et la truculence, le franc parler se combinent cela donne un billet d'André Bercoff et quand il décide de peindre et moquer les mœurs des hommes du Système, cela fait mouche. 

    photo.jpgFace à la déferlante des barrages et des jets de fumier, du ras-le-bol de producteurs exaspérés engraissant des intermédiaires gavés, face à la colère qui monte et à un pouvoir débordé qui multiplie les mesures d'urgence pour améliorer une situation qu'il connaissait pourtant de longue date, il convient d'adopter le point de vue de Candide. Il faut, certes, cultiver son jardin, mais que faire quand celui-ci ne permet même pas à ses propriétaires de survivre en milieu rural ? On ne peut même plus en rester à la formule: « Puisque ces mystères nous dépassent, feignons de les organiser » ; parce que, même là, on ne peut plus faire semblant.

    En ce domaine comme en tant d'autres, les gouvernants, qu'ils soient de droite ou de gauche, ont trop souvent pratiqué le métier qu'ils connaissent le mieux: celui du jeu de bonneteau. Ni vu ni connu je t'embrouille. La poussière sous le tapis. Refilons la patate chaude aux successeurs et après moi le déluge. Immigration ? Insécurité ? Chômage ? Dette ? Fonction publique ? Agriculture ? Tant que la rue n'a pas bougé, la question ne sera posée que pour mieux l'enterrer. Circulez, il n'y a rien à voir: nous savons mieux que vous ce qui est bon pour vous et l'allons marteler sur toutes les caisses de résonance qui nous sont aussi vassales qu'obéissantes.

    Cet enfumage généralisé, considéré longtemps comme un des beaux-arts de la gouvernance, masque la dure réalité de l'effritement du pouvoir. Tout se passe en effet comme si les politiques, cernés par l'étroitesse croissante de leur marge de de manœuvre, assiégés vingt-quatre heures sur vingt-quatre par la Toile et les réseaux d'infos, sommés de s'expliquer dans l'écume de l'immédiateté, sont devenus les commentateurs bavards de leur propre inaction. Ils vont, de l'aube au crépuscule, salivant devant micros et caméras, donnant leur avis sur tout, et n'oubliant jamais de souligner que si, dans telle ou telle partie de l'Europe et du monde, une crise est résolue, c'est bien grâce à eux. S'il s'agit d'un échec, c'est bien sûr à cause des autres.

    D'où la crise de plus en plus aigüe des chansonniers et autres Guignols, remplacés avantageusement par ceux qu'ils brocardent. Quand le Roi devient bouffon, il ne reste à celui-ci qu'à s'inscrire à Pôle Emploi. Etrange et burlesque paysage où ceux qui sont censés faire le job, passent les trois-quarts de leur temps à l'expliquer plus ou moins heureusement.

    La solution ? Tout le monde la connaît : que ceux qui nous représentent travaillent en silence et ne s'expriment que quand l'action est accomplie. Que les journalistes n'oublient jamais leur esprit critique, et que passer son temps à essayer de faire prendre des vessies pour des lanternes et mettre entre parenthèses d'évidentes bombes à retardement, n'empêcheront jamais les explosions d'aujourd'hui et de demain. 

    André Bercoff 

    Dernier ouvrage paru : Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi  octobre 2014 chez First.

     

  • Actualiser la programmation militaire, par Mathieu Épinay

     

    Une remarquable note au contenu technique pour ceux qui suivent les questions de Défense. Elle a aussi le mérite - dans son premier paragraphe - de signaler et rappeler les régions où la dangerosité multiforme du monde - jamais disparue - s'est accrue. Elle nous impose de maintenir, moderniser, renforcer l'ensemble de nos forces armées, qu'il s'agisse d'assurer la sécurité intérieure du territoire, notre capacité d'intervention extérieure, comme notre force de frappe nucléaire. Aucun des risques auxquels nos armées sont destinées à faire face n'est aujourd'hui écarté - même si l'urgence de notre sécurité intérieure apparaît aujourd'hui avec le plus d'évidence. LFAR  

     

    Surchauffe sur terre, sur mer, dans le ciel, au Mali et en Irak, du détroit de Bab el Mandeb au canal du Mozambique ou au golfe de Guinée, au dessus des pays Baltes, aux portes de l’Ukraine ou de la Syrie, au large de la Libye et de Lampedusa et jusqu’au cœur de Paris : nos forces entrent dans une nouvelle période de forte activité.

    Les succès à l’export de notre industrie de défense ajoutent une pression supplémentaire: nos militaires sont évidemment sollicités, c’est la règle, pour la formation des clients sur les Rafale, frégates, systèmes terrestres vendus aux Egyptiens, Qataris, Saoudiens ou Libanais…

    Cette situation n’est probablement pas étrangère à la prise de conscience du gouvernement qui, pour financer notre défense, renonce aux chimères des « société de projet » (montage financier confinant à la cavalerie) et aux hypothèques des ventes d’immeubles ou de fréquence hertziennes pour des crédits budgétaires en bonne et due forme.

    Après 2 ans d’exécution de la loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019, il prépare donc un projet d’actualisation qui octroie pour les 4 ans restants 3,8 milliards supplémentaires, ce qui n’est pas mince pour un budget annuel de 31 milliards. Par ailleurs la moindre progression des indices économiques permet à l’inspection générale des finances et au contrôle général des armées, dans une étude conjointe, d’identifier 1 autre milliard sur la renégociation des coûts d’équipements. Total 4,8 milliards.

    Le projet de loi en affecte 2,8 à la masse salariale pour maintenir 18500 postes qu’il était naguère prévu de supprimer: 11000 seront rendus à l’armée de terre; elle peut ainsi poursuivre une mission de « gardiennage des lieux de cultes » qui fait débat : le premier ministre a demandé une étude sur l’opportunité de cet emploi en supplétif des forces de sécurité. 2500 autres postes seront rendus ailleurs. Quant aux 5000 restants, ça tombe bien, on n’avait pas encore réussi à les identifier.

    2 milliards seront affectés à l’équipement. L’armée de terre gagne ainsi 7 hélicoptères Tigre et 6 hélicoptères de transport NH 90 pour renforcer un parc très sollicité par les sables du désert et les élongations d’un théâtre africain plus vaste que l’Europe. L’armée de l’air devrait étoffer sa flotte de 14 transport tactiques américains Hercule: Il s’agit de palier les retards et déboires de l’Airbus militaire A400: ses performances exceptionnelles génèrent des turbulences de sillage exceptionnelles …qui interdisent le ravitaillement en vol des hélicoptères alors que cela faciliterait bien les opérations africaines. Des C130 Hercule, plus légers, achetés d’occasion avec des nacelles de ravitaillement en vol feront donc le travail.

    Les prochaines livraisons de Rafale iront à l’exportation, conformément aux espérances, l’armée de l’air n’en prendra que 26 sur les 66 prévus par l’industriel sur la LPM. En 2018 ils viendront armer le deuxième escadron des forces stratégiques à Istres, remplaçant ainsi les derniers Mirage 2000N. 

     - Politique magazine

  • Inquiétante fin de règne en Algérie

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que la stabilité de l’Algérie est d’autant plus précaire qu’elle tient à un mort en sursis, M. Bouteflika, quasi octogénaire dans son fauteuil roulant et déjà victime de quelques attaques cérébrales. On peut bien sûr penser que le régime se survivra une fois de plus dans un nouvel équilibre entre l’armée et l’ex-parti unique d’un côté, les islamistes de l’autre - à ceux-ci l’emprise sur la société, à ceux-là la réalité du pouvoir. Mais pour combien de temps ? 

    Outre que rien n’est certain, il semble avéré qu’une lutte féroce est en cours. Certains voient un signe dans le récent limogeage du général Médiène, dit Toufik, lequel, à la tête du Département du renseignement et de la sécurité, a toujours été, pendant un quart de siècle, l’ennemi irréductible des islamistes. C’est l’avis de M. Pons dont L.F.A.R. du 22-XII-2015 a reproduit l’article intitulé « Bouteflika veut livrer l’Algérie aux islamistes ». D’autres analysent plutôt l’éviction de Toufik comme une preuve de la mainmise de fait sur le pouvoir de M. Saïd Bouteflika, frère de l’actuel président. Mais les velléités dynastiques de Saïd (le terme de « régence » a même été employé à son propos), en l’opposant à l’armée, en font un allié objectif des islamistes…  

    Il faut aussi prendre en compte l’existence d’une caste de profiteurs du système, lesquels, même s’ils ne constituent pas stricto sensu une oligarchie pourraient le devenir puisqu’ils visent à rien de moins qu’à une appropriation des richesses du pays par un petit groupe d'hommes d’affaires. Là où cela se complique, c’est que « le programme économique des islamistes est assez compatible avec l'idée que se font les oligarques de la gestion de l’Etat » (M. Boucetta, L’expression*). 

    Si les islamistes semblent donc en position de force pour la suite, on ne peut exclure un autre scénario, celui du chaos et de la guerre civile, d’autant que la population algérienne est la première victime de la cure d’austérité qu’impose l’effondrement des cours du pétrole et la persistance d’un prix très bas. L’explosion des déficits qui en est résultée rend de plus en plus difficile, si ce n’est impossible, d’acheter la paix sociale en puisant dans les milliards de l’or noir. 

    Dans tous les cas de figure, il faut s’attendre à des jours mauvais, avec risque de contagion non négligeable, d’abord vers la Tunisie, qui reste le maillon faible de l’ancienne A.F.N. et, n’en doutons pas, exportation vers la France à travers les Algériens, bi-nationaux ou pas. Le roi Hassan II aimait à souligner qu’on n’échappe pas à la Géographie. Rappelons donc que Marseille est à 750 km d’Alger. Rappelons surtout qu’on évalue à plusieurs millions (parfois jusqu’à cinq ou six selon les études citées par Réflexion*) les personnes d’origine algérienne en France. 

    Si l’on en juge par le laxisme récurrent des autorités françaises face aux manifestations « algériennes », à preuve les drapeaux déployés, sur la voie publique (voies de circulation bloquées à l’occasion de mariages; manifestations et saccage du centre-ville de Marseille à l’occasion de matches de foot-ball, etc.) il est impossible que nous soyons épargnés par des troubles graves qui secoueraient l’Algérie. Quant à notre diplomatie, elle semble inexistante, en tout cas apparemment incapable d’agir ès qualités, c’est-à-dire de manoeuvrer, en Algérie même pour déterminer une politique enfin favorable aux deux pays. 

    Les perspectives sont donc très inquiétantes. Euphémisme ?  

    * Quotidien algérien

     

  • TV : Asko et la police au Front

     

    par Nicolas Julhiet

    Claude Askolovitch a proposé une bien étrange chronique, samedi 9 janvier, sur I-Télé – chaîne pour laquelle il officie en tant qu’éditorialiste le week-end. Intitulée Quand les défenseurs de la République votent FN, son billet d’humeur est un commentaire d’une récente étude du Cevipof, le centre de recherches politiques de Sciences Po : « L’enquête électorale française ».

    Asko, comme il est surnommé, démarre sa chronique avec la voix calme qu’on lui connaît. Ce qui ne l’empêche pas d’instaurer un climat d’insécurité émotionnelle dès les premiers mots, avec une introduction tétanisante : « Une information qui devrait faire la une des journaux depuis plusieurs semaines ». Piqué par la curiosité que suscite une telle formule, alors que des événements tragiques se déroulent chaque jour – Cop21, affaire Benzema, Stallone aux Golden globes -, le téléspectateur reste figé, presque inquiet. La goutte de sueur perle le long du visage, la main tremble sur la télécommande, la jambe est saisie de spasmes involontaires : la tension est maximale.

    Conscient de l’effet d’anxiété dans lequel plonge ceux qui l’écoutent devant leur téléviseur, Asko maintient un suspens presque hitchcockien : « Ce que révèle cette étude est absolument une catastrophe, c’est beaucoup trop gênant pour tous les partis de pouvoir et sans doute, aussi, pour le système médiatique pour qu’on en tire toutes les conclusions ». Effet garanti. Nul doute que, chez certains, la nervosité a atteint le seuil de tolérance : « Mais il va lâcher le morceau, bon sang ! ».

    C’est à ce moment précis qu’Asko révèle l’information capitale de ces dernières semaines : « Le Front national est un parti républicain, le plus républicain des partis puisque ceux qui défendent la République et qui payent parfois de leur vie, votent pour le Front national. » Stupeur générale face au syllogisme. Ô temps suspends ton vol ! De fait, on n’entend même plus le « tic » des aiguilles des horloges. L’éditorialiste, qui mesure parfaitement ses effets, porte alors l’estocade : « 51,5 % des militaires et policiers ont annoncé voter pour les listes de Marine Le Pen aux régionales. Quand on sort les retraités de l’échantillon, cela donne sept policiers sur dix. » Rendez-vous compte, les forces de l’ordre donnent leur faveur à un parti qui prône l’ordre et la sécurité. Mais dans quel monde vit-on ?

    Pour que les gens comprennent bien de quoi il en retourne, Asko explicite. Par exemple, lorsqu’un individu entre dans un commissariat de quartier, la plupart des fonctionnaires de police à qui il a affaire sont des électeurs de l’extrême-droite. Ainsi, le gardien de la paix enregistrant le dépôt de plainte du quidam est probablement un électeur du Front national…

    Cette étude est publiée au moment même où le pouvoir socialiste n’a de cesse de saluer le travail de la police et de l’armée, en première ligne contre le terrorisme. Un fait qui pousse l’éditorialiste a anticipé les conséquences futures : «[cette] situation politique est insupportable pour tous les détenteurs du pouvoir. Pourquoi ? Parce qu’ils ne peuvent rien faire contre cela ». Hollande et Valls peuvent visiter tous les commissariats de France, la dynamique électorale se maintiendrait, chez les forces de l’ordre, en faveur du FN.

    En conclusion, Asko prévient : si Marine Le Pen remporte la présidentielle, en 2017, il n’y aura pas de révolution dans l’administration, l’Etat suivrait. « Elle peut donc prendre le pouvoir demain, il ne se passera rien ». Prédire le pire pour l’éviter ?