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Rechercher : Rémi Hugues. histoire

  • Histoire & Actualité • Aux armes, citoyens dentistes ! C’était écrit ...

     

    par Jérôme Leroy

    Si la réalité dépasse parfois la fiction, c'est que la fiction précède souvent la réalité. La littérature prévoit l'avenir. Cette chronique le prouve. Avec le talent, la plume, l'humour, l'érudition, la sagacité alerte de Jérôme Leroy. [Causeur, 11.11] Si la « littérature prévoit l'avenir », il arrive parfois - pour le meilleur ou pour le pire - qu'elle contribue à le former. Ainsi s'il advenait qu'un nouveau patriotisme « devienne dangereusement révolutionnaire ». S'il venait à l'idée de « la Garde nationale voulue par Hollande » de le chasser de Paris « et qu’il soit obligé de se réfugier à Versailles pour les derniers mois de son mandat. » Comme au temps de la Commune de Paris ... Et même, imaginons qu'il vienne à l'idée de ladite Garde Nationale, avec quelques autres, voire beaucoup d'autres, de retourner ses nouvelles armes contre les hommes du Système ? Contre le Système lui-même ? La littérature permet de rêver. Parfois, aussi, de faire l'Histoire. Ainsi, pour en finir avec les guerres des partis religieux, le Parti des Politiques, avait-il demandé en 1594 « un Roi qui donnera ordre à tout ». Ils l'exprimèrent dans la Satire Ménippée et ce fut le règne réparateur d'Henri IV.   Lafautearousseau     

     

    4141331940.jpg« La Garde nationale de Buchy était venue s’adjoindre au corps des pompiers, dont Binet était le capitaine. Il portait ce jour-là un col encore plus haut que de coutume, et, sanglé dans sa tunique, il avait le buste si roide et immobile que toute la partie vitale de sa personne semblait être descendue dans ses deux jambes, qui se levaient en cadence, à pas marqués, d’un seul mouvement. » Aurait-on déjà favorablement répondu dans nos cantons à la création de la Garde nationale qui « concourt, le cas échéant par la force des armes, à la défense de la patrie et à la sécurité de la population et du territoire » annoncée au Journal officiel du 14 octobre 2016 ? Non, puisqu’il s’agit ici d’une scène de Madame Bovary.

    L’appellation « Garde nationale » a en effet un genre très XIXe. On la croise chez un Balzac réfractaire à l’uniforme, arrêté à son domicile en 1836 par un « ignare dentiste » qui cumule son « affreuse profession » et « la fonction atroce de sergent major ». Balzac aurait pu avoir honte, surtout s’il avait pris connaissance de l’enthousiasme civique et connecté de Razzy Hammadi, député de Seine-Saint-Denis : « J’ai candidaté via mon smartphone. J’attends une réponse de la part de la réserve pour savoir où mon profil pourrait être utile. Tous les citoyens et citoyennes sont appelés à se mobiliser. » Flaubert, en revanche, est aussi bon patriote qu’Hammadi : il est prêt à rejoindre la Garde nationale après le désastre de 1870 comme il l’écrit à sa nièce Caroline : « Si le siège de Paris a lieu, je suis très résolu à ficher mon camp avec un fusil sur le dos. »

    gn-pleinevie.fr_.jpgCette idée-là me donne presque de la gaieté. À vrai dire, il n’en fera rien, à la différence de Jules Vallès qui, quelques mois plus tard, rejoint la Garde nationale parisienne qui avait pris fait et cause pour la Commune comme il l’écrit dans Le Cri du peuple : « Gardes nationaux de Paris, le monde vous regarde, et nous qui aimons la patrie et la République, nous vous acclamons ! Votre drapeau est vraiment aujourd’hui le clocher de la ville en deuil, autour duquel tous doivent se presser, sans regarder s’il y a au bout un lambeau de toile bleue ou un bonnet rouge. » La Garde nationale qui existait depuis la Révolution sera dissoute en 1871 suite à cet événement. C’est qu’il arrive parfois que le patriotisme devienne dangereusement révolutionnaire. Et il ne manquerait plus que la Garde nationale voulue par Hollande le chasse de Paris et qu’il soit obligé de se réfugier à Versailles pour les derniers mois de son mandat. 

    Jérôme Leroy
    Ecrivain et rédacteur en chef culture de Causeur

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    LA SATIRE MENIPPEE : O Paris, qui n'es plus Paris !

  • Religion & Histoire • Camille Pascal et le roman vrai des racines chrétiennes de la France

    Le Collège des Bernardins, une merveille architecturale du 13e siècle au cœur du Quartier latin 

     

    Par Jean Sévillia 

    Une fort Intéressante recension reprise du Figaro magazine du 11 novembre, à propos d'un auteur attaché à ce que fut l'identité heureuse de la France.  LFAR

     

    2542409545.jpgLe premier choc de ce livre vient de son titre, Ainsi, Dieu choisit la France, autant que de son sous-titre qui se détache sur un bandeau rouge : La véritable histoire de la fille aînée de l'Eglise. Dieu, la France, la fille aînée de l'Eglise, voilà des mots rarement associés au sein des cercles dirigeants auxquels appartient l'auteur. Conseiller d'Etat depuis 2012, Camille Pascal a été collaborateur de plusieurs ministres, directeur de cabinet de Dominique Baudis au CSA, secrétaire général du groupe France Télévisions et enfin, de 2011 à 2012, conseiller du président de la République, Nicolas Sarkozy, pour qui il a préparé maints discours : une tranche de vie qu'il a racontée dans Scènes de la vie quotidienne à l'Elysée (Pion, 2012).

    D'où vient-il, ce fameux titre ? D'une lettre écrite par le pape Grégoire IX, en 1239, au roi Saint Louis : « Ainsi, Dieu choisit la France de préférence à toutes les autres nations de la terre pour la protection de la foi catholique et pour la défense de la liberté religieuse. Pour ce motif le royaume de France est le royaume de Dieu ; les ennemis de la France sont les ennemis du Christ. » On savait Camille Pascal catholique, mais on ne s'attendait pas à lire sous sa plume une évocation des grandes heures de la France chrétienne, et surtout pas dans le ton du catholicisme d'autrefois. Il s'en explique dans une savoureuse introduction dans laquelle il rappelle que, naguère, même l'école de la République donnait leur place aux figures de la France catholique en les laïcisant (en louant par exemple saint Vincent de Paul, le défenseur des pauvres, sans insister sur ce que son oeuvre devait à sa foi). Camille Pascal assure encore que la vocation universaliste du pays des droits de l'homme était la version profane de « la mission divine de la France ». Or de nos jours, déplore-t-il, il est devenu « presque inconvenant » de convoquer dans un cadre scolaire le souvenir de Clovis, des Croisades ou de Jeanne d'Arc. Aussi souhaite-t-il non seulement faire redécouvrir un passé qui n'est plus transmis, mais encore, lui, l'agrégé d'histoire qui a enseigné à la Sorbonne et à l'EHESS, réagir contre les milieux universitaires qu'il a côtoyés. « C'est en réaction à un demi-siècle de domination structuraliste, précise l'auteur, à ce qui m'a été enseigné pendant des années dans des sommes assommantes, lues comme autant de bibles sur les bancs de la Sorbonne, que j'ai voulu écrire ce livre. » Dans cet ouvrage, Camille Pascal, doublement provocateur, recourt en effet au récit à l'ancienne, ne méprisant pas ce qu'il nomme « les joies simples des livres d'images et de l'histoire subjective » et, exaltant les héros et les saints, s'inscrit sans complexe dans la tradition désormais vilipendée du roman national.

    Voici donc, dans un récit haut en couleur, le baptême de Clovis, le couronnement de Charlemagne, le rachat de la couronne d'épines par Saint Louis, l'affrontement entre Philippe le Bel et le pape Boniface VIII, la chevauchée victorieuse de la Pucelle d'Orléans, le fossé de sang entre catholiques et huguenots creusé par la nuit de la Saint-Barthélemy, le voeu de Louis XIII, le Concordat entre Pie VII et Bonaparte, la bataille de la loi de séparation des Eglises et l'Etat. Dans chacun de ces chapitres, menés avec brio, s'écrit une page de la longue relation de la France avec le christianisme.

    7771386819_camille-pascal-ici-a-paris-le-15-octobre-2012-a-ete-mis-en-examen-pour-favoritisme-dans-le-cadre-d-une-enquete-sur-france-tel.jpg« Ce livre est là, souligne Camille Pascal, pour rappeler que la foi en Dieu a été, pendant près de quinze siècles, le vrai moteur et la seule justification de ceux qui gouvernaient en France. » L'auteur l'analyse comme une donnée historique devant être acceptée par les non-croyants. Son ouvrage est-il pour autant un pur livre d'histoire ? Pas complètement en ce sens qu'il se joue çà et là des preuves et des sources afin de conforter la cohérence de son propos. A vrai dire, sans l'avouer, ce livre est aussi un livre d'actualité. En scrutant notre passé chrétien, en s'interrogeant sur le « destin particulier de la France », Camille Pascal, qui rappelle qu'après la Grande Guerre, « la République reste laïque, la France catholique », pose la question de savoir si l'homme peut se passer de transcendance, et si une société peut tenir ensemble sans une foi commune qui la dépasse. Au sens noble du terme, c'est une question éminemment politique. 

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    Ainsi, Dieu choisit la France, de Camille Pascal, Presses de la Renaissance, 350 p., 18 €. « Ce livre est aussi un livre d'actualité. »

  • Quand la démographie est aussi politique : le cas de la France dans l'histoire

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

    1345578492.2.jpgLa démographie est aussi politique, et l'histoire même de notre pays le démontre à l'envi : je m'en suis rendu compte il y a quelques années déjà lorsque je travaillais un cours de Seconde qui évoquait la transition démographique en Europe. En effet, le cas français est, comme souvent, plutôt original et l'explication en est éminemment politique... 

    La France est effectivement le premier pays à entamer sa transition démographique sur le continent européen : comme d'autres, pourtant, elle a connu le radoucissement climatique après les sinistres premières années du XVIIIe siècle qui étaient aussi les dernières du règne de Louis XIV, ce roi-soleil d'un royaume qui en manqua parfois... Elle a aussi connu les progrès médicaux, l'amélioration des techniques agricoles, etc. Mais il y avait plus encore : la France était une Monarchie absolue, et son administration passait pour l'une des plus complexes en Europe, difficile équilibre entre autorité de l'Etat central et libertés des provinces et des corporations. 

    Entre 1700 et 1789, et malgré le creux démographique consécutif aux années 1708-1709, la population du royaume passa de 20 millions environ à presque 28 millions, soit une augmentation d'environ 40 % en trois générations, ce qui peut constituer, pour l'époque, une véritable explosion démographique. Ne parlait-on pas, à la veille de la Révolution, de « Chine de l'Europe » quand on évoquait la France ? Au même moment, le reste de l'Europe entame une transition que la France, déjà, aborde en sa deuxième phase. 

    Les raisons de cette précocité sont connues : d'abord, le territoire de la France n'est plus envahi de façon pérenne de 1636 à 1792, et c'est la Révolution qui va clore cette « parenthèse enchantée », parenthèse dont nous n'avons jamais plus, depuis le XVIIIe siècle, connu la même heureuse longueur... Ensuite, les voies de France sont plutôt sûres et, bien entretenues par l'impopulaire corvée royale, permettent une meilleure circulation des grains et des vivres quand la nécessité oblige à une plus grande célérité de celle-ci. Tout cela, qu'on le veuille ou non, est la conséquence de la nature de l'Etat royal français qui ne théorise pas forcément sa politique mais se doit d'être le protecteur de la population du royaume, celle-ci étant à la fois un élément important de sa puissance et de son prestige : « il n'est de richesse que d'hommes », reconnaît le légiste Jean Bodin, et l'on est bien loin du cynisme tout républicain et égalitaire du général Bonaparte devenu empereur Napoléon qui, au soir d'une bataille particulièrement sanglante, s'exclamait « Une nuit de Paris réparera cela ! »... 

    La Révolution française et l'Empire ne seront pas, effectivement, économes du sang des hommes, entre les massacres multiples sur des terres qui n'avaient pourtant plus connu la guerre depuis parfois la fin du XVe siècle et les guerres napoléoniennes qui demandaient encore et toujours plus de « matériau humain » : les morts brutales de l'époque dépassent largement le million d'âmes (certains évoquent le double), et accélèrent la deuxième phase de la transition démographique, au risque d'affaiblir le pays face aux puissances montantes de l'Europe, en particulier cette Allemagne qui n'est pas encore une mais le deviendra, en janvier 1871, sur le dos d'une France éreintée et démographiquement épuisée. 

    Il faudra attendre les premières mesures d'une politique familiale digne de ce nom, dès la fin des années trente (poursuivie par Vichy et les deux Républiques qui lui succéderont, avec des fortunes parfois diverses), pour que la France retrouve une santé démographique que la Révolution avait au mieux ébranlée, au pire durablement déstabilisée, ne serait-ce que par ses principes égalitaristes et individualistes, peu favorables au maintien d'une natalité équilibrée : les tristes événements des années quarante accéléreront, comme une réponse au malheur, le renouveau démographique qui suivra la guerre. « Mort, où est ta victoire ? », auraient pu triompher les mères de l'après-guerre ! 

    La récente baisse de la fécondité française, qui semble s'être accélérée cette année, prouve que, si la politique n'explique pas tout en démographie (ce qui est d'ailleurs fort heureux !), elle est un facteur non négligeable et sans doute déterminant dans ses évolutions : la remise en cause de certains principes anciens de la politique familiale française par les deux derniers quinquennats (M. Fillon ayant amorcé, timidement mais sûrement, un travail de sape que les gouvernements suivants ont malheureusement poursuivi et amplifié, par démagogie et radinerie) a eu des effets désastreux alors même que la France se signalait jusque là, depuis les années 2000, par une bonne santé démographique qui pouvait alléger d'autant la charge des retraites et des frais de la fin de vie... 

    Ainsi, les bonnes intuitions de la République du XXe siècle (car elle en eût quelques unes, malgré tout), ou les leçons tirées des siècles passés et de l'étude sérieuse des mécanismes démographiques, n'ont pas résisté à cette inconstance qui, essentiellement, définit la République des quinquennats. On peut le regretter, mais ce n'est pas, disons-le, suffisant ! 

    Inscrire une politique familiale dans la longue durée impose, désormais et aujourd'hui peut-être plus encore qu'hier, un Etat qui, lui-même, s'enracine dans le temps long, non d'une seule, mais de dix, de vingt générations... Un Etat qui, lui-même, s'inspire de la nature familiale, de cette suite que l'on nomme lignée ou dynastie : il n'en est qu'un, qui a marqué notre histoire et notre territoire sur tant de siècles, et il est royal... 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Hollande et l’Histoire : encore un rendez-vous manqué

     

    Le point de vue de Dominique Jamet

    Pour qui a suivi la conférence de presse de François Hollande, comment ne pas partager le constat lucide de Dominique Jamet ? Et son pessimisme sur la qualité des dirigeants occidentaux ? Bien-sûr, nous savons ici qu'à la médiocrité des hommes s'ajoute la faiblesse des Institutions politiques et conséquemment des Etats. Et que ces deux inconvénients sont dans un rapport dialectique, multiplicateur de nos échecs et de nos déclins.  LFAR 

     

    3312863504.jpgOn allait voir ce que l’on allait voir. La conférence de presse de François Hollande – la sixième de son premier quinquennat – allait marquer le grand tournant, le grand virage, que dis-je, le spectaculaire tête-à-queue de la désastreuse politique menée depuis quatre ans par la France dans le drame syrien. Après avoir soutenu par principe la rébellion des démocrates contre la dictature héréditaire de la famille el-Assad, jusqu’à nier au-delà du raisonnable l’échec cuisant de l’Armée syrienne libre et l’inanité du rêve d’un printemps arabe, après avoir dans un deuxième temps renvoyé dos à dos le régime et ses adversaires djihadistes – Laurent Fabius ne déclarait-il pas il y a quelques jours encore que Bachar et Daech étaient les deux faces de la même médaille ? -, le Président, ayant enfin pris connaissance du dossier et conscience des réalités, avait mesuré l’étendue de son erreur et compris que tenir la balance égale entre les deux camps revenait à assurer le triomphe de la barbarie. Il allait en tirer toutes les conséquences…

    On a vu. Le chef de l’État et des armées, toutes réflexions faites, tout bien pesé, et compte tenu de l’urgence, a résolu de laisser encore un peu de temps au temps. En vertu de l’indécision qu’il a prise, l’aviation française étendra prochainement son inaction à l’espace aérien de la Syrie, où elle procédera à des vols de reconnaissance, qui permettront de recueillir des renseignements, lesquels pourraient servir de base à des frappes aérienne ciblées contre Daech, étant bien entendu que celles-ci seront modulées de telle sorte qu’elles ne concourront en rien à maintenir ou à consolider la position des forces gouvernementales syriennes.

    François Hollande persiste donc dans l’erreur. Les piqûres de moustique dont il brandit la menace ne traverseront pas le cuir de l’éléphant islamiste. Il est clair que la France, réduite à ses seules forces, n’est pas à même de réduire le monstre qu’elle a laissé grandir. Mais comment le président de la République ose-t-il dire qu’il serait « inconséquent et irréaliste » d’envoyer des troupes au sol quand tous les spécialistes, les experts et le bon sens s’accordent pour estimer que c’est notre seule chance d’en venir à bout ? Qui, dans cette affaire, est inconséquent et irresponsable ? Il n’y a pas le feu ? Mais si, justement, il y a le feu.

    M. Hollande n’a pas saisi l’occasion qu’il s’était lui-même donnée de lancer un appel solennel aux soixante pays nominalement engagés dans la coalition contre l’État islamique, en commençant par les États-Unis qui, après être intervenus à trois reprises quand ils auraient dû s’en abstenir, s’abstiennent aujourd’hui alors qu’ils devraient intervenir. Il ne les a pas mis devant leur responsabilité. Il a manqué une fois de plus le rendez-vous d’une haute fonction avec un grand destin. Il a posé un lapin à l’Histoire.

    Celle des mois et peut-être des années à venir est donc d’ores et déjà tracée. Tant que l’Allemagne, qui en a la capacité, continuera d’accueillir des centaines de milliers de migrateurs et imposera à la France, qui n’en a pas les moyens, d’en prendre sa part, le tsunami démographique dont les vagues se succèdent sur nos rivages se poursuivra et s’amplifiera. Des hommes, des femmes et des enfants fuiront leur terre natale dans l’espoir d’échapper à la misère, à la terreur et à la mort. Des enfants, des femmes et des hommes périront noyés, égorgés, décapités, sous la hache, sous les balles, sous les bombes. La Méditerranée restera un cimetière et le Moyen-Orient un champ de bataille, de ruines et de morts. Le régime syrien, ultime rempart de la civilisation, quoi qu’on en pense, chancellera et finira par s’abattre sous les coups de boutoir des barbares.

    Barack Obama, François Hollande, David Cameron, autant d’hommes que leur habileté, leur ambition et le suffrage universel ont portés au sommet et qui ne sont pas à la hauteur. Comme dit la chanson : « T’es ben trop petit, mon ami ! » Dame, oui ! 

  • HISTOIRE & ACTUALITE • Vidéo : Quand Hassan II parlait de la Tunisie

     

    « La Tunisie ne sera jamais déstabilisée. Car la Tunisie est un peuple ». C’est en ces termes que feu Hassan II parlait du pays du jasmin, il y a de cela 34 ans lors d’une interview télévisée. Des paroles qui sonnent, plus vraies que jamais, en cette journée sanglante que vient de vivre ce peule ami de la France. 

    Source : Le 360

     

     

     

  • CULTURE & HISTOIRE • Le Puy du Fou preuve spectaculaire que la France est en vie

     

    Par Charles Rouvier, étudiant

    552537.jpgLa bonne nouvelle de l’été est le succès constant et toujours plus grand du Puy du Fou, et parallèlement l’appauvrissement des autres grands parcs d’attractions débilitants comme Disneyland. Phillipe de Villiers sera peut-être plus connu pour avoir créé, fait prospérer et même exporté (en Russie) l’année dernière Le Puy du Fou, que pour sa carrière politique… et c’est bien mieux. Car c’est une belle œuvre, que le Puy du Fou, un « opus bonum » qui plaît à Dieu.

    Ils doivent être bien malheureux, ceux qui nous gouvernent. Les gens ne vont plus faire des pirouettes sur des trains ni trembler dans des maisons hantées, et pourtant la mine comme la maison sont à deux pas de chez eux, près des grandes agglomérations, bien desservies par le RER. Les infrastructures sont modernes et un maximum d’amusement y est garanti pour les grands et les petits, notamment grâce aux subventions du département, de la région, de l’État, de l’Europe, peut-être même de l’ONU. Sans compter les 50 partenaires officiels, le Qatar ou les entreprises de sodas qui écoulent alors plus de sucre en un an que la Compagnie des Indes ne le le fit en trois siècles.

    Non, au lieu de cela, les gens font des heures de trajet en voiture pour s’enfoncer dans la campagne vendéenne, au milieu des chemin creux et des sous-bois. Ils vont voir un parc où l’on raconte l’histoire de ce bout de terre, qui devient vite l’histoire de leur pays, puis de leur civilisation. Ils y voient les préfets romains donnant les chrétiens à manger aux lions, les Vikings se faisant baptiser, un seigneur égayant ses gens avec un spectacle d’oiseaux et, lorsque la nuit tombe, une reconstitution grandeur nature des batailles, des grands événements et, bien sûr, des guerres de Vendée. Ils en repartent tout émus et édifiés, fiers de leurs ancêtres et d’eux-mêmes. 

    Le Puy du Fou est la preuve la plus spectaculaire (au propre comme au figuré) que la France est en vie. Pas la République avec ses drapeaux, ses guillotines, ses grèves, ses instituteurs, ses Gay Pride et plugs anaux en tous genres, mais la France, ce pays glorieux dont le roi guérissait les malades, où chaque heure qui passe est saluée par un clocher millénaire, à qui l’homme offrit le roman, à qui la terre offre le vin et le blé, à qui le ciel offrit les cathédrales. Cette France, bien qu’ensevelie sous les cendres de la propagande, de la répression, de l’argent infini de ses ennemis, brûle encore et n’attend qu’un souffle d’air sur ses braises pour briller à nouveau. Et nous, qu’attendons-nous ?   •

     

     - Boulevard Voltaire

     

  • Ce soir à Toulon : Antoine de Crémiers au Café histoire

    Le Café histoire de Toulon

    Vous invite à la causerie de

    Antoine de Crémiers

    3663252842.jpg

    Conseiller éditorial de la Nouvelle Revue Universelle , animateur du Café
    d’actualités d’Aix en Provence et collaborateur de divers journaux et revues

    sur

    Basculement de civilisation ou triomphe du libéralisme.

    Ce qu’il est convenu de baptiser « crise » n’est autre qu’un formidable basculement de civilisation dont les catholiques sont les spectateurs, rageusement impuissants, et qui les contraint à revoir leurs « logiciels » d’analyses, formatés par des siècles de Tradition et de Modernité, l’une et l’autre disparues corps et biens. La post-modernité qui leur succède se présente comme ectoplasme, protéiforme, insaisissable, qui inaugure une nouvelle cage de fer, celle du totalitarisme de la dissolution et d’un retour de la  fatalité. Est-ce irréversible ? Terrible question ! qui mérite toute notre attention…

    mercredi 27 janvier 2016 à 20 h.

    Le Grall, Pub associatif des missionnaires de la Miséricorde (adhésion 1 €)
    377 avenue de la République , 83000 Toulon
    La soirée pourra se poursuivre autour d’une pizza (Participation aux frais)
    Contact : cafehistoiredetoulon@gmail.com

    Café Histoire deToulon Programme 2016 des causeries du Grall

  • Histoire & Actualité • « Nous aurons un Roi qui donnera ordre à tout » ...

     

    Nous aurons un Roi qui donnera ordre à tout, et retiendra tous ces tyranneaux en crainte et en devoir, qui châtiera les violents, punira les réfractaires, exterminera les voleurs et pillards, retranchera les ailes aux ambitieux, fera rendre gorge à ces éponges et larrons des deniers publics, fera contenir un chacun aux limites de sa charge, et conservera tout le monde en repos et tranquillité.

    Enfin, nous voulons un Roi pour avoir la paix, mais nous ne voulons pas faire comme les grenouilles, qui, s'ennuyant de leur Roi paisible élurent la cigogne qui les dévora toutes. Nous demandons un Roi et chef naturel, non artificiel; un Roi déjà fait, et non à faire; et n'en voulons point prendre le conseil des Espagnols, nos ennemis invétérés, qui veulent être nos tuteurs par force, et nous apprendre à croire en Dieu et en la foi chrétienne, en laquelle ils ne sont baptisés, et ne la connaissent que depuis trois jours. Nous ne voulons pour conseillers et médecins ceux de Lorraine, qui de longtemps béent après notre mort. Le Roi que nous demandons est déjà fait par la nature, né au vrai parterre des fleurs de lis de France, jeton droit et verdoyant du tige de Saint Louis. Ceux qui parlent d'en faire un autre se trompent, et ne sauraient en venir à bout. On peut faire des sceptres et des couronnes, mais non pas des Rois pour les porter; on peut faire une maison, mais non pas un arbre ou un rameau vert: il faut que la nature le produise, par espace de temps, du suc et de la moelle de la terre, qui entretient le tige en sa sève et vigueur. On peut faire une jambe de bois, un bras de fer et un nez d'argent, mais non pas une tête. Aussi pouvons-nous faire des Maréchaux à la douzaine, des Pairs, des Amiraux, et des Secrétaires et Conseillers d'État, mais de Roi point ; il faut que celui seul naisse de lui-même, pour avoir vie et valeur. Le borgne Boucher, pédant des plus méchants et scélérés, vous confessera que son œil, émaillé d'or d'Espagne, ne voit rien. Aussi un Roi électif et artificiel ne nous saurait jamais voir, et serait non seulement aveugle en nos affaires, mais sourd, insensible et immobile en nos plaintes...

    En un mot, nous voulons que Monsieur le Lieutenant sache que nous reconnaissons pour notre vrai Roi légitime, naturel, et souverain seigneur, Henri de Bourbon, ci-devant Roi de Navarre. C'est lui seul, par mille bonnes raisons, que nous reconnaissons être capable de soutenir l'Etat de France et la grandeur de la réputation des Français, lui seul qui peut nous relever de notre chute qui peut remettre la Couronne en sa première splendeur et nous donner la paix.  

    Relation burlesque des États Généraux de 1593 manipulés par la Ligue et les Espagnols. Le titre évoque le philosophe cynique grec Ménippe (IIIème siècle av. J.-C.). Cette œuvre collective est surtout rédigée par le juriste Pierre Pithou. Elle défend la paix, l'indépendance nationale et l'hérédité dynastique française.

    Ce fut l'une des expressions littéraires les plus remarquables du parti des politiques. En France, après trois décennies de guerre civile, cet ouvrage connut un grand succès auprès du gouvernement et des élites. Principal auteur, P. Pithou (1594)

  • Histoire & Patrimoine • Louis-Philippe et le château d’Eu

    Le roi Louis-Philippe, la reine Victoria et le prince Albert

     

    Voici un plaisant et intéressant webdocumentaire intitulé « Un temps d’avance », réalisé par Maxime Patte et son équipe.

    Maxime Patte est professeur d’histoire-géographie à Chantilly. Sa série de documentaires est diffusée sur internet, à destination du grand public et de ses élèves.

    Le dernier numéro, que voici, disponible depuis quelques jours, est consacré à Louis-Philippe et au château d’Eu.  

     

     

    Signalons que le théâtre de la ville d’Eu présentera prochainement un autre aspect de la Monarchie de Juillet. Le Mardi 17 octobre à 20h, sera joué « Lacenaire et le Journal d’un condamné », spectacle de La Clique des Lunaisiens. Cette compagnie était déjà à l’origine de « Votez pour moi », un très bel événement, fondé sur le répertoire de chansons politiques du XIXe siècle, joué à Eu la saison dernière.

    « Lacenaire et le Journal d’un condamné » fait revivre les textes de ce singulier personnage, guillotiné en 1836. Particulièrement actif durant le règne de Louis-Philippe, Pierre-François Lacenaire fut à la fois criminel sans pitié et poète, auteur de mémoires, poésies, tragédies et chansons.

    Les réservations et renseignements sont à prendre auprès du Théâtre du Château : sur place, les mercredi et jeudi de 14 h 30 à 17 h 30 et le vendredi de 10 h à 13 h et de 14 h 30 à 17 h 30 ; par téléphone au 02 35 50 20 97 ; ou par courrier adressé au Théâtre du Château, place Isabelle d’Orléans et Bragance, 76260 EU.

    (Remerciements à Antoine Lazinier)

  • Histoire • Les 700 ans d'une « enclave pontificale »

    enclave - Copie.jpg

      

    « Habemus pontificem !»

    Par Péroncel-Hugoz

     

    enclave - Copie 6.jpgAvec les siècles écoulés, le Comtat Venaissin, ancienne possession de la papauté en France méridionale, nous apparaît un peu comme un galet unique et bien arrondi, alors qu'il fut un assemblage discontinu de sept territoires, plus Avignon, ville contiguë mais à part, provenant, elle, non d'une cession des rois de France, comme le Comtat, mais d'un achat papal à la reine Jeanne Ire de Naples, comtesse de Pro­vence. Le Comitatus Vindascinus comportait lui-même cinq enclaves en son sein dont la Principauté d'Orange, un moment fief batave. Tous ces découpages et curiosités ont dis­paru au fil des temps sauf sur un point de résistance qui a fini par imposer à Paris, capi­tale unificatrice, la toujours nommée « Enclave des Papes ». Elle forme un losange de 125 km2, peuplé de 12 000 âmes, bref un canton de Vaucluse, chef-lieu Valréas, complètement enclavé dans la Drôme qui, longtemps, s'en est plainte en vain...

    Passée la brutale surprise du rattachement à la France révolu­tionnaire d'Avignon et du Comtat, Valréas et ses environs obtin­rent, à force de réclamations la reconstitution de l'Enclave dès 1800. En faisant émettre un timbre en 1967 (daté 1968), célé­brant le 650e anniversaire de cette singularité administrative, l'État français parut l'avoir définitivement reconnue, bien que ce soit à l'usure... En cette année 2017, le « pays de Valréas » fête avec un éclat sans complexe le septième centenaire de son existence. C'est en effet en 1317 que le Saint-Siège acheta Valréas au Dau­phiné, alors indépendant, afin d'arrondir son domaine rhodanien où les papes restèrent quasi un siècle ; même si, dès 1377, le Saint-Père retourna à Rome, un autre pontife élu, l'Espagnol Pedro de Luna alias Benoît XIII, aujourd'hui considéré comme « antipape » par un effet révisionniste ecclésial, siégea plusieurs années en Avi­gnon avant d'aller résister jusqu'à l'âge de 95 ans, en 1423, dans la forteresse maritime de Peniscola, près de Valence d'Espagne, une péripétie haute en couleurs oubliée que Jean Raspail ressus­cita avec panache dans son Anneau du Pêcheur (1995).

    enclave 5.jpgDepuis des siècles, donc, l'Enclave des Papes est restée fidèle à ses origines, menant un mélange de vie religieuse et agricole; ouvrant sa première école communale en 1410; subissant stoï­quement les guerres de Religion dont, en 1562, la bataille de Valréas (1700 tués); subissant trois occupa­tions françaises sous Louis XIV et Louis XV, lors des accès de gallicanisme de Versailles; enfin devenant, à force de toujours vouloir dépasser les cités voisines « non enclavées», la capitale française du carton dès la décen­nie 1750, sans parler de l'élevage du ver à soie et, de nos jours, les plantes à parfum et la bioagriculture. Un fringuant député du cru, futur ministre sarkozyste, Thierry Mariani, fils d'un maçon italien, fut un temps un «Monsieur Enclave» très visible, qui finit par se faire mal voir à Paris pour sa russophilie (il épousa même une com­patriote de M. Poutine) ; ce cursus contrasté a un peu rappelé aux Valréasiens, le brillant cardinal Maury (1746-1817), fils d'un cor­donnier de l'Enclave, agent à Rome du futur Louis XVIII avant de se rallier à Napoléon pour devenir archevêque de Paris puis d'être relégué par le pape au château Saint-Ange...

    Sic transit gloria mundi. Mais l'Enclave, elle, perdure...  

    Lire : Guillaume Mollat, Les Papes d'Avignon (1305-1378), Letouzey et Ané, 1965 ; rééd. BiblioBazaar, 2009. Jean Raspail, L'Anneau du pêcheur, Albin Michel, 1995 ; rééd. Livre de poche, 1997

     

    PÉRONCEL-HUGOZ - Correspondant du Monde au Caire à l'époque de Sadate, notre chroniqueur a souvent écrit sur le sort des chrétiens d'Orient, dont les coptes d'Égypte, en ses articles, notamment dans La NRH depuis 2003, ainsi que dans l'un de ses premiers essais : Le Radeau de Mahomet (1983).

    Repris de la NRH - Septembre-octobre 2017

  • Café Histoire de Toulon, ce mercredi 27 septembre, avec Pierre Gourinard

     

    Nous, Prouvençau, avons perdu la mémoire d'un Var des IX° et X° siècles, occupé par l'invasion sarrasine.

    Ces heures sombres sont généralement minimisées ; tout comme la reconquête réalisée sous la conduite énergique du comte Guillaume, surnommé « le Libérateur ».

    Le professeur Gourinard, pénitent gris d'Aix, fera découvrir ce pan occulté de notre histoire, qui donna son essor au Comté de Provence.  

    « Prouveçau e catouli, Nosto fe n'a pas fali ! »

    Le Grall, Pub associatif des missionnaires de la Miséricorde (adhésion 1 €)
    377 avenue de la République , 83000 Toulon
    La soirée pourra se poursuivre autour d’une pizza (Participation aux frais)
    Contact : cafehistoiredetoulon@gmail.com

  • Histoire & Actualité • Regards sur les rapports Islam-Europe depuis treize siècles [4]

     

    Publié le 3.07.2009 - Actualisé le 3.09.2017

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgNous allons donc conclure - provisoirement - notre série de réflexions [Cf. liens en fin d'article] sur quelques points d'Histoire importants des rapports Islam-Europe. 

    Nous le ferons en donnant la parole à Chateaubriand. Citer ce grand auteur ne revient pas à occulter ou à abandonner la critique de fond que l'école d'Action Française a développée à son égard - notamment par Charles Maurras, dans Trois idées politiques, Jacques Bainville, dans son Histoire de France, ou Pierre Boutang, dans son Maurras.  Il se trouve cependant que le texte de Chateaubriand repris ici est superbe et semble écrit aujourd'hui, à d'infimes détails près, ce qui montre bien que les problématiques actuelles ne sont pas nouvelles, et que les problèmes que nous avons aujourd'hui avec l'Islam datent de fort longtemps.

    Nous avons rappelé précédemment les deux agressions militaires de l'Islam contre l'Europe : la première à partir de 711 par l'Espagne, et la seconde à partir de 1353 par la Grèce.

    Entre ces deux assauts s'intercale ce que l'on peut considérer comme une contre-attaque des Européens. C'est du moins ainsi que le voit Chateaubriand. Il s'agit, bien-sûr des Croisades.

    Dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem et de Jérusalem à Paris, Chateaubriand propose cette défense des Croisades (La Pléiade, Œuvres romanesques, tome II, pages 1052 à 1054). 

     

    portrait_francois_rene_1768_1__hi.jpg« ... Les écrivains du XVIIIème siècle se sont plu à représenter les Croisades sous un jour odieux. J'ai réclamé un des premiers contre cette ignorance ou cette injustice. Les Croisades ne furent des folies, comme on affectait de les appeler, ni dans leur principe, ni dans leur résultat. Les Chrétiens n'étaient point les agresseurs. Si les sujets d'Omar, partis de Jérusalem, après avoir fait le tour de l'Afrique, fondirent sur la Sicile, sur l'Espagne, sur la France même, où Charles Martel les extermina, pourquoi des sujets de Philippe Ier, sortis de la France, n'auraient-ils pas faits le tour de l'Asie pour se venger des descendants d'Omar jusque dans Jérusalem ?

    C'est un grand spectacle sans doute que ces deux armées de l'Europe et de l'Asie, marchant en sens contraire autour de la Méditerranée, et venant, chacune sous la bannière de sa religion, attaquer Mahomet et Jésus-Christ au milieu de leurs adorateurs. 

    N'apercevoir dans les Croisades que des pèlerins armés qui courent délivrer un tombeau en Palestine, c'est montrer une vue très bornée en histoire. Il s'agissait, non seulement de la délivrance de ce Tombeau sacré, mais encore de savoir qui devait l'emporter sur la terre, ou d'un culte ennemi de la civilisation, favorable par système à l'ignorance, au despotisme, à l'esclavage, ou d'un culte qui a fait revivre chez les modernes le génie de la docte antiquité, et aboli la servitude ?

    Il suffit de lire le discours du pape Urbain II au concile de Clermont, pour se convaincre que les chefs de ces entreprises guerrières n'avaient pas les petites idées qu'on leur suppose, et qu'ils pensaient à sauver le monde d'une inondation de nouveaux Barbares.

    L'esprit du Mahométisme est la persécution et la conquête ; l'Evangile au contraire ne prêche que la tolérance et la paix. Aussi les chrétiens supportèrent-ils pendant sept cent soixante-quatre ans tous les maux que le fanatisme des Sarrasins leur voulut faire souffrir ; ils tâchèrent seulement d'intéresser en leur faveur Charlemagne ; mais ni les Espagne soumises, ni la Grèce et les deux Sicile ravagées, ni l'Afrique entière tombée dans les fers, ne purent déterminer, pendant près de huit siècles, les Chrétiens à prendre les armes. Si enfin les cris de tant de victimes égorgées en Orient, si les progrès des Barbares déjà aux portes de Constantinople, réveillèrent la Chrétienté, et la firent courir à sa propre défense, qui oserait dire que la cause des Guerres Sacrées fut injuste ? Où en serions-nous, si nos pères n'eussent repoussé la force par la force ? Que l'on contemple la Grèce, et l'on verra ce que devient un peuple sous le joug des Musulmans.

    Ceux qui s'applaudissent tant aujourd'hui du progrès des Lumières, auraient-ils donc voulu voir régner parmi nous une religion qui a brûlé la bibliothèque d'Alexandrie, qui se fait un mérite de fouler aux pieds les hommes, et de mépriser souverainement les lettres et les arts ?

    Les Croisades, en affaiblissant les hordes mahométanes aux portes mêmes de l'Asie, nous ont empêchés de devenir la proie des Turcs et des Arabes. Elles ont fait plus : elles nous ont sauvé de nos propres révolutions ; elles ont suspendu, par la paix de Dieu, nos guerres intestines ; elles ont ouvert une issue à cet excès de population qui, tôt ou tard, cause la ruine des Etats ; remarque que le Père Maimbourg a faite, et que M. de Bonald a développée.

    Quant aux autres résultats des Croisades, on commence à convenir que ces entreprises guerrières ont été favorables aux progrès des lettres et de la civilisation. Robertson a parfaitement traité ce sujet dans son Histoire du Commerce des Anciens aux indes orientales. J'ajouterai qu'il ne faut pas, dans ces calculs, omettre la renommée que les armes européennes ont obtenue dans les expéditions d'outre-mer.

    Le temps de ces expéditions est le temps héroïque de notre histoire ; c'est celui qui a donné naissance à notre poésie épique. Tout ce qui répand du merveilleux sur une nation, ne doit point être méprisé par cette nation même. On voudrait en vain se le dissimuler, il y a quelque chose dans notre cœur qui nous fait aimer la gloire ; l'homme ne se compose pas absolument de calculs positifs pour son bien et pour son mal, ce serait trop le ravaler ; c'est en entretenant les Romains de l'éternité de leur ville, qu'on les a menés à la conquête du monde, et qu'on leur a fait laisser dans l'histoire un nom éternel ... »   

    Lire les 3 premiers articles de cette suite ...

    Histoire & Actualité • Regards sur les rapports Islam-Europe depuis treize siècles [1]

    Histoire & Actualité • Regards sur les rapports Islam-Europe depuis treize siècles [2]

    Histoire & Actualité • Regards sur les rapports Islam-Europe depuis treize siècles [3]

  • Toulon : Causerie du Café Histoire, ce mercredi 24 février ... A ne pas rater !

     

    Le nouveau cycle de causeries est dorénavant organisé dans le cadre des activités culturelles de la paroisse Saint François de Paule. Les Missionnaires de la Miséricorde ouvrent les portes de leur Pub associatif Le Grall aux causeries du Café Histoire de Toulon, le dernier mercredi de chaque mois, d’octobre à juin et de septembre à décembre.

    Le Café Histoire de Toulon est un lieu d’échange et de convivialité pour transmettre les racines chrétiennes à travers la connaissance historique de l'identité de la France. 

    La mission des causeurs du Café Histoire de Toulon, professeurs d'Histoire, de Lettres, de Philosophie, de droit, essayistes de revues, conférenciers des Académies du Var, d'Aix en Provence et Niçoise, porte sur la transmission de l'héritage d'Athènes, Rome et Jérusalem à travers la connaissance de la culture et du patrimoine religieux français et plus particulièrement provençal et méditerranéen.

    Le Grall, Pub associatif des missionnaires de la Miséricorde (adhésion 1 €)
    377 avenue de la République , 83000 Toulon
    La soirée pourra se poursuivre autour d’une pizza (Participation aux frais)
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    Café Histoire deToulon Programme 2016 des causeries du Grall

  • Histoire • Dans Causeur : 21 janvier, hommage à Louis XVI

     

    L'article qui suit - signé de Lucie Vilatte - est paru dans Causeur, le 21 janvier.  Il s'agit, selon son titre, que ne dément pas la suite, d'un hommage à Louis XVI. Il a été publié plusieurs hommages à Louis XVI dans d'autres médias en ligne. Par exemple dans Boulevard Voltaire. Nous avons retenu celui-ci parce qu'il émane d'une conscience républicaine. Républicaine au moins en ses enfances. Et, aujourd'hui, plutôt sceptique, on le verra. On pourra débattre de différents aspects de cet hommage bienvenu. N'en retenons qu'un : l'idée selon laquelle Louis XVI serait mort pour rien. Idée que contredit la juste analyse qui précède : au chapitre des conséquences de l'assassinat du roi, le solde, en effet, entre positif (?) et négatif, n'est pas à somme nulle. Lucie Vilatte dresse fort bien, elle-même, la liste des terribles conséquences qu'il est résulté de cette mort singulière, pour la France, l'Europe et le monde. Ce n'est pas pour rien que Louis XVI est mort mais pour une suite de  malheurs dont nous n'avons pas fini de faire l'inventaire et dont nous subissons encore les conséquences négatives.  Lafautearousseau   

     

    L’idée d’une lignée familiale régnant sur un pays a longtemps heurté ma conscience républicaine, dûment  formatée pendant mes douze années de présence sur les bancs de l’école du même nom.

    Instituteurs, puis professeurs, noblement investis de leur mission, mettant le paquet pour nous faire admettre le bien-fondé de la décapitation d’un roi exécuté pour le simple fait d’être roi. Cela avait permis d’en finir avec ce système injuste et absurde qui donnait le pouvoir à une famille régnante, et aux deux castes les moins nombreuses et les plus riches : noblesse et clergé, laissant de côté les représentants du Tiers-Etat, c’est à dire nos ancêtres directs.

    Aucun d’entre nous n’ayant a priori de représentant du clergé dans son ascendance, ni de particule à revendiquer dans son patronyme (les autres faisant profil bas), il était évident que le Tiers-Etat c’était nous, que c’était pour notre Bien et notre Liberté que ce gros benêt de Louis XVI avait été raccourci et que le pouvoir était enfin donné au peuple de France. De toutes façons ce n’était pas un roi qu’on avait tué mais un symbole. Voilà à peu près comment le Peuple en question s’est approprié la Révolution française.

    Mes valeureux professeurs, encore tout imprégnés du formatage qu’ils avaient eux même subi, ne s’arrêtaient pas plus que nécessaire sur les prisons pleines à craquer, les charrettes quotidiennes vers les actuelles places de la Concorde, de l’Hôtel de Ville ou de la Nation, les milliers de cadavres charriés sur la Loire à Nantes, la répression à Lyon, en Provence et ailleurs. Ni, surtout, sur ce qu’il faut bien appeler le génocide vendéen.

    Robespierre était l’Incorruptible, Mirabeau n’était pas beau et le calendrier de Fabre d’Eglantine était si poétique. Tant pis si ces révolutionnaires s’étaient finalement auto-détruits. Tant pis si tout ce sang versé avait eu pour résultat de laisser la place à un individu assoiffé de pouvoir qui, tout en reconstituant une cour et une aristocratie à l’identique avec son propre entourage, avait mis l’Europe à feu et à sang, terrorisant à ce point les monarchies voisines qu’il finit, pour se donner une légitimité européenne, par épouser la fille de l’empereur d’Autriche, accessoirement petite nièce de la Reine décapitée quelque dix-sept ans auparavant.

    La Révolution restait belle, idéale, rêve de tout le XIXème siècle, inspirant quelques soubresauts ici et là et finissant, un peu grâce aux Prussiens, par dégager le dernier tyran qui, comme son oncle, s’était servi d’un accès de fièvre républicaine (la seconde) pour se coiffer d’une couronne impériale.

    Nous étions donc enfin en République, troisième du nom. « On est en république tout de même ! » signifiant dès lors dans le langage populaire le droit de faire ce que l’on voulait. Non mais ! L’idéalisation de la Révolution allait pouvoir commencer, le mythe fondateur s’installer, balayant, sous le tapis des cimetières et du bagne, ses héritiers directs que furent les Communards.

    Malgré quelques voix discordantes, il devint courant pour les hommes politiques de se référer à la Révolution pour légitimer leur engagement républicain, en bons représentants du « Camp du Bien » face aux quelques survivances monarchistes des débuts de cette Troisième République. Le 14 juillet devint fête nationale. L’Exposition Universelle de 1889 célébra brillamment le centenaire de la Révolution, il nous en reste un des plus beaux monuments du pays, la Tour Eiffel.

    Aujourd’hui, 1789 a pris du plomb dans l’aile, il est difficile de se référer à cette époque sanguinaire dans une société qui a voulu gommer toute idée de violence. Seul un Mélenchon ose évoquer son admiration pour Robespierre, ou peut-être seulement pour son incorruptibilité ?

    Par contre, les références à la République, aux « valeurs républicaines » sont quasi quotidiennes depuis quelques années. D’ailleurs, il faudrait que l’on m’explique en quoi les valeurs en question sont spécifiquement républicaines, je n’y vois personnellement qu’un héritage du Christianisme et des Lumières.  Elles n’ont rien d’universel, elles sont notre identité.

    Le XVIIIème, siècle des Lumières portait en lui tous les germes de l’émancipation humaine, on aurait pu en tirer le meilleur. La violence de la Révolution est venue détruire et dénaturer tout cela. N’aurait-il pas mieux valu pour le peuple, un monarque éclairé et paisible plutôt que des ennemis de la liberté se réclamant de la liberté, puis un arriviste obsédé de pouvoir qui mirent l’Europe à feu et à sang ?

    Qui peut dire que notre pays n’a pas payé tout cela au prix fort  au cours des deux siècles suivants ? Et ne le paye pas encore ? Le Royaume-Uni a t-il du retard sur la France avec sa royauté ? Le Danemark, la Suède, la Norvège, la Belgique, les Pays-Bas ?Pouvons-nous nous poser la question sans passer pour des antirépublicains prêts à en découdre avec la « Gueuse » ?

    Louis XVI est mort pour que noblesse et clergé laissent le pouvoir au Peuple et que règne l’Egalité. Ce rêve a vécu. Aujourd’hui, nous avons presque à l’identique une noblesse d’Etat, sortie de l’ENA ou constituée de politiciens professionnels, la morgue de certains n’ayant rien à envier à l’Ancien Régime. Nous avons un clergé médiatique constitué d’animateurs ou d’artistes engagés nous assénant leur idéologie à la moindre occasion, et de journalistes, privilégiés fiscaux, chargés de nous apporter la Vérité à la grand-messe du 20 heures. Tout ce beau monde se chargeant de nous inculquer les Évangiles du politiquement correct.

    Ses membres exercent un pouvoir sans contre pouvoir, étant de plus en plus déconnectés de la réalité quotidienne de la « France d’en bas » expression douteuse, justifiant en elle même l’existence de l’Elite dominant le Peuple. Quant aux milliardaires, de plus en plus milliardaires, est il besoin d’évoquer leur influence sur la vie publique ou politique ?

    L’Histoire est écrite par les vainqueurs. Au fil du temps, la figure de Louis XVI est pourtant apparue sous un autre jour. L’idéologie républicaine en avait fait un balourd inapte à gouverner, ultime représentant d’une lignée d’oppresseurs. De tyran il est devenu victime. Les gens qui l’ont condamné, ont touché quelques mois plus tard le fond de l’ignominie, en osant accuser sa femme de relations incestueuses avec le petit Dauphin. Cela seul suffit à les discréditer, mais on ne nous racontait pas cela à l’école !

    La réalité du personnage (à part sous le bref épisode de la Restauration) aura mis deux siècles à nous parvenir, je veux dire à nous, grand public non spécialiste.

    Le roi horloger (une de ses passions) s’intéressait à son époque et aux progrès de la Science. La cartographie, la chimie, et même les débuts de l’électricité n’avaient pas de secret pour lui. Il avait été éduqué dans cet esprit des Lumières qui voulait le bien des peuples et la fin de l’obscurantisme. C’était un esprit ouvert et cultivé, des textes d’époque en attestent.

    En 1774, il s’était fait inoculer ainsi que toute sa famille le vaccin de la variole, pour donner l’exemple. Il fut sans doute le premier roi fidèle à sa femme. Il vécut comme un bon père de famille bourgeois, effondré de douleur à la mort de son fils aîné, en juin 1789 année décidément bien néfaste pour lui.

    On dit que le jour de son exécution il a demandé si l’on n’avait toujours pas de nouvelles de La Pérouse l’explorateur perdu avec navire et équipage depuis plusieurs années.

    C’était un homme de son temps, le malheur l’avait fait naître roi. Il n’avait pas eu le choix. Mais il choisit de ne pas faire tirer sur la foule pour se protéger. Ses dernières paroles furent « Je prie Dieu pour que le sang que vous allez répandre ne retombe pas sur la France » Si vous passez par la Concorde un 21 janvier, ayez une pensée pour le Roi. Il est mort pour rien. Et il n’est pas le seul.

    *Image : wikicommons/ Raymond Ellis.

    Lucie Vilatte