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  • Loi bioéthique Une fracture de la conscience nationale, par Gérard Leclerc.

    Manifestation place Vendôme, Paris.

    © La Manif pour tous / Twitter

    On ne peut dire que les médias se soient bousculés, hier dimanche, pour donner écho aux manifestations qui avaient eu lieu la veille, à travers la France, à propos de la loi de bioéthique, que le pouvoir entend faire passer en force, en dépit de toutes les urgences actuelles. On est bien obligé de s’interroger sur une telle obstination, qui se rapporte forcément à une orientation idéologique qui concerne l’essence même du macronisme.

    gerard leclerc.jpgQu’on le veuille ou pas, les dispositions de cette loi de bioéthique ont une portée anthropologique de la plus extrême gravité, et il y a lieu d’examiner avec le plus grand soin en quoi elle se réfère à une conception philosophique qui concerne la vie humaine dans sa totalité. Ce qu’on appelle aujourd’hui « lois sociétales » renvoie au-delà des dispositions pratiques, habituelles de la politique. On peut discuter par exemple du bien-fondé du budget de la nation, de l’aménagement du territoire, et même de la santé, dès lors qu’un consensus général ne laisse place qu’à la discussion sur la proportion des moyens.

    Mais lorsqu’il s’agit du mariage, de la naissance, de la mort, on ne discute plus des moyens mais des fins. Il se produit alors une rupture de consensus, avec pour conséquence obligée, des fractures profondes de la conscience de la nation toute entière. Il y a trente ans déjà, un des intellectuels les plus en vue du pays m’affirmait que sur l’avortement il n’y aurait jamais de consensus possible, et pourtant il approuvait la législation votée en 1975. Justement, la question de l’avortement vient de resurgir, en révélant à une partie de l’opinion en quoi il pouvait être cruel.

    On comprend, dans ces conditions, qu’une opposition résolue, jeune notamment, se manifeste dans la rue, et que l’épiscopat lui apporte tout son appui. Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France a tenu à rencontrer les responsables des manifestations de samedi. C’est le signe d’un engagement supplémentaire, en raison de la gravité de la situation et du « drame à venir » dénoncé par Mgr de Moulins-Beaufort.

    Chronique diffusée sur Radio Note-Dame le 12 octobre 2020.

    Source : https://www.france-catholique.fr/

  • La souveraineté des quartiers, par Gérard Leclerc.

    © Jacqueline Macou / Pixabay

    L’agression dont a été l’objet un poste de police à Champigny-sur-Marne, dans la nuit de samedi à dimanche, a d’autant plus ému l’opinion qu’elle faisait suite à une autre agression d’une rare violence, dont deux policiers avaient été victimes à Herblay dans le Val-d’Oise. On comprend le degré d’exaspération de la police, exprimé notamment par plusieurs rassemblements et les déclarations de personnalités politiques appelant à l’éradication des bandes qui se livrent à ce type de violence.

    gerard leclerc.jpgMais au-delà des bandes, c’est bien encore la question des quartiers soustraits à l’autorité publique qui est en cause, parce qu’il s’y livre une véritable bataille de souveraineté. Nous voici donc ramenés à la bataille contre le séparatisme décidée par Emmanuel Macron, dont on ne cesse de mesurer le bien-fondé.

    Sur le sujet, j’avoue avoir été particulièrement intéressé par une tribune publiée il y quelques jours dans Le Monde par M. Chems-Eddine Haziz, recteur de la grande mosquée de Paris. Il y affirme son total soutien à la lutte contre le séparatisme, et même en propre terme contre le séparatisme islamiste. Mais il souligne aussi la responsabilité de l’État jacobin dans ce phénomène de ghettoïsation ethnique et religieuse. Lorsqu’on laisse régner la loi des gangs, lorsqu’on tolère que des organisations extrémistes et des associations liées à l’islam politique s’occupent du soutien scolaire, de la gestion des affaires locales, et lorsqu’on renonce à lutter contre les économies parallèles, il ne faut pas s’étonner des résultats.

    Sans doute peut-on s’interroger sur les causes premières du phénomène. Car ce n’est pas l’autorité publique qui a décidé de la création de ces quartiers hors-contrôle. Il y a tout l’immense problème de l’immigration incontrôlée. Mais il n’empêche qu’on sait où réside le mal et qu’il faut au plus vite faire en sorte que ces quartiers soient réorganisés dans l’orbite de la souveraineté nationale.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 13 octobre 2020.

     

    Source : https://www.france-catholique.fr/

  • Laïcité ! Laïcité !, par Gérard Leclerc.

    Le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, doit affronter les nombreuses atteintes à la laïcité que les établissements publics subissent en ce moment. Mais qu’est-ce que la laïcité et comment se posent aujourd’hui les problèmes avec une population d’origine musulmane ?

    gerard leclerc.jpgLa laïcité est sans doute un grand mot, qui renvoie à notre histoire, notamment à la fameuse loi de 1905, dite de séparation de l’Église et de l’État, bien que le mot n’y soit pas prononcé. C’est que le concept est difficile à définir. Il semble être de nature essentiellement juridique, puisqu’il consiste d’abord dans la séparation de l’État et de la société religieuse, ce qui entraîne une obligation d’impartialité et de neutralité de cet État à l’égard des confessions religieuses. Peut-on tirer une philosophie, au sens d’une conception générale du monde et de l’existence, de ce principe juridique ? Émile Poulat, qui fut un des grands historien de la laïcité et notamment de la loi de 1905, se montrait extrêmement réservé à ce propos. Parlant de « notre laïcité publique », il signifiait une démarche pragmatique de la part de l’État, afin de trouver dans ses relations avec les religions la bonne distance possible, les mesures pratiques les plus sages.

    Encore faut-il ajouter que le problème, au début du XXe siècle, concerne fondamentalement les rapports entre la République française et l’Église catholique. Et même si c’est une nouvelle page qui va s’ouvrir, elle ne s’ouvre pas à partir de rien, parce que la France a été profondément marquée par le christianisme et que même les querelles anti-religieuses des XVIIIe et XIXe siècles sont incompréhensibles sans cette imprégnation chrétienne. L’islam est une donnée nouvelle pour la République, et la notion de laïcité lui est particulièrement obscure, n’étant nullement coutumière de cette séparation du spirituel et du temporel.

    C’est pourquoi, lorsque Jean-Michel Blanquer entend se défendre contre les atteintes à la laïcité dans l’école d’aujourd’hui, sa tâche est particulièrement délicate. Et ce n’est pas un mot talisman qui résoudra les difficultés. Les spécialistes nous avertissent de l’infinie complexité de la tâche. Il y a un sacré travail en perspective !

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 14 octobre 2020.

     
  • Hommage à la Sorbonne, par Gérard Leclerc.

    © Jean-Nicolas L. / CC BY-NC-SA 2.0

    Ce soir hommage de la nation à Samuel Paty. Le choix de la Sorbonne est judicieux et l’Élysée s’en est fort bien expliqué. La mission de l’éducation nationale doit ainsi être mise en valeur dans le sens le plus positif, si l’on veut vraiment combattre l’adversaire.

    gerard leclerc.jpgC’est, bien sûr, une excellente idée que d’avoir voulu organiser l’hommage de la nation à Samuel Paty dans la cour d’honneur de la Sorbonne. On peut retenir la communiqué de l’Élysée, qui précise que ce choix a été opéré en accord avec la famille du défunt : « Temple de la connaissance, lieu historique de l’enseignement universitaire français, foyer du génie français, la Sorbonne à travers les siècles a toujours su être une tribune pour l’expression des libertés et des idées, un lieu qui aujourd’hui revêt une dimension symbolique forte. » Comment mieux exprimer le message ? Habituellement, les hommages de la nation se déroulent dans la cour des Invalides, mais la qualité d’enseignant de Samuel Paty devait être honorée dans le lieu symbolique de l’intelligence française. Tant de souvenirs sont attachés à la Sorbonne sur la montagne Sainte-Geneviève, et il est bon que l’on ne limite pas l’évocation aux seules Lumières du XVIIIe siècle. C’est toute le richesse de la pensée, depuis Albert le Grand et Thomas d’Aquin, qui présidera à cette démarche qui suscite une unanimité nationale.

    On a beaucoup insisté, comme je le remarquais hier, sur la démarche critique de l’enseignement. Dimension qui doit être prise aussi dans son ampleur positive. L’intelligence, selon la meilleure tradition, n’est pas seulement orientée vers la négativité du jugement, mais elle l’est aussi vers l’étonnement, voire l’admiration face au monde, au mystère de notre condition. Le pire serait de paraître défaitiste, voire nihiliste devant l’adversaire. Je me suis rappelé à ce propos du terrible petit livre de Philippe Muray [1], écrit après la tragédie du 11 septembre 2001 : « Chers djihadistes, nous vous battrons. Et nous vaincrons. Bien évidemment. Parce que nous sommes les plus morts. » À nous de montrer qu’il n’en est rien, et que pour l’avenir il est encore la foi.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 21 octobre 2020.

    Source : https://www.france-catholique.fr/

  • Politique et religion aux États-Unis, par Gérard Leclerc.

    « Nous croyons en Dieu », la devise américaine.

    © roszred / Pixabay

    L’élection présidentielle américaine est sans aucun doute celle qui nous passionne le plus, en dehors de nos frontières, en raison, bien sûr, du rôle prééminent que continuent à jouer les États-Unis dans le monde. Il se trouve, par ailleurs, que l’élection surprise de Donald Trump il y a quatre ans a affolé nos sismographes, parce que, de toute façon, des bouleversements profonds étaient intervenus pour permettre l’avènement d’un personnage en dehors des normes.

    gerard leclerc.jpgIl y avait quelque chose d’ahurissant dans la victoire de ce milliardaire défini par un intellectuel pourtant conservateur comme « vulgaire et insupportable » et que les médias de son pays n’ont cessé de dénoncer comme un professionnel du mensonge. Mais voilà, Trump occupe un espace politique où il s’est installé parce qu’il était le seul à pouvoir faire le job, et cet espace est solidement implanté dans la sociologie du pays. C’est celui, dit-on, de l’Amérique traditionnelle, celle qui se défend contre le débordement démographique venu d’ailleurs et qui la met en péril.

    Sans doute y a-t-il plusieurs paramètres pour analyser l’évolution des États-Unis et sa traduction politique et idéologique. Je n’en retiendrai qu’un pour aujourd’hui, c’est celui qui concerne le facteur religieux, auquel déjà Alexis de Tocqueville accordait une importance majeure. Pour lui, la religion était même la première institution du pays. Hors, il se trouve que Donald Trump est particulièrement soutenu par le mouvement évangélique et cela en dépit de ce qu’on peut moralement lui reprocher. Le vote catholique semble avoir été aussi déterminant en 2016. Mais en ce qui concerne Joe Biden, le vote des post-protestants, ceux qui ont abandonné la pratique religieuse mais se distinguent par une forme de religiosité recyclée idéologiquement, pourrait beaucoup compter. C’est une des raisons de la violence de la compétition opposant ceux qu’Hillary Clinton traitait de « lamentables » aux militants féroces d’un politiquement correct se prévalant du bien contre le mal.

    Chronique diffusée sur radio Notre-Dame le 4 novembre 2020.

    Sources : https://www.france-catholique.fr/

    https://radionotredame.net/

  • Une laïcité combative, par Gérard Leclerc.

    © Pascal Deloche / GODONG

    Le président de la République veut «  plus d’actes et moins de paroles », à l’égard de l’islam radical. La pression de l’opinion publique y est pour quelque chose, l’assassinat de Samuel Paty ayant marqué une étape. On ne comprendrait pas que le pouvoir tergiverse, alors que la menace est patente et présente sur de larges portions du territoire. Qui aurait pu prévoir que la paisible commune de Conflans-Sainte-Honorine aurait été le lieu d’un drame aussi épouvantable ?

    gerard leclerc.jpgLe pouvoir est contraint de revoir ses logiciels et notamment celui de la laïcité. C’est une thématique que j’ai souvent abordée ici-même, mais la perspective historique que je prenais s’est trouvée démentie par l’évolution d’une société qui n’est plus celle du début du XXe siècle.

    Sans doute y avait-il alors une situation conflictuelle qu’une loi de combat aurait pu aggraver. Mais précisément, par la volonté de quelques uns, le législateur a préféré l’apaisement, en définissant les termes d’un compromis que l’Église catholique a fini par avaliser. Nous n’en sommes plus là, car non seulement la situation est redevenue conflictuelle, mais c’est plus que cela. On doit parler de situation de guerre liée à une conjoncture du choc des civilisations. Oui, cette expression si controversée de Samuel Huntington s’impose désormais, et il faut en tirer toutes les conclusions.

    Il est donc question de congédier les dirigeants de l’Observatoire de la laïcité, cet organisme de conseil, qui sous la direction de Jean-Louis Bianco, avait établi une ligne de conduite plutôt libérale, soucieuse de faire participer les musulmans au consensus de conciliation de 1905. Mais ce n’est plus d’actualité, et il s’agit de réorienter désormais l’action publique contre cet islamisme dur, en fournissant en armes notamment l’institution scolaire aux prises avec une tâche impossible. Mais ainsi, c’est toute la société et tout un pays qui se trouvent sommés d’entrer dans la cuirasse de la combativité.

    Chronique diffusée sur radio Notre-Dame le 22 octobre 2020.

    Source : https://www.france-catholique.fr/

  • La charte des béatitudes, par Gérard Leclerc.

    Messe de la Toussaint en la basilique Notre-Dame à Nice

    © Olivier Huitel / Diocèse de Nice.

    Entendre la charte des béatitudes dans la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption à Nice, là où il y a quelques jours était perpétré l’assassinat de Vincent, Simone et Nadine, c’était comprendre en quoi le message central de l’Évangile nous hisse au-delà du mystère d’iniquité.

    gerard leclerc.jpgCelui-là même qui souvent nous accable : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on vous calomnie de toutes manières à cause de moi. Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ; c’est bien ainsi qu’on a persécuté les prophètes, vos devanciers » (Mt. 5, 11-12).

    Il y a plus qu’un abîme entre la charte des béatitudes et ce qui commandait la frénésie du tueur, qui, pourtant, prétendait répondre au commandement de Dieu.

    Quel est donc ce « Dieu » qui commande de massacrer son prochain le plus proche, le plus humble, le plus aimable ? Le frère Adrien Candiard [1] qui vient d’écrire un petit livre précieux sur le fanatisme, nous donne la réponse. Ce fanatisme se réclame de Dieu, sans établir aucune relation avec celui qui est vivant dans le cœur de ceux qui l’accueillent pour ce qu’Il est. Ce fanatisme est sans théologie, il ne cherche pas à approcher le mystère de l’amour infini. Vincent, Simone et Nadine, grâce aux témoignages que nous avons d’eux, étaient au contraire, dans leur humilité, proches du cœur de Dieu, le rayonnant en charité dans toute leur vie personnelle, familiale, sociale. Jamais ils n’auraient pu imaginer que ce Dieu-là pouvait ordonner pareille monstruosité. Oh ! Ils n’étaient sûrement pas savants en théologie, mais ils savaient l’essentiel qui les empêchait de travestir la foi en culte des idoles.

    L’islamisme n’est avant tout qu’un monstrueux travestissement de la foi. Seul l’esprit des béatitudes nous permet d’en conjurer les maléfices, mais n’oublions pas aussi qu’il constitue une menace politique, contre lequel l’État doit protéger les citoyens.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 2 novembre 2020.

    [1Adrien Candiard, Du fanatisme. Quand la religion est malade, Cerf.

    Source : https://www.france-catholique.fr/

  • La liberté du pouvoir, par Gérard Leclerc.

    © Evgeni Tcherkasski de Pixabay

    Les auditeurs ont remarqué ma discrétion à propos de l’épidémie que nous subissons et dont l’ampleur s’est accrue ces dernières semaines. Je n’ai aucun mal à avouer mon incompétence totale sur le sujet, même si je suis toutes les évolutions de la maladie et les discussions auxquelles elles donnent lieu. Discussions déconcertantes souvent, à cause des désaccords des meilleurs spécialistes.

    gerard leclerc.jpgJ’observe aussi comment le gouvernement est mis en accusation dans sa façon de gérer la crise, au point que certains de ses membres font l’objet de poursuites judiciaires. Là-dessus, j’avoue que ma réserve est extrême, car je doute fort que mettre les politiques sous la menace de sanctions pénales aide vraiment à résoudre des problèmes aussi graves. Ne faut-il pas laisser au pouvoir un espace de liberté pour qu’il puisse exercer son autorité sans pressions excessives ?

    Il est vrai, par ailleurs, qu’il ne saurait être non plus question d’exercice solitaire du pouvoir et, que face à un défi qui met en cause l’ensemble du pays, à commencer par ceux qui sont en charge du service de santé, il y a nécessité d’une cohésion nationale qui passe par des chaînes de solidarité. Est-ce à dire qu’il faudrait suivre l’avis du député contestataire François Ruffin qui propose « une convention citoyenne sur le coronavirus » ? Ainsi le pouvoir pourrait s’inspirer de méthodes plus ouvertes, plus inclusives ? Mais l’ampleur du projet interroge. Est-il possible d’obtenir un consensus sur toutes les mesures à prendre : couvre-feu, télétravail, confinement etc. ? Consensus obtenu à partir d’un dialogue permanent avec une convention spécialisée. Peut-être, mais il faudrait de la part de ses membres un esprit civique capable de surmonter les oppositions idéologiques au service d’une même cause que l’on définira comme de salut public.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 27 octobre 2020.

    Source : https://www.france-catholique.fr/

  • La tragédie arménienne, par Gérard Leclerc.

    Paysage du Haut-Karabakh

    © Bouarf / CC by-sa

    Une nouvelle fois le peuple arménien, peuple chrétien, un des premiers, se trouve en grave danger sur le territoire du Haut-Karabakh. Malgré un cessez-le-feu bien aléatoire. On est bien obligé de faire mémoire du passé, car par deux fois, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle il fut l’objet d’horribles massacres.

    gerard leclerc.jpgUn ami me rappelle opportunément que Charles Péguy, tout au début de sa carrière d’écrivain militant, avait dénoncé le massacre dont étaient déjà victimes les Arméniens. Ainsi écrivait-il dans Les Cahiers de la quinzaine en mars 1900 : « Le massacre des Arméniens, sur lequel je reviendrai toujours, et qui dure encore, n’est pas seulement le plus grand massacre de ce siècle (il parlait du XIXe), mais il fut et il est sans doute le plus grand massacre des temps modernes et pour nous rappeler une tuerie tellement collective, il nous faut dans la mémoire de l’humanité remonter jusqu’aux massacres asiatiques du Moyen Âge. » Péguy parlait alors de la tragédie qui s’était produite entre 1894 et 1896 et qui s’était déroulée dans l’Empire Ottoman. Le nombre des victimes était alors évalué à 300 000 personnes.

    C’est comme si on avait oublié ce premier massacre, car il a été suivi d’un second, dont on se souvient, celui-là. La Turquie moderne, qui a succédé à l’empire Ottoman, se refuse toujours obstinément à en reconnaître la vérité historique. Il fut perpétré d’avril 1915 à juillet 1916 et même au-delà. Il fit périr les deux-tiers de la population arménienne présente sur le territoire. On estime qu’il coûta la vie à 1 200 000 personnes, et il fut sciemment organisé par le parti alors au pouvoir. Mais comme si la fatalité s’était décidément abattue sur ce peuple martyr, ce peuple chrétien, il est à nouveau en grave danger sur le territoire du Haut-Karabakh. Six semaines de combats meurtriers ont ravagé cette région à population arménienne, envahie par les troupes de l’Azerbaïdjan.

    Un cessez-le-feu vient certes d’être signé sous l’égide de la Russie, mais l’avenir est très menaçant. Le conflit pourrait se rallumer dans les années à venir. Les Arméniens se trouvent sans défense. Qui viendra à leur secours ?

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 12 novembre 2020.

    Sources : https://www.france-catholique.fr/

    https://radionotredame.net/

  • Une laïcité qui négocie, par Gérard Leclerc.

    © P Deliss / Godong 

    Trois mois après l’odieux assassinat de l’enseignant Samuel Paty, la question de l’emprise islamiste sur l’institution scolaire reste posée. Une enquête réalisée par l’Ifop, à la demande de la fondation Jean Jaurès, est à nouveau l’occasion d’une prise de conscience alarmante, renforcée par de multiples témoignages. 

    gerard leclerc.jpgQuatre professeurs sur cinq assurent avoir été confrontés, au cours de leur carrière à des revendications définies pudiquement comme religieuses. Autant dire que nous sommes confrontés à un défi de civilisation, que l’invocation rituelle à la laïcité est bien en peine de résoudre. J’avoue d’ailleurs chercher, à la lecture de mes confrères, ce qu’il faut entendre par ce mot fétiche, et je suis plutôt dans l’embarras.

    Ce n’est pas que j’estime inopérante cette notion de laïcité, qu’au minimum il faut définir comme distinction du spirituel et du temporel, mais la distinction ne signifie pas l’ignorance mutuelle. La loi de 1905, elle aussi constamment invoquée, part de la distinction et même de la séparation, mais c’est pour établir les conditions pratiques de l’exercice du culte. C’est donc qu’il n’y a pas ignorance mutuelle, mais au contraire confrontation et négociation. Cette négociation, en dépit du climat belliqueux qui existait aux origines de la IIIe République, se faisait en terrain connu, le christianisme étant substantiellement présent dans notre civilisation. Avec l’islam, c’est tout autre chose, c’est beaucoup plus compliqué.

    C’est aussi plus dangereux en raison de la menace islamiste. Mais indépendamment de cela, pour négocier il faut savoir exactement à qui on à affaire. Ce qui suppose au minimum une connaissance théologique du partenaire. Lorsqu’on reproche aux jeunes musulmans de mettre leur religion au-dessus des lois de la République, encore faudrait-il savoir ce qu’est cette religion. Vaste problème.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 13 janvier 2021.

    Sources : https://www.france-catholique.fr/

    https://radionotredame.net/

  • Une charte problématique, par Gérard Leclerc.

    © Pascal Deloche / Godong

    Un texte important à été présenté lundi au président de la République par cinq représentants du culte musulman. Il devrait régler impérativement les relations de l’islam de France avec les pouvoirs publics. Il n’est pas sûr pourtant qu’il reçoive l’adhésion de tous les musulmans qui ne disposent pas d’organisation qui les structure vraiment.

    gerard leclerc.jpgFaut-il considérer la « charte des principes pour l’islam de France » comme un pas décisif en faveur d’une meilleure intégration de la religion musulmane dans notre pays ? Le président de la République, en tout cas, semble mettre toute sa confiance dans ce qu’il considère être un engagement décisif et même un acte fondateur. Serait-il sur le point de réussir là où ses prédécesseurs avaient échoués ? L’étude du texte oblige incontestablement à reconnaître que ceux qui lui ont donné leur aval ont consenti à des principes d’extrême importance. Le premier d’entre eux est la reconnaissance explicite de la liberté religieuse avec la possibilité d’apostasier. On sait que cette possibilité est farouchement interdite dans la tradition islamique et qu’elle est même sanctionnée par la peine de mort.

    Un théologien aurait peut-être à redire sur le terme d’apostasie, car si la liberté de croire ou de ne pas croire constitue un préalable absolu, le rejet d’une foi définie ne saurait être considérée avec indifférence. M’imaginer moi-même comme apostat trouble au plus haut point ma conscience, alors que je tiens fermement à la liberté radicale de mon adhésion à la foi catholique. C’est peut-être à partir d’une telle remarque que l’on est obligé de constater une différence fondamentale avec le compromis négocié autour de la loi de 1905. Ce compromis garantissait l’autonomie totale de l’Église par rapport à l’État. Autonomie d’ailleurs redoutée par les anticléricaux les plus farouches, qui auraient préféré garder l’Église sous tutelle avec une forme adaptée de concordat. Ici, l’État s’insère directement dans l’organisation interne de l’islam. Ce qui pourrait être – mais ne parions pas pour le pire ! - l’occasion de nouveaux conflits.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 20 janvier 2021.

    Sources : https://www.france-catholique.fr/

    https://radionotredame.net/

  • Retourner à Paul et Augustin, par Gérard Leclerc.

    Pascal Deloche et Fred Noyelle / Godong 

    L’onde de choc produite par les révélations de Camille Kouchner provoque un véritable bouleversement des esprits qui s’ajoute à d’autres scandales de mœurs de ces derniers mois… C’est l’occasion de réfléchir à ce qui peut détruire ainsi profondément notre nature humaine.

    gerard leclerc.jpgL’onde de choc provoquée par le livre de Camille Kouchner, La familia grande, avec la révélation d’actes incestueux qui ont détruit une famille, ne cesse de prolonger ses effets. L’éditorialiste du Monde l’estime salutaire, parce que libératrice. Libératrice sans aucun doute, parce qu’elle fait exploser une chape de silence accablante. On associe cette onde de choc à d’autres comme celle qui a mis en cause des agressions commises à l’égard des femmes dans des situations de domination, ainsi qu’à l’égard des enfants et des adolescents. On ne peut oublier non plus l’onde de choc produite par les révélations douloureuses d’atteintes sexuelles dans le cadre de notre propre Église. Il est toutefois permis de se poser une question. Comment définir exactement ce qui est au cœur de tous ces scandales ? Pourquoi affecte-t-il si profondément notre condition humaine ?

    La seule notion de domination suffit-elle à qualifier la nature du dommage en ce qu’il a de destructeur, en ce qu’il atteint en nous d’indicible et de sacré ? Sans doute le langage des interdits qui structure la morale doit-il être à nouveau interrogé, comme Pierre Legendre, cet interlocuteur contemporain incontournable, s’y est efforcé. Mais n’est-ce pas la théologie morale en ce qu’elle scrute l’âme en ces facultés spirituelles, qui devrait nous éclairer plus que toute science comportementale ou positiviste ?

    Voilà qui nous renvoie aux fondamentaux, à saint Paul et à saint Augustin, ainsi qu’à toutes les sources qu’on a voulu obturer. En quoi le péché est-il notre prison et pourquoi faut-il nous en libérer ?

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 27 janvier 2021.

    Sources : https://www.france-catholique.fr/

    https://radionotredame.net/

  • Journalisme et réseaux sociaux, par Gérard Leclerc.

    Saint François de Sales, patron des journalistes.

    © Fred de Noyelle / Godong

    Trop tard, pour nous souhaiter notre fête à nous journalistes ! La Saint-François-de-Sales c’était hier. Hélas, la tradition de la messe annuelle qui rassemblait la profession s’est perdue. C’était pourtant l’occasion de réfléchir, d’une façon un peu décalée, à notre métier. J’ai le souvenir, à ce propos, d’une homélie du cardinal Lustiger, qui rétablissait la hiérarchie. Il préférait parler de chrétiens journalistes plutôt que de journalistes chrétiens, me semble-t-il.

    gerard leclerc.jpgCar l’adjectif n’avait pas la même valeur que le substantif, qui seul donnait son sens à l’expression. On peut évidemment objecter à cela que le fait d’être chrétien ne dispense pas des qualités de sérieux, de pertinence voire de talent propres à la profession. Mais il est vrai aussi que l’adjectif ne saurait être purement décoratif et qu’il y a une différence chrétienne qui peut modifier substantiellement l’exercice d’une profession.

    Reste que dans la vie quotidienne, cette profession se trouve bousculée par les conditions nouvelles qui n’existaient pas dans le passé. C’est une banalité de se référer aux réseaux sociaux qui exercent, désormais, un pouvoir que l’on peut trouver excessif, souvent contaminé par une mentalité complotiste. Ce n’est plus supportable lorsque c’est au prix de la liberté d’expression. Ainsi, un caricaturiste du Monde, Xavier Gorce, vient-il de démissionner du quotidien où il publiait ses dessins depuis une vingtaine d’années. Il avait provoqué la colère des réseaux sociaux en question par une provocation délibérée, ce qui lui avait valu d’être désavoué par sa direction.

    L’incident est révélateur. Ce n’était pas la peine de proclamer sur tous les tons « Je suis Charlie » organe de la provocation hebdomadaire, si c’est pour abdiquer son indépendance face au diktat de ce qu’un collègue appelle « la meute numérique ».

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 25 janvier 2021.

    Sources : https://www.france-catholique.fr/

    https://radionotredame.net/

  • Justice enfin rendue, par Gérard Leclerc.

    Palais de justice de Bordeaux (Cour d’appel)

    © CéCédille / CC by-sa

    Une information à relever à cause de son importance symbolique et des conséquences qu’elle pourrait avoir. Le maître d’école qui avait été sanctionné par son administration pour propagande religieuse à été complètement blanchi par la justice. Le fait religieux n’est donc pas exclu de l’enseignement.

    gerard leclerc.jpgEn ce début d’année, l’information que je voudrais retenir aujourd’hui n’est sans doute pas la plus importante dans l’échelle de nos préoccupations, mais elle n’est pas mineure dans l’ordre culturel et celui de la liberté de la pensée. J’avais d’ailleurs évoqué ici-même l’affaire de cet enseignant, Matthieu Faucher, suspendu et muté de l’école du village de Malicornay dans l’Indre pour faute professionnelle. Il était accusé d’avoir fait étudier par ses élèves des extraits de la Bible accompagnés de scènes de films, notamment L’Évangile selon saint Matthieu de Pasolini. Non croyant, Matthieu Faucher n’avait nulle intention prosélyte, mais il voulait simplement entretenir les élèves dont il avait la charge d’éléments de culture religieuse. Ainsi était-il dans l’esprit du fameux rapport de Régis Debray demandé par Jack Lang et qui concluait sur l’urgence de l’enseignement du fait religieux.

    Ayant fait appel de sa sanction devant la justice, l’enseignant avait été, une première fois, justifié en grande partie par le tribunal de Limoges, exigeant sa réintégration dans l’école dont il avait été exclu. Mais l’administration mécontente d’une telle décision avait fait appel, soutenue en l’espèce par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Mal lui en a pris, puisque la Cour d’appel de Bordeaux a totalement blanchi Matthieu Faucher, qui n’a, selon le jugement, commis aucune faute professionnelle. On se félicite pour lui, tout en déplorant l’épreuve qu’il a subie. On peut espérer que cette affaire aura valeur d’exemple, en permettant d’opérer les distinctions nécessaires à propos de ce qui concerne la laïcité. Si elle signifie bien la distinction des domaines, elle ne saurait se traduire en interdits culturels et rejet du domaine religieux.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 4 janvier 2021.

    Sources : https://www.france-catholique.fr/

    https://radionotredame.net/

  • L’État et l’administration, par Gérard Leclerc.

    Palais de l’Élysée

    © Remi Mathis / CC by-sa

    Le pouvoir exécutif est à la peine. Est-il responsable de la lenteur des débuts de la vaccination du pays ? Il y a, à ce sujet au moins deux querelles. Entre le politique et l’administration, qui porte le plus de responsabilité ? Par ailleurs, y-a-t-il trop d’État ou dérobade de ce même État ?

    gerard leclerc.jpgIl y a de l’impatience dans l’air à l’égard du pouvoir en France. Le démarrage trop lent de la vaccination contre le Covid y est pour beaucoup. Mais dans cette affaire, faut-il faire tomber la responsabilité sur l’État ou sur l’administration ? On dira que l’administration est sous la coupe de l’État, donc dans une stricte subordination. Mais il est vrai aussi qu’il y a de mauvaises habitudes qui se prennent, avec des forces d’inertie qui se mettent au travers de tout projet plus ou moins volontariste. Et puis, on peut aussi incriminer les décisions anciennes qui ont donné des orientations qui se révèlent aujourd’hui négatives. Je ne suis pas compétent pour en juger. Mais est-il vrai que la volonté de l’État, dans les dernières années, était d’obtenir une réduction continue des coûts des hôpitaux, avec notamment la diminution constante du nombre des lits ? Diminution qui n’aurait pas cessé malgré la crise actuelle et la forte demande d’hospitalisation. Singulièrement en réanimation.

    Il est certain que seule l’impulsion de l’État peut renverser la tendance, et qu’elle s’impose d’autant plus qu’il s’agit d’une tendance lourde. Je sais bien qu’à ce propos, une querelle d’école oppose ceux qui incriminent une trop grande emprise de l’État et penchent vers plus de libéralisme, et ceux qui incriminent au contraire un relâchement de ce même État dans ses fonctions essentielles. Ce qui me paraît sûr, en tout cas c’est que ce même État est toujours en situation d’accusation. C’est lui qui, en toute hypothèse, doit choisir les grandes options et les mettre en œuvre.

    Saint-Simon voulait substituer l’administration des choses au gouvernement des hommes, mais on a toujours affaire à des hommes et si la compétence technique s’impose, elle requiert forcément une volonté.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 5 janvier 2021.

    Sources : https://www.france-catholique.fr/

    https://radionotredame.net/