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  • La marche du Carême, par Gérard Leclerc.

    Sanctuaire de Notre-Dame de La Salette, Isère.

    © Pascal Deloche / Godong

    Les jours et les semaines filent. Nous en sommes déjà à la quatrième semaine de Carême ! Alors que nous sommes tellement enveloppés par le climat de pandémie qui dure depuis un an, sommes-nous, nous autres chrétiens, dans l’esprit de cette montée vers Pâques ? J’observe une querelle à propos des conférences de Carême, qui ne semblent pas convenir à certains.

    gerard leclerc.jpgDu moins les font-elles réagir, c’est qu’elles ne les laissent pas tout à fait indifférents. Seraient-ils capable de mieux faire que le prédicateur, qui assume la tâche magnifique de succéder à une liste impressionnante de personnalités qui se sont inscrites dans la tradition du Père Lacordaire ? Je demande à voir. Mais la question de fond, c’est bien de présenter le mystère chrétien aujourd’hui, tel qu’il éclaire notre vie. Mystère chrétien qui se traduit par mystère pascal, dans la préparation de la Grande semaine de l’année.

    Sommes-nous capables de témoigner de Jésus, comme le personnage central de l’histoire, l’envoyé du Père qui, au travers de la dramatique du Vendredi saint, nous conduit à la gloire ? Je lis chez nos confrères de La Vie un entretien intéressant avec Ken Follet, cet écrivain britannique, qui vient de faire un don de 148 000 euros pour la restauration de la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Mais je bute sur une de ses expressions : « Pour moi, Jésus est comme Socrate : il y avait bien un homme nommé Socrate qui n’a probablement pas dit ou fait tout ce que Platon lui a prêté. Mais tout de même, je trouve une grande sagesse chez Jésus. »

    Certes, il avait une grande sagesse. Mais n’était-il pas beaucoup plus ? « Le plus grand habitant ayant vécu sur la Terre » selon l’expression du docteur Couchoud, cet agnostique. Oui, en Carême il n’y a pas d’autre question à poser que celle de Jésus lui-même : « Qui dites-vous que je suis ? » (Mt 16, 15).

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 17 mars 2021.

    Sources : https://www.france-catholique.fr/

    https://radionotredame.net/

  • Cérémonie des Césars Spectacle désolant, par Gérard Leclerc.

    © Cyprien Nicoleau / ENS Louis Lumière pour l’Académie des Césars 2021 

    La soirée des Césars qui devrait nous donner une image gratifiante du cinéma et de l’expression artistique s’est révélée être une véritable catastrophe. C’est d’autant plus grave que le milieu du spectacle entend donner le ton au pays tout entier.

    gerard leclerc.jpgJe n’ai pas eu l’infortune de regarder la cérémonie des Césars à la télévision. Je dis bien infortune, car ce que j’en ai lu le lendemain matin a bien failli gâcher mon humeur pour la journée. Quand même, en cette période où le cinéma en particulier et l’art en général sont en état de confinement total, on aurait aimé un autre spectacle qui nous aurait donné le désir de réouverture de toutes les salles de cinéma, en attendant les autres. Dépité, Gérard Jugnot pouvait déplorer : « C’est dommage parce que ce n’est pas ça qui va donner envie aux gens de retourner au cinéma. »

    Mais il y a une autre dimension à analyser dans cette triste soirée, c’est l’image qu’elle entend donner de notre époque, avec des personnages qui se considèrent comme d’avant-garde, représentants de la culture contemporaine, porteurs de messages politiques et idéologiques adressés à la société toute entière. Ils n’inventent rien d’ailleurs. Les slogans et les à-peu-près conceptuels qu’ils débitent ils les doivent à une sous-culture distillée par les fabricants patentés d’une pensée qui se veut libératrice, mais qui n’est que sectaire, et souvent haineuse.

    Je doute que le pays dans ses profondeurs se reconnaisse dans pareil spectacle. Il est vraisemblable que l’on assiste de plus en plus à une sorte de schisme entre un public lassé de tant de vulgarités, d’outrances et d’orientation politico-sociale partisane, et ce milieu prétendument avant-gardiste. Nous n’avons vraiment pas besoin de cela alors que nous vivons, depuis un an, dans une situation psychologiquement pénible. On voudrait nous enfoncer dans la dépression que l’on ne ferait pas mieux. Qui nous en sortira en criant « Haut les cœurs ! » ?

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 16 mars 2021.

    Sources : https://www.france-catholique.fr/

    https://radionotredame.net/

  • Lutte contre la pédophilie La responsabilité de l’Église, par Gérard Leclerc.

    L’assemblée des évêques de France a décidé, la semaine dernière, de mesures pratiques importantes pour lutter contre le fléau de la pédophilie. Elle poursuit ainsi un long travail de prise de conscience qui ne la concerne pas toute seule parce que c’est la société dans son ensemble qui est en cause. Mais l’Église a une responsabilité particulière qui lui confère des devoirs considérables.

    gerard leclerc.jpgL’Assemblée des évêques de France a franchi, la semaine dernière, une nouvelle étape de son approche et de sa lutte contre la pédophilie dans l’Église. Des mesures importantes ont été décidées, d’une portée pratique indéniable, qui aideront à combattre le fléau, tandis qu’une lettre signée par tous les évêques était adressée aux catholiques de France. Une telle insistance, alors qu’il y a bien d’autres soucis pour l’Église d’aujourd’hui, est caractéristique d’une volonté unanime. Et il est vrai que c’est l’institution tout entière qui s’est trouvée blessée par la gravité des fautes commises et atteinte dans son témoignage évangélique. Il a fallu ce chemin de plusieurs dizaines d’années pour qu’on en arrive à une pleine conscience du phénomène.

    On est sans doute en droit de s’en scandaliser, mais avant de condamner l’Église d’hier et les évêques qui nous paraissent avoir failli dans leurs responsabilités, il importe de prendre une vue panoramique du sujet. La dénonciation des crimes de pédophilie a commencé dans les années 90, cela ne voulait pas dire qu’ils n’existaient pas avant. Mais il a fallu que la société mesure leur gravité pour mobiliser la justice. Ce fut suite à d’énormes scandales, comme l’affaire Dutroux qui éclata en 1996 et eut un retentissement mondial.

    L’Église catholique s’est trouvée à ce moment la cible principale d’une indignation qui n’a fait que s’accroître, au risque de concentrer sur elle toute l’attention des médias, ce qui était injuste. Mais c’est son statut privilégié de prescriptrice de morale et de conseils évangéliques qui la désignait ainsi. D’où cette odyssée de la conscience qu’elle a vécue et dont elle n’a compris la nécessité qu’en saisissant la profondeur des traumatismes subis par les victimes dans le cadre d’un ministère sacré.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 30 mars 2021.

    Source : https://www.france-catholique.fr/

  • «Qui veut la paix prépare la guerre»: le Français Jacques Bainville aurait-il apprécié Sergueï Lavrov?, par Jean-Baptist

    © REUTERS / Mike Sega

    À un siècle d’écart, l’historien et journaliste français Jacques Bainville et le ministre russe des Affaires étrangères semblent être d’accord sur un point: l’homme d’État doit s’apprêter à faire la guerre pour préserver la paix. Les analyses de l’historien mort en 1936 sont-elles toujours pertinentes à l’heure de l’Union européenne et de l’Onu? 

    6.jpg«Nous ne voulons pas nous isoler de la vie internationale, mais il faut s’y préparer. Qui veut la paix prépare la guerre.» Sergueï Lavrov a repris le dicton latin «Si vis pacem, para bellum» le 12 février, après que Bruxelles a menacé la Russie de nouvelles sanctions à la suite de l’affaire Navalny. Ainsi, le ministre russe des Affaires étrangères a-t-il ajouté ne pas craindre une éventuelle rupture des liens diplomatiques avec l’Union européenne.

    Bainville-Lavrov, même combat?

    Une telle affirmation s’inscrit dans une tradition géopolitique bien précise, qualifiée de «réaliste» par l’historien Christophe Dickès. Celui-ci vient de publier un ouvrage, Jacques Bainville, les lois de la politique étrangère (Éd. l’Artilleur/Giovanangeli). Le journaliste et historien Jacques Bainville (1879-1936) s’était fait remarquer il y a un siècle par sa critique féroce de l’idéologie, du moralisme et du juridisme, ayant selon lui corrompu la vision des relations internationales en Occident.

    Alors que la mode était, au sortir de la Première Guerre mondiale, au rêve de paix perpétuelle et mondiale, le Français signait un article prophétisant la revanche d’une Allemagne «sociale-nationale», quinze ans avant la prise de pouvoir d’Adolf Hitler. À trop vouloir la paix et à négliger les équilibres des puissances, l’Occident aurait de nouveau obtenu la guerre.

    Lignes rouges –Jean-Baptiste Mendes reçoit Christophe Dickès, historien et fondateur de la Web radio Storiavoce. Il est l’auteur de «Jacques Bainville, les lois de la politique étrangère» aux éditions l’Artilleur et Bernard Giovanangeli.

    Source : https://fr.sputniknews.com/

  • ”Scandale Lagarde” : l'assourdissant silence complice d'une caste médiatique pourrie, représentative de ce Système lui a

    LAFAUTEAROUSSEAU sans inscription.jpgDimanche soir, sur la 2 (avec Delahousse) : rien, même pas un mot, même pas une allusion...

    Hier matin, lundi, sur BFM, un journaliste "balai-brosse", plus qu'archi-super-ultra complaisant, offrait à Lagarde l'occasion de justifier son propos totalement inacceptable : la chaîne est même allé chercher/retrouver trois bribes de déclarations de ce pauvre Pasqua, mort en 2015, dans lesquels il parlait de son amitié pour Zemmour "écornée" et d'une prise de distance avec certaine de ses positions. 

    Eu égard à l'énormité du propos de Lagarde, c'est tout de même bien peu : entre dire que votre amitié pour quelqu'un est "écornée" et parler d' "une balle dans la tête", on nous permettra de penser qu'il y a comme une très légère différence...

    Et, puis, faire parler les morts est un exercice peu digne d'un journaliste...

    Si c'était Zemmour qui avait tenu les propos de Lagarde, ou Marine Le Pen, on peut être certain que les Champs-Élysées auraient été brûlés du haut en bas, que toutes les boutiques de vêtements, motos, luxe, alimentaire... auraient été pillées par des hordes de cagoules noires et que les mêmes scènes se seraient reproduites partout en France...

    On peut être certain aussi que la même caste médiatique frappée intégralement, pour un temps, d'une extinction de voix aussi généralisée qu'invalidante, se serait succédé sur les antennes pour dénoncer pêle-mêle, "peste brune", "dérapages nauséabonds", "heures les plus sombres de notre Histoire", "bruits de botte et tout le toutim...

    Là, c'est silence radio !

    Un homme de gauche a proféré une énormité himalayenne : pour lui, c'est bienveillance et compréhension, tout le temps pour expliquer et justifier l'inexplicable et l'injustifiable. La Fontaine ne s'est pas trompé : "Selon que vous serez..." mais, aujourd'hui, il faudrait le compléter par "Selon que vous serez de gôche ou bien d'en face..."

    Ainsi va, vit, raisonne et se comporte une caste médiatique indigne et pourrie jusqu'à l'os; parfaitement représentative de ce Système dont elle est issue, lui-même pourri jusqu'à l'os.

    On en revient toujours à Léon Daudet : la seule action qui vaille est "une action réellement d'opposition, c'est-à-dire prêchant ouvertement la subversion du Régime"

    lafautearousseau logo definitif.jpg

  • La grande retraite du Carême, par Gérard Leclerc.

    © Catherine Leblanc / Godong 

    Retour au sens du Carême. Il est sans doute nécessaire de revenir à deux notions évoquées hier. Le Carême peut être compris comme une grande retraite pour méditer le mystère pascal. Par ailleurs on peut parler de civilisation chrétienne, puisqu’ il s’agit de la religion de l’incarnation.

    gerard leclerc.jpgComment réussir à concentrer en deux minutes, comme je tente de le faire le matin, une réflexion qui souvent réclamerait de longs développements. Ainsi hier, abordant l’ouverture du Carême, je me suis risqué à livrer quelques intuitions dont je reconnais qu’elles étaient destinées à faire réfléchir plus avant, sans avoir la prétention d’apporter des réponses définitives. Un auditeur me reproche de ne pas avoir parlé de la pénitence qui caractérise particulièrement le Carême. C’est vrai que j’ai fait un autre choix, préférant me recentrer sur l’ensemble du mystère chrétien. Car ces quarante jours sont d’abord, à mon sens, l’occasion de se resituer au cœur de la foi, dans la perspective de la Semaine sainte et de Pâques. C’est une sorte de grande retraite qui nous est offerte pour méditer ce que, par exemple, saint Jean indique dans le prologue de son Évangile : « Et le Verbe s’est fait chair, et il a demeuré parmi nous, et nous avons vu sa gloire, gloire qu’il tient de son Père comme fils unique. »

    J’ai aussi opéré une trop brève allusion au christianisme comme inspirateur d’une civilisation. On m’a reproché de le ramener ainsi à un phénomène culturel, ce qui n’est nullement ma pensée. Simplement, il s’agit de la religion de l’incarnation, qui ne se contente pas de surplomber l’existence humaine. Elle s’ordonne dans un style de vie, dans des mœurs, dans une éducation. J’irais même jusqu’à dire dans un imaginaire, au sens où Castoriadis a employé ce terme, c’est-à-dire une représentation commune qui fait participer à une vision du monde. Imaginaire nourri souvent par des représentations artistiques. Notre époque ne vit plus d’un imaginaire chrétien. D’où le décalage qui s’est produit dans les années soixante. Vaste question !

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 18 février 2021.

    Sources : https://www.france-catholique.fr/

    https://radionotredame.net/

  • Quel retour à l’essentiel ?, par Gérard Leclerc.

    Il faut bien se résoudre à la réalité. Nous ne sommes pas sortis de la crise qui, depuis près d’un an, a changé nos conditions de vie. Le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, déclare que « la situation est évidemment très tendue et modifiée par la nouvelle donne des variants »

    gerard leclerc.jpgSeul espoir, la vaccination, dès lors qu’elle aura touché un nombre significatif de nos concitoyens. Un nouveau confinement n’est pas exclu. Dès lors, il faut continuer à évoluer dans ce climat très spécial qui est celui d’une société désorientée et ne sachant plus très bien à quel sort elle est vouée. La jeunesse est particulièrement affectée par ce sentiment, puisqu’ayant tout son avenir à construire, elle se trouve démunie de projections crédibles.

    Certains estiment qu’une telle période est favorable à ce qu’ils appellent un retour à l’essentiel. L’essentiel, c’est le sens de l’existence sans doute. Mais celui-ci est susceptible de multiples désinences. Dans le livre qu’il vient de faire paraître sur La société malade (Stock), Jean-Pierre Le Goff montre que l’invitation à explorer son espace intérieur est propice à des thérapies, comme le yoga, dont l’efficacité permettrait de chasser ses angoisses, de balayer ses préoccupations, faire le vide, se sentir apaisé. Les spiritualités vagues pour esthètes confinés seraient ainsi en vogue.

    Qu’en est-il de l’inspiration chrétienne dans cette recherche de l’essentiel ? À parcourir certains réseaux sociaux, je n’ai pas le sentiment qu’on apporte des réponses, alors qu’il n’est question que de lutter contre le cléricalisme. Alors, pour me consoler, je relis Simone Weil, la grande philosophe, et je suis projeté dans l’essentiel, le Christ, la Croix et la Trinité.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 1er mars 2021.

    Sources : https://www.france-catholique.fr/

    https://radionotredame.net/

  • Le trésor de la langue française, par Gérard Leclerc.

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    La question de l’écriture inclusive est devenue une cause militante pour certains secteurs de l’université et des luttes sociales. L’Assemblée nationale doit se saisir prochainement du sujet. C’est donc que le politique se doit d’intervenir pour trancher au nom de l’intérêt national lui-même.

    gerard leclerc.jpgUne proposition de loi visant à interdire ce qu’on appelle l’écriture inclusive dans les textes administratifs va donc être déposée à l’Assemblée nationale. Espérons que nos parlementaires seront à la hauteur d’un sujet qui n’est pas médiocre, car il touche au centre même de notre civilisation. La sauvegarde de notre langue, c’est beaucoup plus qu’une querelle d’école qui opposerait puristes et progressistes, anciens et modernes. C’est la médiation nécessaire pour que s’épanouisse une certaine qualité d’être et de partage entre hommes et femmes. J’irais même plus loin en parlant de qualité de cœur, car il est des élégances qui déterminent un art de vivre. Qualités d’être et de cœur qui ne sont pas seulement blessées par ladite écriture inclusive, mais aussi par toutes les formes de jargon que l’on nous offre trop souvent sous prétexte de science ou de précision conceptuelle.

    Certes, la langue est forcément appelée à une certaine technicité pour répondre aux exigences des savoirs spécialisés. Mais en philosophie par exemple, la tradition d’un Malebranche et d’un Bergson, et même d’un Rousseau, montre à l’évidence que l’élégance peut se marier avec l’œuvre de la pensée. Plus généralement, notre langue est un trésor, vivant certes, qu’il faut sauvegarder comme la prunelle de nos yeux. Marc Fumaroli, un de ses merveilleux défenseurs, écrivait à ce propos : « Le français n’est pas une lingua franca dont on se barbouille sur le tas pour communiquer. Ses normes sont même inséparables d’une jurisprudence qui les nuance et qui les interprète : un fonds de textes littéraires et de mémoire historique partagés. »

    Cette jurisprudence, loin d’être un carcan, est ce qui éveille le mieux le jugement, l’imagination et la mémoire. Chers députés, mardi prochain, soyez à la hauteur de l’enjeu !

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 25 février 2021.

    Sources : https://www.france-catholique.fr/

    https://radionotredame.net/

  • Islamo-gauchisme ?, par Gérard Leclerc.

    Siège du CNRS

    © Celette / CC by-sa

    Madame Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur a mis le feu au poudre en demandant au CNRS d’ouvrir une enquête sur la propagation de l’islamo-gauchisme à l’intérieur de l’université française. La politique est d’évidence impliquée dans cette querelle mais ses présupposés intellectuels lui donnent une dimension singulière.

    gerard leclerc.jpgIslamo-gauchisme, le mot appartient désormais à la rhétorique de la vie politique, où il répond d’ailleurs à l’accusation d’islamophobie. Faut-il parler d’invectives entre camps idéologiques ? Pour une part sans doute, quoi que les camps en question ne répondent pas forcément aux clivages classiques. La gauche est divisée sur le sujet. Manuel Valls, l’ancien premier ministre socialiste, n’est pas du tout d’accord là-dessus avec Jean-Luc Mélenchon. Mais surtout nous sommes en face d’un débat de fond qui concerne l’université française dans son ensemble. C’est pourquoi la déclaration de Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur, a eu un tel retentissement, provoquant approbations et vives réprobations. Affirmer que l’islamo-gauchisme, qui gangrène la société toute entière, concerne également l’université, c’était forcément provoquer une explosion.

    Connaissant personnellement depuis longtemps Pierre-André Taguieff et ses travaux sur le racisme, l’anti-racisme, la judéophobie et leurs prolongements actuels, je me retrouve dans un univers familier. Car c’est lui, Taguieff, qui, le premier, a lancé cette formule d’islamo-gauchisme, en raison de ce qu’il observait et de ce qui provoquait son inquiétude. Inquiétude à l’égard d’une grave déviation intellectuelle venue des États-Unis, mais aussi de son enracinement dans l’université française.

    Il n’y a pas que l’islamisme qui soit en cause, car Taguieff vise plusieurs thématiques qui se rejoignent, en englobant l’analyse de la société entière au moyen de grilles d’interprétation qui forment système, comme autrefois le marxisme était un système général d’explication des phénomènes sociaux. Bref, nous sommes engagés dans une bataille sans doute décisive par ses enjeux qui concernent notre avenir commun.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 22 février 2021.

    Sources : https://www.france-catholique.fr/

    https://radionotredame.net/

  • Islam Le pari de François par Gérard Leclerc

    © Antoine Mekary / Godong 

    On me permettra de prolonger la réflexion que j’ai commencée lundi dernier, à propos du voyage du pape en Irak. Lui-même nous invite à méditer l’événement, ce qui l’a précédé et ce qui devrait le suivre, non sans se référer aux critiques que sa volonté de rapprochement avec certains responsables de l’islam peut susciter. 

    gerard leclerc.jpgAux journalistes présents dans l’avion du retour, François a ainsi déclaré : « On doit avancer avec les autres religions. Le concile Vatican II a permis un grand pas. L’institution catholique a suivi. Mais il faut prendre des risques et donc subir des critiques : “Le pape n’est pas courageux, il est inconscient, il marche hors de la doctrine catholique. Il est à un pas de l’hérésie !” Ce sont des risques mais ces décisions d’avancer se prennent toujours par la prière, dans le dialogue en demandant conseil. C’est une réflexion et non un caprice, c’est aussi la ligne de Vatican II. »

    En contraste avec une telle déclaration, on pourrait s’interroger sur l’énorme polémique qui concerne ce qu’on appelle l’islamo-gauchisme. Le pape ne serait-il pas à côté de la plaque, alors que nos pays d’Occident sont confrontés à un véritable problème de civilisation et que leurs universités mêmes sont le lieu d’un bouleversement culturel majeur, à cause précisément de la présence de l’islam ? Et lorsque l’un de nos meilleurs spécialistes de la question, Gilles Kepel, dans son dernier livre [1] met en cause la quatrième mutation du virus djihadiste, on pourrait se demander si l’Église n’est décidément pas hors course.

    Le pape, cependant, a pu constater de visu le caractère incroyable de la cruauté djihadiste. Il ne devait donc rien ignorer du défi. Mais il parie sur la possibilité de trouver des alliés chez certains dirigeants musulmans. Ce pari est-il risqué ? Je suis payé pour savoir que parmi les plus hauts responsables de la hiérarchie, il est l’objet d’un débat sérieux.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 10 mars 2021.

    [1Gilles Kepel, Le prophète et la pandémie, Du Moyen-Orient au jihadisme d’atmosphère, Gallimard, Paris, 2021.

    Sources : https://www.france-catholique.fr/

    https://radionotredame.net/

  • La foi et l’institution, par Gérard Leclerc.

    Messe à la cathédrale Saint-Jean à Lyon

    © Pascal Deloche / GODONG

    Le sondage de l’Ifop, demandé par l’association des journalistes d’information sur les religions, fait beaucoup parler de lui. Il en ressort, en effet, qu’un peu plus de la moitié des Français (51 %) ne croit pas en Dieu. Chiffre d’autant plus impressionnant qu’il indique une évolution régressive depuis la guerre. 

    gerard leclerc.jpgEn 1947, ils étaient encore 66 % à se déclarer croyants. Nous assistons donc à un phénomène de décroissance continue, sur lequel il convient de s’interroger, non sans tenir compte du domaine particulier qui est celui du for interne. En d’autres termes, comment sonder les reins et les cœurs ?

    Je serais tenté de recommander à ce propos la lecture du dernier livre de l’historien Guillaume Cuchet, intitulé Le catholicisme a-t-il encore de l’avenir en France ? (Seuil) car il a le mérité d’analyser les choses en profondeur. Le même historien avait déjà publié en 2018 un ouvrage qui avait fait date Comment notre monde a cessé d’être chrétien (Seuil). L’effondrement de la pratique religieuse au début de la décennie 60 explique pour une part importante la déperdition religieuse que l’on constate.

    En quelques mots, je ne puis reprendre le riche contenu d’une réflexion. Je me bornerai à un constat. La relation à Dieu est forcément liée à une culture théologique répandue par une institution. La surface de cette institution s’étant rétrécie au long des dernières décennies, les conséquences ont forcément suivi. Les nouvelles génération ont perdu toute relation avec le langage même de la foi. Certes, la foi est d’abord une démarche intérieure, mais elle a toujours été vécue en société et en communion. Conclusion : le renouveau de la foi ne saurait se séparer du renouveau de l’institution.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 28 septembre 2021.

     
  • Le pape et le populisme, par Gérard Leclerc.

    © Antoine Mekary / Godong

    L’encyclique Tous frères est désormais disponible en librairie, et chacun est donc en mesure d’apprécier sur pièce la pensée du pape. Il est vraisemblable que vu la longueur et la densité du texte, les avis des uns et des autres seront contrastés en fonction de ce qui aura le plus polarisé l’attention. Un critique à fait remarquer – et ce n’était pas un compliment de sa part – que le texte de François représentait en volume le triple de la célèbre encyclique Rerum novarum de Léon XIII, qui inaugura l’enseignement social de l’Église catholique.

    gerard leclerc.jpgCette longueur s’explique par le souci de François de donner une analyse exhaustive du monde actuel, celui de la globalisation. Le propos de Léon XIII se rapportait certes à la réalité sociale de la fin du XIXe siècle, mais il était de nature plus normative que descriptive.

    La volonté de décrire le plus exactement possible la complexité de notre monde oblige le pape François à entrer dans des explications qui relèvent de différentes disciplines, avec des aspects multiples. Ainsi, on peut relever ce qui concerne le phénomène populiste jugé très péjorativement. Ce qui peut étonner de la part de celui qui fut marqué dans son pays d’origine, l’Argentine, par l’expérience péroniste que le populisme définit assez adéquatement. Mais ses pires côtés sont ressentis désormais parce qu’il consisterait dans l’exacerbation « des penchants les plus bas et égoïstes de certains secteurs de la population ».

    Cependant, ce jugement très critique a sa contrepartie, parce que le pape refuse également un universalisme niveleur qui ne ferait pas sa place à la diversité et détruirait « la richesse ainsi que la particularité de chaque personne et de chaque peuple ». Le pape est également sévère à l’égard de l’effacement de « la conscience historique », celle qui contient « la richesse spirituelle et humaine qui a été transmise au cours des générations ». Voilà de quoi faire réagir, notamment à l’heure où l’excellent géographe qu’est Christophe Guilluy entend montrer que la résistance populaire, solidaire de tout un patrimoine transmis, manifeste de plus en plus sa voix [1].

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 6 octobre 2020.

    Source : https://www.france-catholique.fr/

  • Une encyclique fraternelle, par Gérard Leclerc.

    © Antoine Mekary / Godong

    Pour avoir lu, hier après-midi, l’encyclique du pape François intitulée Tous frères, je puis garantir à ceux qui n’en ont pas encore pris connaissance qu’il s’agit d’un texte extrêmement dense, qu’il convient d’aborder avec la plus extrême attention, avant même d’énoncer un jugement de fond. Il est, en effet, plus que probable que les thèmes abordés par le Pape susciteront de vives discussions, voire même des polémiques.

    gerard leclerc.jpgEt je dirais que c’est normal, parce que la complexité du monde contemporain, dont il est rendu compte, ne suscite pas forcément un consensus spontané. Par ailleurs, certaines positions idéologiques – telles que le populisme et le néo-libéralisme – sont dénoncées de façon directe, et beaucoup qui s’estimeront visés réagiront avec quelque vivacité.

    Il serait dommage pourtant que cette encyclique provoque une sorte de tohu-bohu, avec des oppositions frontales qui empêcheraient une étude précise de la pensée du pape François. Car cette pensée, même si elle tranche avec netteté, à propos de choix fondamentaux dans la conduite des affaires du monde, se signale aussi par la complexité de ses analyses. Complexité qui correspond à la difficulté de certains problèmes. Ainsi celui de l’immigration. Rien ne se trouve dissimulé des enjeux des déplacements de population aujourd’hui. Certes, il y a un net parti-pris en faveur de ceux qui font le choix de quitter leur pays afin de trouver un sort meilleur pour eux-même et leurs familles. Mais le Pape fait place aussi à tous les arguments contraires, y compris celui qui concerne la perte de leurs meilleurs éléments pour les pays d’origine et celui qui concerne les trafics odieux auxquels donnent lieu les migrations.

    Un des passages les plus discutés concernera très probablement la question de la guerre, avec le refus catégorique de prolonger aujourd’hui la doctrine dite de la juste guerre. L’interdiction de l’arme atomique est-elle seulement possible ? Mais le Pape, au nom de son idéal évangélique, n’a-t-il pas un certain droit à parier en faveur d’une espérance supérieure ?

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 5 octobre 2020.

    Source : https://www.france-catholique.fr/

  • François, leader politique ?, par Gérard Leclerc.

    Visite du pape François au Parlement européen de Strasbourg.

    © Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons -

    cc-by-sa-3.0

    Décidément, je ne pourrai échapper cette semaine à l’encyclique papale, tant elle est devenue en quelques heures un objet de discussion et de dispute, avec même des contestations véhémentes. Malicieusement, ce peut être la preuve que le pape a réussi son travail de communication. Au moins, il ne laisse pas indifférent, et c’est probablement parce qu’il a touché, aurait dit Charles Péguy, là où ça fait mal.

    gerard leclerc.jpgOn lui reproche de faire de la politique, ce qui est exact, mais il est difficile d’éviter la politique, à moins de s’exprimer sur un mode hors-sol. Sans doute, dira-t-on, que même sur ce terrain-là il ne doit pas s’exprimer exactement comme les autres, parce que son autorité est sui generis. Et de ce point e vue, il n’est pas outrecuidant de s’interroger sur le style de Fratelli tutti. Certaines références sont pour le moins inhabituelles. Martin Luther King, Gandhi, Desmond Tutu, auxquels il faut ajouter le Grand Imam Amhad Al-Tayyeb de l’université égyptienne d’Al-Azhar.

    Il ne s’agit pas de Pères de l’Église ! Est-ce à dire que François se considère comme une sorte de leader prophétique, capable d’énoncer un grand rêve de transformation de l’humanité ? On pourra alléguer l’exemple de Jean-Paul II, qui endossa aussi un rôle politique, au point de changer la face du monde. J’ai quelques souvenirs là-dessus, lorsque le pape polonais haranguait des foules immenses, alors que la milice du régime entourait l’aérodrome où se tenait cette liturgie géante. Mais Jean-Paul II ne tenait pas un discours politique à proprement parler. Il prêchait l’Évangile avec ses retombées concrètes, sans même nommer l’idéologie communiste qu’il mettait à mal.

    Le cas du pape François est un peu différent, notamment lorsqu’il aborde des sujets qui créent le désaccord, vu leur difficulté. Mais pourquoi ne ferait-on pas preuve à son égard d’une franchise analogue ? À condition, bien sûr, d’adhérer à l’esprit fraternel dont il se veut l’apôtre.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 7 octobre 2020.

    Source : https://www.france-catholique.fr/

  • La liberté des familles, par Gérard Leclerc.

    © Philippe Lissac / Godong

    Pour lutter contre le séparatisme, ou plutôt pour promouvoir la laïcité, Emmanuel Macron a fait deux propositions qui ont suscité de vives objections. La première concerne l’apprentissage de la langue arabe à l’école dans le but de détacher les enfants des familles musulmanes des organismes fondamentalistes où ils reçoivent un enseignement dangereux.

    gerard leclerc.jpgOn a opposé au président, au contraire, la nécessité de renforcer l’apprentissage du français, qui est la condition impérative d’une meilleure intégration. La deuxième proposition consiste à imposer l’école obligatoire dès l’âge de trois ans, ce qui empêcherait des dizaines de milliers de familles de procéder elles-mêmes à l’instruction de leurs enfants, ce qui était admis jusqu’alors.

    Sans doute, il s’agit toujours de lutter contre les réseaux extra-scolaires des séparatistes. Mais la portée d’une telle décision met gravement en cause la liberté des familles, celles qui pratiquent l’enseignement à la maison n’étant nullement assimilables aux milieux qui développent des dérives sectaires. J’en suis témoin personnellement, ayant observé au moins deux familles amies qui avaient choisi ce mode éducatif pour le meilleur épanouissement de leurs enfants. Cette discussion sur la liberté scolaire m’a renvoyé une quarantaine d’années plus tôt, lors du premier septennat de François Mitterrand, avec l’idée d’intégration de l’enseignement privé, essentiellement catholique, dans un grand service public.

    Journaliste responsable au Quotidien de Paris du dossier scolaire, j’avais suivi minutieusement toutes les péripéties de cette affaire et j’avais eu notamment une rencontre mémorable avec François Mitterrand lui-même. C’était la liberté des familles qui était en jeu, et l’on retrouvait des doctrines qui dataient de la Révolution française. N’est-ce pas Danton qui déclarait : « Mon fils ne m’appartient pas, il est à la République. C’est à elle de lui dicter des devoirs pour qu’il la serve. » Mais le président avait-il conscience qu’avec sa proposition il renvoyait à un tel choix philosophique ?

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 8 octobre 2020.

    Source : https://www.france-catholique.fr/