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Rechercher : qu'est ce que le système ?

  • Retour aux valeurs traditionnelles en Chine et en Russie ! Quand en Europe ?

    Confucius 

    Par Marc Rousset

    Le système de valeurs confucéen consacre l’importance accordée à l’autorité, à la famille, au travail et à la discipline. Un retour aux valeurs traditionnelles s'observe, notamment, en Chine et en Russie ! Quand en Europe ? Question qui va à l'essentiel.  LFAR

     

    3973556484.jpgLe journaliste Cyrille Pluyette nous apprend, dans Le Figaro du 19 août dernier, que la promotion des valeurs traditionnelles, tant condamnées sous Mao Tsé-toung, est orchestrée par les autorités et fait son grand retour en Chine. On peut lire, aujourd’hui à Pékin, des affiches du style : « On est béni quand on fait preuve de piété filiale, quand on est honnête, quand on est patriote. » Ailleurs, des panneaux relatent la vie des disciples de Confucius, expliquent que l’on doit être « soumis et respectueux face aux parents, fidèle à la mère patrie » et qu’il faut être indifférent à la célébrité et à la richesse. Quant aux amoureux, ils ne doivent pas être trop démonstratifs et « respecter la morale sociale ».

    La pornographie, l’homosexualité, l’adultère, l’hédonisme matérialiste stupide, les scoops ou les ragots sur la vie privée des stars chinoises sont également censurés sur Internet afin de ne pas flatter les « bas instincts du public ». Xi Jinping, dans une société largement bâtie sur l’argent, veut donc combler le vide idéologique par de nouvelles valeurs compatibles avec son gouvernement autoritaire. Le parti unique cherche à se réapproprier le confucianisme qui implique que le peuple obéisse à une élite d’hommes intègres et dignes de confiance.

    Samuel Huntington, dans Le Choc des civilisations, avait déjà remarqué que la réussite de l’Asie était le résultat de l’importance culturelle accordée à la collectivité plutôt qu’à l’individu. Dans le monde démocratique occidental règne la culture de l’individualisme ; la tradition chinoise enseigne que la société est une communauté complexe. Le système de valeurs confucéen consacre l’importance accordée à l’autorité, à la famille, au travail et à la discipline, le rejet de l’individualisme, la primauté de l’autoritarisme « doux » et des formes très limitées de la démocratie.

    Le triomphalisme asiatique face au déclin de l’Occident s’est exprimé dans ce que certains avaient appelé « l’offensive culturelle de Singapour ». Lee Kuan Yew, souvent qualifié de despote éclairé, a opposé les vertus de la culture asiatique confucéenne (l’ordre, la discipline, la responsabilité familiale, le goût du travail, le souci de l’intérêt collectif, la sobriété) à la complaisance, la paresse, l’individualisme, la violence, la sous-éducation, le manque de respect pour l’autorité et l « ossification mentale » qui seraient responsables du déclin de l’Occident. 

    On retrouve, en fait, dans les valeurs confucéennes, l’opposition bien connue en Europe entre le holisme s’appuyant sur des valeurs traditionnelles et l’individualisme des « Lumières » qui nous mène à la société décadente actuelle dont l’argent est la seule valeur. Dans ses déclarations, Lee Kuan Yew n’avait d’ailleurs jamais caché que la politique qu’il suivit à Singapour, et qui fut une source d’inspiration d’idées nouvelles pour les dirigeants chinois, consistait en fait à appliquer des vertus que les Européens avaient possédées et pratiquées en d’autres temps. Pour leur plus grande disgrâce, ils les avaient oubliées ou leurs nouveaux maîtres les leur avaient fait détester.

    La perte des valeurs traditionnelles tient à la destruction volontaire ou induite de toutes les structures et contraintes, doctrines, lois, rites, codes de conduite et devoirs au bénéfice des « Lumières » progressistes destructrices. Comme le remarquait Gilles Lipovetsky dès les années 80 dans L’Ère du vide, les valeurs qui structuraient encore le monde de la première moitié du XXe siècle (épargne, conscience professionnelle, sacrifice, ponctualité, autorité) n’inspirent plus de respect et invitent davantage au sourire qu’à la vénération.

    Et qu’a fait Poutine, en Russie, si ce n’est procéder, dès sa prise du pouvoir en 2001, à un retour aux valeurs traditionnelles russes comme la famille, la patrie et la religion orthodoxe. Une religion orthodoxe beaucoup plus réaliste et moins naïve que le catholicisme romain, en faisant construire des églises et reconstruire des cathédrales dans toute la Russie !  •

  • Les leurres de la société civile

    Le nouveau gouvernement affiche une moitié de personnes issues de la « société civile ». /Reuters

     

    823330531.jpgFrançois d'Orcival a eu raison de dénoncer « les leurres de la société civile » et de les dénoncer au moment opportun. C'est à dire au moment  où le Système - ce que les maurrassiens appellent aussi Pays légal - pour surmonter ses crises,  met en avant la société civile et fait monter jusqu'à lui, en fait en les intégrant,  quelques membres de ladite société civile. Cette dernière ainsi sollicitée, mise à contribution, en fait récupérée, ne doit pas être confondue avec ce qui subsiste du Pays réel. S'il en est un,  celui-ci se compose de Français dans leurs familles, leurs métiers, leurs villes ou leurs régions. Et qui, sous sa forme actuelle, sont à mille lieues des rouages nauséabonds du Système. 

    Ce qu'écrit François d'Orcival [Figaro magazine du 20.05] mérite d'être lu - en particulier par les lecteurs de Lafautearousseau - raison pour laquelle nous reprenons ci-dessous cet article in extenso.   LFAR

     

    francois-d-orcival-direct-8.jpgLa « société civile » est de retour, le summum de la démocratie, la France d'en bas, nous les citoyens, les « vrais gens ». Elle prolifère par temps politique : l'année dernière, celle des primaires de la droite et de la gauche, nous avions eu droit à une « primaire citoyenne » qui a avorté ; à la présidentielle, sur les 61 candidats inscrits au Conseil constitutionnel qui prétendaient aux parrainages, une quarantaine se revendiquaient de la société civile, autant de zozos retournés depuis dans l'anonymat. Et sur les onze candidats finalement retenus, cinq ont recueilli 91 % des voix... Eh bien, revoilà la société civile pour les législatives !19 000 de ces « citoyens » se sont présentés pour obtenir l'investiture de La République en marche - Emmanuel Macron en a retenu 1 sur 33 ! Et naturellement les plus « politiques ».
    Il n'y a pas de société civile opposée à une société militaire, religieuse ou étatique. C'est pourtant un phénomène qui s'est construit contre une classe politique (aujourd'hui on dit « politico - médiatique ») ressentie comme trop homogène, par ses origines sociales, intellectuelles et professionnelles. Jean-Pierre Chevènement et ses deux complices (Gomez et Motchane) n'avaient pas tort quand ils dénoncèrent, il y a cinquante ans, fin 1967, « l'énarchie ou les mandarins de la société bourgeoise ». Six mois plus tard, et sans savoir qu'ils préfiguraient la « société civile », quelques milliers d' « enragés» levaient les barricades de Mai 68 en signe de révolte contre le pouvoir. Avant que celui-ci ne reprenne la main.

    Certes, Mai 68 n'est pas resté sans suite. On a vu la « société civile », à travers ses réseaux, lobbies, cercles et clubs, en un mot sa floraison d'associations, pénétrer lentement les institutions, jusqu'à gangrener le coeur de l'Etat. Pour autant, la société civile reste un leurre ; il n'y a que les naïfs pour s'improviser « politiques », comme si la politique n'était pas un apprentissage, des procédures, un métier. La société civile permet surtout aux seuls détenteurs du pouvoir de faire croire au citoyen qu'il est le coq quand il n'est que le dindon d'une farce préparée par les chefs. C'est tout leur talent de savoir ainsi renouveler les têtes et les troupes pour les conduire, en bon ordre, à voter comme il faut. 

  • LE MOT DU PRÉSIDENT DE LA RESTAURATION NATIONALE : Un nouveau départ

    2920517656.jpgLe compte à rebours à commencé. Celui des "présidentielles" bien-sûr. Dans tous les camps, c’est presque devenu un boulot à plein temps. Sarkozy rebondit. "Ressuscite", disent même certains sans peur du ridicule. Juppé, le vieux qui veut jouer au jeune, déclare ne pas sentir la naphtaline et le prouve en se disant favorable à tout ce qu’il y a de plus avancé en matière sociétale. Comme Giscard le disait naguère de son libéralisme… Comme Raymond Barre, « le meilleur économiste de France », tentait en 1981 de refaire surface après une longue plongée, Juppé, « le meilleur d’entre nous », montre qu’il n’a rien perdu de sa superbe… mais beaucoup de ses certitudes. « Les partis politiques ne meurent jamais du trop plein de débats, du trop plein d’idées, du trop plein de personnalités fortes », minimise Sarkozy. Il verra bien ! Les Dati, Guaino, Wauquiez, Peltier rentreront sans doute dans le rang et continueront à faire matelas commun à l’UMP, mais rêveront à part d’une « droite des valeurs ». Que fera Mariton ? Ou Jean-Frédéric Poisson, du Parti Chrétien Démocrate, lequel doit penser tous les matins en se rasant qu’il pourrait bien participer à la primaire à droite ? Alors que la maison brûle, que s’accentue la déconstruction de nos forces vives et que se multiplient les plus folles dispositions gouvernementales, voilà à quel jeu, imposé par le système, joue la nouvelle opposition, à vrai dire pas si nouvelle, ni novatrice. On se borne à tabler sur le bilan désastreux de la gauche au pouvoir et à chercher qui sera la vedette principale. Mais pour faire quoi après ? A gauche on mise sur la déstabilisation de la droite, en faisant raisonner le bruit de toutes les casseroles possibles, réelles ou imaginaires. On - c’est-à dire Valls - songe aussi à la rénovation, exercice imposé par le délabrement de la popularité du président et du PS. Rude tâche à vrai dire que de dissiper une mélancolie de plus en plus chiffonnée par les ans. Des deux côtés de notre système hémiplégique on s’émeut de voir Marine Le Pen promise au second tour de la présidentielle. Cela pourrait bien être pourtant la planche de salut : celui qui arrivera au second tour face au FN n’aurait plus qu’à souffler dans la trompe du sursaut républicain pour emporter la mise. Ces grandes manoeuvres et petits calculs, ces ambitions personnelles et ce mépris du peuple réel ne sont pas une plongée dans les eaux profondes du dévoiement politicien. Ils ne sont qu’une nouvelle oscillation de cet éternel mouvement de fébrilité consubstantiel à nos institutions électives. Ils sont moins d’ordre anecdotique et conjoncturel que le corollaire de nos pratiques constitutionnelles. Le mal est donc plus profond que celui qu’on pourrait attribuer à la seule perversité de quelques hommes ou femmes.  

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    C’est pourquoi une réflexion profonde est nécessaire sur la question de l’État. C’est l’honneur de l’Action française d’y avoir incité tous ceux que préoccupe l’avenir de la France. Cette tâche est toujours la nôtre. Le colloque Vauban qui s’est tenu le 6 décembre à Paris doit être regardé comme un nouveau départ, presque comme un acte fondateur. De l’écho que nous donnerons à ce qui est entrepris ici, dépendra la renaissance d’une espérance. La situation de la France est d’une telle gravité, et les Français traînent une telle mélancolie en matière politique, qu’il est à la fois urgent et porteur de faire entendre la solution du projet royal. Chacun comprend de façon de plus en plus patente qu’attendre le salut public des tribulations politico-partisanes n’est pas ce qui est le plus rationnel. En 1958 De Gaulle écrivait : « Vais-je saisir l’occasion historique que m’offre la déconfiture des partis pour doter l'État d’institutions qui lui rendent, dans une forme appropriée aux temps modernes, la stabilité et la continuité dont il est privé depuis 169 ans ? Sans nul doute voilà le but que je poursuis et que je dois atteindre ». Peu importe ce que l’on pense de De Gaulle. L’important est que l’enjeu soit formulé et serve de ligne d’action. Le but n’a pas été atteint, car l’histoire est souvent faite d’occasions manquées. Il arrive aussi, heureusement, qu’il y en ait de réussies, même parmi les plus ambitieuses. Encore faut-il y travailler ! La déconfiture des partis est, comme en 1958, une réalité. Devenus des émigrés de l’intérieur, ils n’ont rien appris puisqu’ils ont tout oublié. Nous nous souvenons, nous, de ce qui peut être ferment d’avenir.

    Bernard Pascaud

  • Juppé, Sarkozy, Copé, Fillon NKM, Le Maire… où est la droite ?

     

    Par Aristide Leucate 

    Une analyse - à juste titre - très critique du monde dit de droite. Nous l'avons dit et répété : les hommes - dont, bien-sûr, les femmes - ne sont pas pires qu'en d'autres temps ou en d'autres camps. Simplement, ils sont prisonniers d'un Système détestable qui imprime à la France - tant qu'elle n'en changera pas - un inexorable et fatal déclin. Et qui les réduit, quant à eux, à donner un  spectacle permanent de guignols impuissants.  LFAR

     

    3266751844.jpgEt de huit ! Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM) aurait, selon ses dires, réuni l’intégralité de ses parrainages qui lui permettront de participer aux « primaires de la droite ». [Elle les a recueillis ... NDLR] La dame vient, ainsi, grossir les rangs des putatifs de son camp, tous masculins, Nadine Morano ayant déclaré forfait (à l’instar d’Henri Guaino, d’ailleurs), malgré une forte mobilisation de ses soutiens ces jours derniers. Et exeunt Frédéric Lefebvre, Geoffroy Didier ou l’illustre inconnu Hassen Hammou, revenus à leurs collages et tractages de cantons.

    D’ici à quelques semaines, le député de l’Essonne, ex-ministre de son concurrent Sarkozy, va se mesurer à celui-ci et aux autres caciques promettant de laver plus blanc que blanc, tous ayant pour dénominateur commun de « vouloir faire de la politique autrement », antienne répétée ad nauseam, à droite comme à gauche, à qui ne souhaite plus l’entendre.

    Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire, François Fillon, Jean-François Copé, Jean-Frédéric Poisson, Hervé Mariton et NKM ont également comme point commun d’avoir, avant ou pendant l’été, publié un livre dont l’extrême rapidité de péremption n’a d’égal que leur inutilité (sinon leur faible intérêt intellectuel), attendu, précisément, que ces polygraphies laborieuses n’attirent qu’un nombre souvent infiniment confidentiel de lecteurs (la majorité se recrutant parmi les inconditionnels et groupies en tout genre). 

    Alain Juppé, la coqueluche des médias mainstream et de l’oligarchie mondialisée, nous assure de l’avènement d’un État fort, non sans avoir préalablement envoyé en éclaireur bien peu éclairé, en fantassin tout sauf fantaisiste, un jouvenceau surdiplômé en la personne de Maël de Calan livrant, à la suite de tant de plumitifs plus ou moins inspirés, sa Vérité sur le programme du Front national, complaisamment préfacée par son mentor.

    Quant à Jean-François Copé, il se fait, sans modestie aucune, le chantre énergique du Sursaut français (Stock), ce, avec d’autant plus d’enthousiasme qu’il vient d’être judiciairement blanchi dans le dossier Bygmalion sur le financement de la campagne électorale d’un Nicolas Sarkozy déclarant, sans fausse honte, appartenir à La France pour la vie. L’ancien président de la République a organisé les conditions de sa victoire, ce qui laisse présager un psychodrame du même acabit que celui opposant, en son temps, Copé et Fillon, s’écharpant alors pour la présidence de l’UMP. Ce même Fillon dont l’ambition de « collaborateur » se réduit à Faire, tandis que les dernières estimations sondagières le donnent perdant, en dépit du ralliement incompréhensible de Sens commun, courant issu des Manifs pour tous.

    Aussi Hervé Mariton peut-il bien promettre Le Printemps des libertés, NKM affirmer ce truisme que Nous avons changé de monde, Bruno Le Maire exhorter Ne vous résignez pas et Jean-Frédéric Poisson plaider la cause des chrétiens d’Orient (Notre sang vaut moins que leur pétrole), tout sera fait, finalement, pour que tout change sans que rien ne change, ceux-ci étant, de toute façon, insuffisamment blanchis sous le harnais du Système, lequel a déjà choisi ses candidats, sinon son futur président de la République.

    Entre le brouet libéral-libertaire des uns et le catalogue opportuniste des autres, cette droite n’en finit cependant pas de lancer ses derniers feux, tel un astre mort, du fin fond interstellaire de sa vacuité idéologique conjuguée à ses innombrables compromissions successives avec la gauche. L’union des droites, sorte d’arc « républicain » s’étirant de l’UMP au FN en passant par les micro-formations que sont le SIEL de Karim Ouchikh ou DLR de Nicolas Dupont-Aignan, reste, à cette enseigne, un vœu pieu, un conte pour enfants abandonnés sur les trottoirs de Béziers à la fin d’un certain « ouiquende » de mai… 

    Docteur en droit, journaliste et essayiste

    Article repris de Boulevard Voltaire du 10.09.

  • « Ca va mieux »

     

    par Jean-Baptiste d'Albaret

     

    626951329.jpgL’histoire de la pensée positive remonte au début du XXe siècle, lorsqu’un pharmacien français, Emile Coué, découvrit le pouvoir de l’autosuggestion. « Si étant malade, nous nous imaginons que la guérison va se produire, celle-ci se produira si elle est possible. Si elle ne l’est pas, nous obtiendrons le maximum d’améliorations qu’il est possible d’obtenir », écrivait l’apothicaire dans sa célèbre Méthode que les éditions de l’Herne viennent de rééditer. Pour produire son effet, cette méthode doit cependant entraîner l’adhésion du sujet aux idées positives qu’il s’impose – ou qu’on lui impose. Car, précise Coué, « vous pouvez suggérer quelque chose à une personne ; si son inconscient n’a pas accepté le message que vous lui avez transmis pour le transformer en autosuggestion (…) votre message ne produit aucun effet ».

    C’est tout le problème de François Hollande. Les « ça va mieux » qu’il adresse inlassablement aux Français à un an de la présidentielle de 2017 n’ont aucune prise sur leurs inconscients. Pire, le décalage avec la réalité vécue par chacun d’entre eux est tellement flagrant qu’il produit l’effet exactement inverse de celui recherché. 83 % des Français considèrent qu’il n’est pas un bon président de la République, selon le dernier baromètre Odexa-L’Express. Nouveau gouffre d’impopularité où il entraîne l’autre tête de l’exécutif, Manuel Valls. La publication récente d’indicateurs économiques encourageants, mais qui tiennent essentiellement à des facteurs extérieurs, n’y ont rien changé. La ficelle était trop grosse. La vérité, c’est que la parole du chef de l’Etat n’a plus aucun crédit. La droite souligne ses faiblesses. Elle est dans son rôle. Mais une partie de plus en plus visible de la gauche hausse le ton dans un climat social plus dégradé que jamais.

    Agriculteurs, avocats, médecins,  enseignants, commerçants, artisans ont déjà exprimé leur mécontentement depuis le mois de septembre. C’est au tour des forces de l’ordre de manifester contre la « haine anti-flics », observée notamment en marge des rassemblements de Nuit debout. Et voilà la CGT qui, malgré sa faible représentativité, exige à son tour le retrait d’une loi travail pourtant vidée de sa substance. La France exaspérée découvre que les fonctionnaires cégétistes de la « lutte sociale » conservent un pouvoir de nuisance qui leur permet de paralyser l’approvisionnement d’énergie et les transports… Où cela finira-t-il ? Si l’exécutif cède, il donne le sentiment d’une impuissance de l’état face aux casseurs et aux bloqueurs. Mais, s’il se montre intransigeant, il risque l’implosion de son propre camp où certains voudraient précipiter son échec. La crise institutionnelle n’est pas loin…

    Dans ce contexte de ruine du pays, « la droite hors les murs » s’est donnée rendez-vous à Béziers, fin mai. L’initiative vise à rassembler toutes les bonnes volontés au-delà des systèmes partisans, systèmes égarés dans des querelles d’ego et à court d’idées neuves. On sait que ce qui est souhaitable n’est pas toujours certain. Espérons cependant qu’elle sache transformer l’exaspération générale en force de propositions et en actions concrètes. 

    Rédacteur en chef de Politique magazine

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    Juin 2016 - Editorial

  • Il faut en finir avec les pleurs, les fleurs, les peluches, les bougies et mobiliser la nation pour la lutte !

     

    3578948983.jpgQue dire d'utile, d'efficient, que dire de plus, après le carnage de Nice ? Qui ne soit pas la simple redite de ce que nous avons pensé et écrit après les attentats du 7 janvier et du 13 novembre 2015, à Paris ?

    Nous reprenons plus loin les réflexions que nous avons publiées à la suite de ces tragiques événements. Parce qu'elles nous semblent clairvoyantes, pertinentes et très actuelles malgré le temps qui a passé.

    Mais ce qui nous paraît important aujourd'hui, après la troisième action djihadiste de grande ampleur qui, à Nice, vient de frapper de nouveau le peuple français, c'est de dénoncer la tactique inchangée du Système politico-médiatique face au drame : empêcher une réaction populaire anti-islamiste et identitaire de se produire. Infantiliser, déviriliser les Français, ne diffuser à longueur de journée - et de nuit - que des images et des paroles de douleur, de deuil et de compassion mièvre. Ne pas désigner l'ennemi, encore moins le terreau d'où il vient; empêcher la colère des gens de s'exprimer vraiment, et leur volonté de se défendre, de se battre, et - pourquoi pas ? - de venger les morts ? 

    « L'ennemi doit être désigné, identifié sans détours; on ne le combat pas par l'inaction et le commentaire pleurnichard; on ne gagne pas une guerre avec des fleurs, des pleurs, des bougies, des psychologues et de bons sentiments - plus niais que bons, en la circonstance ; on ne mobilise pas un peuple pour la lutte si on le maintient dans l'infantilisme compassionnel.  La colère, le désir de vengeance même, la soif de victoire, sont, dans un tel cas, condition sine qua non du succès. C'est - pointe Gilles Kepel - une guerre existentielle que Daech a déclarée à la société française en tant que telle. Sa mobilisation - indépendamment de l'Etat, voire contre lui - ne sera pas ou plus compassionnelle mais âpre, vigoureuse et identitaire. » Voilà ce que nous avons publié samedi dernier [16.07] et qui nous paraît être l'essentiel, à ce jour.

    Dans le même esprit, la même ligne, nous est parvenu le commentaire suivant, qui développe la même réflexion :

    « Le Pays Réel serait capable aujourd'hui d'une grande réaction civique identitaire. De nouvelles élites intellectuelles et virtuellement médiatiques se sont formées et, d'une certaine manière, ont gagné la bataille des idées.

    Et pourtant, le Système politico-médiatique garde la main sur le conditionnement de l'opinion. Ils redoutent et combattent en priorité la grande vague « populiste » et anti-islamiste qui les emporterait et emporterait tout, si elle était conduite, dirigée ... Ils la stérilisent et la déroutent vers une réaction purement compassionnelle : le deuil, les pleurs, les fleurs, les peluches et tout ce minable attirail dévirilisé.

    Et le populo marche, en rajoute des tonnes sans comprendre à quel point il se laisse désarmer. Un grand quotidien, une chaîne de télé, une chaîne radio, un portail internet de grande audience, tout cela manque cruellement pour transformer l'essai, rendre possible la vaste révolte civique que nous pourrions espérer voir se former, se lever.

    Pour l'instant, il manque cette conjonction de patriotes valeureux qui, au début du siècle dernier, avaient lancé l'Action française. A quand ce courage ? Sans de puissants médias, rien ne se fera. La réaction d'un peuple n'est jamais tout à fait spontanée. Patience ? Oui, espérons ! » [Cédric Valin, 16.07]

    Telle est, en effet, notre analyse.  Et disons-le : c'est une analyse d'Action française.  Lafautearousseau  •

  • Histoire & Actualité • Aux armes, citoyens dentistes ! C’était écrit ...

     

    par Jérôme Leroy

    Si la réalité dépasse parfois la fiction, c'est que la fiction précède souvent la réalité. La littérature prévoit l'avenir. Cette chronique le prouve. Avec le talent, la plume, l'humour, l'érudition, la sagacité alerte de Jérôme Leroy. [Causeur, 11.11] Si la « littérature prévoit l'avenir », il arrive parfois - pour le meilleur ou pour le pire - qu'elle contribue à le former. Ainsi s'il advenait qu'un nouveau patriotisme « devienne dangereusement révolutionnaire ». S'il venait à l'idée de « la Garde nationale voulue par Hollande » de le chasser de Paris « et qu’il soit obligé de se réfugier à Versailles pour les derniers mois de son mandat. » Comme au temps de la Commune de Paris ... Et même, imaginons qu'il vienne à l'idée de ladite Garde Nationale, avec quelques autres, voire beaucoup d'autres, de retourner ses nouvelles armes contre les hommes du Système ? Contre le Système lui-même ? La littérature permet de rêver. Parfois, aussi, de faire l'Histoire. Ainsi, pour en finir avec les guerres des partis religieux, le Parti des Politiques, avait-il demandé en 1594 « un Roi qui donnera ordre à tout ». Ils l'exprimèrent dans la Satire Ménippée et ce fut le règne réparateur d'Henri IV.   Lafautearousseau     

     

    4141331940.jpg« La Garde nationale de Buchy était venue s’adjoindre au corps des pompiers, dont Binet était le capitaine. Il portait ce jour-là un col encore plus haut que de coutume, et, sanglé dans sa tunique, il avait le buste si roide et immobile que toute la partie vitale de sa personne semblait être descendue dans ses deux jambes, qui se levaient en cadence, à pas marqués, d’un seul mouvement. » Aurait-on déjà favorablement répondu dans nos cantons à la création de la Garde nationale qui « concourt, le cas échéant par la force des armes, à la défense de la patrie et à la sécurité de la population et du territoire » annoncée au Journal officiel du 14 octobre 2016 ? Non, puisqu’il s’agit ici d’une scène de Madame Bovary.

    L’appellation « Garde nationale » a en effet un genre très XIXe. On la croise chez un Balzac réfractaire à l’uniforme, arrêté à son domicile en 1836 par un « ignare dentiste » qui cumule son « affreuse profession » et « la fonction atroce de sergent major ». Balzac aurait pu avoir honte, surtout s’il avait pris connaissance de l’enthousiasme civique et connecté de Razzy Hammadi, député de Seine-Saint-Denis : « J’ai candidaté via mon smartphone. J’attends une réponse de la part de la réserve pour savoir où mon profil pourrait être utile. Tous les citoyens et citoyennes sont appelés à se mobiliser. » Flaubert, en revanche, est aussi bon patriote qu’Hammadi : il est prêt à rejoindre la Garde nationale après le désastre de 1870 comme il l’écrit à sa nièce Caroline : « Si le siège de Paris a lieu, je suis très résolu à ficher mon camp avec un fusil sur le dos. »

    gn-pleinevie.fr_.jpgCette idée-là me donne presque de la gaieté. À vrai dire, il n’en fera rien, à la différence de Jules Vallès qui, quelques mois plus tard, rejoint la Garde nationale parisienne qui avait pris fait et cause pour la Commune comme il l’écrit dans Le Cri du peuple : « Gardes nationaux de Paris, le monde vous regarde, et nous qui aimons la patrie et la République, nous vous acclamons ! Votre drapeau est vraiment aujourd’hui le clocher de la ville en deuil, autour duquel tous doivent se presser, sans regarder s’il y a au bout un lambeau de toile bleue ou un bonnet rouge. » La Garde nationale qui existait depuis la Révolution sera dissoute en 1871 suite à cet événement. C’est qu’il arrive parfois que le patriotisme devienne dangereusement révolutionnaire. Et il ne manquerait plus que la Garde nationale voulue par Hollande le chasse de Paris et qu’il soit obligé de se réfugier à Versailles pour les derniers mois de son mandat. 

    Jérôme Leroy
    Ecrivain et rédacteur en chef culture de Causeur

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    LA SATIRE MENIPPEE : O Paris, qui n'es plus Paris !

  • Respect pour la monarchie ! [Le Parisien Magazine. Humeur]

    Illustration La Couronne 

     

    Par Clara Dupont-Monod

    Bien-sûr, cela ne va pas très loin, mélange de considérations frivoles et de quelques autres plus sérieuses, même d'autres plus profondes [Le Parisien Magazine, 29.10]. Et l'on écarte d'un revers de plume cette Action française chargée de tous les défauts, dont il est si commode de se distancier. Sans laquelle, pourtant, l'idée royale qu'on compare et qu'on loue ici, se réduirait sans-doute aujourd'hui à un fantasme tout en paillètes. Cela ne nous relèvera pas de l'abîme civilisationnel où nous sommes plongés. N'importe ! L'idée simple ici est qu'il existe un autre abîme : entre la France républicaine d'aujourd'hui et ce que fut la France royale. Et l'auteur conclut à l'endroit de cette dernière : « Ma révérence ! ». Cette humeur s'intitule « Respect pour la monarchie ! »   Cela a un sens. Ce n'est pas grand chose. Ce n'est pas rien ... LFAR   

     

    AVT_Clara-Dupont-Monod_4831.jpgPlus on s’enfonce dans la crise politique, plus la monarchie redore son blason. Mais si. Ecoutez autour de vous : on n’a jamais autant entendu les mots « citoyenneté » et « Etat fort », précisément parce que ces valeurs périclitent. Et, à observer le bal des courtisans, les ors de la cour élyséenne, les adoubements et les disgrâces qui rythment la vie des palais (Bourbon, Luxembourg...), on se demande si une bonne vieille monarchie ne serait pas plus cohérente avec le décorum républicain.

    Avec style et couronne

    Entendons-nous. Il ne s’agit pas de louer Action française ni de ressortir la bannière à fleurs de lys. Mais de rêver un peu aux bienfaits insoupçonnés d’un système qui, avouons-le, a son charme. Ce que prouve The Crown, une excellente série diffusée sur Netflix à partir du 4 novembre. Attention, on risque de brûler sa carte d’électeur ! The Crown raconte 63 ans de règne d’Elizabeth II, reine d’Angleterre. Un mélange de Game of Thrones (moins la nudité) et de House of Cards (moins la démocratie). Surtout, cette monarchie, mine de rien, affiche certaines qualités absentes de notre vie politique.

    Par exemple, l’allure. Entre une Elizabeth (incarnée par Claire Foy) qui descend de calèche, la nuque droite, et un président qui ruisselle sous la pluie, soyons honnêtes, y a pas photo (comparez aussi une Diana qui sut élégamment faire sa vie ailleurs tandis que, en France, nous avons un président en scooter. Le seul Français qui fit preuve d’une noble discrétion, c’est Mitterrand, et c’était bien un monarque). Continuons. Et regardons les effets : une foule qui scande « We want a king ! », une autre, indignée, à l’usine Alstom de Belfort… Enfin, entre un système assez féministe pour privilégier une dame, tandis que son mari reste figurant, et les attaques machistes entendues dans un hémicycle, que choisissez-vous ?... 

    Ah ! j’oubliais le sens du tragique : de Sissi à la reine Fabiola, chez les aristocrates, même le chagrin a du panache ! Ajoutons qu’une monarchie est compatible avec une logique parlementaire : l’excellente Revue des deux mondes de ce mois-ci, consacrée à « La Nostalgie du roi », rappelle que c’est sous Louis XIV qu’émergea l’Etat français moderne. Moralité : un sondage du 29 août de l’institut BVA révèle que 17 % des Français voudraient d’un roi comme chef de l’Etat, et 39 % (+ 16 points par rapport à 2007) y verraient un effet positif sur l’unité nationale. Ma révérence !   

    Le Parisien Magazine

  • Un triste sire a encore frappé : François Reynaert vient de déverser sur Maurras sa haine et son inculture

     

    Mur-bleu gds.jpgJamais deux sans trois, selon le dicton. Nous avions déjà épinglé, par deux fois, le 5 mai 2011 et le 13 septembre 2013*, les stupéfiants mensonges de François Reynaert, sa propension inouïe à déformer et truquer l'Histoire, sa mauvaise foi abyssale.

    Nous sommes revenus, dimanche, sur le personnage, pour lui asséner un troisième « pan sur le bec », bien mérité après ses propos sur Maurras, qui ne discréditent et ne disqualifient que lui. Dans l'actuel jargon des journaleux bobos-gauchos, on dirait de ses propos qu'ils sont « nauséabonds », « stigmatisants », voire « glaçants », qu'il s'agit d'un dérapage. Mais, là, il s'agit d'un dé-constructeur de la vérité historique, de notre Histoire, de nos racines.

    Le pire est qu'il est content de lui, le pseudo historien mais vrai menteur François Raynaert, toujours en train de rigoler, un peu comme - toutes proportions gardées - un Laurent Ruquier ; ravi de ses blagues qui ne font rire que lui et ses acolytes, réunis pour ça, et qui sont persuadés, comme lui, dans leur bulle télévisuelle, qu'ils sont le centre du monde. 

    Nous avons pointé, ce dimanche, les mensonges sur Charles Maurras de cet « ennemi déterminé et déguelasse », comme le désigne un commentaire de Pierre Builly.

    Mais, le hasard voulant que jeudi dernier (le 3 novembre) la chaîne 23 de la TNT ait diffusé L'Ombre d'un doute, de Franck Ferrand, Fallait-il condamner Marie-Antoinette ? nous reviendrons sur un autre sujet d’opposition frontale avec François Reynaert, celui de notre note la plus lointaine (celle du 5 mai 2011) : qui a trahi la France ?

    Et, Franck Ferrand le montre bien dans son émission, c'est la déclaration de guerre à l'Autriche, en 1792, qui est au centre de tout. Et qui condamne notre Système actuel, qui se fonde sur la révolution de 1789, comme le stipule le court et néfaste préambule de notre Constitution.

    La vérité vraie, pas la vérité officielle réécrite par François Reynaert, est claire et limpide. Avant même d'exister, la Révolution et la République ont été pensées et voulues en intelligence avec l'ennemi : à savoir, la Prusse. La Royauté française, après une longue lutte de deux siècles contre la Maison d'Autriche, commencée dans les années 1500 entre François premier et Charles Quint, avait remporté la victoire. Le moment était venu de s'allier à l'ennemi d'hier vaincu - l'Autriche - pour combattre le nouvel ennemi, dont l'émergence avait assombri les dernières années du règne de Louis XIV, assailli de sombres pressentiments qui, malheureusement, ne le trompaient pas. 

    Cela, la royauté française, progressiste au vrai sens du terme, l'avait bien compris, et Louis XV, avec raison, procéda au renversement des alliances : France et Autriche contre Prusse. Mais les philosophes, malgré leur intelligence, raisonnèrent au passé prolongé, et ne comprirent pas ce progressisme ; ils furent rétrogrades et passéistes, admirèrent la Prusse. Cette prussophilie - véritable « intelligence avec l'ennemi » - durera jusqu'au réveil brutal de 1870, et même encore après, pour certains. 

    On l'a bien vu, ce jeudi, avec Franck Ferrand : c'est en forçant Louis XVI à déclarer une guerre à laquelle il ne pouvait que s'opposer; un Louis XVI qui n'avait plus le pouvoir, et presque plus de pouvoir - par sa faute - que la révolution a pu triompher, la royauté être abolie et la république être instaurée : car les révolutionnaires mettaient ainsi le roi en contradiction frontale avec les exaltations suicidaires d'une opinion publique trompée, et peu compétente en matière de politique extérieure.

    Oui : Encyclopédistes, révolution, républiques et empires n'ont été possibles - et n'ont mené de politique - qu'en intelligence avec l'ennemi, en trahissant les intérêts supérieurs de la Nation française.

    Que cela plaise ou non au pseudo-historien mais vrai désinformateur François Reynaert, apôtre aveugle et sourd d'un Régime, d'un Système nés de la trahison des intérêts supérieurs de la Nation... 

    * A lire aussi dans Lafautearousseau

    Faut-il attendre la mort de François Reynaert ?

    On peut craindre le pire : François Reynaert animera une émisson d'histoire (?) sur FRANCE 3, et il commence demain !

    « Au secours, Maurras revient ! » s'alarme l'Obs... Mais un misérable Maurras forgé par la haine et la bêtise

  • SOCIETE • Denis Tillinac : L’envolée du Puy du Fou

    Philippe de Villiers au Puy du Fou. Les Russes s'intéressent de près à l'expérience...Photo © AFP 

    Preuve que le réenracinement est un besoin mondial, la “merveille” vendéenne s’exporte dans le monde entier. Et la Révolution n'en sort pas grandie. C'est ce que dit Tillinac qui voit dans l'aventure du Puy du fou un esprit de révolte et un espoir de relève. Relève du politique, hors du Système. Et d'une France réenracinée.  

    2594939590.jpgIl existe en France un château en ruine à la Walter Scott où l’on se dépayse tout en renouant avec sa patrie intime : le Puy du Fou. Deux millions de visiteurs s’y sont rendus cette année. C’est dans le bocage vendéen, loin de ma Corrèze où jadis un stagiaire de l’Ena à la préfecture, haut sur pattes, précédé d’un nez important, forçait la sympathie par sa jovialité et sa faconde : Philippe de Villiers. Il avait de l’allure, et de l’allant. Chirac qui régnait alors sur nos arpents lui prophétisait une carrière politique reluisante. Par le fait, il lui ouvrit les portes de son gouvernement.

    Mais on ne met pas une muselière à un loup : à peine intronisé dans le sérail, Villiers s’y sentit piégé et à l’étroit. Sa verve tourna à l’ironie la plus mordante ; il tirait à vue, et visait juste. Jugeant la classe politique peu vertébrée et insipide au possible, il le lui fit savoir en mots d’esprit colportés par une noria médiatique malveillante. Elle s’en offusqua. Vade retro, suppôt réac de la chouannerie ! Il se replia en Vendée où longtemps il régna en tsar autocrate, à la satisfaction des autochtones. Nul n’aura autant marqué son terroir — et le sien n’est pas ordinaire, il a subi dans sa chair les effets du premier génocide idéologique.

    Le mot “génocide” gêne aux entournures les historiens marxisants dans la lignée de Mathiez, Soboul et Lefebvre, mais les faits sont avérés : la Convention a bel et bien conçu l’extermination du peuple vendéen en rébellion spontanée contre un projet ouvertement totalitaire. Un historial implanté par Villiers en témoigne, et, par la grâce de Furet, le tabou a du plomb dans l’aile ; les Français commencent à savoir de quoi la Révolution se rendit coupable. Pour mieux enfoncer le clou mémoriel, Villiers a même invité le grand Soljenitsyne : il était bien placé pour percevoir le fil reliant Robespierre à Lénine et Brejnev.

    Mais avant de devenir député et président du conseil général de la Vendée, avant même d’entrer au gouvernement, Villiers avait démissionné de la fonction publique pour ne pas servir un gouvernement comprenant des ministres… communistes. Dans la foulée de ce choix audacieux mais cohérent, il créa ex nihilo le Puy du Fou sans faire les poches des contribuables. Entrepreneur et scénariste de son propre rêve, il a conçu autour des ruines un spectacle dont les acteurs étaient et sont encore des bénévoles du cru. Au fil des années, ce spectacle s’est étayé, les visiteurs ont afflué et, trente-huit ans après les débuts artisanaux, la Cinéscénie a été consacrée au plan mondial.

    J’ assistais l’autre samedi à la dernière représentation de l’année ; c’est une cavalcade grandiose dans une histoire de France tantôt tragique, tantôt aimablement champêtre avec des tableaux vivants qui évoquent les fêtes de Breughel. Par la même occasion, j’ai parcouru le parc d’attractions — « parc d’enracinement », dit Villiers à juste titre — pour y découvrir les innovations, notamment les Amoureux de Verdun, évocation poignante de la vie des poilus dans une tranchée, mais aussi un abrégé saisissant de l’invasion puis de la christianisation des Vikings.

    Voilà notre imagerie historique, égrenée en scènes qui emballent les enfants et leurs parents. Voilà la belle saga des “Puyfolais” — 35 000 bénévoles depuis le début de cette aventure collective, 1 500 acteurs de la Cinéscénie, famille soudée par la fierté d’avoir sorti de l’oubli la mémoire de sa patrie vendéenne, et de la nôtre. Voilà le grand oeuvre de ce grand gosse désormais sexagénaire, Villiers, dont le fils Nicolas a pris les commandes. Lui, Philippe, écrit de nouveaux scénarios. Telle est la renommée du Puy du Fou que plusieurs chefs d’État veulent le leur. Poutine, entre autres. Il a compris le besoin de ressourcement de son peuple par les temps mondialistes qui courent, et quoi de plus instructif qu’un beau spectacle en relais des manuels d’histoire. Aux visiteurs du site, Villiers réserve une surprise importante pour l’année prochaine ; son imagination n’a pas de limites et son activisme politique, inopérant à l’intérieur du système, a trouvé son mode d’emploi approprié. Car le Puy du Fou, enfanté par un rêve et nourri par l’esprit de révolte, relève du politique au sens le plus noble du terme. 

    Denis Tillinac Valeurs actuelles 

     

  • Crise chinoise : Le crédit aux particuliers ...

     

    Par François Reloujac

    L’éclatement de la bulle chinoise à laquelle nous assistons devrait nous conduire, au-delà de la seule analyse économique – sur laquelle nous reviendrons ultérieurement – à nous interroger sur la dérive actuelle du fonctionnement de l’économie dans tous les pays du monde, d’une part sous l’influence de la « mathématisation » de l’économie, comme disait autrefois Jacques Ellul et, d’autre part, sous la poussée de l’individualisme qui conduit chacun à rechercher son intérêt individuel immédiat sans se soucier de l’intérêt général – encore moins du bien commun.

    Lorsque l’investissement immobilier a commencé à paraître s’essouffler en Chine, alors que les marchés financiers faisaient preuve d’euphorie, « l’immense majorité des investisseurs sur les valeurs cotées en yuans, ont gonflé artificiellement leurs mises en empruntant massivement pour jouer en Bourse » et participer ainsi au partage du gâteau. Haiyan Li-Labbé expliquait récemment au Figaro que « près de 25 % des titres qui s’échangent sur les marchés chinois sont ainsi détenus par le biais de crédits contractés par des particuliers ».

    Ce type de crédit ne correspond pas, malgré les apparences à un crédit à l’investissement mais à un crédit à la consommation. En effet, pour les « investisseurs-emprunteurs », il ne s’agit absolument pas de soutenir l’activité d’une quelconque industrie utile au pays, mais de participer – si possible – au partage des bénéfices qui résultera de la spéculation financière. Qu’il y ait de la part des « emprunteurs-investisseurs » un motif de sécurité (comme aurait dit Keynes) et qu’ils n’aient eu en vue que de protéger leur future retraite, cela est possible. Mais ils l’ont fait à partir d’un raisonnement purement financier, sans sous-jacent économique : il s’agissait de participer au partage des plus-values résultant du processus de fuite en avant qui soutenait l’activité des marchés financiers.

    Or, ce processus de fuite en avant a été clairement soutenu par les pouvoirs publics chinois, comme il l’est partout dans le monde, car c’était la seule façon de maintenir une croissance apparente des chiffres à défaut de participer à la poursuite du bien commun. Notre système économique mondial est en effet devenu le monde de l’apparence sur lequel les hommes politiques en place cherchent à « capitaliser » en espérant refiler les difficultés qui ne manqueront pas d’éclater, à leurs successeurs.

    L’outil principal de ce transfert est le crédit

    Le crédit n’est plus la confiance que peut avoir le prêteur dans la solvabilité future de l’emprunteur du fait de la qualité et du réalisme de ses projets. Le prêteur ne cherche plus à connaître son emprunteur, à savoir s’il peut lui faire confiance pour utiliser, dans le futur, les sommes mises à sa disposition pour vivre normalement, lui et les siens, et dégager une plus-value économique qui lui permette de rembourser sa dette.

    Le crédit est devenu le résultat d’un calcul statistique froid sur la capacité dont les individus placés dans des circonstances analogues ont montré, dans le passé, qu’ils avaient remboursé leurs dettes, que ce soit grâce à leur activité économique, soit grâce à la valeur des « collatéraux » remis en garantie. L’avantage du « collatéral » sur le bien remis en garantie est que le prêteur n’a aucune formalité à remplir pour s’en saisir. L’inconvénient est que sa valeur varie souvent dans le même sens que la capacité du débiteur à rembourser ses dettes. En période d’euphorie économique ou surtout, d’expansion financière (artificielle ou non) ce système est fiable et ne nécessite aucune connaissance particulière du client ni de l’usage qu’il fait du crédit demandé. Si la conjoncture se retourne, tous les établissements sont logés à la même enseigne et les Pouvoirs publics sont obligés d’intervenir.

    Dans un tel monde, les banques ne cherchent plus à accompagner leurs clients en leur faisant crédit, c’est-à-dire en leur faisant confiance tant au regard de la valeur intrinsèque de leur projet que de leur capacité à le mener à bien.

    Le crédit n’est plus qu’un simple « produit » qu’il faut « vendre » pour en tirer le plus rapidement possible le bénéfice financier le plus important possible. Il est d’ailleurs symptomatique de constater que dans la plupart des banques on demande aujourd’hui aux « conseillers » de « vendre » la plus grande quantité possible de crédits. Mais le monde oublie que le mot vendre signifie aussi bien « céder en faisant payer » que « trahir », « abandonner quelqu’un contre une somme d’argent ». 

     

  • Primaire à gauche : voyage au bout de l'ennui

     

    Par André Bercoff

    TRIBUNE - Dans les sondages, tous les candidats de la primaire de la gauche sont très loin d'accéder au second tour de la présidentielle. André Bercoff, observe cette querelle d'égos socialistes comme « une nuit politique où des ombres se battent à l’aveugle » [Figarovox 6.01].  Il n'est guère plus tendre pour le candidat de la droite, ou dite droite, pas plus que pour l'infernal système des primaires, qui rend intégralement la main au régime des partis, pas plus qu'à la future présidentielle en soi-même. C'est en fait vis à vis du Système que Bercoff est critique. Comme nous. Notre position ? Lire ci-dessus « Vivent nos Princes ! ».  Lafautearousseau

     

    449832132.2.jpgAnticipons : la primaire de la gauche socialiste et écologiste sera un jeu de massacre qui n'amusera que ceux qui n'ont rien d'autre à vivre. Déjà, la compétition de droite avait donné un avant-goût de ce que constitue cette aberration qui consiste à remettre en selle la mainmise des partis, alors que l'élection au suffrage universel à deux tours devait consacrer la fin du régime des marques et des succursales et l'accession directe, devant le peuple souverain, d'un homme ou d'une femme qui sollicite ses suffrages. En fait, l'implacable mécanique des primaires enferme le candidat dans un programme plus ou moins rigide composé pour un électorat précis, alors que par la suite, il devra conquérir les votes de la majorité de ses concitoyens. Une chose, en effet, est de capter les faveurs du camp de son cœur de cible, à gauche comme à droite ; une autre est de s'adresser à l'ensemble de la population pour espérer l'emporter au second tour de la présidentielle. Voilà pourquoi François Fillon est obligé de corriger aux entournures son programme sur la Sécurité Sociale, eu égard à la levée de boucliers qu'a suscité son thatchérisme à visage plus ou moins humain. Fillon semblait avoir trouvé la formule miracle : conservateur sur le social et l'identitaire, libéral sur l'économique et le secteur public. Mais les choses étant ce qu'elles sont, le vainqueur du match aller des Républicains, va-t-il connaître, au-delà des millions de ceux qui ont voté pour lui, un retour de bâton du plus fâcheux effet ? Les paris sont ouverts.

    Du côté de Valls, également, ces choses-là sont rudes. L'homme du 49.3 devant passer sous les fourches caudines de la primaire, va jusqu'à affirmer que l'alinéa fatal, qu'il dit aujourd'hui vouloir abolir, lui a été imposé. Rires dans la salle, sifflets du public, les sacs de farine sont prêts. L'ancien Premier ministre qui ne voulait plus entendre parler du Parti Socialiste, se voit obligé de ferrailler à gauche toute, afin de rassembler un peuple qui lorgne déjà vers Macron et Mélenchon qui, eux, ont choisi de contourner l'épreuve et de proclamer à tout va leurs programmes de rêve. Ainsi, pour Mélenchon, le retour aux 35 heures réelles, la retraite à 60 ans, la Sécurité Sociale intégrale avec un remboursement à 100% et qu'importe de savoir qui paiera, pourvu qu'on ait l'ivresse des lendemains qui chantent. Quant à Macron, il lui suffit de dire qu'il est en marche. Ses fans le prennent au sérieux, et pas au mot. La suite montrera s'ils auraient dû faire le contraire.

    Quant à Benoît Hamon et à Vincent Peillon, ils puisent dans les fondamentaux d'une gauche partie sans laisser d'adresse, en faisant des appels aussi stridents que désespérés aux minorités ethniques, sexuelles ou économiques qui peuvent encore entendre leurs chants de sirènes. Montebourg, quant à lui, affirme que Trump ne fait que l'imiter dans son désir de relocalisation et de démondialisation. Dans cette nuit du politique où des ombres se battent à l'aveugle, chacun cherche son chat en oubliant qu'à cette heure, tous les chats sont gris.

    Qui sortira indemne de ces primaires qui ont déjà fait pas mal de victimes et bien entamé, dans sa fragilité chancelante, la termitière des sondages ? Qui votera verra. En attendant, rendons un hommage sincère à ceux de nos représentants qui s'épuisent, pendant des mois, dans ce marathon du tout à l'ego, où l'on sent de plus en plus que l'activité principale consistera à numéroter ses abattis. Surtout que face aux échéances politiques, économiques et communautaires qui nous attendent, le combat ne cessera pas faute de combattants. 

    André Bercoff   

  • La liberté scolaire doit-elle s'exercer sous le contrôle de l'Etat ? Débat dans nos commentaires ...

     

    Les commentaires sont toujours allés bon train sur Lafautearousseau. Nombreux, parfois houleux, de qualité inégale - c'est le risque - mais souvent d'excellent niveau, ils ont contribué à faire de ce blog un espace de débats très vivant, unique dans la galaxie des sites royalistes en ligne. Ainsi, hier mardi, débat sur la question de savoir si la liberté scolaire doit - ou non - s'exercer sous contrôle de l'Etat. C'est la thèse de Pierre Builly qui affirme, non sans raison : « Contrôler les écoles islamistes, intégristes, évangélistes, créationnistes, toutes les écoles qu'une secte de cinglés peut instituer, ça me paraît une juste prérogative de l'État... ». A quoi un deuxième commentaire - signé Cédric - réagit ainsi : « Je suis assez de l'avis de Pierre Builly. A condition que l'Etat soit digne de confiance. Qu'il ne soit pas lui-même plus idéologue et sectaire que ceux sur qui son autorité devrait s'exercer. Et là, les choses se compliquent ...» Il s'en suivra un substantiel commentaire de Richard Portier - dont nous apprécions tous les interventions toujours pertinentes. Commentaire que nous reprenons ici intégralement. Une seule remarque : est-il juste de considérer que le système des écoles chrétiennes fonctionne parfaitement ? Le débat dira, le cas échéant, s'il n'y a pas à nuancer ce jugement.  LFAR 

     

    La-ministre-Najat-Vallaud-Belkacem-a-elle-aussi-brievement-porte-le-voile-au-Maroc_exact1024x768_l.jpgHélas ! Najat n'est pas une marionnette décérébrée! Mais une idéologue sûre de ses idées, de ses buts et des moyens de les mettre en pratique ou de les atteindre ! La seule chose qui pourrait ,en principe, la gêner un peu c'est la contradiction énorme générée par sa double appartenance ; comment peut-on être laîcarde en France et soumise a la charia (qui ne distingue pas le religieux et le politique) dans son coeur et sa culture, comme quand on va rendre hommage au Roi du Maroc, voilée et abandonnant pour l'occasion son statut et son nom d'épouse ? Comment peut-on être « gay-friendly » a Paris, avec la cohorte d'homosexuels de la politique et du spectacle, microcosme qui est le sien, de façon évidente ,et homophobe a Rabat comme l'Islam le prescrit et les musulmans l'appliquent, récemment d'horrible façon ?
    Curieusement, ses amis politiques ne lui reprochent rien... Pourquoi ? Mais parce qu'elle poursuit opiniâtrement, et avec efficacité, sa politique de destruction de l'identité française, point essentiel qui les rassemble.

    P. Bully croit-il que l'Etat ne contrôle pas, depuis 1905, et avec beaucoup de soin, le contenu, la forme et le fond, de l'enseignement des écoles chrétiennes ? La aussi le but n'est pas l'exercice d'une prérogative justifiée, voire nécessaire  si elle s'applique à toutes les confessions (est-ce et sera-ce le cas ?) mais bien la destruction d'un système qui dérange d'autant plus qu'il fonctionne parfaitement. Une bête question, d'ailleurs, pour finir : quand il n'y aura plus d'écoles chrétiennes, où les mange-curés de la gauche caviar enverront-ils leurs enfants ...? Peut-être a New York comme Sarkozy dont le petit dernier qui y a fait ses études, aurait demandé la nationalité américaine ... Qui peut bien l'avoir dégouté de la France ?

    Richard Portier  • 

    Lire ...

    LA LIBERTÉ SCOLAIRE, UN COMBAT DE CIVILISATION

  • Humeur • Hollande / Valls : pourquoi leur fin de règne sera interminable

     

    Une humeur d'André Bercoff qui en dit long en forme imagée, vivante et concrète, sur la nullité du Système institutionnel et gouvernemental actuel [Figarovox, 18.03]. Une humeur attestant qu'au sommet de l'Etat, il manque un roi, selon l'analyse même de l'actuel ministre de l'économie du ministère Valls, sous mandat présidentiel de François Hollande... Un roi qui, même si sa présence, à elle seule, ne suffirait pas à reconstituer une société française digne de ce nom, neutraliserait, au moins en son sommet, les luttes des hommes, des clans et des lobbies idéologiques ou financiers pour le pouvoir. Et surtout celui de nuire, déconstruire, précipiter la chute de notre nation. Bref, de l'excellent Bercoff qui ne dit pas tout ce nous venons de dire mais qui suggère au moins la médiocrité mortifère du Système en place.  Lafautearousseau  

     

    photo.jpgIls avancent. Ils ne savent pas où ils vont, mais ils y vont. Trop facile de les accuser de tous les maux du royaume: crise économique, crise identitaire, crise du pouvoir, tout cela fait beaucoup pour les deux roseaux pensants de l'exécutif qui essayent, contre vents et marées, d'exhiber leur vertu social-libérale en prêt-à-porter, à un peuple à ce point divisé qu'il erre entre résignation et jacqueries de rues et de champs.

    A chaque fois, la comédie se répète, dans une langueur monotone que les plus endormis de nos concitoyens supportent de moins en moins: loi travail, déchéance de nationalité, aéroport nantais, pour ne citer que les derniers actes. Scène 1: on bâcle, on fonce, on présente, on est fier, on réforme audacieusement et radicalement. Scène 2: des corporations s'enflamment, des syndicats hurlent, des lycéens cauchemardant sur leurs retraites descendent dans la rue, cette gauche qui n'est plus de gauche indigne les marxistes des tranchées, la droite veut approuver tout en s'opposant, l'heure est au foutoir dans la cour de récréation. Scène 3: nos deux têtes pensantes se concertent et pratiquent, avec une résignation lasse, le coïtus interruptus qui leur sert de morale depuis quelques mois. Vous n'en voulez pas? Cent fois sur le métier nous remettrons notre ouvrage. Nous sommes, sachez-le, des ayatollahs du consensus. Nous voulons tellement, au fond, faire plaisir à tout le monde…

    La preuve? Chers fonctionnaires, voici la manne céleste, notre arbre de Noël à nous, notre valorisation de point d'indice et n'oubliez pas 2017. Chers jeunes, nous vous aidons, vous accompagnons, vous entretenons, faisons tout pour vous, et vous osez encore baguenauder au lieu d'étudier? Et pour couronner le tout, l'épilogue: prière ultime prononcée dans le luxueux bureau de l'Elysée: Sésame, ouvre-toi! Courbe, inverse-toi!

    Dans son célèbre discours du Bourget, François Hollande se demandait: «Est-ce que les jeunes vivront mieux en 2017 qu'en 2012?» Dans un livre qui vient de paraître, intitulé «Le pari», deux journalistes rapportent ces propos du même François Hollande datant de juillet 2015: «La déchéance de nationalité, cette chose de droite qui n'apporte rien à la lutte contre le terrorisme». On connaît la suite. Le tango du revirement, le ballet des contradictions, les promesses qui, comme d'habitude, n'engagent que ceux qui les écoutent.

    Hollande et Valls sont, jusqu'en mai 2017, dans le même bateau, chantant mezzo voce «Je t'aime moi non plus». Tomberont-ils ensemble à l'eau? Hollande ira-t-il jusqu'au bout de l'impopularité en se représentant à la présidentielle dans un élan de samouraï corrézien, pratiquant le seppuku en pleine terre brûlée? Poussera-t-il Valls dans le chaudron, tel un François Fillon rongé par cinq ans d'occupation sarkoziste? Ce qui est sûr, c'est que la fin de règne a bien commencé. Et qu'elle sera longue. Et qu'ils le savent. D'où leur démarche chaloupée, boiteuse, un pas en avant, deux pas en arrière, qui n'embrouille plus personne parce que, désormais, tout est vu et connu. 

    André Bercoff              

  • Société • Le téléphone qui rend imbécile

     

    Par  Mathieu Bock-Côté

    Nous avons beaucoup aimé cette tribune publiée jeudi dernier dans le Journal de Montréal [21.09]. Elle nous rappelle ce que nous avons lu ou entendu sur ce sujet, venant de Fabrice Hadjadj, de Michel Onfray, de Régis Debray ou d'Alain Finkielkraut. Pointant les pédagogues qui rêvent d'intégrer à l'école « tous les écrans possible », sa conclusion est souveraine : c'est « comme s’ils voulaient accélérer le désastre.  »  LFAR

     

    501680460.5.jpgOn a beaucoup parlé, la semaine dernière, du iPhone X, le nouveau téléphone intelligent d’Apple, qui se vendra plus de 1000 $ et qui intégrera un système de reconnaissance faciale.

    Il faut dire qu’on parle toujours du « nouveau iPhone », dès qu’il est annoncé. C’est presque un rituel qu’Apple nous impose, à la manière d’une nouvelle église, qui sait garder et exciter ses fidèles.

    En temps et lieu, ils se rueront sur l’objet de leur désir comme si leur vie en dépendait. Et le système médiatique se soumet plus que docilement à tout cela. 

    iPhone

    Il y a comme un suspense Apple. De quelle manière la compagnie nous surprendra-t-elle ? Quelle sera la dernière innovation qui bouleversera nos vies ? 

    Certains justifieront cette mise en scène à cause de la place que le téléphone intelligent prend dans nos vies. Il est vrai que nos contemporains passent désormais une partie importante de leur vie à n’en jamais détourner le regard, comme s’ils étaient hypnotisés par lui.

    Dans la rue, ils regardent leur écran. Au restaurant, ils regardent leur écran. Au souper, à la maison et en famille, ils regardent leur écran. Même lorsqu’ils vont au musée, ils ne regardent plus les œuvres directement, ils les prennent en photo avec leur téléphone, comme si leurs yeux ne pouvaient plus se passer du filtre de l’écran.

    C’est à travers l’écran qu’ils abordent le monde et c’est vers lui qu’ils se réfugient systématiquement, dès qu’ils ont le moindre malaise.

    On peut croire qu’au fond de lui-même, le commun des mortels sent que ce monde est absurde. Qu’à se rendre absolument dépendant de son téléphone intelligent, on se soumet à un esclavage imbécile.

    De temps en temps, il se révolte, il n’en peut plus... et le ferme pour une heure. C’est presque une victoire. Il se délivre. Mieux, il se libère. C’est un peu comme s’il voulait s’arracher à une domination, mais très vite, il retourne vers son maître.

    À la campagne, dans la forêt, s’il constate qu’il n’a pas de réseau, il paniquera. Il se sent coupé du monde parce qu’on lui a fait croire qu’il avait accès à presque la totalité de l’univers avec sa machine.

    Personne ne s’imagine un instant que nous pourrions revenir dans le monde d’avant. Qui le souhaiterait vraiment, d’ailleurs ?

    Mais le vieux dilemme revient : ou nous dominons la technologie, ou elle nous domine.

    Résister

    Évidemment, ce n’est pas aussi simple. Mais il faut quand même se demander si, comme civilisation, nous entendons résister à ce nouveau conditionnement qui place Apple et compagnie à la tête de notre gouvernement mental.

    Théoriquement, l’école devrait résister à cette manie et apprendre aux jeunes générations l’existence d’un monde délivré de l’écran. Elle devrait cultiver l’amour immodéré du livre.

    Hélas, plusieurs pédagogues rêvent plutôt de la rallier à cet univers, en intégrant tous les écrans possibles dans leurs classes. Comme s’ils voulaient accélérer le désastre.    

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle : aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).