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  • Ce que j'ai vu, ce que j'ai entendu à Rennes, le 6 février 2016... Un drôle de 6 février ...

     

    par Jean-Philippe Chauvin

     

    arton8470-7b8cd.jpgC'était un 6 février, j'aurai dû me méfier... En arrivant en ma ville natale de Rennes, au milieu de l'après-midi, je savais pourtant, quelques minutes avant de descendre du train, que le centre-ville était en ébullition : près de moi, un passager apprenait, par téléphone, que les bus ne circulaient plus, « à cause de manifestations désordonnées » (en fait, le terme utilisé était plus simple et moins correct...). Effectivement, en arrivant à bon port, la première chose que j'entendis, c'était le bruit caractéristique et entêtant d'un hélicoptère tournoyant au-dessus de la ville, s'arrêtant de longs moments au-dessus d'un point sans doute précis avant que de sembler glisser vers un autre point non moins précis. L'ancien Champ de Mars (aujourd'hui esplanade Charles de Gaulle), à quelques dizaines de mètres de la gare, était étrangement jonché de vêtements multicolores tandis qu'un chariot métallique se consumait et, avec lui, les restes d'un mannequin ou d'un épouvantail ; quelques flammèches sortaient, un peu plus loin, de restes d'une sorte de boîte de conserves... 

    Un peu plus loin, rue d'Isly, toutes les façades des agences bancaires étaient, de haut en bas, maculées de peinture, voire constellées d'impacts, et les distributeurs de billets disparaissaient sous une épaisse couche de couleurs criardes et de farine (ou d'une matière y ressemblant) ; par terre, des bouteilles brisées, des coquilles d’œufs, et toujours de la peinture, à peine sèche... Une odeur légèrement âcre flottait dans l'air, qui rappelait les gaz lacrymogènes abondamment déversés sur les manifestants, casseurs et passants, nombre de ces derniers n'ayant parfois aucun rapport avec le défilé des opposants à la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes tout comme, d'ailleurs, les activistes tagueurs qui avaient  inscrit « Zad partout ! » et de multiples slogans dont la plupart n'avaient rien à voir avec l'objet de la manifestation... 

    L'une de mes premières réactions fût de penser que tout cela risquait bien de déconsidérer la légitime contestation d'un projet d'aéroport inutile et que l'humour de certains slogans n'empêchaient pas la bêtise de certains autres... Intérieurement, je pensais que ces dégradations allaient servir de prétexte au Pouvoir pour dénoncer, avec une parfaite hypocrisie, l'opposition à ce projet industriel au cœur du bocage nantais, et j'en voulais (et j'en veux toujours) aux extrémistes de gauche et revendiqués anarchistes de leur absence de clairvoyance, voire pire ! « Les chiens de garde du Capital », diraient certains... En tout cas, des agitateurs qui jouent la carte du pire comme pour être bien sûrs qu'il se réalise ! Sans négliger la part de manipulation... 

    La plupart des témoins et des riverains avec lesquels j'ai discutés alors que je poursuivais mon chemin vers le centre-ville m'ont confirmé cette étrange impression d'abandon du terrain par les forces dites de l'ordre : si l'hôtel de ville était bien protégé, voire surprotégé, par des dizaines de gardes vêtus et casqués de bleu, ce n'était pas le cas des rues que devait prendre le carnaval des manifestants et que des encagoulés ont consciencieusement saccagées, par le bris ou par la peinture, transformant la forme mais surtout le sens de la manifestation... 

    Un serveur de café, non loin de la place de la République, m'a expliqué son incompréhension devant les désordres et devant la réaction lacrymogéneuse des forces de l'ordre qui, au lieu de calmer les émeutiers, les excitait et leur permettait, au milieu de la panique des passants du samedi, de commettre leurs méfaits. Quelques uns provoquaient et harcelaient les policiers et gendarmes, mais tout le monde subissait les lacrymogènes, sans autre profit que celui des casseurs, bien sûr équipés pour en éviter les effets. Le café de La Paix dut fermer ses portes quelques minutes devant la situation devenue dangereuse pour ses clients et pour éviter l'intrusion de manifestants cagoulés mêlés aux familles qui se promenaient paisiblement et se retrouvaient pris dans les effluves de lacrymogènes...  

    Qui est responsable de ce gâchis ? Bien sûr, il y a les casseurs qui se parent d'une cause pour masquer leur nihilisme et, souvent, leur bêtise, même si, il faut le dire aussi pour être complet et honnête, certains ont peinturluré les façades des agences immobilières et bancaires avec l'idée que cela était l'acte contestataire d'un ordre injuste à leurs yeux : après tout, je me souviens que le philosophe maurrassien Pierre Boutang fulminait aussi contre « cette société qui n'a que des banques comme cathédrales » et qui déclarait, avec une exagération toute bernanosienne, qu'il « n'y avait rien à en conserver »... En disant cela, je ne trouve, en revanche, aucune excuse à ceux qui s'en sont pris aux murs des Halles, à ceux de la Poste et des particuliers, dans un geste purement destructeur et d'une grande laideur, pas seulement sur le plan esthétique ! Aucune excuse non plus pour ceux qui menaçaient des manifestants pacifiques ou des commerçants inquiets en brandissant des manches qui avaient servi, les minutes précédentes, à porter des banderoles ! 

    En approchant de la Mairie, puis en redescendant les rues qui menaient de celle-ci aux quais ou au boulevard de la Liberté, j'ai recueilli moult témoignages, et discuté avec nombre de personnes, y compris quelques jeunes déguisés et qui se désolaient de la tournure que les choses avaient prises, s'accrochant désespérément à la seule revendication pour laquelle ils étaient venus, celle de  l'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, et qui est aussi la mienne... Je les ai suivis dans leur dérisoire et touchante pérégrination, pour le coup totalement inoffensive, interrompue, rue d'Orléans, par l'intervention coléreuse de quelques policiers en civil, matraque télescopique en main, sans que celle-ci n'aille, d'ailleurs, au-delà de mots et de quelques gestes menaçants. Autour de moi, la foule était interloquée : certains murmuraient que la police se trompait de coupables, d'autres se demandaient, à voix basse au plus fort de la tension, pourquoi l'intervention policière n'avait pas eu lieu plus tôt et, surtout, à l'encontre des casseurs ; d'autres encore, moins compréhensifs à l'égard des jeunes chevelus, haussaient les épaules en dénonçant, là encore sans grand éclat, les manifestants assimilés à de simples voyous sans foi ni loi... 

    J'ai parlé des responsabilités des casseurs, mais il y a celles, aussi, des « autorités » qui portent, parfois, si mal leur nom... Les questions que, dans les discussions, se posaient de nombreux témoins et passants, mais aussi des commerçants qui avaient senti venir, pour certains, les incidents, portaient sur l'étrange passivité des forces de police au moment où il aurait fallu intervenir et interpeller, non quelques isolés, mais les casseurs que des riverains et des commerçants (en particulier rue Jules Simon, près des Halles de Rennes) ont pu voir se livrer à leurs déprédations en toute impunité. La maladresse des propos du préfet, quelques heures après, qui mettaient tous les manifestants dans le même sac, a fait tiquer quelques témoins et, évidemment, les manifestants pacifiques parmi lesquels je compte aussi des amis dont je connais à la fois l'engagement et la probité : « Les carnavaliers ont montré leur vrai visage, celui de casseurs »... Non pas « des », mais « les » ! Ce genre d'amalgame est révélateur : il s'agit ainsi de culpabiliser et de criminaliser la contestation d'un projet qui aurait mérité, dès ses origines, un véritable débat, autant économique qu'environnemental, et non une « imposition » administrative, politique et étatique. Il s'agit de décrédibiliser et, plus encore, de faire taire toute velléité de protestation, toute manifestation d'un « avis contraire » à ce qui a été décidé, en des lieux qui ne sont pas forcément seulement politiques... Quelle étrange conception de la liberté d'opinion et d'expression ! 

    Sans doute peut-on deviner les raisons de cette attitude du préfet (quel rôle, aussi, du maire de la ville, Mme Appéré ?), au moment où M. Valls affirme vouloir passer en force et commencer les travaux après l'expulsion, que l'on dit imminente, des derniers paysans présents sur la zone ainsi que de leurs alliés « zadistes », parfois considérés comme bien encombrants, à tort ou à raison (ou les deux à la fois). Il s'agit de montrer la fermeté de la République quand elle ne peut plus, en fait, répondre aux défis du temps et qu'elle se laisse déborder sur tant de fronts... Cet ordre-là n'est pas l'ordre au sens fort et noble du terme, il n'en est que la caricature sinistre et inquiétante pour qui aime notre pays et ses libertés, notre civilisation et ses particularités, notre patrimoine et ses richesses, autant environnementales que littéraires, gastronomiques, historiques... « L'ordre n'est plus dans l'ordre », pourrait-on dire comme les non-conformistes des années 1930, ceux-là mêmes qui ne se contentaient pas, qui ne voulaient plus de ce qu'ils nommaient aussi le « désordre établi », qui est celui, encore et toujours, de notre triste époque... 

    C'était un samedi 6 février, et, étrangement, il flottait dans l'air un drôle de souffle, un rien de souffre... Sur la table du café de La Paix, il y a encore un exemplaire de Marianne qui titre sur un autre 6 février, celui de 1934... Oui, vraiment, drôle de 6 février, à Rennes... 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

     

  • Stratégies pour le XXI ème siècle, par Jean-Louis FAURE

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    Du 8 au 11 novembre nous venons d’être les témoins éloignés d’une réunion de 21 pays à Beijing, qui représentent 60 % de la richesse mondiale, environ 3 milliards d’êtres humains à la surface du globe et la moitié du commerce mondial, répartis des deux côtés du Pacifique : le sommet de l’APEC, Asia Pacific Economic Cooperation, le second qui se tenait en Chine, après Shanghai il y a 13 ans

    La France n’eut pas d’observateurs, pas plus d’ailleurs que cet invertébré que certains appellent l’Europe.

    Par la densité des échanges et l’importance des décisions prises, cette réunion annuelle aurait dû retenir toute notre attention. Au lieu de quoi la couverture médiatique de l’évènement fut des plus succinctes et pusillanime.

    En 2001 la Chine était considérée comme un pays pauvre. Sept ans plus tard les jeux olympiques de 2008 furent une première démonstration de puissance. Treize ans après Shanghai qu’avons-nous vu ? Une fantastique progression. Un axe Pékin – Moscou qui prend forme, des accords historiques entre la Russie et la Chine, une Chine qui s’impose en futur maître du monde. L’alliance entre la Russie et la Chine apparaît non plus comme un épiphénomène temporaire dicté par les récentes circonstances géopolitiques mais comme une orientation stratégique profonde qui devrait façonner de manière durable le 21ème siècle.

    Moscou redessine avec Pékin la carte des grandes alliances mondiales. Au-delà des grands accords dans l’énergie qui structurent leur nouvelle coopération, la Russie et la Chine prennent ensemble du recul par rapport à l’Occident sur fond de crise ukrainienne. L'union eurasiatique de Vladimir Poutine commence à prendre forme.

    Il est peu probable que la Chine puisse se substituer totalement à l’Europe pour la Russie qui reste malgré tout une puissance européenne tant culturelle qu’économique, mais il est évident que, à valeur économique égale, le Kremlin favorisera dorénavant les projets de coopération avec la Chine et l’Asie au détriment de l’Europe. Le projet de TGV Moscou-Pékin ou la décision de la banque VTB de faire migrer sa cotation boursière de Londres à Hong-Kong, sans même parler de l’accord sur un deuxième gazoduc qui passerait par le Xinjiang, n’en sont que les signes avant-coureurs.

    « La Russie et la Chine doivent résister aux pressions de Washington et rester unies dans l’intérêt du monde entier. » Le leader chinois Xi Jinping ne pouvait pas être plus clair lorsqu’il s’est adressé au président russe Vladimir Poutine. Pour sa part, le dirigeant russe, a déclaré que « l’alliance du futur » réside dans le partenariat Yuan-rouble. C’est-à-dire dans l’abandon par deux des principales puissances économiques mondiales du dollar pour les échanges dans le domaine de l’énergie (puisque Moscou et Pékin ont signé une alliance aux proportions gigantesque dans ce domaine, 400 milliards équivalent $ sur 30 ans), mais également dans le secteur du marché de l’armement. Le sommet de l’APEC ces 10 et 11 novembre a marqué un changement majeur dans les équilibres internationaux.

    Tous les observateurs ont conclu qu’un coup d’arrêt brutal vient d’être marqué contre les États-Unis.

    La principale raison est que l’APEC a choisi de suivre la Chine sur le chemin, encore timide et expérimental, d’un traité commercial centré sur l’Asie, qui offre une alternative et se pose en concurrent direct du traité TPP proposé par Washington à certains pays de la zone (une douzaine) et qui excluait précisément la Russie et la Chine. Les 21 Etats membres ont réaffirmé leur engagement en faveur du projet de libre-échange promu par Pékin. Le tout en actant le lancement, à l’APEC, d’une étude de faisabilité concernant une vaste zone de libre-échange impulsée par la Chine.

    Sans parler du fait que la plupart des accords signés entre Xi Jinping et Obama – dans le secteur commercial, militaire, antiterroriste, de la Santé, et des infrastructures – sont plus avantageux pour la Chine et pour sa projection au plan international que pour les États-Unis. La relation entre la Chine et les Etats-Unis a connu plusieurs développements positifs en marge de l'Apec. Outre un accord pour faciliter grandement l'entrée des Chinois sur le territoire américain, les deux pays se sont entendus pour une levée des droits de douane sur une vaste gamme de produits dans les technologies de l'information, des consoles de jeu aux systèmes GPS. Il s'agit d'un pas important pour tous les intervenants du secteur, car l'Organisation mondiale du commerce avait dû bloquer un projet de libéralisation des échanges dans ces domaines, en raison des différends entre Pékin et Washington. En débloquant ce dossier, les deux premières puissances mondiales ouvrent la voie à une vaste négociation qui pourrait réduire à zéro plus de 200 droits de douane, selon la Maison-Blanche. Une volonté nette, donc, de s'afficher unis sur un dossier qui concerne le monde entier. 

    Devant un parterre de plusieurs centaines de chefs d’entreprise, le leader chinois a exalté le rôle de la Chine dans l’économie mondiale, faisant remarquer que les investissements chinois prévus pour les 10 prochaines années s’élèveront à 1.250 milliards de dollars. Deux exemples: accorder au Canada plus de 8 milliards de dollars de quotas d’investissements en yuans en Chine, après s’être engagé à investir 42 milliards de dollars chez le grand allié pakistanais. Elle a décidé d’ouvrir ses banques et ses fonds de pension aux investisseurs internationaux.

    Le leader chinois a annoncé que Pékin investira pas moins de 40 milliards de dollars dans le fonds visant à développer des infrastructures dédiées à la Silk Road Economic Belt, une réédition de la « Route de la Soie » basée sur un projet d’infrastructures multimodales qui reliera le géant asiatique à l’Europe à travers une route terrestre (qui se calque sur l’ancienne Route de la Soie) et une autre maritime. 

    Une stratégie qui vise clairement à réduire la dépendance de ces régions vis-à-vis de l’hégémonie américaine le long des voies de communication maritimes et qui pourrait pousser Pékin à maintenir un rôle actif en termes de politique étrangère, en particulier en recherchant une plus grande stabilité en Asie centrale et au Moyen-Orient, entrant ainsi en collision frontale avec les plans américains de déstabilisation et les intérêts économiques de l’Union européenne.

    C’est une véritable refonte des équilibres et des rapports de force au plan international à l’avantage évident de la Chine, en passant par-dessus les narrations occidentales bâties sur des questions qui, sur le plan des relations entre grandes puissances, nous semblent véritablement de peu d’importance.

    Que déduire de tout ceci ? C’est assez simple : Poutine lance un signal aux Européens. Si l’Europe maintient son allégeance aux États-Unis, et continue à vouloir avoir le contrôle des gazoducs d’Ukraine, alors la Russie vendra son gaz ailleurs. Un autre point important, est que dans le cadre de ces accords, il y a une vraie nouveauté, explicite et exposée publiquement : l’échange pétrolier-gazier, et tous les investissements chinois en Russie, et les rapports bancaires se feront sur la base d’échanges en roubles-yuans. Un nouvel avertissement très clair aux États-Unis d’Amérique, et aux marchés occidentaux.

    Il resterait à compléter le papier de Champsaur du 28 Mai 2013 dans Lafautearousseau sur le complexe militaro-industriel chinois (il faut y inclure l’aviation civile), qui continue à avancer à grands pas. Sujet assez vaste qui demande un exposé spécifique.

    La situation internationale se fait de plus en plus difficile et inquiétante, car ces changements, qui se font en partie sous la contrainte, amèneront des bouleversements dont on mesure mal la nature, à brève échéance, mais qui auront un impact stratégique majeur à plus long terme, pour tous les grands protagonistes mondiaux. ♦

  • André Bercoff : « Donald Trump le pragmatique peut devenir président des États-Unis »

     

    Par Alexandre Devecchio           

    Donald Trump remonte face à Hillary Clinton dans les sondages. André Bercoff, qui l'a rencontré il y a quelques mois à New York et qui publie un livre à son sujet, analyse le succès inattendu du candidat d'une Amérique en colère [entretien Figarovox du 8.09]. L'affaire intéresse évidemment les patriotes français. Qu'en penser ? Trump est un pragmatique, non idéologue. Il limitera donc l'interventionnisme américain, notamment en Europe, où se réduiront les risques de conflit qui menacent gravement les intérêts français et européens. Il s'entendra avec Poutine. Par là, il se différencie nettement, et pour nous positivement, de sa rivale Hilary Clinton. Bercoff rappelle par ailleurs, qu'il défendra bec et ongles, par tous les moyens les intérêts américains et ne fera à l'Europe aucun cadeau. Mais de cela, qui est d'ailleurs normal, on se serait douté et ce ne sera pas vraiment une innovation.   Lafautearousseau        

     

    Beaucoup d'observateurs ont enterré Donald Trump dans cette campagne américaine. Pourtant, les derniers sondages indiquent qu'il réduit l'écart avec son adversaire Hillary Clinton. Certains d'entre eux le donnent même devant. Donald Trump peut-il devenir président des Etats-Unis ?

    Oui, il le peut. Pas de quartiers, évidemment, dans ce combat entre la Vorace et le Coriace. En dépit de l'hostilité des Démocrates, du rejet de la part des minorités et de la véritable haine que lui porte l'establishment Républicain, Trump peut profiter des casseroles accrochées à la traine d'Hillary Clinton qui semblent se multiplier de jour en jour. En tout cas, le scrutin sera beaucoup plus serré qu'il n'y paraissait il y a encore un mois.

    À quoi, selon vous, ressemblerait une présidence Trump ?

    Je pense qu'il gérerait les USA peu ou prou, comme il gère son empire immobilier, avec une différence de taille : il ne s'agit plus de défendre à tout prix les intérêts de la marque Trump, mais ceux des États-Unis, ce qui nécessite un changement de paradigme. L'homme d'affaires délocalise pour le profit ; le président relocalise pour la patrie. Le négociateur cherche le meilleur deal pour son entreprise, y compris l'art et la manière de s'abriter dans les paradis fiscaux. Le chef de l'État, lui, taxera lourdement les sociétés qui réfugient leurs avoirs sous des cieux très cléments. Ne jamais oublier que Trump est beaucoup plus pragmatique qu'idéologue. Je le raconte dans mon livre : il défendra l'Amérique comme il défendait sa marque, bec et ongles, par tous les moyens.

    Personne ne pariait un dollar sur la victoire de Trump à la primaire. Comment les observateurs ont-ils pu se tromper à ce point ?

    Quand je suis allé le voir à New York il y a quelques mois, tous mes interlocuteurs, en France comme en Amérique, me conseillaient de publier très vite l'entretien, car le personnage allait disparaître dès le premier scrutin des primaires. Les commentaires affluaient tous dans le même sens : il fait ça pour sa pub ; un petit tour et puis s'en va ; c'est un gros plouc, milliardaire peut-être, mais inintéressant au possible ; il est inculte, il ne comprend rien à la politique, ne connaît rien aux affaires du monde, il ne pense qu'à sa pub, à son image et à faire parler de lui. Experts et commentateurs se sont, dans leur grande majorité, mis le doigt dans l'œil parce qu'ils pensent à l'intérieur du système. À Paris comme à Washington, on reste persuadé qu'un « outsider » n'a aucune chance face aux appareils des partis, des lobbies et des machines électorales. Que ce soit dans notre monarchie républicaine ou dans leur hiérarchie de Grands Électeurs, si l'on n'est pas un familier du sérail, on n'existe pas. Tout le dédain et la condescendance envers Trump, qui n'était jusqu'ici connu que par ses gratte-ciel et son émission de téléréalité, pouvaient donc s'afficher envers cette grosse brute qui ne sait pas rester à sa place. On connaît la suite. L'expertise, comme la prévision, sont des sciences molles. 

    Quel rôle ont joué les réseaux sociaux dans cette campagne ?

    Trump est l'un des premiers à avoir compris et utilisé la désintermédiation. Ce n'est pas vraiment l'ubérisation de la politique, mais ça y ressemble quelque peu. Quand je l'ai interrogé sur le mouvement qu'il suscitait dans la population américaine, il m'a répondu : Twitter, Facebook et Instagram. Avec ses 15 millions d'abonnés, il dispose d'une force de frappe avec laquelle il dialogue sans aucun intermédiaire. Il y a trente ans, il écrivait qu'aucun politique ne pouvait se passer d'un quotidien comme le New York Times. Aujourd'hui, il affirme que les réseaux sociaux sont beaucoup plus efficaces - et beaucoup moins onéreux - que la possession de ce journal.

    Est-ce une mauvaise nouvelle pour les journalistes ?

    C'est en tout cas une très vive incitation à changer la pratique journalistique. Contrairement à ceux qui proclament avec légèreté et simplisme, la fin du métier d'informer, on aura de plus en plus besoin de trier, hiérarchiser, et surtout de vérifier et de mettre en perspective. En revanche, l'on pourra de plus en plus difficilement cacher la francisque de Mitterrand ou le magot de Cahuzac, et qu'on le déplore ou pas, avec Wikileaks et autres révélations, il faudra dorénavant compter avec les millions de lanceurs d'alertes qui feront, pour le meilleur et pour le pire, œuvre d'information, à tous les niveaux. Le monde n'est pas devenu peuplé de milliards de journalistes, mais les journalistes doivent tenir compte de ce peuple qui clique et qui poste.

    Votre livre s'intitule Donald Trump, les raisons de la colère. Les Américains sont-ils en colère ?

    Ils le sont. Là-bas comme ici, l'avenir n'est plus ce qu'il était, la classe moyenne se désosse, la précarité est toujours prégnante, les attentats terroristes ne sont plus, depuis un certain 11 septembre, des images lointaines vues sur petit ou grand écran. Pearl Harbour est désormais dans leurs murs : c'est du moins ce qu'ils ressentent. Et la fureur s'explique par le décalage entre la ritournelle de « Nous sommes la plus grande puissance et le plus beau pays du monde » et le « Je n'arrive pas à finir le mois et payer les études de mes enfants et l'assurance médicale de mes parents ». Sans parler de l'écart toujours plus abyssal entre riches et modestes.

    Trump est-il le candidat de l'Amérique périphérique ? Peut-on le comparer à Marine Le Pen ?

    Il existe, depuis quelques années, un étonnant rapprochement entre les problématiques européennes et américaines. Qui aurait pu penser, dans ce pays d'accueil traditionnel, que l'immigration provoquerait une telle hostilité chez certains, qui peut permettre à Trump de percer dans les sondages en proclamant sa volonté de construire un grand mur ? Il y a certes des points communs avec Marine Le Pen, y compris dans la nécessité de relocaliser, de rebâtir des frontières et de proclamer la grandeur de son pays. Mais évidemment, Trump a d'autres moyens que la présidente du Front National… De plus, répétons-le, c'est d'abord un pragmatique et un négociateur. Je ne crois pas que ce soit les qualités les plus apparentes de Marine Le Pen…

    Comme elle, il dépasse le clivage droite/gauche...

    Absolument. Son programme économique le situe beaucoup plus à gauche que les caciques Républicains et les néo-conservateurs proches d'Hillary Clinton qui le haïssent, parce que lui croit, dans certains domaines, à l'intervention de l'État et aux limites nécessaires du laisser-faire, laisser-aller.

    N'est-il pas finalement beaucoup plus politiquement incorrect que Marine Le Pen ?

    Pour l'Amérique, certainement. Il ne ménage personne et peut aller beaucoup plus loin que Marine Le Pen, tout simplement parce qu'il n'a jamais eu à régler le problème du père fondateur et encore moins à porter le fardeau d'une étiquette tout de même controversée. Sa marque à lui, ce n'est pas la politique, mais le bâtiment et la réussite. Ça change pas mal de choses.

    « La France n'est plus la France », martèle Trump. Pourquoi ?

    Ici aussi, pas de malentendu. L'on a interprété cette phrase comme une attaque contre notre pays. C'est le contraire. Il me l'a dit et je le raconte plus amplement dans mon livre : il trouve insupportable que des villes comme Paris et Bruxelles, qu'il adore et a visitées maintes fois, deviennent des camps retranchés où l'on n'est même pas capable de répliquer à un massacre comme celui du Bataclan. On peut être vent debout contre le port d'arme, mais, dit-il, s'il y avait eu des vigiles armés boulevard Voltaire, il n'y aurait pas eu autant de victimes. Pour lui, un pays qui ne sait pas se défendre est un pays en danger de mort. 

    Son élection serait-elle une bonne nouvelle pour la France et pour l'Europe ?

    Difficile à dire. Il s'entendra assez bien avec Poutine pour le partage des zones d'influence, et même pour une collaboration active contre Daesh et autres menaces, mais, comme il le répète sur tous les tons, l'Amérique de Trump ne défendra que les pays qui paieront pour leur protection. Ça fait un peu Al Capone, mais ça a le mérite de la clarté. Si l'Europe n'a pas les moyens de protéger son identité, son mode de vie, ses valeurs et sa culture, alors, personne ne le fera à sa place. En résumé, pour Trump, la politique est une chose trop grave pour la laisser aux politiciens professionnels, et la liberté un état trop fragile pour la confier aux pacifistes de tout poil.  n 

    André Bercoff est journaliste et écrivain. Il vient de faire paraître Donald Trump, les raisons de la colère chez First. 

    picture-2540921-61yhv5dr.jpgAlexandre Devecchio

    Journaliste au Figaro et responsable du FigaroVox. Twitter : @AlexDevecchio

  • Beaux-arts • Andy Warhol : la prophétie du vide

     

    par Raphaël de Gislain

    L’un des mages de l’art contemporain fait l’objet d’une exposition nécessairement haute en couleurs au musée d’Art moderne de Paris. Ainsi est l’art d’Andy Warhol : un feu d’artifice tape-à-l’œil couronnant un monument de vacuité.

    « Le vide est en train de s’emparer de la planète », observait avec détachement Andy Warhol dans son journal en 1984. Il ne pouvait intérieurement que s’en réjouir, y voir briller le reflet de ses intuitions profondes, lui qui, depuis ses débuts dans les années 60, s’était évertué à inverser les polarités de l’art pour en brouiller les fréquences, rompant radicalement avec la religion romantique de l’artiste, chose que les Surréalistes n’avaient jamais osé faire, pour que se lève une aube nouvelle où le Rien devient la mesure de toute chose – de l’art en particulier –, où le temps s’arrête parce que l’âme cesse de battre, où l’ennui éternel accapare toute parcelle de vie, la matière ayant tout emporté sur son passage dans le productivisme effréné de l’après-guerre. La silhouette iconique du « pope of the pop » rabâchée ad nauseam comme une publicité – une ombre dégingandée d’adolescent au masque lunaire, aussi glacial que le platine de ses perruques – ne doit pas oblitérer la profondeur du vide où l’artiste a plongé de façon presque fatale : il y a quelque chose de sacrificiel dans l’art de Warhol ; un martyre de dandy condamné à vivre devant son miroir pour l’éternité.

    Des « trucs » érigés en œuvres d’art

    – O’ Brien : « Croyez-vous à la peine de mort ? »
    – Warhol : « Pour l’amour de l’art, bien sûr »
    Sa première véritable exposition en 1962, à Los Angeles, donne le « la » d’une conception qui entend renverser l’ensemble des paradigmes de l’art que la civilisation a mis des siècles à enfanter : en y montrant des peintures de boîtes de Campbell’s Soup, dont il se nourrissait, Andy Warhol transforme in fine les masses en commanditaires suprêmes de l’œuvre. Le Pop Art, un courant né en Angleterre, se révèle par son biais et celui de quelques autres, la nouvelle forme de l’art américain en réaction contre l’expressionnisme abstrait jugé trop élitiste. La culture dite populaire en est tout à la fois le sujet et l’objet : pour sa deuxième exposition, Warhol présente près de 400 « sculptures », des répliques de cartons d’emballage ou brillent les logos des marques Kellogg’s corn flakes, Brillo, Mott’s Apple Juice, etc. Ce faisant, l’artiste de Pittsburg exploite les « trucs » appris dans son métier de « designer » commercial et de publicitaire, les transposant dans le champ artistique. Si le scandale arriva, le malheur n’avait pourtant rien de neuf…

    Warhol ne faisait-là que recycler les fameux ready-made de Marcel Duchamp qui, dès 1913, exposait roue de bicyclette et autre urinoir à la barbe des critiques qui manquaient de s’étrangler devant tant d’audace. Dans Paris-New York et retour, Marc Fumaroli offre une lecture lumineuse du contexte dans lequel agissait Duchamp. Normand de vieille souche, cultivé et lettré, l’artiste vint fuir une vie de province bourgeoise dans le Paris des artistes. Ses deux frères étaient d’excellents peintre et sculpteur ; comment exister, lui qui se rêvait unique ? En déclarant que tel objet était une œuvre d’art qui s’ignorait. Avant lui, travaillait-on sans signer ? Il signerait sans travailler… Il y avait de l’esprit fin-de-siècle dans cette posture qui relevait d’une farce du Chat noir ou d’une fantaisie décadente de Laforgue. Mais en la mimant, Warhol en fait tout autre chose. Il coule le concept de ready-made dans la mentalité américaine de son temps, plus que jamais portée vers la consommation. La blague n’a plus à faire rire mais à faire vendre.

    A la peinture trop artisanale, trop lente et donc peu rentable, il préfère vite la sérigraphie, une technique de reproduction photographique sur toile qui lui assure une force de frappe maximum. L’art est un produit comme un autre. On doit pouvoir le démultiplier pour qu’il atteigne le plus grand nombre. Sa Factory, son usine-atelier où s’agglutinent poètes branchés et muses sous LSD, est là pour ça. Tout se décline à l’infini, puisque le sens a disparu au profit de la surface, qui demeure seule à subsister. La mort peut se choisir en vert, en rouge, en jaune, en bleu selon la photo de chaise électrique que l’on préfère ; les images de stars reproduites jusqu’à plus soif, de Jackie Kennedy, de Marilyn Monroe, etc. bénéficient de la même stratégie commerciale. De même que les portraits royaux diffusaient l’image de la monarchie, la publicité devient chez Warhol l’art des grandes démocraties…

    D’un totalitarisme à l’autre

    Il est assez fascinant de constater comment l’art warholien, par son absolue déshumanisation, en vient à vampiriser les concepts les plus éloignés de sa dynamique pour y puiser sa propre substance. Ainsi du réalisme socialiste auquel il s’oppose en tous points dès le départ, aussi bien politiquement qu’idéologiquement, en vantant malgré lui l’impérialisme américain, le règne de l’argent-roi et la consommation comme un art. Précisément par sa démarche, et parce que le libéralisme de l’image fonde dorénavant l’art des masses, Wahrol retourne les préceptes du réalisme socialiste en une forme de réalisme capitaliste. Son idéal créatif, ainsi que son meilleur modèle économique, l’un n’existant pas sans l’autre, pourrait même reposer sur la diffusion d’une seule et unique image. Après tout, quoi de plus rentable pour un industriel ? Ses nombreux portraits de Mao Tsé-toung paraissent illustrer cette tentation d’anéantissement artistique total, que l’artiste avoue à demi-mot : « Ils (les Chinois) sont vraiment cinglés. Ils ne croient pas en leur créativité. Leur seule image, c’est celle de Mao Tsé-toung. C’est formidable. On dirait une sérigraphie »…

    Devant cette vie de bluff qui croit en tout sauf en elle-même, face à une conscience qui s’est condamnée à engendrer une œuvre volontairement vaine et sans âme, on devine, en creux, comme un destin sacrifié. Warhol, élevé dans le catholicisme uniate, qui priait avec sa mère et restait au fond de lui attaché à la figure du Pape – il rencontra Jean-Paul II en 1980 – finit par s’immoler par l’argent pour que s’accomplisse son siècle. Lâcheté ou cynisme, peu importe. Le temps de l’art commercial était venu et il œuvra à son avènement. Il y réussit presque trop bien. L’art contemporain et ses succursales demeurent aujourd’hui encore asservis à sa vision du marché et de la masse ; les dégâts sont irréversibles. En investissant la totalité des canaux de diffusion qui allaient fonder le monde postmoderne, médias, commerce et finance, le Pop Art a forgé la matrice de l’art spéculatif d’aujourd’hui. Une certaine Europe bourgeoise aura fait l’immense erreur de le mépriser, calfeutrée dans ses pédantes certitudes, sûre de pouvoir balayer cette avant-garde, comme les autres, d’un revers de la main. Il se jouait sous ses yeux une guerre idéologique majeure…

    Warhol Unlimited, Musée d’Art moderne de Paris, jusqu’au 7 février.

     

  • Saint-Germain l'Auxerrois, le 21 janvier : « Le Roi décapité, le pays tout entier le fut et l’est encore »

     

    Homélie du père Jean-François Thomas, lors de la messe du 21 janvier à la mémoire de la famille royale et de toutes les victimes de la Révolution, en l’église saint-Germain l’Auxerrois à Paris.

     

    indexv-1.jpgRegardons un instant le Roi,- trahi depuis des années par certains des siens, de ses proches et de ses conseillers, par la noblesse et par le haut clergé, alors qu’il est escorté, humilié, par les sapeurs, les dragons entourant sa voiture au retour de Varennes. Le peuple de France qui l’aimait unanimement quelque temps auparavant, l’insultait désormais tout au long du chemin qui annonçait le Calvaire. La Reine était pâle, tremblant pour ses enfants qui pleuraient dans le vieux fiacre. Ce jour-là, cet homme qui n’avait jamais été qu’un Roi, franchit le seuil qui le conduisait vers le sacrifice, et il souriait d’une incroyable et surnaturelle joie car désormais, il souffrait de la douleur divine qui ne l’abandonnerait pas jusqu’à l’échafaud.

    De retour aux Tuileries, désormais prisonnier mais encore protégé par le trouble La Fayette, le Roi se mit à lire la vie de Charles Ier d’Angleterre, pressentant ce que serait sa fin. Le Dauphin, dans un cauchemar, se vit entouré de loups, de tigres, de bêtes féroces qui voulaient le dévorer. Le Roi était vaincu et cependant, il n’avait jamais été aussi fort et assuré. Il travaille pour la France car il sait qu’elle lui survivra même si elle est infidèle et devenue folle. Il est Roi de France et non point roi des Français comme le décide alors l’Assemblée. Lorsque les sans-culottes et les femmes vociférantes envahissent le palais, armés de piques et prêts à massacrer la famille royale, Louis XVI, serein, calme, fit reculer cette foule abominable par sa majesté. Le regard du Roi faisait reculer la haine.

    Léon Bloy, dans La Chevalière de la Mort, écrit ces mots de braise : « (…) Quand la parfaite ignominie vient s’ajouter à la suprême douleur ; quand le mépris universel, sous sa forme la plus affreuse, vient déshonorer le supplice ; le sublime humain se transfigure et s’élance dans un empyrée nouveau. La Poésie du sang et des larmes se manifeste alors, sans rhétorique ni voiles, découronnée de son terrible bandeau. C’est la poésie surnaturelle de la Passion du Sauveur. Qu’elle le veuille ou non, la douleur d’un homme doit passer par là pour mériter qu’on l’aperçoive dans l’Océan sans rivages des douleurs souffertes. »

    Il faudrait être Bossuet pour décrire tant de souffrance et la comparution apaisante devant la Justice de Dieu après avoir été écrasé par le tribunal des hommes. Peut-être suffirait-il de sangloter en silence tant le mystère de cette iniquité est sans horizon… Le Roi décapité, le pays tout entier le fut et l’est encore. Notre peuple est ingrat, il l’a toujours été depuis la fin de ce Moyen Age qui fut époque de foi, d’outrances surnaturelles, de péchés et de grâces à foison. Notre peuple est violent, sanguinaire. Il l’a prouvé tant de fois depuis 1789. Notre peuple est surtout orphelin et il se cherche désespérément un père de substitution depuis qu’il a tué le sien. Ce ne sont point les simagrées républicaines qui peuvent contenter sa soif et sa faim. Il a voulu tuer Dieu et le Roi. Il n’a réussi qu’en partie et demeure hanté par le souvenir de sa grandeur et la profondeur de son apostasie.

    Pensons simplement à ces liturgies laïques misérabilistes qui couronnent désormais chaque disparition parmi ceux qui sont considérés comme de grands hommes et chaque attentat commis par les infidèles. Notre peuple essaie de se raccrocher à ce qu’il connaît encore, si peu, de ses racines. Il a signé son arrêt de mort en condamnant son Roi. Tandis qu’il violait les tombes royales et princières, qu’il déterrait et démembrait les cadavres, il procédait à son propre ensevelissement. Dies irae… Ensevelissement d’un pays, d’une Tradition, d’un Trône, d’un Autel, d’un Monde. Notre pauvre et douce France n’a cessé depuis d’être déchevelée par les démons. Les appels à la conversion plusieurs fois répétés, notamment à La Salette, n’y font rien. Nous regardons impassibles la Sainte Vierge en pleurs, Elle qui couvre de son manteau de miséricorde notre terre ancestrale. Alors ne nous étonnons pas que des fléaux nous déciment depuis deux siècles : les guerres napoléoniennes laissant la France exsangue après la terreur révolutionnaire, la Commune suivant la défaite de Sedan ; et puis les hécatombes de la Grande Guerre, de la Seconde Guerre mondiale, les massacres de l’épuration, le corps de nos officiers d’élite saigné à blanc en Indochine ; la révolution de 1968 qui bouleversa le peu de mœurs qui subsistaient en cette V° République qui accumule les lois iniques, ne respectant ni les enfants à naître, ni les agonisants, ni le mariage selon la loi naturelle…

    Le 21 janvier 1793, avec la tête de notre souverain, roulèrent à terre toutes les grandeurs de notre royaume sur terre, images, certes imparfaites, mais images tout de même, du Royaume vers lequel nous tendons tous, sinon nous ne serions pas dans cette église aujourd’hui à prier pour le repos de l’âme d’un mort, un simple fils de la terre, couronné, mais paraissant dans la nudité du baptême devant le divin Père, juge et miséricorde.

    Nous ne sommes pas ici pour un hommage. L’Eglise n’a que faire des congratulations mondaines. Dans sa liturgie des défunts, elle dirige tous nos sens vers les fins dernières, nous invitant à contempler notre propre mort et à nous y préparer. Le Roi avait rédigé en décembre 1792 son testament qui n’est que pardon et humilité. Le fils de la terre y est déjà fils du ciel. Il refuse toutes les manœuvres pour le délivrer qui pourraient faire couler le sang d’un seul de ses sujets. Le 19 janvier il relit une nouvelle fois le récit de la mort de Charles I° et rédige un logogriphe laissant apparaître le mot « sacrifice ». Parmi les rares demandes que lui accorda la Convention,- nerveuse et inquiète face au royal prisonnier tout habité de paix intérieure, figure l’autorisation de recevoir l’aide spirituelle de l’abbé Edgeworth.

    Alors qu’il vient de faire ses adieux à sa famille, de rappeler de nouveau au jeune Dauphin ses devoirs religieux et celui de pardonner à ses bourreaux, tandis que la Reine défaillait à son départ, il avoue à l’Abbé : « Ah ! Monsieur, quelle entrevue que celle que je viens d’avoir ! Faut-il que j’aime et que je sois si tendrement aimé ? Mais c’en est fait, oublions tout le reste pour ne penser qu’à l’unique affaire de notre salut ; elle seule doit en ce moment concentrer toutes mes affections et mes pensées. » Il se confessa et grâce à un privilège arraché par l’Abbé aux commissaires qui le surveillaient, il put entendre la messe et communier à six heures de l’aurore du 21 janvier. Cette messe était une messe identique à celle célébrée aujourd’hui, bien qu’elle ne fût pas de requiem.

    Voilà pour nous le moyen béni d’être en union et en communion avec toutes ces générations de fidèles qui nous ont précédés et qui ont prié avec les mêmes formules intangibles. La messe ne s’acheva-t-elle pas, de mystérieuse façon, sur cet échafaud entouré par une foule partagée entre la furie et les pleurs ? Si la mort est la dernière messe de chaque prêtre, elle l’est aussi du souverain qui se sacrifie pour son peuple l’ayant trahi et renié. « Faites ce que vous voulez, je boirai le calice jusqu’à la lie » murmura le Roi aux bourreaux.

    Mes chers frères, les trompettes des épouvantements suprêmes retentissent dans le Ciel à chaque fois qu’un innocent est mis à mort. Le Jugement dernier n’est pas une fable pour enfants. Que la mort de notre Roi, homme imparfait et pécheur comme tout un chacun, mais juste et bon, ne soit pas pour nous un sujet de nostalgie mondaine mais fasse grandir en notre âme le désir de mourir comme lui en fils de l’Eglise. Chaque siècle porte en lui, en son milieu, un ravin creusé par le torrent du sang des innocences égorgées. Destin extraordinaire, honneur insigne que d’être ainsi marqué par Notre Seigneur pour participer au banquet des élus. Notre pays doit se préparer spirituellement à connaître de nouveau une telle hécatombe car le fléau de l’islam déferle sur la Fille aînée de l’Eglise avec la complicité de tous les politiques et la lâcheté des clercs.

    Nous ne pourrons pas échapper à ce terrible témoignage, même si nous bandons nos yeux et refusons de regarder la réalité. La raison moderne a la haine du Surnaturel. Nous aimons contempler les saints et les martyrs sur les fresques des coupoles car alors ils sont très éloignés de nous et ne risquent donc point de nous emporter dans leur envol. Le dix-huitième siècle fut un siècle petit dans tous les sens du terme, et encore plus en sainteté après l’éclat du dix-septième siècle, le Grand Siècle. Notre siècle lui ressemble en bien des points. Il fallut la Révolution pour que surgissent alors des martyrs par myriades, dans la paysannerie, le petit peuple, l’aristocratie, le clergé. Cette purification était nécessaire. L’aplatissement universel et contemporain des âmes ne peut que déboucher sur un épilogue identique. Un épilogue annonciateur d’une renaissance. Alors préparons nos armes spirituelles, comme le Roi à la veille de son exécution. Ne soyons pas surpris sans huile dans nos lampes. Ce monde va avoir besoin de notre lumière.

       Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Ainsi soit-il.  

          P.Jean-François Thomas s.j.

  • Dans Politique Magazine : Les autorités politiques et la crise économique nouvelle, par François Schwerer.

    Macron et Xi sont sur la même trajectoire : de la minimisation de la crise (phase 1) au retour à la normale (phase 4) annoncé et proclamé, tout est fait pour maintenir l’illusion du contrôle.

    Depuis le début de la crise sanitaire provoquée par l’épidémie venue Chine, les hommes politiques rivalisent avec les journalistes pour s’adresser à la population et lui expliquer comment elle doit se comporter afin de pouvoir retrouver rapidement une vie normale. Devant cette débauche d’informations, pour maintenir l’attention en haleine, on a divisé sans le dire mais à l’image de ce que l’on a imaginé pour la crise sanitaire, la lutte contre le virus économique en trois stades.

    3.jpgStade 1 : Minimiser les conséquences

    Ce premier stade, aujourd’hui dépassé, correspond à la période où la crise n’a pas encore produit des effets statistiquement constatés. Il faut donc montrer que l’on contrôle toujours la situation et en profiter pour entretenir la population dans la bonne voie d’une économie ouverte à tous vents. C’est Bruno Le Maire qui annonce fièrement que, dans la plus mauvaise des hypothèses, la crise coûtera 0,1 points de croissance à la France. Pas de quoi remettre en cause les choix effectués. On continue comme avant. Pas question de fermer les frontières car, comme l’a expliqué Olivier Véran, les frontières n’arrêtent pas les virus ! Les virus, peut-être, mais les porteurs de virus ? À ce stade, le pompon revient aux Italiens : lorsque Mattéo Salvini a demandé cette mesure de protection, il a été traité de « raciste » et de « xénophobe ». De façon à bien contrôler l’information, tous les bruits qui n’ont pas été estampillés par les autorités officielles sont, non pas discutés ou démentis, mais dénoncés comme « fake news » répandus par des « complotistes » hystériques ayant pour but de déstabiliser le système.

    À ce stade il ne s’agit que de protéger le système contre une certaine crainte qui amènerait les agents économiques à freiner leur consommation. Il faut qu’ils puissent continuer à emprunter des métros bondés aux heures de pointe, à voyager dans les airs vers n’importe quelle destination, à assister à des matchs de foot internationaux où ils rivalisent de vociférations et donc de postillons avec les supporters de l’équipe adverse, à visiter les musées, à fréquenter les restaurants et salles de spectacle, à faire leurs courses dans les hypermarchés où ils se bousculent aux caisses… Les entreprises doivent ainsi pouvoir éviter de voir leur chiffre d’affaires baisser.

    Stade 2 : Freiner la propagation

    Ce deuxième stade, lui aussi dépassé, correspond au moment où, les premières statistiques ayant été publiées, on constate que des secteurs entiers de production sont en difficulté et que la Bourse s’effondre. Il faut empêcher l’épidémie de se répandre dans toute l’économie et de toucher tous les secteurs. À ce stade on s’intéresse donc essentiellement aux secteurs infectés. On les considère comme isolés du reste de l’économie réelle de peur qu’ils ne transmettent leur maladie à tous. Mais comme on n’a ni “vaccin” ni traitement spécifique adapté à une crise que l’on n’avait pas vu venir et qui ne ressemble à aucune des précédentes, on a recours à des mesures basiques : une politique monétaire accommodante et une politique budgétaire volontariste.

    Hélas quand la Réserve fédérale américaine a décidé d’abaisser ses taux, au lieu de rassurer les opérateurs sur les marchés financiers, elle les a inquiétés. Si on administre une dose si importante de tranquillisant aussi vite, c’est que le mal doit être plus profond qu’on veut bien le dire. Après un petit mieux passager, dû à cette médecine, le patient, c’est-à-dire la Bourse, a recommencé à sa phase de déprime. C’est que l’on ne corrige pas une crise de la production due à l’arrêt des entreprises par absence du personnel simplement en inondant le marché de liquidités. Bruno Le Maire a aussitôt appelé l’Europe – on ne sait plus rien faire sans les fonctionnaires de Bruxelles – à administrer une politique budgétaire. Mais à quoi servirait-il de donner de la fausse monnaie à quelque secteur de production que ce soit si l’on ne commence pas par décréter la relocalisation des activités stratégiques ? Seulement un tel traitement est long à agir. La guérison se fera attendre et le mieux risque de ne pas se faire sentir avant les prochaines élections démocratiques.

    Stade 3 : Limiter les effets à ce qui maintient l’illusion

    À ce stade, la crise est généralisée. La production manufacturière, première touchée, après avoir inoculé le mal à la Bourse touche désormais le marché des matières premières et celui de l’énergie. Le virus a muté et on est passé d’un simple effondrement financier à une guerre économique. Cette fois-ci, il faut bien sûr, mobiliser toutes les forces vives mais il faut aussi limiter les effets ou au moins soulager provisoirement les malades. Pour cela on communique largement sur les conséquences bénéfiques à court terme et sur l’espoir d’un redémarrage rapide, toutes choses égales par ailleurs

    Le meilleur symptôme de l’entrée dans cette phase de la maladie est la guerre du pétrole déclenchée par l’échec de la réunion des pays de l’OPEP avec la Russie à Vienne. Ces deux protagonistes voulaient-ils ainsi rendre non rentable le pétrole de schiste[1] américain ? En effet, ses producteurs américains indépendants sont tous fortement endettés et avec un prix du pétrole trop faible ils sont menacés de ne jamais pouvoir rembourser leurs dettes. Le 10 mars, l’Arabie saoudite a aggravé cette guerre du pétrole en annonçant sa décision d’augmenter encore sa production pourtant déjà excédentaire de façon à accroître sa part de marché, quitte à faire un peu plus chuter les prix. Avec ces cours artificiellement bas, la Russie considère pouvoir tenir de six à huit ans, d’autant qu’elle a pu aussitôt riposter en laissant le rouble se déprécier de 8 % vis-à-vis du dollar (alors que le riyal est fixe par rapport à ce même dollar). Ceux qui pourraient être les premières victimes de cette guerre économique sont les autres pays producteurs de pétrole : Iran, Irak, Nicaragua, Algérie, Venezuela… Les hommes politiques, qui ont l’œil rivé sur l’horizon électoral, expliquent que cette guerre économique est bonne puisqu’elle va faire baisser le prix du pétrole. Oui, mais à plus long terme, lorsque la Russie – et peut-être aussi l’Arabie saoudite, si elle sort rapidement de sa guerre de succession – aura éliminé ses principaux rivaux, vers quel sommet ne risque-t-on pas de voir grimper le prix du pétrole ?

    La logique sous-jacente : surfer sur la vague

    Quand on examine les trois stades de la crise économique (le stade 4 étant, comme nous le répètent les messages officiels, celui du retour à la situation antérieure, c’est-à-dire du point de vue économique la libre circulation des biens, des services, des hommes et des capitaux), on constate que tous les « éléments de langage » mis en œuvre n’ont qu’un but : montrer que les pouvoirs publics sont à la manœuvre et que l’épidémie ne triomphera pas. De ce point de vue le président chinois a montré l’exemple, en déclarant que le virus était vaincu, juste quelques jours avant l’assemblée annuelle du Part communiste chinois.

    [1] Indépendamment du fait que le pétrole de schiste revient près de deux fois plus cher à extraire, on estime qu’un puits de pétrole de cette nature voit sa production baisser de 70 % au bout d’un an et de 85 % au bout de trois, tandis qu’un puits traditionnel ne voit celle-ci baisser que de 5 % chaque année. Il est bon de rappeler ici que le 10 février 2020, campagne électorale oblige, le président Trump et son équipe avaient suggéré de vendre 15 millions de barils de la réserve stratégique de pétrole dans le but de consolider le budget américain.

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  • Michel Maffesoli : “Le grand soulèvement qui vient”.

    Alors qu’en pleine crise pandémique le gouvernement apporte chaque jour un peu plus la preuve de son incompétence, on sent monter une rage qui gronde depuis déjà plusieurs années. Un grand soulèvement se prépare. La population est-elle sur le point de se réveiller ? De quoi l’insurrection qui vient accouchera-t-elle ? Michel Maffesoli nous livre sa réponse.

    1.jpgLe familier des promenades en montagne ne manque pas de remarquer que les beaux lacs ponctuant les hautes vallées alpines sont on ne peut plus calmes en leur surface. Mais leurs bas-fonds sont animés par de constants grouillements. De temps à autre ces derniers apparaissent à l’extérieur sous formes de bulles géantes troublant la quiétude du lac. Bulles aussi soudaines qu’éphémères. Disparaissant, en effet, pour renaître plus tard quand le grouillement intérieur se fait à nouveau trop pressant !

    Voilà une image qui permet de comprendre les soulèvements qui, actuellement, troublent la vie de nos sociétés. Il s’agit bien, en effet, de bulles explosives, appelées à se renouveler, en ce qu’elles expriment le grouillement, à la fois profond et violent, animant une société officieuse ne se sentant plus du tout « représentée » par la société officielle ayant le pouvoir institutionnel. D’où l’ambiance insurrectionnelle caractéristique de toute fin d’époque.

    La fin d’un monde.

    Dans notre progressisme natif, nous avons du mal à accepter que les époques se suivent et ne se ressemblent pas. Des esprits aigus ont pu noter, à juste titre, la « fin de l’ère des révolutions » (E. Hobsbawm). Si nous savons voir, avec lucidité, l’architecture des sociétés contemporaines, nous pouvons dire, avec assurance, que nous assistons à la naissance de l’ère des soulèvements populaires.

    La multiplication de ces soulèvements, il y a un an le mouvement des gilets jaunes en fut une illustration emblématique, ne manque pas de mettre en exergue, au-delà d’un prétendu individualisme, le développement d’un « nous communautaire ». « Nous » soulignant, par ses révoltes ou son abstention, l’implosion d’une « société programmée » par une suradministration technocratique. Société programmée par un pouvoir surplombant de plus en plus factice et contesté.

    D’antique mémoire, on voit resurgir, régulièrement, ce qui fut à Rome la secessio plebis. Le peuple ne se reconnaissant plus dans le Sénat se retira sur l’Aventin.

    D’antique mémoire, on voit resurgir, régulièrement, ce qui fut à Rome la secessio plebis. Le peuple ne se reconnaissant plus dans le Sénat se retira sur l’Aventin. Il fit sécession. J’ai déjà indiqué que c’était ainsi que l’on pouvait comprendre le mouvement des « gilets jaunes » en France. Mais, afin d’élargir le problème, reconnaissons que c’est en de nombreux pays que l’on peut constater le désaccord profond existant entre les politiques et le peuple.

    Et ce parce que ce peuple ne supporte plus le mensonge propre au discours officiel. Mensonge se masquant derrière les éternelles rabâchages de la bienpensance. Mensonge se revêtant de l’habit du moraliste propre à ce que Hegel nomme, justement, les « belles âmes ». Mensonge de ces « experts », journalistes et politiques, toutes tendances confondues, dont le dénominateur commun est le psittacisme. Ce sont, en effet, des perroquets, répétant à longueur de temps et d’antenne les mêmes lieux communs d’une affligeante et prétentieuse banalité ! Diafoirus est bien vivant.

    Macron, soulèvement populaire

    L’oligarchie actuelle.

    On se souvient de la formule de Platon, dans la République : « c’est donc à ceux qui gouvernent la cité, si vraiment on veut l’accorder à certains, que revient la possibilité de mentir ». Mais le philosophe, bon connaisseur de la vie réelle, établit une distinction entre le « mensonge d’ignorance », acceptable parce qu’humain, et le « mensonge en parole », que le menteur professe consciemment.

    C’est ce dernier qui caractérise l’oligarchie actuelle ! Il suffit, à cet égard, de rappeler que pour celle-ci le « people » tend à remplacer le vrai peuple. C’est cela qui est la cause et l’effet du conformisme logique faisant qu’il existe une « pensée admissible », celle des pouvoirs établis, totalement étrangère à la réalité de la vie courante. Ce qui engendre un aveuglement dont on n‘a pas encore mesuré tous les effets.

    C’est cet aveuglement qui est la cause et l’effet d’un entre-soi médiatiquement politique aux effets on ne peut plus pervers.

    C’est cet aveuglement qui est la cause et l’effet d’un entre-soi médiatiquement politique aux effets on ne peut plus pervers. Aveuglement qui suscite un mépris virulent vis-à-vis des peuples en révolte. Peuples dont les réactions sont qualifiées d’une manière on ne peut plus erronée de « populistes ». L’entre-soi, caractéristique essentielle de cette élite, est la négation même de l’idée de représentation sur laquelle, ne l’oublions pas, s’est fondé l’idéal démocratique moderne.

    Mais de tout cela on peut sourire. En reprenant, cum grano salis la sentence de Bossuet, on peut même en rire, car « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ». Il est des mouvements inéluctables, la révolte des peuples est l’un d’eux. Faut-il le rappeler : rien n’arrête une idée dont le temps est venu !

     soulèvement populaire

    Ceux qui prétendent agir « pour le bien du peuple ».

    N’est-ce pas l’automimétisme de l’entre-soi qui caractérise les diverses et (trop) nombreuses déclarations publiques que propose le pouvoir politique ? Celles à propos de la crise sanitaire en cours sont particulièrement éclairantes ! Automimétisme que l’on retrouve, également, dans les ébats indécents, quasiment pornographiques dans lesquels ce pouvoir se donne en spectacle. Pour utiliser un terme de Platon, on est en pleine « théâtrocratie ». Spécificité des périodes de décadence. Moment où l’authentique démocratie, la puissance du peuple est totalement occultée.

    Automimétisme de l’entre-soi ou auto-représentation, voilà ce qui est la négation ou la dénégation du processus de représentation. Voilà ce qui en appelle à une transfiguration du politique. On ne représente plus rien sinon, à courte vue, soi-même. Une Caste on ne peut plus isolée qui en ses diverses modulations, politique, journalistique, intellectuelle est surtout identique à elle-même et fidèle à son idéal « avant-gardiste » qui consiste, verticalité oblige, à penser et à agir pour un soi-disant bien du peuple.

    Cette orgueilleuse verticalité s’enracine dans un fantasme toujours et à nouveau actuel : « le peuple ignore ce qu’il veut, seul le Prince le sait » (Hegel).

    Cette orgueilleuse verticalité s’enracine dans un fantasme toujours et à nouveau actuel : « le peuple ignore ce qu’il veut, seul le Prince le sait » (Hegel). Le « Prince » peut revêtir bien des formes, de nos jours celle d’une intelligentsia qui, d’une manière prétentieuse, entend construire le bien commun en fonction d’une raison abstraite et quelque peu totalitaire, raison morbide on ne peut plus étrangère à la vie courante. C’est cela la « suradministration » technocratique.

    À l’opposé de la prétention au savoir absolu de ce rationalisme morbide, rationalisme purement instrumental, les soulèvements contemporains ne font qu’exprimer, en majeur, la sagesse populaire, véritable conservatoire des « us et coutumes ». Sagesse de la tradition. Sagesse de la vertu, en son sens fort : « virtu », servant de ciment, c’est cela l’authentique éthique (« ethos ») à tout être-ensemble fondamental.

    Gilets jaunes, soulèvement

  • ”Une radicalisation de la lutte des classes”, par Michel Onfray.

    Comment passez-vous votre confinement? En Normandie? Pouvez-vous décrire le lieu où vous êtes? Pouvez-vous sortir facilement dans la campagne?

    J’étais en Martinique depuis le 10 mars. Le confinement a été décidé alors que je m’y trouvais. Un durcissement de ce confinement a été annoncé par l’Etat. J’ai donc envisagé de rentrer en métropole en prenant un avion dont j’ai découvert qu’il effectuait la dernière liaison Fort-de-France Paris et que le vol suivant était prévu en juin. Deux ou trois jours après mon retour à Caen, à mon domicile, mon épouse et moi-même avons souffert des mêmes symptômes: très forte fièvre, maux de tête importants, courbatures comme si nous avions été roués de coups, perte d’appétit, modification des perceptions olfactives et gustatives.

    Nous avons donc été diagnostiqués positifs au covid-19. Craignant un syndrome méningé, j’ai appelé le Samu qui a hospitalisé mon épouse. Aux urgences on lui a donc fait un test qui a révélé… qu’elle n’était pas positive au covid-19! J’en ai conclu que je ne l’étais pas non plus puisque nous vivions confinés l’un et l’autre dans le même lieu et que j’imaginais mal  être positif sans que Dorothée ne le soit également… En fait nous avons contracté la dengue en Martinique, une maladie tropicale assez violente. Dorothée a été hospitalisée six jours et nous avons oscillé entre 38 et 40° de température avec les symptômes que je viens de citer… Dès lors, je suis resté au lit en titubant pour aller d’une pièce à l’autre. Pas assez de force pour lire, encore moins pour écrire, juste de quoi regarder un film de temps en temps.

    Quels conseils donneriez-vous aux Italiens qui vivent ce confinement depuis plus de temps que les Français?

    Le confinement ne peut pas être pensé comme une idée platonicienne (genre Confinement objectif) mais comme un confinement subjectif. Tout dépend de son lieu de confinement: vaste ou exigu, agréable ou austère, en bonne ou en mauvaise compagnie, abandonné par les siens ou entouré par des amis véritables, au beau milieu de la nature ou dans une barre de HLM… J’aurais donc mauvaise grâce à donner des conseils en général, dans l’absolu, car, en pareil cas, il faut être empirique et pragmatique: c’est à chacun d’inventer les meilleures conditions de possibilité de son confinement. On ne peut philosopher, vivre, manger, aimer pour un tiers. C’est le moment où chacun se doit de philosopher pour lui-même et par lui-même pour composer avec le réel qui est le sien.

    Quels textes philosophiques conseillez vous de lire dans cette période? Y a t-il des textes que vous êtes en train de relire dans ce confinement?

    J’ai écrit dans Sagesse un éloge de la philosophie romaine que j’oppose à la philosophie grecque. Les Grecs sont des amateurs de concepts et d’Idées, de pureté idéale et d’envolées métaphysiques. Ils font une philosophie pour philosophes. Les Romains se moquent de la métaphysique ou de l’ontologie, ils détestent la sophistique et la rhétorique qui sont autant d’occasions de jouer avec les mots, d’étaler sa science et de séduire les interlocuteurs. Ils ont enseigné non pas avec des traités incompréhensibles mais avec des exemples qui se trouvent partout chez les historiens ou les annalistes : Aulu-Gelle, Valère Maxime, Tacite, Tite-Live, Suétone racontent ce que sont l’amour, l’amitié, le sens de l’honneur,  en rapportant le cas de gens qui se sont aimés d’amour ou d’amitié, qui ont incarné le sens de l’honneur, la fidélité, le comportement devant la maladie, la souffrance, la vieillesse, la mort, etc. Les philosophes romains sont Plutarque, Musonius Rufus, Sénèque, Lucrèce, Epictète, Marc-Aurèle, Cicéron. Tous sont utiles tout le temps, coronavirus ou pas.

    Est-ce qu'il y a un texte particulier qui vous a accompagné dans les moments les pires de votre vie: l'AVC dont vous avez souffert à 28 ans, les années d'assistance auprès de votre compagne qui est décédée d un cancer, et l'AVC dont vous avez souffert il y a deux ans?

    Oui, les Pensées de Marc-Aurèle… Lors de mon AVC j’étais trop abîmé pour lire la version papier que j’avais demandée à un ami. J’avais posé mon iPhone sur mon thorax pour écouter une lecture de ce texte faite par un acteur -dont je n’ai pas retrouvé le nom. J’avais l’impression, toutes lumière éteintes dans ma chambre d’hôpital, que le philosophe me parlait.

     Aujourd’hui beaucoup de gens, confinés chez eux, commencent ou recommencent à écrire. Quels conseils  leur donneriez vous? Sur quoi écrire?

    Si l’on ne sait pas sur quoi écrire, il n’y a aucune utilité à écrire… Je reçois beaucoup de manuscrits ou de livres publiés à compte d’auteur… Or, savoir écrire une lettre à sa grand-mère ne fait pas du scripteur un auteur digne de ce nom. Il y a pléthore de mauvais livres et de mauvais textes. L’idéal serait que l’écriture soit d’abord un exercice de modestie: par exemple, prendre des notes de lectures, un mélange de synthèses objectives et de commentaires personnels, des philosophes romains par exemple. Depuis le triomphe de l’autofiction, le texte narcissique, égotiste, contribue à la fabrication de vedettes parisiennes du monde des lettres. Il n’est pas utile de grossir la liste de cet égotisme littéraire.

    Pas mal d'Italiens pensent que cette expérience va réévaluer un certain "otium" dans le sens des anciens romains, dans le sens haut et classique du terme: qu'en pensez-vous?

    Je ne crois pas que le monde changera dans cette direction-là… L’otium, rappelons-le, était le privilège des gens riches, fortunés, qui, la plupart du temps, ne travaillaient pas, avaient à leurs disposition des esclaves et un domesticité. Les gens modestes paieront la facture, comme toujours et ceux qui jouissent déjà de l’otium contemporain continueront à jouir de leurs privilèges. Il n’y aura pas une démocratisation de l’otium mais une radicalisation de la lutte des classes.

    Est-ce que ce confinement va redonner un nouveau sens à la vie? Est-ce qu'il va aussi nous pousser à faire face à thématiques oubliées? Lesquelles?

    La nature humaine étant ce qu’elle est, les hommes ne vivront demain d’amour et d’eau fraîche, pas plus, pas moins… Lisez ou relisez La Fontaine pour avoir ce que sont les invariants de la nature humaine. Quand le retour à la vie normale reviendra, ce ne sera pas pour réaliser le bonheur sur terre! On ne confine pas des gens dans des cages comme des animaux pendant des semaines sans que, le jour où l’on ouvre les barreaux de ces cages, ne se libèrent des passions tristes et du ressentiment –sûrement pas de l’amour…

    Est-ce qu'on peut être en réalité plus libres dans ce genre de confinement que dans la vie de tous les jours?

    Votre question sent son Sartre ("on na jamais été autant libre que sous l’occupation allemande", disait le philosophe qui écrivait des articles dans une revue collaborationniste…) mais c’est juste pour rire, du moins je l’espère… On ne me fera pas dire que, vivre privé de la liberté de se déplacer, privé de la liberté de rencontrer qui l’on veut, privé de la liberté de voyager, privé de la possibilité de serrer la main ou d’embrasser qui l’on veut, privé de la liberté d’aller au restaurant, dans les musées, dans les bars, aux concerts, dans les stades, dans les librairies, ce soit expérimenter un forme supérieure de liberté! Des sophistes défendront cette thèse, mais elle est fausse.

  • Alain de Benoist : « L’actuel antiracisme n’est pas le contraire du racisme, mais un racisme en sens contraire ».

    1A.jpgSource : https://www.bvoltaire.fr/

    Dynamisé par le retentissement de l’affaire aux États-Unis, le combat mené par contre les « violences policières » vous paraît-il être un mouvement de masse ou seulement résulter d’un effet de mode et d’une agitation marginale dont l’ampleur serait surestimée par nos médias ?

    8.jpgL’affaire George Floyd est un fait-divers auquel le système médiatique, acquis à l’idéologie dominante, a donné une résonance planétaire. La mort d’, autre fait-divers, n’a rien à voir avec cette affaire, sinon la couleur de peau de deux délinquants multirécidivistes morts des suites de leur interpellation. Son retentissement doit en revanche tout à l’habileté du Comité mis en place pour défendre sa « mémoire », qui a su instrumentaliser à son profit les délires du politiquement correct et les retombées non moins délirantes du mouvement « Black Lives Matter », tout en faisant son miel de l’influence grandissante de l’idéologie indigéniste.

    L’amalgame entre les deux affaires met aussi en lumière l’américanisation des modes de pensée des proches d’Assa Traoré, qui se prend elle-même pour une nouvelle Angela Davis. Vous le savez, toutes les modes américaines, qu’il s’agisse de la Gay Pride, de la théorie du genre ou de l’« intersectionnalité » des luttes ont fini par s’imposer en Europe. Or, le contexte est radicalement différent. Les États-Unis sont depuis leurs origines affrontés à une question raciale qu’ils n’ont jamais su résoudre. Rappelons-nous qu’en 1945, c’est une Amérique ségrégationniste qui a emporté la victoire sur le racisme hitlérien ! Quant à la violence policière, effectivement courante aux États-Unis, elle est sans commune mesure avec ce que l’on peut voir en France. J’ajoute que chez nous, quand il y a brutalités policières, elles s’exercent sans complexe sur les « Gaulois » (yeux crevés, bras arrachés, blessures de guerre), comme on l’a vu à l’époque des Gilets jaunes, beaucoup plus que contre les racailles et les migrants.

     

    Mais au fond, qu’est-ce que cette « pensée indigéniste » ?

    L’idéologie indigéniste s’est formée au contact des « études post-coloniales », elles-mêmes héritières des « subaltern studies » fondées par Ranajit Guha et de la « French theory » (Derrida, Deleuze, Foucault) qui se sont développées, principalement en Amérique, depuis plus d’une vingtaine d’années. Il est difficile d’y comprendre quelque chose si l’on ne s’est pas familiarisé avec l’œuvre de ses principaux théoriciens (Eduard W. Said, Gayatry C. Spivak, Achille Mbembe, Paul Gilroy, etc.). La pensée post-coloniale comprend deux aspects. D’une part une critique radicale, et à mon sens très justifiée, de l’universalisme abstrait de la raison occidentale qui, lorsqu’on l’étudie en profondeur, se dévoile comme un ethnocentrisme masqué (les « valeurs universelles », comme l’idéologie des droits de l’homme, n’ont d’universelles que le nom). Et d’autre part, le postulat, beaucoup plus contestable, selon lequel les anciennes nations colonisatrices n’ont jamais pu, par une sorte de fatalité quasi génétique, abandonner le regard « discriminant » qu’elles posaient naguère sur les indigènes des colonies. D’où le nom des Indigènes de la République (Houria Bouteldja), un nom d’autant plus grotesque que, si l’on s’en tient au sens des mots, les véritables indigènes de notre pays, les véritables autochtones, sont aussi ceux qui l’habitent depuis le plus longtemps.

    À partir de là, une nouvelle vague délirante s’est mise en place, qui n’a cessé d’enfler. On a très vite compris que le slogan « Les vies noires comptent » ne signifie pas qu’elles comptent aussi, mais que les vies des autres ne comptent pas ou comptent beaucoup moins. Concrètement, cela s’est traduit, et se traduit toujours, par une surenchère de revendications, de mises en accusation, de procès d’intention, d’exigences toujours plus extravagantes qui, sur la base des pulsions collectives pilotées par les lobbies, de la victimisation lacrymale et du droit d’avoir des droits, vise à « déblanchir » l’Europe, à dénoncer l’homme blanc comme coupable de toute la négativité sociale, voire comme incapable de dénoncer le racisme puisqu’un Blanc est nécessairement raciste, même quand il s’affirme bruyamment antiraciste (c’est dans ses gènes). L’essor de la « cancel culture » et l’hystérie des déboulonneurs de statues, peu différents à mes yeux des profanateurs de sépultures, entrent dans ce cadre. Pour le dire plus crûment, la chasse aux Blancs est désormais ouverte.

     

    Que deviennent dans tout cela les catégories de racisme et d’antiracisme ?

    Tout a changé. Il y a trente ans, la lutte contre le racisme consistait à lui opposer un universalisme très classique, qui en France s’affirmait « républicain ». L’Europe était perçue comme la « terre des droits de l’homme ». Les différences raciales étaient considérées comme de peu d’importance, l’idée sous-jacente étant qu’en réalité « nous sommes tous les mêmes ». Il était alors de bon ton de proclamer l’indifférence à la différence. En supprimant les discriminations fondées sur les « préjugés » et les « stéréotypes », on allait créer des sociétés multiraciales harmonieuses et tous les problèmes disparaîtraient. Le jacobinisme français voulait en outre assimiler des individus, mais ne reconnaissait pas l’existence des communautés. Les races, en somme, n’étaient que des illusions d’optique. Cette façon de voir n’a pas disparu, puisque l’on continue d’opposer les « valeurs universelles de la République » aux diverses formes de « communautarisme », mais elle a aujourd’hui perdu toute crédibilité. L’existence des communautés crève les yeux au moment même où, suprême ironie, on a officiellement décrété que « les races n’existent pas ».

    Le mouvement indigéniste se situe dans une tout autre perspective. C’est un mouvement identitaire qui fait reposer l’identité sur la race – ce qui est la façon la plus pauvre de définir l’identité. Voyant (non sans raison) dans l’universalisme une mystification, il revendique de façon convulsive des appartenances ethniques que l’on avait cru pouvoir enterrer sous des discours lénifiants. C’est pourquoi les Indigènes de la République contestent la légitimité des associations antiracistes traditionnelles et récusent radicalement le modèle républicain. Pour paraphraser Joseph de Maistre, on pourrait dire que cet antiracisme n’est pas le contraire du racisme, mais un racisme en sens contraire. Un racisme affiché sans états d’âme qui a au moins le mérite, en luttant à fronts renversés, de clarifier les choses. Les races ont beau de « ne pas exister », la racialisation des rapports sociaux est partout. Résultat : aujourd’hui, entre les réunions « interdites aux cisgenres » et les conférences réservées aux « racisés », on compte les Noirs, pour dire qu’il n’y en a pas assez, comme sous le IIIe Reich on comptait les Juifs, pour dire qu’il y en avait trop. C’est assurément une subversion de la société, mais pas une subversion du système dominant. La façon dont les grandes entreprises plient le genou devant les exigences de ce néoracisme montre que le capitalisme n’y voit, en fin de compte, qu’une nouvelle source de profits.

    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier

     

    Alain de Benoist

    Intellectuel, philosophe et politologue
  • Transidentité : quand l'offre crée la demande, par Guillaume Staub.

    Hand holding a paper sheet with transgender symbol and equal sign inside. Equality between genders concept over a crowded city street background. Sex rights as a metaphor of social issue.

    « Dieu se rit des hommes qui se plaignent des consé­quences alors qu’ils en ché­rissent les causes » nous rap­pelle constam­ment Bos­suet. Quant à nous, pour les évé­ne­ments qui nous inté­ressent ici, nous pré­fé­re­rions dire : « Dieu se rit des hommes qui se plaignent des consé­quences dont ils sont la cause ! ».

    10.jpgLe lun­di 7 sep­tembre 2020, un article paraît dans le Dau­phi­né libé­ré ayant pour titre « Vau­cluse : à 8 ans, il veut deve­nir une fille, ses parents l’aident dans ce choix ». Que dit cet article ? Il nous raconte, en sub­stance, qu’un petit gar­çon d’Au­bi­gnan dans le Vau­cluse âgé de 8 ans ne se sent plus gar­çon et vou­drait être une fille que l’on appel­le­rait Lilie – il me revient tou­jours cette scène de La vie de Brian des Mon­ty Python où Stan sou­haite être consi­dé­ré comme une femme et por­ter des enfants : « I want to be a woman. From now on I want you all to call me Loret­ta (Je veux être une femme. Main­te­nant, je veux que tous m’ap­pellent Loret­ta) » et auquel on rétorque : « It’s sym­bo­lic of his struggle against rea­li­ty (C’est sym­bo­lique de son com­bat contre la réa­li­té) ». Quant aux parents de ce petit gar­çon, ils se battent pour que ce chan­ge­ment soit recon­nu par l’ad­mi­nis­tra­tion ! Qu’il en soit ain­si !

    Qu’il y ait une mul­ti­pli­ca­tion de ce genre de cas ces der­nières années, avec une accé­lé­ra­tion tou­jours plus folle du phé­no­mène, nul ne peut le nier – qui ose­rait ? C’est quant à l’ex­pli­ca­tion de ce phé­no­mène que les avis divergent entre les par­ti­sans des théo­ries du genre et les clas­siques – dont fait par­tie votre ser­vi­teur. Néan­moins, en bon occi­den­tal, il convient d’ho­no­rer les argu­ments de l’ad­ver­saire, c’est-à-dire de les écou­ter et de trou­ver ce qu’ils peuvent conte­nir de per­ti­nent. Ce der­nier avan­ce­ra cette thèse : « La mul­ti­pli­ca­tion des cas de tran­si­den­ti­té – c’est-à-dire l’i­den­ti­té sexuelle psy­chique en dis­cor­dance avec le sexe bio­lo­gique – n’est pas une mul­ti­pli­ca­tion réelle. Il y eut tou­jours le même nombre de per­sonnes concer­nées, mais c’est la libé­ra­li­sa­tion de la parole qui entraî­na cette appa­rente mul­ti­pli­ca­tion alors qu’elle n’est que le dévoi­le­ment d’une réa­li­té enfin libé­rée. ». Cette thèse est par­tiel­le­ment vraie ; il existe effec­ti­ve­ment des per­sonnes qui ren­contrent natu­rel­le­ment ce malaise lié à leur iden­ti­té sexuelle, il s’a­git de cas médi­caux. Deux choses. Les époques pré­cé­dentes ne per­mirent pas à ces per­sonnes de s’ex­pri­mer, de s’af­fir­mer, certes, mais au-delà je pense que ces per­sonnes vivaient mieux un pro­blème natu­rel quand celui-ci n’é­tait pas mis au pinacle des ques­tions exis­ten­tielles. Autre­ment dit, quand on vit par un mal, ce mal ne peut que s’exa­cer­ber.

    Non, la véri­table expli­ca­tion n’est pas là. Elle se trouve dans le prin­cipe d’in­ver­sion des causes et des effets. Autre­ment dit, ce n’est pas la demande qui fait l’offre, c’est l’offre qui fait la demande. C’est parce que le mou­ve­ment LGBTQIA+, et autres cote­ries, se trouvent dans tous les médias, sur tous les ter­rains et sur toutes les pla­te­formes, qu’ils par­viennent à tou­cher une grande par­tie de la popu­la­tion et notam­ment la jeu­nesse – les vidéos You­Tube abondent sur le sujet. Cette jeu­nesse, en construc­tion et se posant maintes ques­tions – comme le veut cet âge si par­ti­cu­lier – se trou­ve­ra expo­sée à des pro­blé­ma­tiques et des ques­tion­ne­ments qui ne lui seraient pas venus natu­rel­le­ment, ou du moins pas en ces termes. Autre­ment dit, le jeune gar­çon qui s’in­ter­roge sur son genre, sa sexua­li­té et sa manière de les vivre, le fera parce que la pro­pa­gande lui aura entrer de force ces ques­tions dans le crâne, pro­fi­tant de la vul­né­ra­bi­li­té de cet esprit non encore for­mé. Le malaise, la souf­france et les déchi­re­ments de ces jeunes, disons-le clai­re­ment, ne sont pas dus à leur nature contra­riée, mais à une tor­ture psy­chique s’o­ri­gi­nant dans les ques­tion­ne­ments pro­vo­qués par les cote­ries pro­gres­sistes, ques­tion­ne­ments qui désta­bi­li­se­ront tant ces jeunes que ces der­niers pour­ront aller jus­qu’au sui­cide. En ceci, ces orga­ni­sa­tions sont cri­mi­nelles et doivent être fer­me­ment com­bat­tues.

    C’est un devoir pour les parents, la famille et la cité de pro­té­ger nos géné­ra­tions qui se forment de toutes ces agres­sions qui désta­bi­lisent psy­cho­lo­gi­que­ment et intel­lec­tuel­le­ment le jeune, l’empêchent de se construire sai­ne­ment et l’en­ferment dans une éter­nelle recherche de soi qui, n’é­tant pas ordon­née à sa nature réelle, ne pour­ra conduire qu’au déses­poir et à la détresse. Regar­dons la loi natu­relle en face et aidons les jeunes à se construire, à deve­nir des adultes sains, droits, ver­tueux, forts et sûrs de ce qu’ils sont. Sans Homme, point de cité.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Géorgie : GPA et trafic d’enfants, par Guillaume Staub.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

    Ne nous leur­rons pas, le mariage pour tous fut une porte ouverte à la PMA, PMA qui elle– même nous com­man­de­ra d’au­to­ri­ser la GPA ou le prin­cipe des mères por­teuses. Mais qu’est-ce que la GPA si ce n’est une cho­si­fi­ca­tion de l’en­fant ? C’est-à-dire la réduc­tion d’une per­sonne à un bien dont d’autres peuvent dis­po­ser pour assou­vir leurs dési­rs, une nou­velle sorte d’es­cla­vage. Quelle dif­fé­rence entre la mère qui por­te­ra en elle un enfant pour autrui et les mar­chés d’es­claves ? Un ven­deur, un ache­teur, un mar­ché. La fina­li­té de l’acte ?

    Ne nous leurrons pas, le mariage pour tous fut une porte ouverte à la PMA, PMA qui elle– même nous commandera d’autoriser la GPA ou le principe des mères porteuses. Mais qu’est-ce que la GPA si ce n’est une chosification de l’enfant ? C’est-à-dire la réduction d’une personne à un bien dont d’autres peuvent disposer pour assouvir leurs désirs, une nouvelle sorte d’esclavage. Quelle différence entre la mère qui portera en elle un enfant pour autrui et les marchés d’esclaves ? Un vendeur, un acheteur, un marché. La finalité de l’acte ?

    Guillaume Staub.jpgJe ne vois guère de dif­fé­rence et m’é­tonne que l’Homme blanc si friand de repen­tance ne s’of­fusque pas d’ins­tau­rer ce nou­vel escla­vage. Disons-le tout net, la GPA n’i­ra pas sans tra­fic d’en­fants. Com­ment pou­vons-nous en être aus­si sûrs ? Nous n’a­vons qu’à regar­der les pays euro­péens qui pra­tiquent déjà léga­le­ment la GPA rému­né­rée : la Géor­gie, la Rus­sie, l’U­kraine et l’Al­ba­nie. 

    En Géor­gie, le 25 août, la ministre de la Jus­tice Tea Tsu­lu­kia­nia intro­duit les nou­veaux amen­de­ments qui restreignent la loi sur les mères por­teuses. Désor­mais, les parents d’intention, « impli­quant à nou­veau une femme et un homme seule­ment », doivent avoir vécu ensemble depuis au moins un an avant d’entamer les pro­cé­dures de GPA. Marié ou non, le couple, confron­té ou non à des pro­blèmes d’infertilité́, qui sou­haite réel­le­ment avoir et éle­ver un enfant doit s’engager à l’éduqueret « ne pas prendre l’enfant en Géor­gie pour vio­ler ensuite ses droits » 

    Nous ne nous arrê­te­rons pas sur la médio­cri­té́ de ces res­tric­tions si peu contrai­gnantes – marié ou non, confron­té ou non à des pro­blèmes d’in­fer­ti­li­té́, une seule année de vie com­mune, etc -, mais sur ce qu’elles signi­fient. Ces dif­fé­ren­tes­dé­ci­sions visent à empê­cher – ou du moins à limi­ter – le tra­fic d’en­fants ou la traite des nour­ris­sons. Par­lons clai­re­ment. Si ces amen­de­ments furent faits c’est parce que ce tra­fic existe et est ren­du pos­sible par la légis­la­tion à tra­vers la notion même de GPA rému­né­rée. Trois choses. Pre­miè­re­ment, la GPA en elle-même fait de l’en­fant un bien, un objet. Deuxiè­me­ment, il est donc natu­rel qu’elle puisse être­ré­mu­né­rée, tout bien peut être l’ob­jet d’un mar­ché. Troi­siè­me­ment, tout mar­ché n’est contrô­lable qu’à un cer­tain degré et engendre des réseaux paral­lèles non sur­veillés. Qu’im­porte les amen­de­ments votés, la Géor­gie s’est enga­gée­dans une voie sans issue où la misère humaine sera exploi­téeet les enfants ven­dus sur les mar­chés. La GPA accep­tée, aucune digue phi­lo­so­phique ne peut empê­cher les pires dérives. Que pen­ser de ces enfants com­man­dés avant le confi­ne­ment et qui ne purent être livrés à leurs « parents » d’a­dop­tion ? Ils subissent le même sort que les autres mar­chan­dises, c’est-à-dire qu’ils sont sto­ckés en atten­dant de pou­voir être livrés ; la situa­tion de ces bébés est­par­ti­cu­liè­re­ment dra­ma­tique en Ukraine où ils sont réunis dans des pou­pon­nières impro­vi­sées par les agences de GPA. Ces bébés passent leurs pre­mières semaines en iso­le­ment, quel trau­ma­tisme cela peut géné­rer et quelle abo­mi­na­tion est pré­sente sous nos yeux. Même dans les cas où les com­man­di­taires viennent récep­tion­ner l’enfant, l’enfant est tou­jours sépa­ré de sa mère de nais­sance, déli­bé­ré­ment expo­sé au risque bien connu de la bles­sure d’abandon, un choc trau­ma­tique majeur qui, s’il est révé­lé́ par les cir­cons­tances pré­sentes, existe dans toutes les GPA (Infochrétienne.com). Et que dire des com­mandes qui seront aban­don­nées pour diverses rai­sons ? Nous nous rap­pe­lons de ce fait sor­dide qui eut lieu en 2014. Un couple d’Aus­tra­liens com­mande une enfant en Thaï­lande, mal­heu­reu­se­ment celle-ci était tri­so­mique et souf­frait de pro­blèmes car­diaques ; ce même couple renon­ça­donc à la prendre, aban­don­nant la com­mande, et prirent sa sœur qui était en par­faite san­té́. Quand la qua­li­té n’est pas au ren­dez-vous, on exige un échange ou un rem­bour­se­ment. L’ob­ser­va­tion des hor­reurs qui se pro­duisent dans les pays où la GPA rému­né­rée est légale doit être un de nos prin­ci­paux argu­ments dans notre lutte contre cette pra­tique inique qui s’op­pose fon­da­men­ta­le­ment à la digni­té́ de l’Homme.

  • Présence réelle, par Marc Obre­gon (Edi­to­rial de l’inquotidien).

    « Prières de rue : pour­quoi la police n’a pas ver­ba­li­sé les mani­fes­tants ? » Voi­ci donc l’accroche très classe de cette nou­velle pas­tille jour­na­lis­tique régur­gi­tée immon­de­ment par les kapos hilares du Quo­ti­dien. On serait ten­té de répondre à ces infâmes péons : « Peut-être parce qu’il reste dans le cœur de cha­cun – y com­pris de quelques fonc­tion­naires de police – un relent de la France véri­table qui recon­naît le Christ comme son seul pas­teur.

    5.jpgPeut-être parce que mal­gré l’obscurcissement des Lumières, la sécu­la­ri­sa­tion et la ter­reur, nous nous sou­ve­nons tous d’un monde que nous n’avons pas connu. Un monde où la jour­née était ryth­mée par les offices, un monde où la prière per­met­tait à cha­cun, qu’il soit rotu­rier ou noble, d’accéder à une même hau­teur d’âme, de pro­lon­ger son être dans une même fibre exca­vée du ciel. Un monde où être fran­çais signi­fiait encore contem­pler en face l’abîme du Para­clet et chaque jour être rédi­mé par la pré­sence réelle du Christ à tra­vers l’eucharistie ».

    Les prières de rue qui ont réson­né ce dimanche dans les rues plu­vieuses de notre vieux Royaume, voi­là bien en effet l’ultime résis­tance à l’embourbement, à la sidé­ra­tion tech­no­lo­gique, aux manu­ten­tions sor­dides des gou­ver­ne­ments et de leurs petits lois vicieuses. C’est sûr, pour ces enfar­dés et ces gom­meux, ces inver­tis de la vingt-cin­quième heure, ces dou­lou­reuses poches à vomi qui se targuent d’être humains et qui nous assènent chaque soir leur leçons de col­la­bo­ra­tion, prier est com­plè­te­ment incom­pré­hen­sible. L’invisible, ça ne se mon­naye pas. L’invisible ça ne se trans­forme pas en appli. Tout au plus peut-on s’en moquer et ten­ter de faire com­prendre à la cohorte des pour­ceaux qu’il s’agit là d’une tra­di­tion pri­mi­tive peu com­pa­tible avec la Répu­blique des Ava­leurs de Sabre. La seule trans­cen­dance dont ils sont capables, c’est pro­ba­ble­ment ce moment où leurs petites entrailles convo­lu­tées se contractent et relâchent sans crier gare un bol intes­ti­nal fer­men­té par leurs sucs impies. Spec­tacle hal­lu­ci­nant que de voir cette « jour­na­liste » pré­ve­nir la police : « Regar­dez, ils sont en train de prier », puis inter­rompre un fidèle en pleine prière. Gou­ja­te­rie por­tée à son paroxysme. On a rare­ment vu tel mépris du reli­gieux, telle haine du spi­ri­tuel. Évi­dem­ment, la même jour­na­liste se serait bien gar­dée de faire quoi que ce soit devant un par­terre de maho­mé­tans en train d’ânonner leurs sou­rates à la Goutte d’or. C’est pro­ba­ble­ment ce qu’on appelle l’exception culturelle…

    Quelque part, c’est ras­su­rant. Ras­su­rant parce que tout cela nous prouve qu’ils ont peur. Tous, cal­feu­trés dans leurs tours de verre et dans leurs mirages cade­nas­sés, ils serrent les fesses en cadence et ils expec­torent leurs der­nières salves d’immondices. Der­niers sobri­quets, der­niers rica­ne­ments : une mousse de déglu­ti­tions qui peine à mas­quer leurs trem­ble­ments. Ils ont peur parce qu’ils voient bien que la France n’a jamais ces­sé d’être chré­tienne. Et qu’elle l’est tou­jours plus à mesure que le siècle sombre dans la for­fan­te­rie et dans le cabo­ti­nisme de quelques larves deve­nues empe­reurs. Les églises étaient pleines à cra­quer cette année, et la moyenne d’âge fait men­tir tous les son­dages et toutes les mani­pu­la­tions média­tiques qui vou­draient nous faire pas­ser, nous les cathos, pour des ves­tiges d’un autre temps. L’Église catho­lique, ils pen­saient qu’elle se résu­mait à quelques vieilles pierres, ces cons. À quelques can­dé­labres et à des mar­mot­te­ments bon­dieu­sards. Ils com­mencent seule­ment à se rendre compte que l’Église est d’abord consti­tuée de nos corps, qu’elle fait par­tie inté­grante de notre sang, qu’elle res­pire entre chaque alvéole de notre orga­nisme, qu’elle lui donne son souffle, sa symé­trie. Et eux n’ont plus ni l’un ni l’autre : leur rim­mel détrempe chaque jour un peu plus leurs gros visages cubiques et laisse à voir des flaques d’humeurs tuber­cu­leuses. Leur lai­deur est deve­nue pal­pable, leurs âmes res­semblent à des flot­teurs de chasse d’eau. Rien n’habite leur cœur, si ce n’est l’œil vide d’un per­tuis infect où sont char­riées des viandes aveugles. Ché­tifs tuteurs en bois blanc, ils ne sou­tiennent désor­mais qu’un cadavre gigan­tesque, exsangue, celui d’une Répu­blique qui s’est auto-immo­lée à force de com­pro­mis­sions et de traî­trises. Qu’ils nous consi­dèrent de haut, depuis leurs synodes de crou­piers et d’affabulateurs. Que Dar­ma­nin et son « week-end de man­sué­tude » aillent se faire foutre. La man­sué­tude, voi­là bien un terme que seuls les croyants peuvent employer. Il n’y aura jamais aucune man­sué­tude chez Dar­ma­nin, pas plus qu’il n’y en a chez ce gou­ver­ne­ment de cyborgs mas­qués, tous fibril­lés à la même poisse sécu­lière, brutes assu­jet­ties à l’Œil unique et aux flam­beaux noirs de l’âge luci­fé­rien. Tous ces concul­ca­teurs aux ventres mous bran­dissent des sceptres qui ne sont que des tiges de rôtis­soires. Le nôtre sou­tient les Cieux et il s’appelle l’Église.

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    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • À quelle vitesse redémarrera l’activité économique ?, par François Schwerer.

    Les prévisions se suivent, les estimations s'enchaînent, l'optimisme mesuré est de rigueur, mais la France, durablement touchée dans tous ses secteurs, est incapable de prévenir le prochain contre-coup de la crise.

    La Banque de France a publié un avis pour expliquer que l’activité économique du pays allait se redresser dès le deuxième semestre de 2021 et s’accélérer fortement en 2022.

    12.jpgBref, tout va bien et la crise de la COVID-19 n’aura été qu’une parenthèse dans un mouvement de croissance économique continu. Pour asseoir sa confiance, la Banque de France mise sur trois éléments principaux : la progression de la vaccination qui permettra de recouvrer un peu de liberté, l’accroissement de la consommation des ménages qui dilapideront leur épargne dans l’euphorie retrouvée et enfin la hausse de la productivité par tête. Grâce à tout cela, la croissance sera de 5,5 % en 2021 et encore de 4 % en 2022. Cette prévision est-elle réaliste ?

    L’activité économique du secteur public

    Dans le domaine public, l’Administration ayant été envahie par une bureaucratie tentaculaire, le niveau de l’activité n’a pas beaucoup baissé pendant la crise puisqu’une bonne partie des tâches pouvait être accomplies dans le cadre du télétravail imposé. Quant aux tâches qui nécessitaient la présence des agents, elles ne se sont pas non plus véritablement interrompues puisque les besoins de la police, des armées ou des hôpitaux ne se sont pas effondrés. Ajoutons à cela qu’avec la suppression de la taxe d’habitation, les communautés territoriales auront du mal à accroître demain leurs investissements. L’activité publique a donc peu de marge pour participer à un redémarrage significatif.

    Bien plus, Jean-Loup Bonnamy s’inquiète dans La Nef des effets de la crise en s’intéressant plus particulièrement au cas des hôpitaux : « C’est l’activité économique qui, grâce à des impôts et à des cotisations, finance notre système hospitalier. Si l’on contracte l’activité, il y aura moins de rentrées fiscales et sociales et donc moins d’hôpitaux, moins de lits, moins de respirateurs avec des soignants moins nombreux et moins bien payés ! » Pour sortir de ce cercle vicieux, il faudrait donc avoir les moyens de récupérer les cotisations et les moins-values fiscales enregistrées depuis un an. On comprend que le gouvernement veuille relancer rapidement la réforme des retraites, malgré les risques sociaux qu’elle pourrait à nouveau engendrer.

    Depuis le début de la crise sanitaire qui a mis l’activité économique en panne, le gouvernement a multiplié les aides avec de l’argent qu’il n’avait pas et qu’il a donc emprunté. Si, pendant cette période difficile, la Banque centrale européenne a accepté de mettre entre parenthèses les fondements de sa doctrine monétaire, il n’est pas évident que, si la croissance revient, des pays comme l’Allemagne ou les Pays-Bas acceptent que les « cigales » du sud ne reviennent pas rapidement à ce qu’ils considèrent comme l’orthodoxie monétaire. Dès lors, le risque d’une crise de l’euro n’est pas à exclure, pas plus que l’apparition de tensions inflationnistes. Dans ces conditions, la Banque de France pourrait être amenée à revoir ses prévisions. Mais, sans aller jusqu’à ces anticipations pessimistes, il faut voir quelles sont les difficultés auxquelles l’activité économique du secteur économique privé va être confrontée.

    L’activité économique du secteur privé

    Sur ce point, faut-il vraiment partager l’optimisme de la Banque de France sur l’augmentation de la productivité par tête ? En effet, dans les secteurs où l’activité se fait obligatoirement « en présentiel », toute période de chômage, surtout si elle dure un certain temps, fait perdre en savoir-faire et interrompt tous les automatismes facteurs de productivité. Il faudra bien un certain temps pour les retrouver. De plus, une partie des revenus des entreprises ne sera pas réinjectée immédiatement dans l’investissement productif car elle servira à rembourser les prêts garantis par l’État généreusement distribués pendant la crise.

    Un autre point semble pouvoir être discuté : c’est l’effet de la crise sur les habitudes des consommateurs. Le ministre de l’Economie lorgne fortement sur l’épargne accumulée par les ménages pour la récupérer au profit du secteur productif tandis que la Banque de France espère, pour sa part, que les Français vont les dépenser rapidement dans une consommation effrénée. Tout d’abord il est trop tôt pour que les Français dépensent ces sommes en loisirs et distractions ; et qu’en sera-t-il demain si ces activités sont réservées aux vaccinés porteurs d’un « passeport vert » ou d’un « pass sanitaire » ? Bonne nouvelle cependant, le « Travel pass », qui a pour but d’attirer les touristes étrangers à condition cependant que les restaurants et les bars soient à nouveau autorisés à les accueillir ; il pourrait aussi dissuader certains « Gaulois réfractaires » de se rendre à l’étranger et les conduire à faire du tourisme en France.

    L’analyse sur laquelle reposent les prévisions de la Banque de France est issue de modèles mathématiques – scientifiques, diraient les hauts-fonctionnaires qui ont envahi la sphère politique – et a du mal à quantifier les réactions psychosociologiques de la population. Or, on peut se demander si les nécessités issues du confinement ne vont pas laisser des traces sur le comportement des consommateurs. Ceux qui ont pris l’habitude de faire des courses par Internet, de recourir à l’e-commerce y compris pour leurs courses alimentaires, reprendront-ils, comme avant, le chemin des boutiques ? D’ailleurs, les commerces de quartier pourront-ils rouvrir compte tenu du manque à gagner déjà enregistré et de l’accroissement de leurs dettes ?

    En ce qui concerne les possibles évolutions du comportement, difficiles à évaluer a priori et dont les conséquences économiques peuvent cependant s’avérer importantes, il faut faire une place au télétravail. Est-ce que les personnes qui ont pris l’habitude de travailler chez elles vont facilement reprendre le chemin d’un bureau plus ou moins éloigné du domicile ? Est-ce que les entreprises qui ont goûté aux locaux désertés ne vont pas faire pression pour que tout le personnel ne soit pas présent sur site en même temps ? Ne va-t-on pas chercher à développer au moins les bureaux partagés entre plusieurs personnes qui s’y succèderaient comme cela est déjà le cas dans nombre de cabinets de conseil internationaux ? Cela pourrait donc peser sur l’immobilier de bureau tout comme les faillites annoncées de nombreux petits commerces pourraient aussi affecter les locaux commerciaux. Quelles seront donc les conséquences sur le marché de l’immobilier de bureau et sur la trésorerie des investisseurs immobiliers ? Cela ne risque-t-il pas de peser aussi sur la reprise économique ?

    Certaines activités perdues ne se retrouveront pas et ne redémarreront pas facilement. L’Union Sport & Cycle qui regroupe les entreprises du secteur des loisirs et du sport, considère en particulier que l’arrêt des remontées mécaniques a fait perdre au secteur plus de 73 % de l’activité. Et comme, pour l’instant, personne ne sait quand les Français retrouveront leur liberté, les intermédiaires du secteur ne se pressent pas pour passer des commandes aux fabricants qui ne sont pas près de remettre les chaînes de production en route. De même toute l’activité perdue par le secteur des transports ne se retrouvera pas… Autrement dit, même s’il y a une relance de la consommation, elle ne permettra pas aux industriels et aux commerçants de retrouver très vite un niveau de revenu qui leur permette d’investir et d’embaucher.

    Les conséquences financières

    Une relance de la consommation, plus rapide que celle de la production, aura aussi nécessairement des conséquences financières et monétaires. Soit elle entraînera une tension sur les prix – avec à la clé un risque d’inflation –, soit elle conduira à une augmentation des importations et pèsera directement sur la balance des paiements. En 2020, les exportations chinoises ont déjà augmenté de 18 %, essentiellement grâce au matériel sanitaire et au matériel électronique. D’autres pays n’ont pas arrêté de la même façon leur activité économique et pourraient donc avoir une opportunité de développer leurs ventes en France. Ce n’est pas sans conséquence que le PIB de la France ait reculé de 8,3 % en 2020 contre seulement 5 % pour l’Allemagne et 7,3 % pour la moyenne des pays européens. Cela est d’autant plus grave que la France a un secteur industriel et artisanal (qui nécessite une activité « en présentiel ») moins développé, ayant depuis de nombreuses années tout misé sur un secteur tertiaire dans lequel le télétravail est possible.

    Dans un tel contexte, la dette totale du pays va continuer à croître. Il paraît que cela ne pose pas de problème, depuis que l’on a découvert la « théorie monétaire moderne ». Mais, comme l’a confié au Point du 11 mars dernier celle qui s’en veut la grande prêtresse et qui conseille désormais le président américain Joe Biden, Stephanie Kelton, « il n’existe quasi aucune limite à l’endettement pour les États qui maîtrisent leur monnaie. […] Seule condition : que l’argent public injecté ne réveille pas le monstre de l’inflation ». Or, le gouvernement français ne maîtrise pas « sa » monnaie et il n’est pas sûr que les autres membres de la zone euro le laissent suivre une politique indépendante. Quant au phénomène d’inflation, il n’est pas aisément maîtrisable par les Pouvoirs publics car c’est autant un phénomène psychologique et sociologique qu’un phénomène monétaire et financier.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • La Syrie et sa mosaïque d’occupants, par Antoine de Lacoste.

    La Syrie est moins à la mode. Les médias en parlent peu désormais alors que l’importance géopolitique du sujet reste essentielle.
    Les pays occidentaux se sont couverts de ridicule pendant des années, attendant avec avidité la chute de Bachar el-Assad et soutenant, faute de mieux, des islamistes dits « modérés ». On apprécie au passage ce délicieux oxymore. 

    antoine de lacoste.jpgLa transformation de cette prétendue guerre civile en laboratoire du jihad international n’a pas fait dévier d’un iota les brillants stratèges américains, français ou anglais. La CIA et les services secrets européens ont continué à fournir des armes à d’improbables milices, tandis que le Qatar et l’Arabie Saoudite arrosaient de dollars tous les chefs de guerre susceptibles d’aider à l’instauration d’une république islamiste sunnite.
    L’émergence de Daech a changé la donne. Son occupation d’une bonne partie de la Syrie et de l’Irak a permis aux Etats-Unis d’intervenir directement par les airs et indirectement au sol par le biais des milices kurdes. D’autre part, conscient d’un proche effondrement de l’armée syrienne, la Russie a lancé sa première opération extérieure d’envergure depuis longtemps et, en tout cas, la toute première au Proche-Orient.
    La Turquie, sous prétexte de contenir les Kurdes, s’est invitée elle-aussi et si l’on ajoute les Iraniens et les Libanais du Hezbollah, on peut dire que la Syrie détient le triste record du monde de soldats étrangers sur son sol, certains invités, d’autres non. 

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    Les positions des uns et des autres n’ont que peu varié ces derniers mois mais ce ne sera pas toujours le cas et c’est donc le moment d’évaluer la situation.
    Les grands vainqueurs de cette terrible guerre, même si elle n’est pas terminée, sont évidemment les Russes. Leur intervention militaire fut remarquablement maîtrisée, tant sur le plan humain que technologique et l’occident qui avait prédit leur enlisement en est pour ses frais. Sur le plan géopolitique, les bénéfices sont considérables. La Russie s’est implantée durablement dans un pays stratégique, a sécurisé Tartous, son unique base navale en Méditerranée et surtout est revenue brillamment dans le concert des grandes nations du monde. Elle a également prouvé qu’elle ne laissait pas tomber ses alliés ce qui constitue un contraste intéressant avec certains. 

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    Mais de nombreux obstacles se dressent sur sa route. Le premier est turc. Erdogan qui voyait avec inquiétude une autonomie kurde s’organiser dans le nord de la Syrie est brutalement intervenu repoussant les FDS (principale milice kurde) au sud et à l’est. Les Américains ont laissé leur allié subir une lourde défaite et ce sont les Russes qui ont dû contraindre Erdogan à s’arrêter.
    L’armée turque est également présente dans la province d’Idleb, au nord-ouest, devenue un chaudron islamiste peu banal. Les milices islamistes à la solde d’Ankara cohabitent difficilement avec d’autres milices islamistes livrées à elles-mêmes, en tête desquelles trône l’ex-Front al-Nosra devenu Hayat Tahrir al-Cham, et sa cohorte d’étrangers venus du monde entier (il y a même des Ouïghours). Les Russes ont toléré cela mais ont tout de même aidé l’armée syrienne à récupérer une partie du territoire au sud et à l’ouest début 2020. Cette opération victorieuse a permis à Alep de se libérer des incessantes attaques d’artillerie qu’elle subissait et la réouverture de l’autoroute Damas-Alep, nœud stratégique du pays.
    Les relations turco-russes sont complexes, comme vient encore de le montrer l’affaire du Haut-Karabagh. Rivaux, parfois ennemis mais capables de conclure des accords très pragmatiques comme en Libye, Russes et Turcs s’observent en frôlant l’affrontement. Toutefois, malgré sa puissance militaire, il ne semble pas que la Turquie puisse vraiment menacer la prééminence russe en Syrie. Le jour où Poutine décidera de reprendre Idleb, il y a fort à parier qu’Erdogan devra plier bagages.
    Ce ne sera pas le cas avec les Américains. S’ils ont lâché les Kurdes dans le nord, ils occupent avec eux l’est de la Syrie, au-delà de l’Euphrate. Le pétrole syrien est ainsi confisqué. Cette occupation, faite au mépris complet du droit international, permet aux Américains de surveiller notamment les mouvements des gardiens de la révolution iraniens, très présents au sud-est, le long de la frontière irakienne. Pour compléter son dispositif, l’armée américaine a construit une base dans le désert, au sud, près de la frontière jordanienne. Appelée al-Tanf, cette base est également faite pour surveiller les mouvements iraniens. Elle abrite accessoirement d’anciens miliciens islamistes passés à la solde des Américains, mais cela ne semble déranger personne aux États-Unis. 

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    Cette occupation-là sera difficile à éliminer.
    Les Kurdes quant à eux semblent assurés d’une protection américaine plus fiable que dans le nord en raison de la présence du pétrole. Mais on voit mal comment leur présence peut durer dans une zone qui devient exclusivement arabe au fur et à mesure que l’on descend dans le sud où aucune population kurde n’a jamais vécu. Les incidents sont nombreux. L’occupation kurde est, comme d’habitude, brutale et des attentats sont régulièrement organisés contre les FDS. Et contrairement à ce qui est souvent dit, ce ne sont pas nécessairement des islamistes qui les perpétuent.
    Côté syrien, c’est évidemment l’Iran qui joue le rôle le plus important après la Russie. Dès le début de la guerre, des milliers d’Iraniens sont venus aider l’armée syrienne minée par les désertions de ses éléments sunnites. Leur aide a été décisive dans certaines batailles et leurs pertes importantes. De nombreux chiites venus d’Afghanistan sont également présents en Syrie. Le but de l’Iran est bien connu : éviter d’abord que la Syrie ne tombe aux mains des sunnites (ce qui est maintenant acquis) puis renforcer l’axe chiite est-ouest, c’est-à-dire Iran-Syrie-sud du Liban. La religion alaouite des dirigeants syriens est honnie par les sunnites, d’où leur rapprochement pragmatique avec le voisin chiite.
    C’est bien sur ordre de l’Iran que le Hezbollah libanais est intervenu en Syrie contre les islamistes sunnites. Aguerris et motivés, les combattants du Hezbollah ont été particulièrement efficaces, chassant notamment Daech des montagnes de l’Anti-Liban. Ils ont participé à toutes les batailles décisives de la guerre, notamment à Alep et dans la Ghoutta (banlieue de Damas).
    L’Iran aimerait naturellement tirer les bénéfices de cet investissement qui fut décisif avant l’intervention russe. C’est d’ailleurs le général Soleimani (tué depuis sur ordre de Donald Trump) qui, en août 2015, s’était rendu à Moscou pour convaincre Vladimir Poutine d’intervenir d’urgence. Elle cherche donc à mettre une emprise forte sur la Syrie, ce qui contrarie parfois la Russie. Israël aussi d’ailleurs qui, pour des raisons bien connues, n’accepte pas la présence de militaires iraniens à sa porte. C’est pour cela que de très nombreux raids aériens sont lancés contre les installations logistiques iraniennes dans toute la Syrie. Israël a clairement soutenu les islamistes durant cette guerre, soignant par exemple de très nombreux combattants dans ses hôpitaux. Il n’y a rien d’étonnant à cela : tout régime arabe fort étant un danger potentiel, son affaiblissement, comme en Syrie, ou sa destruction, comme en Irak, sont tout bénéfice. C’est la stratégie du chaos qui a fait ses preuves.
    Quant à Daech, ses perspectives sont nulles dorénavant. Certes, de nombreuses cellules dormantes peuvent être réactivées à travers le pays et plusieurs bandes sont encore actives dans le désert, entre Palmyre et Homs d’un côté et Palmyre et Deir ez-Zor de l’autre. Les pertes de l’armée syrienne sont régulières et la configuration du terrain fait que cette guérilla peut se prolonger encore longtemps, d’autant que les éléments étrangers qui se battent encore ne se rendront jamais. Mais c’est une gêne, en aucun cas une réelle menace.
    En dépit de tous ces obstacles, c’est donc bien la Russie qui a le plus de cartes en main. Mais si elle a parfaitement réussi à inverser le cours de la guerre, elle est maintenant confrontée à une difficulté de taille : la reconstruction de la Syrie. L’Amérique a récemment renforcé ses sanctions qui n’auront d’autres effets que d’appauvrir un peu plus la population syrienne. Il y a donc un pays que les sanctions américaines n’effraient pas et qui pourrait jouer ce rôle, c’est la Chine. La France pourrait encore jouer ce rôle, entraînant d’autres pays européens derrière elle. Mais pour cela, il faudrait qu’elle retrouve une vertu un peu démodée, le courage.

     
    A. de L.
  • La criminalité augmenterait ? Sans blague !, par Olivier Perceval.

    Je me sou­viens d’une réunion, que je pré­si­dais, du grou­pe­ment des centres sociaux d’une ville de la région pari­sienne. Les centres sociaux étaient éta­blis dans trois quar­tiers de cette ville, clas­sés à l’époque en « zones sen­sibles » par la poli­tique de la ville, dans la pre­mière décen­nie des années 2000. 

    olivier perceval.jpgLes direc­teurs de struc­tures édu­ca­tives pré­sents, ain­si que le per­son­nel d’accompagnement fami­lial, tiraient le signal d’alarme, en pré­di­sant une aug­men­ta­tion signi­fi­ca­tive de la vio­lence dans les dix ans, rien qu’en obser­vant le com­por­te­ment des enfants les plus jeunes dans les collectivités.

    Déjà, nous lut­tions avec des moyens déri­soires contre la vio­lence géné­ra­li­sée et dans une ambiance d’idéologie domi­nante dans le sec­teur socio-édu­ca­tif basée sur la culture de l’excuse et la vic­ti­mi­sa­tion des délinquants.

    Il y avait certes des jeunes délin­quants, mais les plus dan­ge­reux étaient ceux qui se situaient entre 25 et trente ans, chô­meurs de longue durée, inca­pables de res­ter plus d’un mois dans un emploi et vivant d’expédients. Ceux-là avaient pris femmes et ont eu des enfants.

    Les jeunes qui avaient entre 13 et 16 ans à cette époque et qui étaient tous connus pour des faits, le plus sou­vent de vio­lence, par les ser­vices de police, étaient déjà des exemples pour leurs petits frères encore en école mater­nelle ou élé­men­taire. Ils sont aujourd’hui des pères de familles com­plè­te­ment déstruc­tu­rés dont l’engeance éle­vée dans la bru­ta­li­té et au son des sirènes de police n’est ani­mée que par la haine, l’échec et le res­sen­ti­ment. Acces­soi­re­ment, elle devien­dra un jour peut-être de la chair à canon pour l’État Isla­mique, qui devient la seule porte de sortie.

    Ajou­tons à cela la « démo­cra­ti­sa­tion » des tra­fics de stu­pé­fiants, alors diri­gés par des « caïds » domi­nant tout un quar­tier, et aujourd’hui sec­to­ri­sés par rues, ou par tours HLM, démul­ti­pliant ain­si les règle­ments de comptes et les démons­tra­tions de force contre la police pour impres­sion­ner les nom­breux concur­rents. Pour com­plé­ter le tableau, il convient de rap­pe­ler la bana­li­sa­tion de la cir­cu­la­tion des armes.

    Je fai­sais remar­quer à mes inter­lo­cu­teurs, sans trop y croire moi-même, que plu­sieurs de nos ini­tia­tives étaient de nature à enrayer les phé­no­mènes d’ensauvagement, et eux  (dont la plu­part étaient des Fran­çais d’origine magh­ré­bine) de répli­quer que ces mesures seraient salu­taires en terme d’intégration, pre­mière étape en direc­tion de l’assimilation, mais qu’elles étaient une goutte d’eau dans l’océan en rai­son de l‘arrivée régu­lière de nou­veaux migrants les­quels de plus en plus nom­breux  venaient des grands ter­ri­toires de l’Afrique  sub­sa­ha­rienne. Sur le ter­rain, ces pro­fes­sion­nels-là, éta­blis­saient sans com­plexes un lien poli­ti­que­ment incor­rect entre l’immigration à flot conti­nu et la hausse de la délinquance.

    Du reste, ce constat venant du ter­rain est d’une incroyable bana­li­té aug­men­tée par l’usage toxique des écrans et des réseaux sociaux et de l’effondrement des familles et il faut s’interroger sur la céci­té des poli­ti­ciens de droite et de gauche qui ont vou­lu igno­rer cette réa­li­té incon­tes­table, sou­cieux sans doute de ne pas heur­ter les « mino­ri­tés visibles, » comme ils disent. Ces irres­pon­sables qui façonnent très consciem­ment une socié­té indi­vi­dua­liste sont des couards au mieux, au pire ils sont des traitres, ou bien plus pro­ba­ble­ment les deux.

    Aujourd’hui les médias s’inquiètent de la mul­ti­pli­ca­tion des agres­sions gra­tuites, dont cer­taines sont de véri­tables lyn­chages avec mort d’homme. Les poli­tiques froncent les sour­cils et Dar­ma­nin donne des coups de men­ton, à l’approche des élec­tions. Nous voi­là ras­su­rés. On peut s’étonner aus­si de l’incroyable vita­li­té des don­neurs de leçons et autres redres­seurs de torts, déco­lo­nia­listes et adeptes de la « Can­cel culture » qui n’est autre qu’une ten­ta­tive de révi­sion­nisme his­to­rique dont le seul but est de com­plexer nos com­pa­triotes (Tiens ! Pas de dis­so­lu­tions en vue dans ce cas pré­cis de tra­hi­son ?) Nombre d’entre eux, dont des ensei­gnants et uni­ver­si­taires, sont déjà gagnés par le déclas­se­ment et l’esprit d’effacement devant le triomphe obs­cène de l’inculture impo­sée en pre­mier lieu par nos « amis » d’outre atlan­tique qui financent depuis plus de vingt ans à grand coup de sub­ven­tions, par le tru­che­ment de l’ambassade et des consu­lats, les asso­cia­tions dites antiracistes.

    Si on doit mettre un coup de frein éner­gique à l’immigration tout azi­mut sur notre sol de France, il convient de pas­ser éga­le­ment un grand coup de tor­chon dans nos éta­blis­se­ments édu­ca­tifs, écoles, col­lèges, lycées et uni­ver­si­tés, afin de réap­prendre aux Fran­çais, quelles que soient leurs ori­gines, la nature pro­fonde et féconde de notre civi­li­sa­tion millénaire.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/