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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Histoire & Actualité • Vivre-ensemble … ou laisser mourir ?

    Le pont El-Kantara à Constantine construit en 1860, photochrome datant de 1899

    Par Pierre FORTIN

    Depuis plus de 50 ans maintenant, la France a décidé de mettre fin à l’Algérie Française, clôturant ainsi de manière brutale et désordonnée, 130 ans d’une cohabitation qui avait commencé par une conquête militaire. Et depuis bientôt 35 ans, la France à son tour envahie, tente désormais de créer une société multiculturelle et multiconfessionnelle.

    « Flux et reflux » nous dit-on, pour décrire ces migrations circum-méditérannée. Mais voilà, la comparaison s’arrête là, car entre les deux « Vivrensemble » (1), entre celui qui n’existe toujours pas et celui qui n’existe déjà plus, il y a toute l’épaisseur du dogme, s’opposant au fin constat de la nécessité.

    Quand des peuples ou des ethnies différentes cohabitent nécessairement sur un même territoire, quand cette nécessité est imposée à tous par les mêmes lois, les mêmes objectifs, les mêmes adversités naturelles mais aussi les mêmes avantages médicaux, éducatifs et sociaux, quand ces peuples partagent la même nationalité et par voie de conséquence, la même souveraineté, alors on peut parler de vivre ensemble. Même s’ils ne partageaient pas la même identité, et même si leurs représentants respectifs ne se voyaient pas attribuer la même citoyenneté (2) …on ne peut certes pas parler d’un seul peuple, mais de communauté nationale, oui.

    Mais quand il s’agit de forcer le mélange, quand la citoyenneté unique est fantasmée plus que réalisée, quand la quête de mixité sociale dissimule en réalité le diktat du métissage ethnique, bref quand l’idéologie cherche à s’imposer sur le réel, alors on peut dire que le « Vivrensemble » est convoqué mais jamais effectif.

    Quand la frange la plus radicale d’une de ces communautés organise le ressentiment envers les juifs, les apostats et les mécréants, alors on peut dire qu’il n’existe pas de communauté nationale unique mais des communautés, qui hélas, s’affrontent.

    Au souhait d’une société multiculturelle succède souvent la réalité d’une société multi-conflictuelle. Dans le cas de l’Algérie Française, l’affaire fût réglée de facto par la suprématie militaire d’une de ces communautés : les Chrétiens qui furent les colons mais aussi les bâtisseurs de l’Algérie. Dans le cas de la France Algérienne, le refus d’exercice de tout leadership (la fameuse repentance postcoloniale) ne permet plus d’échapper aux conflits devenus meurtriers en 2014, 2015, 2016, …Dès lors, le « Vivrensemble » socialiste a échoué.

    Et pourtant …

    Il aurait suffi d’écouter les Pieds Noirs au lieu de leur intimer de se taire ou d’aller se réadapter ailleurs. Il aurait suffi aux hommes d’état français, de concevoir un peu d’humilité envers ceux qui, auparavant, étaient venu les aider à repousser l’envahisseur nazi, après avoir participé pendant cinq à six générations à protéger leurs côtes méditerranéennes !

    Au contraire de cela, les politiciens français, renouant avec le pacifisme d’opérette qui avait été le leur à chaque fin d’entre-deux guerres (c'est-à-dire juste avant que d’appeler à l’aide la moitié de la Terre), devenus amnésiques et gaullo-communistes, crurent bon de trahir le mandat de la France et ses ressortissants d’Algérie.

    Mais au-delà de l’idéologie, comment expliquer l’hystérie anti-Algérie Française, comment expliquer la fusillade de la rue d’Isly ou même les porteurs de valise autrement que par un énorme sentiment de … jalousie, savamment dissimulé derrière un ralliement pseudo-humaniste à la décolonisation ?

    Jalousie oui, le mot n’est pas exagéré même s’il est tabou, jalousie bien sûr puisqu’eux, ils avaient réussi …

    A assainir la Méditerranée de ses pirates, ils avaient réussi,

    A régenter les barbares d’Afrique du Nord, ils avaient réussi.

    Mandatés par deux royautés, un empire et trois républiques,

    Pour coloniser les territoires barbaresques du Nord de l’Afrique,

    De Dunkerque à Tamanrasset, ils avaient réussi,

    De Tlemcen jusqu’à Annaba, ils avaient réussi.

    Ils avaient même réussi à sauvegarder les populations indigènes,

    A l’inverse des colons européens envers les Indiens d’Amérique,

    Et Ils n’eurent même pas l’idée, ni ne se donnèrent la peine

    D’affamer et réduire les paysans comme le firent les soviétiques !

    Les indigènes les appelaient les Pieds Noirs mais eux s’appelleront les « Européens », Des souliers des soldats de Charles X aux nationalités les plus diverses parmi ces ‘migrants’ qui vinrent ensuite, il n’y avait pourtant pas beaucoup de liens.

    Les autochtones retinrent les attributs militaires de leurs envahisseurs tandis que ces derniers se définiraient eux-mêmes par leur … diversité !

    Et malgré cette diversité européenne, augmentée des Juifs et des Musulmans, malgré ce constat émaillé de réussites, la colonisation de l’Algérie fut médiatiquement transformée en une accablante « occupation », vous savez, celle qui nous rappelle les heures les plus sombres… mais vous connaissez probablement la suite de cette chanson.

    Quand à cet inique concert, se mêlèrent ensuite les voix des dirigeants américains et soviétiques, on aurait dû comprendre qu’ils chantaient là le Requiem de leurs propres utopies d’harmonie universelle.

    Il fallait donc faire taire et réprimander ces Français d’Algérie, tout d’abord en leur faisant croire qu’on les avait compris mais aussi en encourageant toutes les factions et tous les coups bas, fomentés depuis l’étranger. Il fallait donc ensuite mettre à la mer ces Français, car ils avaient réussi. Ils avaient réussi le vivre-ensemble jusqu’à en être capable de mourir ensemble – les plaques de marbre ou de granit qui fleurissent sur la route du Monte-Cassino jusqu’à Berlin sont là pour le prouver.

    Car « L’œuvre civilisatrice de la France en Algérie », chère à Ferry, à Hugo, à Blum, à Jouhaux et à Lyautey passera aussi par l’éducation à la souveraineté nationale, qui fût gagnée au coude à coude, fusil en mains, et cela malgré les différences.

    Au lieu de tout cela, la civilisation européenne se montre actuellement totalement incapable d’organiser un véritable vivre-ensemble, non-dictatorial s’entend (3).

    Au contraire, elle paraît maintenant se résigner à se laisser envahir et finalement, à se laisser mourir.   

    1. Définitions du « Vivrensemble » :

    Définition 1 : Cohabitation harmonieuse sur un même territoire de peuples et d’ethnies différentes [wiktionary.org]

    Définition 2 : L’identité heureuse, comme promotion du « Vivrensemble » est une reprise des ‘très canadiens’ « accommodements raisonnables », revisités par [Alain Juppé] (4)

    Définition 3 : fantasme de la gauche remplaciste et pseudo-humaniste, lui permettant en réalité d’induire chez l’indigène la culpabilité de l’échec de ce « Vivrensemble », et aussi afin d’assurer la promotion du Grand Remplacement (sans jamais nommer celui-ci bien sûr !) [Renaud Camus] (5)

    2. « Les voies incertaines de la Repentance » de J.P.BRUN, page 54

    « 14 juillet 1865 : Par Senatus consulte , possibilité est offerte à tout indigène d’Algérie d’accéder à la pleine citoyenneté à la condition d’accepter que lui soit appliqué, comme à tout citoyen français, l’ensemble des dispositions de la législation nationale […] Les responsables religieux musulmans interdiront cette démarche en l’assimilant à une apostasie »

    3. Le « vivre-ensemble » : un remède de bisounours contre le terrorisme, mais une intention totalitaire, par Michel Geoffroy - http://www.polemia.com/le-vivre-ensemble-un-remede-de-bisounours-contre-le-terrorisme-mais-une-intentiontotalitaire/

    4. Juppé, le bienheureux qui voulait faire entre le loup dans la bergerie, par Véronique Bouzou  - http://www.bvoltaire.fr/veroniquebouzou/juppe-bienheureux-voulait-faire-entrer-loup-bergerie,179979

    5. Le Journal de Renaud Camus - http://www.bvoltaire.fr/renaudcamus/le-journal-de-renaud-camus-mercredi-24-juillet-2013,31658

    [Merci à LUC de sa transmission de ce texte] 

  • Livre : La Guerre des idées. Enquête au cœur de l’intelligentsia française, d’Eugénie Bastié, par Marie d'Armagnac.

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    Jeune journaliste au FigaroVox et auteur d’essais remarqués sur le féminisme, Eugénie Bastié s’est attaquée, cette fois-ci, à l’intelligentsia française, cette « passion française » qu’elle côtoie quotidiennement et dont elle a saisi le pouvoir d’attraction et de répulsion qu’elle suscite chez nos contemporains.

    6.jpgCe vaste panorama qu’elle dresse des idées politiques contemporaines est salutaire : les cibles d’Eugénie Bastié sont précises, ses priorités bien définies, son propos alimenté par une vaste connaissance de l’histoire des idées qui lui vient aussi bien de sa formation que de ses fréquentations. Pour cet essai, l’auteur a en effet rencontré une trentaine d’intellectuels de tous bords, l’aidant à affiner l’analyse qu’elle donne du débat intellectuel contemporain.

    Dès les premières pages, l’auteur fait le constat du retour « de la guerre froide des idées » – , sectarisme, culture du clash – au détriment de cette période bénie des années 80-90 où prévalait « une éthique de la discussion » qui permettait en toute courtoisie mais non sans vigueur à BHL de débattre avec Maurice Bardèche sur le plateau d’« Apostrophes ».

    Certes, le niveau du débat intellectuel a baissé, les gens ne lisent plus. « Un professeur d’université était autrefois un notable, aujourd’hui c’est un prolétaire » (Olivier Babeau), et, à partir des années 2000, le retour de l’Histoire marqué par les attentats du 11 septembre, la crise financière de 2008, le péril islamiste et la crise migratoire a signé celui du débat conflictuel.

    Les intellectuels ont une vraie responsabilité dans cette difficulté à débattre réellement, aujourd’hui, en : Bastié parle ainsi avec raison d’une nouvelle trahison des clercs. L’intellectuel généraliste, dont la vaste érudition s’ouvrait à de nombreux domaines au-delà de son champ d’études, a fait place à l’hyperspécialiste, souvent en difficulté dès qu’il s’agit d’avoir une réflexion, une hauteur de vue propice à éclairer le débat contemporain. Conséquence de cela : la montée en puissance des vulgarisateurs médiatiques, aux dépens, souvent, de la nuance, de la subtilité et de la justesse d’analyse. Cette trahison des clercs, on la retrouve d’ailleurs dans cette folie importée des USA que sont les nouvelles idéologies indigénistes, racialistes et autres gender studies dont les universités françaises, Sciences Po en tête, se gargarisent. L’auteur dénonce ainsi la pitoyable défense d’une gauche en mal d’idées originales, d’une social-démocratie faillie : cette radicalisation de la pensée de gauche, cette guerre des identités, Eugénie Bastié la voit en effet comme le fruit de l’impuissance de la gauche « SOS Racisme ». La seule option qui leur reste, pour offrir une vision systématique du monde, après la mort du marxisme et de ses avatars, est la déconstruction. On est passé de la puissance du logos au règne du pathos : cancel culture et « wokisme » tentent avec violence de s’imposer par le biais de l’imparable victimisation : c’est le droit à ne pas être offensé. On ne peut pas mieux « tuer » le débat !

    En face, il y a, nous dit l’auteur, le renouveau conservateur dont elle nous dit qu’il n’a pas supplanté l’hégémonie culturelle de la gauche, mais qu’il a réussi à fortement la fragiliser. Pas de triomphalisme, donc, mais une vraie : des intellectuels médiatiques, dont l’influence se mesure notamment par des succès éditoriaux affolants, une jeune garde intellectuelle qui vient en renfort, des mouvements et cercles de réflexion nés de . Car le déclenchement fondateur de cette sortie du bois, de cette nouvelle visibilité de la pensée conservatrice, ce catalyseur d’énergies, ce furent bien les manifestations de 2013. L’auteur y voit aussi le rôle de , ce qui nous paraît contestable.

    Aujourd’hui, même si « l’espace proprement intellectuel s’est incroyablement rétréci » (Marcel Gauchet), l’auteur veut croire, malgré une nette radicalisation des débats, à un pluralisme retrouvé. L’irruption des réseaux sociaux et la gravité d’une situation historique inédite ont fait se lever bien des tabous.

    Puisse-t-elle avoir raison sur le long terme !

    La Guerre des idées Broché – Livre grand format, 11 mars 2021

     

     

    Marie d'Armagnac

    Journaliste et auteur
  • 18 Décembre 1914 ... Le fait est qu'il courait depuis des années, de par le monde, une rage de destruction et d'homicide

    p000006.jpgDes nouvelles venues de Rome nous avertissent d'un projet du gouvernement italien qui consisterait à former une Ligue des Neutres (comme en 1870), dont le but serait, une fois la guerre faite, de maintenir le statu quo en Europe et d'empêcher le vainqueur (quel qu'il soit) de s'agrandir à l'excès. Ainsi la France victorieuse ne recevrait que Metz et non pas l'Alsace. Ce projet serait en corrélation avec l'ambassade du prince de Bülow. Il s'agirait aussi pour l'Italie de se prémunir contre l'avènement de la puissance slave (représentée par les Serbes) dans l'Adriatique. Tout cela, au total, très conforme à la politique italienne et même apparemment aux intérêts de l'Italie, dont la politique extérieure me semble, depuis le commencement de la guerre, être vigilante et entretenir des vues à longue portée. Les Italiens aiment mieux renoncer pour le moment à Trente et à Trieste que de travailler pour la France et pour la Serbie. On dirait qu'ils se sont instruits de nos leçons et qu'ils ne tiennent pas à voir se retourner contre eux le principe des nationalités dont ils sont issus... 

    Aujourd'hui l'Angleterre a définitivement proclamé son protectorat sur l'Egypte : elle ne sortira toujours pas les mains vides de la guerre. Par contre, la France ne laisse-telle pas passer en Syrie une heure qui ne sonnera plus ?

    La guerre est arrivée à un point mort qu'on a grand mal à dépasser. L'activité et les réserves que nous avions en ligne au commencement de la guerre ont singulièrement fondu. E. de Resnes, qui, de son château ruiné, aujourd'hui de Beaumetz-les-Loges, en Artois,  a vu beaucoup de choses, résume la situation en ces mots : "Il n'y a plus au feu que des pères de famille et leurs enfants." Le gouvernement songe, paraît-il, à une levée supplémentaire jusqu'à 52 deux ans. Cependant tous ceux qui sont partis au mois d'août ne sont pas morts, blessés ou éclopés, heureusement. Le jeune Roujon, le fils de l'académicien, a pris part à soixante-sept batailles, engagements ou combats sans avoir reçu une égratignure. Même cas pour Pierre Champion, qui écrivait l'année dernière deux beaux livres sur Villon et à qui l'Académie vient de décerner le grand prix Gobert.

    La guerre vue par un physiologiste : la théorie de René Quinton*, c'est que, de temps en temps, par l'effet d'une volonté supérieure de la nature, les mâles éprouvent le besoin  de s'entre-détruire. Ce genre d'explications ne figure ni dans Le Livre jaune ni dans aucun livre bleu, blanc, gris ou orange. Mais le fait est qu'il courait depuis des années, de par le monde, depuis le Balkan jusqu'au Mexique, une rage de destruction et d'homicide extraordinaire... 

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    * René Quinton (1866-1925), l'un des fondateurs de L'Action française.

  • Jean de France à Politique Magazine : Se tourner vers l'avenir pour que vive la tradition française, royale et princière

                Tel est l’esprit de l’entretien que le Prince Jean de France vient d’accorder à Politique Magazine (novembre 2008) et que nous publions ci-dessous in extenso :

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              Monseigneur, vous avez récemment assisté à la cérémonie de réouverture du Petit Trianon après un an de travaux. Qu'avez-vous pensé de cette restauration ?

              Qu'elle est remarquable. Ce qui m'a fait particulièrement plaisir car je suis passionné depuis toujours par Versailles. Par tous les Versailles. Celui de Louis XV, de Louis XVI et de Marie-Antoinette me touche au plus haut point. C'est un sommet de civilisation dont le Trianon, par son architecture et son aménagement intérieur, est l'illustration. J'ai eu également l'occasion tout récemment de participer à l'inauguration des nouvelles salles Orléans. C’est vous dire si c'est un lieu où j'aime me rendre. La restauration du Petit Trianon est aussi un bel exemple de mécénat. Louis- Philippe en son temps a été le premier des mécènes et a ainsi sauvé le château. Sur ses deniers personnels, je tiens à le souligner. On ne peut donc aujourd'hui que remercier et féliciter la maison Bréguet pour ce mécénat exemplaire. On sait que Bréguet fut l'horloger de la reine Marie-Antoinette. Quel bel exemple à travers les temps de la fidélité suisse à la famille royale française !

              Vous êtes d'ailleurs aujourd'hui très impliqué dans la défense du patrimoine. Pouvez-vous nous en dire plus sur vos activités professionnelles ?
             Mes activités professionnelles me conduisent dorénavant à promouvoir et à illustrer le patrimoine français, particulièrement le patrimoine royal. Toute cette fin d'octobre, j'étais aux Etats-Unis pour donner des conférences sur le patrimoine royal français. Et je suis décidé à m'impliquer encore davantage dans ce domaine. Etant l'héritier de la Maison de France, cette activité en symbiose avec ma vie publique forme une unité. Dans ce cadre, j'assume les responsabilités qui m'échoient et je m'inscris ainsi dans la vraie tradition de ma famille, celle de toujours.

             Et vos projets personnels? 
             

            Chacun le sait maintenant, je compte me marier, fonder une famille, avoir des enfants.

             Vous avez présidé, le 10 octobre, l'Assemblée générale de Gens de France. Comment voyez-vous l'avenir de cette association?

     

             Elle me donne de plus en plus satisfaction. Cette Assemblée Générale a été une réussite à tous points de vue et constitue une étape importante dans le développement de cette association dont le but est de soutenir mon action et d'en constituer la vitrine. Je remercie les organisateurs, en particulier Raymond Sorel et toutes ses équipes. Je ne saurais trop inciter ceux qui veulent m'aider dans mon action publique à prendre des renseignements sur cette association (1). J'ai pu, grâce et avec Gens de France, parcourir la France et le monde pour connaître et me faire connaître .

              Mardi 14 octobre. une partie des biens de la succession du comte et de la comtesse de Paris a été vendue lors d'une vente Christie's. Quelle est votre réaction sur cette dispersion du patrimoine historique de votre famille ?

     

              Je n'ai pas caché ma désapprobation et je la maintiens. Tout le monde a pu constater que j'étais présent dans la salle de ventes avec les cousins de ma génération. J’ai pu constater aussi - et ce fut, pour moi, d'un grand réconfort - que de nombreux amis étaient présents. Nous avons tenté l'impossible. Mais il est évident que des biens de ce genre prennent une valeur considérable en raison des souvenirs qui y sont attachés. Il a donc été difficile de lutter.
              Je tiens à dire qu'il est des objets qui n'auraient jamais dû être proposés à la vente. Car l'histoire est un bien inappréciable. Mais c'est le passé. Voilà qu'une page se tourne ... Je suis désormais résolu à me tourner vers l'avenir. Il faut construire ! C'est mon objectif. Je le ferai avec mon frère Eudes, mes cousins et mes cousines et tous ceux qui voudront se joindre à nous pour que vive la tradition française, royale et princière.

    (1)  http://www.gensdefrance.com/gdefrance/ ou Gens de France, 53 rue Lemercier, 75017 Paris.
     

  • Histoire • La monarchie contre l’esclavage

     

    Relevé sur le site du Salon Beige ces quelques éléments d’Histoire utiles à connaître et à faire connaître.

     

    Le 4 février 1776 : abolition de l'esclavage en France.

    Selon_le_droit_de_Nature_chacun_doit_naître_franc.jpgL'esclavage en France métropolitaine n'a jamais existé ! Dans Institutions coutumières, (éd. Loysel, livre I, art. 6), il est rappelé qu'un édit du 3 juillet 1315, de Louis X le Hutin, stipule que : 

    « Le sol de France affranchit l'homme qui le touche ». 

    Encore un mensonge de l'histoire officielle, car ce n'est pas la Convention, qui en 1792 abolit l'esclavage en décidant d'accorder la citoyenneté aux hommes libres de couleur, mais bien le roi Louis XVI qui promulgue, dès 1776, un édit condamnant fermement la possession d'esclaves sur le territoire français. Et la République se garde bien de nous rappeler que trois ans plus tard, le roi va plus loin, puisque le 8 mai 1779, Louis XVI abolit par ordonnance, le servage, le droit de suite et affranchit tous les « mains mortables » [les serfs] des domaines royaux, ainsi que les hommes de corps, les « mortaillables » et les « taillables ».  

    Encore un mythe mensonger destiné à draper la république d'habits respectables qu'elle ne mérite pas. Où sont la liberté, l'égalité et la fraternité quand on justifie l'esclavage ? 

    En effet, l'Assemblée Nationale de 1790 réaffirme par deux décrets, du 8 mars et du 12 octobre 1790, que l'esclavage est légal ; abolissant une liberté de plus en supprimant ainsi la réforme royale. L'Assemblée rejette ainsi la publication de Brissot Adresse à l'Assemblée Nationale pour l'abolition de la traite des Noirs

    Ce n'est que devant son impuissance face aux révoltes des esclaves des colonies qu'elle finit par abolir l'esclavage en 1794 et, comme par hasard, le 4 février ! La France est par l'action réformatrice de son roi l'une des premières nations du monde à abolir l'esclavage et le servage. 

    Mais qui sait encore qu'à l'époque un esclave qui met le pied sur le sol du royaume devient automatiquement libre, ou « franc» ? Le serf dépend du seigneur, qui en échange de son travail, lui doit protection ; il est attaché à sa terre, mais on ne peut la lui retirer. Avec le temps, le servage disparaît, ne subsistant que sous des aspects secondaires, variant selon les endroits. Quant aux corvées, elles sont un impôt en nature et n'ont rien à voir avec l'esclavage. L'esclave est une « chose », un « bien meuble » (conception du droit romain reprise à la Renaissance), tandis que le serf n'a jamais cessé d'être une « personne », possédant la personnalité juridique. Tempéré par le Code noir de 1685, qui est un progrès pour l'époque, l'esclavage demeure aux colonies, et est effectivement confirmé en 1790. Ce qui est moins connu, c'est l'esclavage des Blancs aux Antilles, par d'autres Blancs, sous la forme de « l'engagement ». Il existe tout au long du XVIIe siècle. 

    Merci à Michel Franceschetti de sa transmission

    Lire aussi sur Lafautearousseau ...

    Louis X le Hutin : « Considérant que notre royaume est dit et nommé le royaume des Francs ... ».

  • Histoire & Actualité • Aux sources du 14 Juillet

     

    Par Jérémy Loisse

    Il est des idées, des analyses, des rappels historiques, et, finalement, des constations, que nous ne sommes plus seuls à exprimer, que nous n'avons même plus la peine d'exprimer, tant elles sont aujourd'hui partagées, diffusées. Il est même bon, voire préférable, que cela soit publié sur d'autres médias que royalistes, d'autres médias que les nôtres. Ainsi de cette excellente réflexion de Jérémy Loisse, parue hier, 15 juillet, sur Boulevard Voltaire. S'étonnera-t-on que nous préférions reprendre ainsi ces vérités dites par d'autres, notamment sur ce que fut la Révolution ? Hé bien, l'on aurait tort. Que l'on y réfléchisse. Bravo à l'auteur ! LFAR    

     

    ba4cf6877969a6350a052b6bf5ac64e2.jpeg.jpgEn ce jour du 14 juillet 2017, il n’est jamais mauvais de rappeler ce que fut cette journée et à quoi elle donna naissance.

    Le 14 juillet 1789, les révolutionnaires prennent la Bastille pour libérer sept détenus qui y étaient emprisonnés :

    Jean Béchade, Bernard Laroche, Jean La Corrège et Jean-Antoine Pujade, quatre faussaires accusés d’avoir falsifié des lettres de change ;

    le comte Hubert de Solages, criminel coupable de deux tentatives d’assassinat sur son frère frère aîné, ainsi que de viol, vol et assassinat sur sa terre de Trévien ;

    Auguste Tavernier, supposé complice de Robert-François Damiens, l’auteur d’une tentative d’assassinat (régicide) sur Louis XV

    le comte de Whyte de Malleville, embastillé pour démence à la demande de sa famille.

    Ces sept détenus sont tous à l’image de cette révolution : entre la démence, la falsification, le meurtre et le régicide. Les révolutionnaires jugeaient sans preuve, condamnaient sans motif, guillotinaient sans pitié. À voir les flots d’émotions que suscitent ces cris de « liberté, égalité, fraternité » et les flots de sang versés par ces mêmes personnes, on ne saurait oublier le proverbe qui dit que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Les meurtres des ecclésiastiques, le saccages des églises, le renversement des mœurs, les massacres de septembre 1792, massacres de la guerre de Vendée et de la Chouannerie, la Terreur, le Tribunal révolutionnaire, Louis XVI et Marie-Antoinette guillotinés après des mascarades de procès auxquels les procès staliniens n’auraient rien à envier, la profanation des tombes de la basilique Saint-Denis, les révolutionnaires jetant les cendres de plus de 170 personnes, dont des rois et reines de France, des princes, des serviteurs du royaume ainsi que des religieux, dans des fosses communes… Voilà ce qu’étaient les actes de cette révolution.

    Comment ne pas trembler à l’écoute des noms de ses sanglants prophètes tels que Robespierre, Saint-Just, Marat ou Fouquier-Tinville ? Des loups maçonniques assoiffés de sang. La Révolution fut un leurre, mais un leurre entaché de crimes, de meurtres d’hommes, de femmes et d’enfants. Voyez ces trois mots mensongers de liberté (qui enchaîna la France), d’égalité (qui mit la France en dessous de toutes les nations) et de fraternité (qui amena les Français dans la période la plus fratricide de toute son Histoire). 

    Je conclurai en citant Alexandre Soljenitsyne : 

    « La Révolution française s’est déroulée au nom d’un slogan intrinsèquement contradictoire et irréalisable : liberté, égalité, fraternité. […] liberté et égalité tendent à s’exclure mutuellement, sont antagoniques l’une de l’autre ! La liberté détruit l’égalité sociale – c’est même là un des rôles de la liberté -, tandis que l’égalité restreint la liberté, car, autrement, on ne saurait y atteindre. Quant à la fraternité, elle n’est pas de leur famille. Ce n’est qu’un aventureux ajout au slogan… » 

     
    Lire aussi dans Lafautearousseau ... 
     
  • Histoire • À Trappes : Lorànt Deutsch à la trappe…

     

    Par Caroline Artus

     

    af9c064233c2dbca86cb0daf12deb4e4.jpeg.jpgEmmener leurs élèves de 4e écouter parler Lorànt Deutsch de son amour de la France ? Pour Nicolas Kaczmarek et Marie-Cécile Maday, profs d’histoire-géographie, à Trappes, c’est hors de question.

    Leurs raisons ? Les « approximations » de l’auteur dans la matière, sa « vulgarisation » et le fait d’être « un peu marqué ». Tout est là ! Aux yeux de ces personnages en totale symbiose avec la doxa, l’amour de la France vous rend immédiatement suspect : ils ne veulent surtout pas « être mélangés à ça » !

    Décodons : mélangés, sans doute, aux pétainisme, nazisme, racisme et tutti quanti. D’ailleurs, l’initiative a été appuyée par Pierre Bédier, le président LR du conseil départemental des Yvelines, c’est dire leur colère… Ledit Bédier – ils ne doivent pas être au courant – a pourtant offert un terrain à un prix d’ami à un recteur de mosquée. Mais ça, c’est une autre histoire…

    Mais enfin ! Lorànt, un enfant de l’immigration, le fils d’un juif hongrois et d’une française catholique, accusé ainsi de défendre une certaine « politique », jugé indésirable auprès d’autres enfants d’immigrés ! Et de conclure ne pas être là « pour glorifier les rois ou pour faire aimer la France » ! Maintenant, au moins, c’est dit !

    Mais si « l’Histoire n’a pas pour but de faire aimer la France », quel est-il ? Selon ces deux profs hautement qualifiés, l’Histoire serait « une science qui permet de comprendre le passé par une étude critique et dépassionnée ».

     

    Pas sûr que le guillotineur Robespierre n’échappe pas à cette conception de leur enseignement triste à pleurer… 

    Et on devrait s’étonner du désintérêt des élèves envers cette école républicaine ? Celle qui a troqué la méritocratie accessible à tous contre la réussite accessible à (presque) personne. Celle qui – au nom des droits de l’homme complètement dévoyés – accorde aux enfants d’immigrés et aux nouveaux arrivants ce qu’elle refuse aux autochtones. À savoir le droit d’aimer ses origines, son pays, sa famille. Celle qui victimise les premiers et fait ployer les seconds sous le joug de la culpabilité.

    Alors que dans l’école de jadis, les « querelles des hommes » ne pénétraient pas, ainsi que le souhaitait Jean Zay – ce qui permettait aux élèves de se concentrer en tenant à distance leurs difficultés sociales et familiales -, celle d’aujourd’hui s’applique à faire exactement le contraire. Notamment en ouvrant ses portes à ce qui n’a rien à y faire.

    Parce que ces professeurs de Trappes, qui poussent des cris d’orfraie à l’idée de transmettre l’amour de leur pays, ne se scandalisent absolument pas de l’intrusion par effraction, dans les classes, des entreprises et des associations.

    Tellement plus instructives, les interventions de Colgate, Lego et autres sociétés privées venant faire leur publicité dans les écoles, les unes pour des sapins, les autres pour des mugs, des chocolats et même… des torchons !

    Tellement plus humanistes, les heures d’apprentissage remplacées par les visites de SOS Racisme, de familles homosexuelles, de transsexuels venant parler de leur « identité de genre » (qui soi-disant n’existe pas) à des bambins en culottes courtes.

    Le tout tellement plus adapté, surtout, pour faire des adultes de demain des citoyens de nulle part, mal dans leur peau, et donc consommateurs invétérés.

    Alors, que vont-ils faire, ces profs d’histoire-géo récalcitrants ? Non seulement ils n’accompagneront pas leurs élèves écouter Lorànt Deutsch, mais ils « travaillent activement à ce que la représentation n’ait pas lieu ». Républicains oui, démocrates pas trop… 

  • Livres & Histoire • Le Roi ou l’incarnation du pouvoir

     

    Par Anne Bernet

     

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    Depuis la mort de Louis XVI, la France, en dépit des apparences républicaines, n’aura cessé de rechercher un remplaçant à la figure royale. En vain. Deux études historiques, complémentaires, permettent, en dépit de leurs défauts, de comprendre pourquoi aucun homme prétendu providentiel n’est jamais parvenu à remplacer le Très Chrétien.

    Un pouvoir sacré indépendant

    Que cela plaise ou non, à la différence de la plupart des modèles monarchiques à travers le monde et le temps, la royauté française relève héréditairement du sacré ; le pacte de Reims n’est pas un accord opportuniste conclu en 496 entre l’Église des Gaules et Clovis, puis renouvelé avec les dynasties successives, mais une réalité spirituelle unissant le royaume de la terre à Celui du Ciel. Perdre cela de vue, c’est se condamner, sous prétexte de rationalisme ou de dénonciation d’une « pensée magique » que notre époque éclairée ne saurait admettre, à ne rien comprendre à notre passé et aux façons d’être et de penser de nos ancêtres. Voilà sans doute, aujourd’hui, le pire écueil auquel se heurtent des historiens plus ou moins étrangers à la foi catholique et qui ont tendance à en parler comme ils le feraient des croyances de l’Égypte pharaonique. S’ils refusent d’admettre ce particularisme français, et que la Fille aînée de l’Église puisse avoir une place à part dans les plans d’un Dieu auquel il est de mauvais ton de se référer, toute leur vision de la longue geste royale s’en trouve d’emblée faussée. Voilà sans doute pourquoi, chacun à leur manière, Stanis Perez, qui signe Le corps du Roi (Perrin) et Marie-Claude Canova-Green, auteur de Faire le Roi ; l’autre corps de Louis XIII (Fayard), malgré d’impressionnantes recherches, restent à la surface des choses et passent à côté de l’essentiel.

    Un premier mystère, dans une société strictement matérialiste comme la nôtre, est d’admettre que le Roi « sacré », ce qui veut tout dire, entre dans une autre dimension et que, tout en restant un homme à part entière, car il ne s’agit pas, à l’instar du Pharaon, voire même du Principat romain dans certaines de ses manifestations, de diviniser le souverain, il devient cependant un lien, un intermédiaire entre ici-bas et En-haut, dimension qui comprend une part hautement sacrificielle, celle-là même que Louis XVI assumera jusqu’à l’échafaud. Faute de le comprendre – tout comme, d’ailleurs, notre époque devient incapable de saisir ce que sont les grâces du baptême ou le sacrement de l’Ordre – l’historien se focalise sur des points de détail ou pose de mauvaises questions. Vouloir réduire les rois de France à une « incarnation du pouvoir », ce que les juristes royaux au demeurant, savaient bien, c’est s’arrêter à mi-chemin de la réalité et perdre de vue ce rôle de « Lieutenant de Dieu » qui était le leur. C’est l’idée même d’un pouvoir chrétien procédant du divin, non de la volonté populaire, ou prétendue telle, qui heurte. Dès lors, les deux universitaires se perdent dans l’étude de ce qui leur semble relever de bizarreries dépassées.

    Le corps du Roi

    Qui dit pouvoir incarné dit fatalement corps. Le Roi est homme, avec ses défauts, ses faiblesses, ses passions, ses maladies, et sa condition mortelle qui, cependant, n’altère pas l’immortalité du système monarchique, ou du royaume, ou de l’État, conception plus compréhensible à nos contemporains.

    Stanis Perez scrute cet homme qui reste ancré dans son humanité, ne revendique nulle essence « divine » ; il le suit, de Philippe Auguste à Louis-Philippe, dans son quotidien le plus prosaïque. Pour lui, mais là encore, ce n’est que partiellement exact car le postulat de base de la sacralité du pouvoir reste la même à travers les siècles, l’image du Roi, ou celle du corps du Roi, se serait construite puis déconstruite au fil des siècles, de sorte que saint Louis n’aurait pas appréhendé son rôle et sa personne comme pouvaient les appréhender Henri III ou Louis XIV. Cette image renvoyée au peuple, cette propagande auraient pareillement fluctuée. Reste que le Roi demeurait le Roi, tant à ses propres yeux qu’à celui de ses peuples et que porter sur cela un regard « moderne », fausse fatalement l’objet de l’étude …

    Ce qui est intéressant, néanmoins, dans ce livre, relève du sociologique et de l’anecdotique. Si le Roi est un homme, et nul ne le nie, il naît, il grandit, il se forme, il mange, il prend soin de son corps, de son apparence, de sa santé, il engendre, et il meurt. Comment ?

    L’autre paradoxe est de parvenir à en imposer à ses sujets ou à ses ennemis tout en assumant son humanité et sa mortalité. Le cas extrême est celui de Charles VI, rongé par sa maladie mentale jusqu’à en perdre sa dignité humaine, mais jamais sa dignité royale, au point que le peuple a aimé son pauvre roi fou bien plus qu’il ne l’eût aimé sain d’esprit, dans la certitude mystique que le souverain expiait dans sa chair les péchés de la France. L’on touche là, une fois encore, à la dimension christique du pouvoir royal que nos contemporains ne savent plus appréhender. Elle est pourtant infiniment plus importante que de savoir si Louis XI jugeait indigne de se baigner en public ou que le contenu de l’assiette royale.

    Dans l’imaginaire, et dans l’idéal, il faudrait que le Roi soit toujours jeune, beau, en pleine santé, doté de toutes les vertus du corps et de l’esprit. Cela peut parfois arriver, cela ne dure jamais. Comment, sauf à imiter ces peuplades qui sacrifiaient le roi vieillissant ou malade, continuer d’en imposer ?

    Le roi est une incarnation

    Louis XIII n’était pas séduisant, il souffrait d’un sérieux défaut d’élocution, son caractère était difficile et angoissé, sa santé mauvaise depuis l’adolescence. Dans ces conditions, alors qu’il n’avait pour lui que son droit d’aînesse, comment a-t-il incarné son rôle ?

    Spécialiste du « spectacle de cour » dans l’Europe moderne, Marie-Claude Canova-Green voit, et, jusqu’à un certain point, elle a raison, Louis XIII, – mais ce serait vrai de tous les rois, – comme un acteur presque continuellement sur scène, obligé de jouer un rôle qu’il n’a pas choisi mais qui lui colle à la peau et dont il n’a pas le droit de se dépouiller.

    L’on en arrive ainsi à une vision quasi schizophrénique du monarque, pris entre son personnage royal qu’il doit assumer, et sa personne privée dans l’impossibilité de s’exprimer puisque la sphère intime lui est presque interdite. Faut-il vraiment supposer la coexistence, peu apaisée, de Louis de Bourbon et de Louis XIII dans un même corps ? Ne vaut-il pas mieux admettre que le Roi était un, même si, au siècle suivant, Louis XV, et Louis XVI plus encore, rechercheront, ce qui s’avérera une faute, les moyens d’échapper à cette épuisante et constante représentation ?

    Reste une analyse étonnante, et dure, de ce que l’historienne considère comme une sorte de dressage ou de conditionnement d’un enfant qui, né mâle et premier de sa fratrie princière, est destiné au trône, quand même ses qualités propres ne l’appelleraient pas spécialement à l’occuper.

    Les études de « genre » étant l’une des grandes préoccupations actuelles, il est beaucoup question ici, trop peut-être, d’« apprentissage de la masculinité », notion qui aurait sans doute laissé pantois nos aïeux du XVIIe siècle. Louis XIII ne s’est sûrement jamais demandé s’il devait assumer sa condition masculine, parce qu’il a toujours su et admis qu’il était un homme, et pas une femme …

    C’est parce qu’il était homme, et prématurément roi après l’assassinat de son père, qu’il s’est donné, sans pitié pour lui-même, les moyens d’assumer son destin. En toute conscience.

    Louis XIII ne s’est jamais pris pour Jupiter, pas plus que son fils ne se prendrait pour Apollon. Seulement pour ce qu’il était : l’homme, avec tous ses défauts et ses péchés, que les lois de dévolution de la couronne, et la volonté de Dieu, avaient fait roi de France et qui devait s’en rendre digne.

    Ne pas admettre cela, c’est renoncer à rien comprendre à la monarchie française.   

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    Le corps du Roi, Stanis Perez, Editions Perrin, 475 p, 25 € 

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    Faire le Roi, L’autre corps de Louis XIII, Marie-Claude Canova-Green, Editions Fayard, 372 p, 23 € 

    Anne Bernet
  • Au Café Histoire de Toulon, ce 26 octobre...

    Le Café Histoire de Toulon  vous informe  de la causerie de Laurent Dandrieu  sur son dernier ouvrage, largement relayé par la presse,  « Rome ou Babel ». L'essayiste et rédacteur en chef culture de l'hebdomadaire Valeurs Actuelles,  est l'auteur d'une dizaine de livres sur les questions religieuses, le cinéma ou l'histoire de l'art. Cette causerie aura lieu le dernier mercredi du mois, le 26 octobre 2022 au pub des Missionnaires de la Miséricorde Divine, Le Graal (377 avenue de la République , 83000 Toulon - entrée gratuite).

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    À l'heure des migrations de masse, des pandémies mondiales et des multinationales omnipotentes, la notion d'enracinement semble vouée à la ringardise. Pour beaucoup de chrétiens, elle paraît s'opposer de plus en plus à l'impératif de fraternité universelle. L'idée s'impose qu'il faudrait choisir entre la patrie du ciel et la patrie terrestre, qu'il serait urgent de dépasser les frontières pour réaliser l'unité du genre humain. L'universalisme semble n'être plus qu'un autre nom du mondialisme.
    Pour Laurent Dandrieu, cette vision est en contradiction avec l'essence même du catholicisme, religion de l'incarnation. Une contradiction aussi avec l'idée même d'universalisme chrétien, unité spirituelle qui a toujours marché main dans la main avec l'attachement de l'Église à la diversité des peuples et des cultures.
    À contre-courant des oppositions binaires, Dandrieu renouvelle de fond en comble le sujet, appuyé sur un imposant travail de recherche et une analyse précise des textes catholiques. Ouvrant un débat vital pour l'avenir du christianisme, il défend l'idée qu'en oubliant l'esprit de la Pentecôte au profit de son exact contraire qu'est la tentation de Babel, l'Église prêterait la main à son pire ennemi, ce mondialisme qui vise à arracher l'homme à tous ses liens, culturels, historiques, humains et religieux.

    Le Café Histoire de Toulon a demandé au professeur Alain Vignal, spécialiste des questions religieuses, d'animer le débat qui suivra l'appel vibrant de Dandrieu  à un renouveau catholique. Cette causerie aura lieu durant les vacances scolaire, néanmoins la Café Histoire de Toulon insiste sur son caractère exceptionnel. Elle est réalisée en partenariat avec nos amis de La Librairie de l'Enfant Jésus (qui est déjà en rupture de stock pour Rome ou Babel...).Il sera possible de se procurer l'ouvrage sur place et de se le faire dédicacer. Elle est aussi réalisée en partenariat avec la Nouvelle Revue Universelle, qui la publiera  dans son n° 70, à paraitre au début de l'année 2023.

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    En attendant de vous retrouver à la causerie très attendue de Laurent Dandrieu du 26 octobre, le Café Histoire de Toulon vous informe que les conférences de géopolitique données par Antoine de Lacoste reprennent cette année à Toulon. Il y aura 6 conférences cette année, la première se déroulera jeudi prochain 20 octobre à 20h au bar le Graal, 377 avenue de la République à Toulon.

    Cette conférence portera sur les récents bouleversements de la géopolitique du gaz et du pétrole. Nous serons donc au cœur de l'actualité.

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    Ces conférences sont gratuites pour les élèves et professeurs du CAP ainsi que pour les séminaristes des Missionnaires de la Miséricorde. Elles sont au prix de 10€ pour les autres.
     
    Par ailleurs, en partenariat avec la CAP, vous pouvez retrouver la grande conférence sur le Liban publiée dans les n° 67, 68 et 69 de la Nouvelle Revue Universelle. Vous pouvez obtenir par mail le premier de ces articles sur simple demande à  lanouvellerevueuniverselle@gmail.com.
     
  • Livres & Histoire • Prince de Ligne : Mémoires

     

    Voici les mémoires du prince Charles-Joseph de Ligne (1735-1814).

     

    « Sensible très jeune aux récits des batailles de Charles XII, Turenne ou Condé, il s’engage précocement dans la carrière militaire. Avec l’armée impériale autrichienne, il participe à la guerre de Sept Ans, il prend part à la guerre de succession de Bavière (1777-1779) ; en 1789, aux côtés de Catherine II, il joue un rôle majeur dans la prise de Belgrade…

    Aussi à l’aise sur un champ de bataille que dans les salons des cours de Vienne, de Versailles ou de Moscou, le prince est l’ami des puissants de son époque : Marie-Thérèse d’Autriche, Marie-Antoinette, Joseph II, Frédéric de Prusse, Catherine de Russie, Mme du Barry.

    Madame de Staël, elle, admire l’homme de lettres qui a correspondu avec Voltaire et Rousseau, le passionné de galanterie complice de Casanova…

    Les Mémoires du feld-maréchal témoignent d’une souveraine liberté de ton, d’une élégance de style et d’un véritable art de vivre. Comme l’avaient été avant elle Byron, Barbey d’Aurevilly, Paul Valéry ou Paul Morand, Chantal Thomas a été séduite par cet écrivain passionnant, figure marquante du siècle des Lumières :  » Sa mémoire n’est jamais nostalgique. Il use de son pouvoir de reproduction non pour creuser le gouffre des années disparues, mais pour les faire ressurgir dans la diffraction d’un jeu de miroirs.  » 

    « Prince de Ligne. Mémoires. », préface de Chantal Thomas, Le temps retrouvé, 2017, 644 p.

    Source : Noblesse et royautés

  • Sciences Po : Paty est-il ton ennemi ? - Action à Science-Po Strasbourg.

    Retour en vidéo sur l'action de la section Strasbourgeoise !

    Royaliste, nationaliste ou patriote, rejoins-nous et fais reculer la trahison !

    Vous souhaitez en apprendre plus ou vous engager à l'Action française ?

  • LECTURES • « Quelle histoire pour la France ? » Et : « Esthétique de la liberté » ....

    Ces deux recensions de deux ouvrages importants, en particulier dans le contexte actuel, sont reprises des toujours excellentes - aussi bien qu'abondantes - notes de lecture de Georges LEROY, dans chaque livraison du Réseau Regain. Ici, celle de février 2015. Nous en recommandons la lecture.  

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    Quelle histoire pour la France ?

    Dominique Borne

    Gallimard, 350 p., 22,50 €. 

    Certains annoncent la mort de l’histoire de France. En ces temps de mondialisation, et surtout d’arrivée massive de populations issues de pays anciennement colonisés, le récit purement national serait à mettre au rebut. D’autres voudraient le retour d’un âge d’or, avec ses histoires saintes, monarchiques ou républicaines. 

    Dans cet essai qui peut faire débat, l’auteur, inspecteur général de l’Éducation nationale, propose de dépasser l’une et l’autre attitudes. À le suivre, il est possible de (re)construire une histoire à partir de moments d’histoire. Ces récits portaient en eux une espérance eschatologique qui a déserté quand la  croyance au progrès s’est enfuie.

    Faut-il pour autant abandonner toute histoire de France ? Ce livre répond par la négative : « Le besoin d’histoire nationale, dit l’auteur, est d’autant plus grand que les incertitudes contemporaines sont nombreuses. »

    Une telle histoire, pluraliste et discontinue, serait tissée avec celle de l’Europe et du monde et prendrait en compte toutes les composantes de la société. Se prêtant lui-même à l’exercice, l’auteur en propose quelques facettes qui redessinent un paysage national, suggèrent de possibles héros et donnent même des raisons d’espérer en l’avenir.   

     

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    Esthétique de la liberté

    Philippe Nemo

    PUF, 200 p., 18 €. 

    Il y a comme un arrière-goût dandy dans ce titre. En effet, quel rapport entre l’esthétique et la liberté ? En quoi la liberté pourrait-elle être esthétique ou pas ? Comment créer du lien entre l’esthétique et la liberté ? Est-ce un pur exercice intellectuel réservé à un homme de grande science ou bien en quoi cela peut-il concerner les millions de petits bourgeois français en cet hiver 2014 ? Livre de circonstance, petit plaisir, livre de fond ? 

    Dans la fable de La Fontaine « Le chien et le loup », la vie du loup est présentée comme plus belle que celle du chien, parce que l’un est libre, alors que l’autre est attaché. Le propos du livre est de savoir si La Fontaine a raison. Beauté et liberté sont-elles indissociables ? Si tel est le cas, quelles conclusions politiques peut-on en tirer ? Existe-t-il un enjeu plus profond, métaphysique, dans l’alternative d’être « chien » ou « loup» ?

    Le livre esquisse d’abord les contours d’une anthropologie philosophique où les places respectives de la beauté et de la liberté dans la structure de l’esprit humain sont précisées sont interrogés à cet égard de nombreux auteurs, de Platon à Plotin, de Grégoire de Nysse à Pic de la Mirandole, de Kant à Proust. 

    On voit que beauté et liberté sont « des idéaux qui doivent être cherchés de façon inconditionnelle », à l’instar de « la vérité et du bien ». Ainsi « le lien entre liberté et beauté a été formellement affirmé dans l’histoire des idées et des arts ». Pour les Grecs, « excellence physique et excellence morale sont donc étroitement mêlées et que l’on passe facilement de kalos à agathos ». Ce qui est beau est bon. Pour les Grecs, « beauté veut dire noblesse et l’aristocrate par excellence est un homme libre ». À l’inverse, le christianisme reconnaît un Dieu qui sonde les reins et les coeurs et donc « notre valeur objective n’est ni augmentée ni diminuée par le regard positif ou négatif que les autres portent sur nous ; il n’en pas ainsi chez les Grecs anciens. Leur souci, c’est ce que les autres pensent d’eux ». 

    Le lien entre société de liberté et beauté morale est établi au moyen des vertus théologales que sont la foi, l’espérance et la charité, mais aussi d’autres vertus chrétiennes comme la justice, la véracité, la libéralité, l’esprit de paix, la tolérance, la prudence, la tempérance, la force et l’orientation positive des activités. 

    Puis il montre comment la servitude enlaidit les existences humaines, ce qui n’est pas vrai seulement de la servitude absolue des totalitarismes, mais aussi de la demi-servitude instaurée par les socialismes dits modérés. 

    Il examine enfin ce qu’est une vie libre et créatrice de beautés, en soulignant le rôle qu’y jouent la contingence, l’imprévu, et la possibilité qu’y survienne du nouveau, comme dans un voyage. Sur ces bases, il montre que seule une vie libre peut avoir un sens. Le voyage permet de découvrir les facettes du monde qui lui était inconnue, de se découvrir lui-même. Il en appelle à Balzac pour le voyage social, mais aussi à Baudelaire dans son célèbre poème des Fleurs du mal. 

    En conclusion, nous sommes invités à « revivre en oeuvre d’art » notre propre existence. Ce livre est donc une magnifique médiation sur l’invitation au voyage que suppose une vie libre dans une société librequi repose elle-même sur la propriété privée d’une part, et la mise en action des vertus chrétiennes, au premier rang desquelles se trouve la charité, don gratuit, qui n’est rien d’autre que la beauté d’un geste libre.

     

  • Fêtera-t-on le Tri-centenaire de la révolution ? Le Livre noir de la Révolution française fait son chemin... (1/3).

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               Ce vandalisme est également antimonarchique. Comment ne pas évoquer la profanation des tombes royales de Saint-Denis et la destruction des statues des rois sur la façade de Notre-Dame de Paris.

               Mercier ira jusqu’à demander la destruction du château de Versailles ! Ne parlons pas de l’exécution du grand chimiste Lavoisier, même si le mot « la République n’a pas besoin de savants » est probablement apocryphe.

              La partie sombre de la Révolution a été longtemps occultée et, avec elle, les œuvres des écrivains qui ont mis en doute les bienfaits de cette révolution. Le Livre noir les réhabilite. Ainsi Blanc de Saint-Bonnet, qui entend prouver que l’erreur et le mal sont à la source de la Révolution, retrouve-t-il toute sa place dans le courant philosophique français. Une place qu’il avait perdue pour avoir écrit : « On s’étonne de la fatalité qui porte la Révolution à répandre le sang. C’est oublier que chez nous, la plupart des crimes sont le résultat de l’envie. La Révolution n’est que l’application sociale de l’envie. »

              Jacques Bainville et Pierre Gaxotte, qui ont donné de la Révolution une image si éloignée de la tradition républicaine, furent boycottés dans les milieux universitaires. Cochin, féroce censeur de la Sorbonne, n’a connu que tout récemment un regain d’intérêt. N’a-t-il pas osé montrer comment, à travers les sociétés de pensée, les Lumières du XVIIIe siècle ont engendré les massacres révolutionnaires loin des idées d’égalité et de fraternité. Qui lit Joseph de Maistre malgré les récentes rééditions de ses Considérations sur la France ? Il y prédit en 1796 les conditions de la restauration de la monarchie légitime dix ans plus tard. Et que dire de Rivarol, de Bonald, de Barruel, auteurs à redécouvrir grâce aux contributions savantes et objectives du Livre noir.

              Stéphane Giocanti rappelle que cette occultation s’est faite sous une IIIe République triomphante où domine l’anticléricalisme et où persiste le souvenir d’une Commune de 1871 inspirée de celle de 1793. Les manuels scolaires des "hussards noirs de la République" visent à noircir l’Ancien Régime et à fixer en 1789 la naissance de la France. La preuve est facile à apporter. Ouvrons le manuel de deuxième année d’histoire de France d’Ernest Lavisse à l’usage des élèves de 11 à 13 ans, dans l’édition de 1914. On y lit que « le roi ne connaît que sa volonté, ou, comme il dit, que son bon plaisir. Il dépense à pleines mains ». Voilà qui justifie la chute de la monarchie. Quant aux révolutionnaires, « ils voulurent réformer l’État et entreprendre cette œuvre immense où le despotisme fit place à la liberté, les privilèges à l’égalité, les abus de toutes sortes à la justice ». Deux lignes sur les massacres de septembre, rien sur la répression en Vendée. Mais le mot "crime" est employé à propos des exécutions sous la Terreur. L’histoire officielle de la Révolution est désormais écrite. De là, ce Livre noir. Non qu’il conteste toutes les retombées d’une Révolution que stabilisa Napoléon.

              Tout n’est pas négatif – loin de là – dans le bilan que l’on peut dresser en 1815, lorsque est restauré pour la seconde fois Louis XVIII et que semble se fermer la page de la Révolution. Les idées nouvelles – notamment l’égalité – sont consacrées dans le préambule de la Charte, ce à quoi s’était refusé le même Louis XVIII en 1795 dans sa proclamation de Vérone. Mais, jusqu’à aujourd’hui, l’histoire de la Révolution française semblait figée dans son moule républicain. Pourtant, comme l’observe le maître d’œuvre du Livre noir, Renaud Escande, « l’Histoire ne s’écrit pas comme la mythologie et son exigence de vérité ne devrait pas s’encombrer de visées utilitaristes », et, osons le mot, idéologiques.                  

  • Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP (67) : Marseille, 11 Décembre 1932, un banquet médical mémorable

     

    Une histoire de l'Union Royaliste Provençale... en lisant L'Action française !

    (retrouvez notre sélection de "Documents..." dans notre Catégorie "Documents pour servir à une histoire de l'URP"...

     

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    Ce banquet avait été annoncé une seule fois, en "Une" du quotidien, dans le numéro du Mercredi 7 Décembre... :

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    ... et, dans les numéros des 8 et 9 précédents, dans la Rubrique Ligue d'Action française, on le ré-annonça, en en profitant pour inviter également aux deux conférences que donnerait Daudet - puisqu'il serait sur place - à Marseille et à Toulon, "sur François Rabelais" :

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    Voici le lien conduisant au numéro du lendemain, Lundi 12 Décembre 1932, qui rend compte de ce "triomphal banquet des médecins d'AF" :

    "plus de deux cent médecins" étaient présents et "plus d'une centaine s'étaient excusés en des lettres d'entière adhésion" !...

    Le compte-rendu commence en "Une", au milieu de la deuxième colonne, juste après l'article de Daudet, et s'achève en page deux, dans la moitié supérieure des deux colonnes centrales (trois et quatre)...

    • Première partie du compte-rendu, en "Une"... :

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    • ... et la fin, page deux, partie supérieure des deux colonnes centrales :

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    Dans ce même numéro du Lundi 12 Décembre, on trouve la relation (par P.G.) de la conférence de Daudet "sur François Rabelais", à Marseille :

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  • Histoire & Littérature • Les Tharaud dans l’Empire chérifien

     

    Par Péroncel-Hugoz

     

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    « Les frères Tharaud sont appelés grands écrivains alors qu’ils ne sont pas admirables »

    Marcel Proust

    lettre à G. de  Lauris, décembre 1911

    Correspondance, Plon, t.x, 1983

     

    J’ignore ce que pensèrent les Tharaud de Proust, ni même s’ils le lurent mais j’ai observé, depuis les années 2000, parmi les sujets francophones du roi Mohamed VI du Maroc, du moins ceux qui lisent, plus de goût pour la littérature orientalisante des deux frères académiciens que pour la Recherche

    Auteurs à succès des années 1910-1950, ayant ensuite peu à peu disparu des librairies voire des dictionnaires, parfois traités anachroniquement de « colonialistes » ou même d’« antisémites », Ernest (1874-1953), dit Jérôme et Charles (1877-1952), dit Jean, sont devenus introuvables sauf chez quelques bouquinistes de Paris ou Rabat, où leurs amateurs nord-africains sont allés les quérir avant que des éditeurs casablancais se mettent à les rééditer. 

    la nuit de fez.jpgJe participai moi-même à cette « tendance » en republiant La Nuit de Fez, condensé en cent pages, voulu ainsi en leur temps, par les Tharaud, des chapitres un peu lestes de Fez ou les bourgeois de l’Islam (1930). Si l’oeuvre du duo, étalée de 1898 à 1951, est forte de plus d’une centaine de volumes, cinq d’entre eux seulement ont été inspirés par le Maroc et ce sont ceux-là seuls que traquent les lecteurs marocains, en quête d’un portrait de leur pays, de leurs ancêtres, de leur société dans le regard de l’Autre. Un regard incisif, parfois cru mais en gros plutôt indigénophile et islamophile à la Loti, à la Farrère, à la Lyautey, lequel maréchal et résident de France (1912-1925) au Maroc, fit venir la fratrie en cet Empire chérifien qu’il modernisait tambour battant mais avec doigté, ne s’en prenant pas à l’âme profondément islamisée des Marocains. 

    L’époque toute en repentance et autodénigrement qui, sous le fouet de quelques intellos parisiens masochistes, a suivi la fin de notre aventure coloniale, s’est évertuée à transformer en « textes stipendiés » par Lyautey le travail des Tharaud sur la Chérifie. De cette accusation, les nouveaux lecteurs maghrébins de Rabat ou les heures marocaines (1918) ou de Marrakech ou les seigneurs de l’Atlas (1920), ne se sont guère émus. Certains d’entre eux, d’ailleurs, ont lu La Preuve par deux. Jérôme et Jean Tharaud**, captivante biographie due à Michel Leymarie, professeur d’Histoire à l’Université Charles-de-Gaulle, à Lille. On voit bien dans ce livre que les Tharaud furent des voyageurs, des narrateurs, des romanciers et non pas des penseurs, des idéologues. 

    Colonistes sans passion, républicains conservateurs, chrétiens tièdes, dreyfusistes modérés, ils laissèrent sagement le Maroc sultanien  les imprégner avant de livrer leurs récits. « Ils sont reposants », nous dit un quadra indigène de Meknès. J’ai eu un peu la même impression en lisant les titres de la fratrie sur l’Albanie, Jérusalem, Séville, la Syrie, Saïgon, la Perse ou l’Afrique noire. Il me semble toutefois que le Maroc occupe une place à part  dans le coeur des Tharaud. Ainsi lorsque Jérôme fut élu Quai Conti en 1938, il fit graver sur son épée d’académicien le minaret de la Koutoubia marrakchie à côté de la collégiale Saint-Junien, son berceau limousin. Par leur comportement décontracté, les deux écrivains bourlingueurs relèvent d’un monde englouti, celui où l’Occident s’était mis à croire à la possibilité d’une amitié avec l’Islam, cette amitié qu’Allah, on le découvre avec effroi à notre époque, a proscrite absolument dans la sourate coranique de la Table servie :

    « Ne prenez pas pour amis les juifs ou les chrétiens sinon vous serez des leurs ! » (V,51)    

    * Collection Bab, la Croisée des Chemins, Casablanca, 2008

    ** CNRS éditions, 400 p., 2014