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Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet

...et la campagne de l'AF pour la "Loi des 3 ans"

...et la campagne de l'AF pour la "Loi des 3 ans"

La guerre venait. Tout le monde le savait, le sentait : Bismarck voulait "finir" 1870 et, trouvant que la France se relevait trop vite, fut plusieurs fois à deux doigts de refaire une guerre contre elle.
Une fois le Chancelier limogé par le nouvel empereur, Guillaume II, les dangers ne disparurent pas pour autant, bien au contraire.
Face à une Allemagne puissante, qui pouvait aligner près de 850.000 hommes, il était indispensable d'augmenter les effectifs de l'armée française, qui dépassait tout juste les 400.000 soldats.
Bien entendu, tous les "pacifistes" (Jaurès), internationalistes (L'Humanité) et ceux que Maurras appelait "les princes des nuées", se payant de mots et croyant qu'il suffit de dire "la paix ! la paix !" pour l'avoir, étaient "contre les trois ans".
Les vrais "pacifiques", par contre, étaient "pour" : ceux qui savent bien que le meilleur moyen d'avoir la paix est de disposer d'une armée puissante, qui dissuade l'agresseur et, donc, permet de "faire" la paix.

1. De Jacques Bainville, tiré de "La Troisième République", Chapitre XI, Le frein avant la catastrophe, pages 279/280 :

"...Une chose était à faire sans retard, et l'état de l'opinion, la disposition des Chambres la rendaient possible. Publiques ou secrètes toutes les nouvelles montraient que l'Allemagne se préparait à la guerre. Il importait de mettre la France en mesure de résister à l'invasion et de tenir tête à la supériorité numérique de l'ennemi. En 1905, on avait dit que la loi militaire qui établissait le service militaire de deux ans ferait "la nation armée" par le nombre et la valeur des réserves. Très vite, le principe avait cédé, les périodes d'entraînement des réservistes avaient été réduites. Seul, d'ailleurs, le retour à la loi de trois ans permettait de couvrir la frontière. Aristide Briand, appelé au gouvernement, fut renversé sur la réforme électorale, à laquelle le Sénat restait réfractaire, avant d'avoir rétabli l'essentiel du système militaire de 1889. A sa place Louis Barthou fut chargé du ministère et se donna pour tâche le renforcement de l'armée. Non sans lutte, il obtint le vote du Parlement au mois de juillet 1913. Il était temps..."

2. De Léon Daudet, tiré de "Vers le Roi", pages 267/268/269 (continuation immédiate du texte précédent, sur "la Saint-Philippe à Barbentane") :

"...Ainsi s'avançait la fatalité, si l'on appelle ainsi un ensemble de circonstances qu'un sursaut de sagesse politique eût pu dissocier et enrayer.
Car si l'expérience de la vie m'a appris quelque chose, c'est bien qu'il n'y a ici-bas de maux individuels ni collectifs inévitables. Tous, quand on les regarde de près, et avec cette attention qui remonte au-delà des lamentations vaines et des constatations désolées, tous auraient pu être évités.
La part de la malchance varie, ainsi que celle d'une certaine malice diabolique, qui associe les tentations à la faiblesse humaine et combat la raison par l'instinct. Mais il y avait toujours à un moment donné - et qu'il fallait saisir - dans un coin, une chance heureuse, une petite occasion providentielle, que l'énergie volontaire et lucide eût développée.
Depuis le mois de janvier jusqu'au mois de juillet 1914, les discussions de parlement et de presse, concernant la loi du service de trois ans - loi de salut public - amenèrent de fréquents conflits entre les bandes révolutionnaires que commandait Almereyda, le directeur du "Bonnet rouge" et les Camelots du Roi.
On sait l'importance, dans la République, cette émeute figée, des agitations et troubles de la rue.
Le résultat caillautiste de ces élections in extremis doubla naturellement l'audace des partisans du "rapprochement franco-allemand" , comme ils s'intitulaient euphémiquement. Car je suis bien persuadé que les agents de l'Allemagne étaient avertis de la déclaration de guerre imminente et que leurs censées protestations contre le militarisme et le nationalisme n'étaient qu'une aide suprême apportée au plan berlinois de mobilisation et d'invasion brusques.
Le cabinet de l'empereur et l'Etat-Major de von Kluck - de ce von Kluck qui était venu en France, en 1913, inspecter en personne les carrières du Soissonnais ! - escomptaient une agitation progressive de la pègre parisienne, aboutissant à une sorte de Commune, au moment même du déclenchement de la guerre.
Ce plan fut déjoué, et magistralement, par Pujo, Maxime, Plateau, Lacour et les Camelots du Roi. Chaque fois que ceux-ci et les Etudiants et Ligueurs d'Action Française se trouvèrent en contact avec les hommes de main de Caillaux, du "Bonnet rouge" et de "L'Humanité", ces derniers reçurent de fortes raclées.
Il ne leur arriva qu'une fois, au manège du Panthéon, où les troupes d'Action française n'étaient pas en nombre - attendu que c'étaient les révolutionnaires pro allemands qui donnaient la réunion - de maintenir celle-ci et d'assommer quelques patriotes.
Victoire à la Pyrrhus ! Les royalistes prirent largement leur revanche sur les boulevards, dans les derniers jours de juillet, en refoulant et mettant en fuite, avant la police, les hordes qui criaient : "A bas l'armée !"
Par ce nettoyage in extremis, ces jeunes héros, qui allaient être décimés affreusement deux mois plus tard, avaient déjà bien mérité de la Patrie." (fin du chapitre VIII).

3. Et, toujours de Léon Daudet, de "Vers le Roi", page 106 :

"...Mais quelques mois, quelques semaines avant la guerre, ils (les Camelots du Roi, ndlr) prirent soudain un rôle de premier plan, par la défense qu'ils firent de la loi de trois ans, par les piles sérieuses qu'ils infligèrent aux bandes révolutionnaires des Sans-Patrie..."

Illustration : l'AF mena farouchement campagne pour la "loi des trois ans" qui, heureusement, finit par être votée - mais, de justesse comme le note Bainville... - le 19 juillet 1913....