Fidélités royalistes (III) : Bordelaises...
De "Vers le Roi", page 88 (suite immédiate du précédent passage) :
"...Parmi tant de banquets - quelques uns excellents, malgré le nombre des convives - auxquels j'ai pris part, le plus mémorable, celui qui m'est resté présent - et pour cause - fut, avant la guerre, à Bordeaux.
Il avait été organisé sous la surveillance de notre grand ami, le comte Eugène de Lur-Saluces, et du commandant Milleret, qui s'est illustré dans l'artillerie pendant la guerre.
Le premier est propriétaire du Château Yquem, le second a, dans sa famille, la Haut Brion.
C'est ce qui vous explique que chaque convive de ce repas à cinq francs par tête avait, devant son assiette, une bouteille de chacun de ces deux illustres vins, choisis dans les meilleures années.
Le reste était à l'avenant.
C'était un peu le supplice de Tantale pour le pauvre garçon qui écrit ceci, car il devait parler au dessert et n'osait, en conséquence, témoigner, à ces crus royaux, l'admiration qu'ils méritaient.
Cependant il faut reconnaître que les discours se ressentirent d'une telle prodigalité.
Nous n'avions plus à notre disposition - selon la remarque désobligeante de Pampille - que nos épithètes de deuxième zone et nos verbes de troisième qualité.