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Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet

Daudet et Bainville, conférenciers à Nantes...

Daudet et Bainville, conférenciers à Nantes...

De "Vers le Roi", pages 264/265 :

"...(A Nantes) Bainville qui a horreur de parler en public, avait, sur nos instances, accepté de se faire entendre.
Il avait choisi comme sujet - on était au lendemain d'élections donnant la majorité à Caillaux et au clan des Ya, à quelques semaines de la guerre ! - le danger que font classiquement courir la démocratie et la politique de gauche à l'intégrité du territoire.
C'était moins un discours qu'une démonstration rigoureuse, au tableau, du péril qui nous attendait, dans ce style limpide et aigu où jouent les facettes de Tacite, de La Fontaine et de Voltaire.
Il y avait là des assistants de toutes les classes et conditions sociales, beaucoup de gens instruits, des professeurs, des armateurs, de petits bourgeois, des ouvriers.
Ils écoutaient de toutes leurs oreilles et sans la moindre interruption.
Bainville aurait dû publier cette conférence, qui est un chef-d'oeuvre.
Mais je vois d'ici son geste de dédain et son "ah ! zut !"
Après lui, avec mon bariolage d'espions et de préparatifs boches, j'avais l'air d'un ours ajoutant ses explications à celles d'un professeur du Collège de France.
Nous revînmes à Paris par étapes, ayant l'un et l'autre besoin de repos.
A Loches, où revit le souvenir de Louis XI, l'heure du dîner trouva nos deux ménages attablés autour d'un poulet rôti et d'une bouteille de Vouvray.
L'addition était dérisoire de bon marché.
- Comment voulez-vous - disait Bainville - que les Allemands, avec leurs tristes raves, leur bière indigeste et leur lourde charcuterie, ne se jettent pas sur un pays où il y a toutes ces bonnes choses et qui se donne comme maître un Caillaux !"

Illustration : portrait de Guillaume II, qui a voulu et déclenché la Grande guerre (château de Potsdam).
"Ich habe es nicht gewollt" : en allemand, "Je n'ai pas voulu cela", aurait-il dit après la guerre.
Pourtant, de 1905 à 1914, c'est-à-dire pendant les neuf années de son règne qui précédèrent la guerre, il fit passer les dépenses militaires de 938 millions de marks - en 1905 - à 3 milliards 244 millions de marks en 1914 !...

De même, on dit qu'il fut un anti nazi de la première heure. Pourtant, lorsque la France demanda l'Armistice, en 40, il envoya bien un télégramme de félicitations... à Hitler !
Et deux de ses fils furent notoirement nazis...