L'AF cherche à empêcher "la guerre qui vient" (II)
Par le Traité de Francfort du 10 mai 1871, qui consacre l'écroulement des "nuées" impériales, républicaines et révolutionnaires, la France perd 1.447.000 hectares, 1.694 communes et 1.597.000 habitants; 20 % de son potentiel minier et sidérurgique; elle doit payer une indemnité de guerre de six milliards de francs or, à verser en trois ans.
En gage de ce paiement, les Allemands obtiennent l'occupation d'une partie du territoire (6 départements du Nord et Belfort) jusqu'au paiement complet de cette somme. L'indemnité sera réduite de six à cinq milliards contre l'entrée et le défilé de l'armée allemande à Paris...
A partir de là, il est clair pour tout le monde que les choses ne pourront pas en rester là...
Les Français chercheront à récupérer les territoires perdus (le regard fixé sur "la ligne bleue des Vosges", l'esprit occupé par "la Revanche").
Bismarck et les Prussiens, de leur côté, chercheront à "finir le travail", et à faire d'une pierre deux coups :
* achever définitivement l'unité allemande, que nous autres, Français (du moins, les révolutionnaires, républicains et impérialistes) avions commis la folie de mettre sur les rails...
*écraser définitivement cette France qui se relevait décidemment bien trop vite. Voire, chercher à la démembrer, nous rendant, ainsi, en quelque sorte, la monnaie de notre pièce, agissant envers nous comme nous avions agi envers eux, et et en menant chez nous la politique que nos Rois menèrent chez eux; en nous affaiblissant à l'extrême - comme nous le îimes aux Traités de Westphalie - pour asseoir leur prépondérance...
Le Kaiser menait, en inversé, la politique de Richelieu ! Et ce sont nos "nuées" révolutionnaires qui l'avaient mis en état de le faire...
Il était donc clair, dès 1871, qu'une nouvelle guerre allait éclater.
Pour l'Action française, le calcul était vite fait : il fallait "faire le Roi" avant la guerre car, après, ce serait beaucoup plus difficile :
* soit la France perdait de nouveau la guerre, et son existence même, sa survie même, devenaient hypothétique;
* soit elle la gagnait, mais alors ce serait aussi la République qui la gagnerait, trouvant là sa légitimité, elle qui était très fragile et très contestée depuis 1875 : tout le monde sachant - car le chancelier ne s'en cachait pas - que le régime républicain était celui que Bismarck voulait pour la France...
* et, dans tous les cas, une hécatombe était à craindre, pour tous les Français en général, évidemment, mais aussi pour les royalistes, qui risquaient de perdre (comme cela se passa effectivement) une bonne partie de leur force vive, affaiblissant d'autant l'action pour l'établissement de la Royauté...