"Le chirurgien Paul Reclus..."
De "Salons et Journaux", pages 219/220 :
"Le chirurgien Paul Reclus était aussi anarcho qu'il est possible de l'imaginer, mais d'une séduisante intelligence et savoureux comme un pain un peu brûlé.
Quand j'apercevais, de l'antichambre, sa petite silhouette grisonnante, son visage creusé, sa barbiche, j'allais à lui tout droit, avec la certitude d'entendre quelque chose de neuf et d'intéressant...
...avec cet homme-là, toute dispute tournait à un peu plus de sympathie pour lui, vu sa bonne foi, sa chaleur et ce je ne sais quoi qui émane d'une personne dévouée au genre humain, sans phrase ni attitude...
...Peu dialecticien, il n'écoutait guère les raisons qu'on lui donnait, car la charité, la générosité l'emportaient en lui sur le jugement.
Il était, dans son métier, un dispensateur de bienfait, une conscience scrupuleuse, "quelqu'un de chic", comme on dit en salle de garde. Et comme il riait bien, franchement !
Je ne pardonne pas à la mort d'avoir enlevé si tôt Vivier, Brissaud et Reclus. Après tout, peut-être leur en voulait-elle de la retarder trop souvent..."
Illustration : Paul Reclus, 1847-1914