Il y a 20.000 ans : le Solutréen...
Le Solutréen se caractérise par l'apogée de la taille du silex : pointes à cran, grandes pointes bifaces foliacées et même pointes de flèches à pédoncule et barbelures. Cette industrie est l'oeuvre des Homo sapiens.
Le nom de Solutréen vient du gisement de Solutré (Saône et Loire), où de nombreuses découvertes ont été faites. En 1866, au pied de la Roche, au lieu dit le "Crot du Charnier", un jeune chartiste mâconnais, Adrien Arcelin découvre des silex taillés, au cours d’une promenade. En 1869, Gabriel de Mortillet, en examinant le matériel lithique recueilli au "Crot du Charnier", conclut à l’existence d’une civilisation originale du Paléolithique Supérieur, à laquelle il donne le nom de Solutréen.
C'est durant le Solutréen que fut inventée l'aiguille à chas perforé, vers 16 000 avant notre ère. Elle est obtenue à partir d’une esquille osseuse que des incisions de burin ont détaché du fut d'un os long. Puis un travail minutieux de finition permet d’arrondir l'esquille et l'épointer ; un polissage sur une petite roche de grès fin la garnit de petites rainures de polissoir ; enfin, dernière étape, une perforation biconique est pratiquée à une extrémité.
Cette découverte a de nombreuses conséquences: la conservation des liquides dans des outres cousues, des liquides que l'on peut chauffer et porter à ébullition (le début de la vraie cuisine), des techniques rendues possibles comme la bouée, ou le kayak, donc les expéditions lointaines...
Ces aiguilles souvent très fines, furent plutôt utilisées comme passe-lien, comme passe-lacets pour entraîner le fil (nerf traité). La perforation des peaux s'effectuait au préalable, à l'aide de perçoirs de silex plus robustes et mieux adaptés.
Le progrès de l'industrie des outils consiste à tirer de la même quantité de silex la plus importante surface tranchante. Même les éclats sont systématiquement utilisés. Les techniques de taille deviennent de plus en plus raffinés et les Solutréens poussent plus loin la recherche et la perfection en excellant dans l'art de la retouche. Au sommet de cette technologie apparaît la très efficace et très belle "feuille de laurier."
Les hommes du Solutréen améliorent encore l’efficacité des lames brutes par la retouche. Il s'agit d'enlever, par pression, les minuscules éclats restés sur les bords de la lame. Le percuteur, pour ce travail de précision, est une petite pièce de bois de cerf adaptée à la paume de la main. Ils peuvent ainsi donner au bord le contour désiré et obtenir un tranchant micro-crénelé d'une efficacité redoutable (équivalent du couteau à dents).
Le solutréen marque également le développement des représentations artistiques : art pariétal ( grottes Cosquer et Lascaux... ), sculpture ( vénus ... ).