Universités et Enseignement Supérieur: une autre façon de voir les choses...
Et si l'on posait le problème différemment? D'un côté on a des syndicats étudiants et des mouvements d'extrême gauche qui ne cessent de demander toujours plus de moyens, de refuser la sélection (1) et de craindre (ou faire semblant de craindre...) la main-mise du Cac 40 sur les Facultés (le ridicule ne tue plus!...). De l'autre on a un gouvernement qui veut réformer, ce qui est non seulement utile mais indispensable, mais qui semble perdre de vue le problème de l'Éducation Nationale dans sa globalité, dont l'enseignement supérieur n'est qu'une partie, solidaire de tout le reste, depuis la maternelle en passant par le secondaire.....
Or, les fondements mêmes de notre politique éducative sont faussés par l'idéologie. Il en résulte une pratique aberrante qui, aussi longtemps qu'on n'y aura pas porté remède, rendra vaines toutes les politiques et vains tous les espoirs de réforme. C'est d'abord à la base qu'il faut changer radicalement les choses, et après seulement que l'on pourra agir efficacement. Quel est "le" problème de l'Education en France? Tout simplement, c'est qu'il y a trop d'élèves dans les collèges, donc logiquement dans les lycées et pour finir dans les Universités. Et cela à cause de la domination d'utopies soi-disant généreuses, mais aboutissant dans les faits au contraire de ce qu'elles proclament.
"Trop d'élèves" cela signifie que, dans le système tel qu'il fonctionne actuellement, et après leurs quatorze ans, on institutionnalise le maintien à l'école du plus grand nombre de jeunes possibles, sous le faux prétexte de "leur donner leur chance". Mais leur chance de quoi? Quand on sait la proportion ahurissante d'enfants entrant en 6° sans maîtriser les "fondamentaux" (lecture, écriture, compréhension...); ou quittant l'école puis l'Université sans le moindre diplôme ni la moindre formation; on se rend bien compte qu'il ne s'agit plus du tout de "chance" mais de massacre!
Et un massacre dans lequel tout le monde est perdant: le jeune, l'économie, la France...Il vaudrait beaucoup mieux, à partir de leur quatorze ans, laisser en paix celles et ceux qui ne se sentent ni le goût ni les capacités de suivre des études théoriques longues; et leur permettre, en développant réellement et sérieusement l'apprentissage, d'acquérir rapidement une véritable formation, prélude à un véritable épanouissement personnel contrastant avec l'actuel échec scolaire de masse.
Nos voisins allemands l'ont bien compris, chez qui le nombre d'apprentis est très largement supérieur à ce qu'il est en France, pays dans lequel, par ailleurs, la proportion d'étudiants est la plus forte par rapport à ses voisins. Cette "masse" d'étudiants, s'ils étaient tous bien formés et brillants, seraient évidemment une chance pour la France. Mais avec l'échec scolaire, c'est un boulet qui démolit une part de notre jeunesse en la faisant douter d'elle-même et qui plombe nos finances, pour rien....ou pour un résultat largement négatif, ce qui est un comble!
Tant qu'on n'aura pas commencé par le commencement, et qu'on n'aura pas mieux dirigé ce tiers d'enfants que l'on oblige à rester dans les collèges, puis dans les lycées, puis dans les facultés, il ne servira à rien de tirer des plans sur la comète en vue d'améliorer le système: ce sont les bases mêmes de celui-ci qu'il faut assainir, avant toute chose.....
(1): la sélection, de toute façons est une loi de la vie; elle se fait forcément un jour ou l'autre, et plutôt que d'en faire un épouvantail il vaut mieux s'y préparer pour s'y adapter: si on refuse la sélection à l'école, on l'aura de toutes façons après l'école, par le chômage, mais on aura gaspillé des milliards et bousillé des milliers d'enfants et d'ados.....