La très lente agonie de la Belgique par Pierre de Meuse
Une nouvelle étape est venue s’ajouter à de nombreuses autres dans le processus de désagrégation de la Belgique. La Nouvelle Alliance flamande a remporté la majorité relative aux élections municipales d’Anvers, avec des résultats analogues dans toute la partie flamande. De fait, son chef Bart De Wever a su manœuvrer avec finesse en laissant les socialistes wallons porter seuls le poids de l’inertie, avec un gouvernement de coalition auquel il n’a pas voulu mettre les mains. L’étape suivante sera, si les élections législatives lui donnent la majorité, une fédéralisation de la loi de finances, qui laissera les wallons financer seuls leur système social dispendieux et gérer les conséquences de leur laxisme en matière d’immigration. Autant dire que l’Etat belge ne sera plus qu’un sac percé, qui perdra un peu de sa substance à chaque craquement de l’actualité.
Faut-il regretter cette évolution historique ? Elle est en tout cas prévisible depuis la fin des années 40, quand les flamands s’étaient prononcés dans leur grande majorité pour le soutien à Léopold III, donnant ainsi au roi le suffrage de la majorité des belges. Il dut abdiquer, cependant, sous la pression de la majorité des wallons, sensibles aux consignes des partis de gauche, et qui ne représentaient qu’une minorité du pays. Depuis, la monarchie s’est trouvée réduite à une fonction de plus en plus ténue, incapable de proposer un projet perceptible. Les néerlandophones ont ainsi pu constater qu’ils n’étaient qu’un peuple de seconde zone. Ils ont donc systématiquement, de réforme en réforme, enrayé la progression du français au détriment du flamand, plantant des barrières linguistiques tatillonnes, quelquefois mesquines, mais toujours efficaces. De leur côté, les wallons, de crainte de laisser s’aggraver leur position minoritaire, ont ouvert largement la partie francophone à l’immigration africaine. Une politique de Gribouille car le coût en prestations sociales est devenu insupportable. Avec la crise que connaît toute l’Europe, nous pourrions bien avoir dans l’est de la Belgique une situation « à la grecque », conduisant à une partition. Après la fin de la Yougoslavie et de la Tchécoslovaquie (créées en 1919), quand assisterons-nous à la fin de la Belgique, créée en 1830 ? Il est normal que le processus général d’effritement de l’Etat-nation en Europe s’attaque d’abord aux Etats les plus faibles, les plus artificiels. Cependant une tendance similaire est visible en Ecosse, et en Catalogne. Ce n’est pas impunément que les Etats décident d’abandonner leur souveraineté et de sortir de l’Histoire.