Lettre à Bigot, nouveau Tartuffe et vrai faux dévot
Citoyen député Dévot (euh, Bigot),
Nous avons entendu, avec surprise et un étonnement à mi-chemin entre l’interrogation et le fou rire, vos allitérations historiques et, nous sommes au regret d’avoir à vous le dire, idéologiques à la tribune de l’Assemblée Nationale. Dans un discours « enflammé », mais un peu surjoué, où Jaurès rencontra Tixier-Vignancourt et le « colonel » Fabien, vous vous êtes exclamé que « Les royalistes étaient avec les Prussiens au XIXème siècle » tout en enchaînant avec les fascistes qui étaient avec les Allemands en 1940 (Bravo, un point Godwin pour vous !) pour terminer par les zozos de la France bien soumise, selon vous parti de l’étranger.
Avant toute chose, on relèvera qu’effectivement, les zozos de la France bien soumise (et on sait « à qui ») sont effectivement une forme d’anti France et une émanation du parti de l’étranger. Si vous avez également raison quant aux fascistes en 1940 - et ce n’est pas le sujet vous l’aurez compris, on regrettera simplement l’amalgame avec « les royalistes » - vous avez, par cette invention historique d’une prétendue alliance entre les royalistes et les Prussiens commis un faute morale, politique et proféré une insulte par un mensonge aussi grotesque que minable.
Si Gros Léon avait vécu, il vous aurait provoqué en duel et vous aurait retourné votre caleçon pour reprendre une formule chère à feu Jean-Marie.
Le pire, citoyen député Bigot, c’est que vous êtes un homme d’une grande intelligence et d’une grande érudition ; d’où notre colère, notre indignation et le mépris que vos propos nous inspirent.
Les royalistes au XIXème siècle, citoyen député Bigot, étaient pour la plupart engagés chez les Zouaves Pontificaux.
Lors de la défaite de la France face à la Prusse, les troupes italiennes alliées des Prussiens décidèrent d’envahir ce qui restait des Etats Pontificaux.
Devinez qui commandait le Régiment des Zouaves ? Le neveu du Roi de la Vendée, Charette, devenu baron de La Contrie. Et l’on ne soupçonnera pas Charette d’être Prussien ou républicain…
Après les combats en Italie, Charette rentra en France et proposa ses services au gouvernement dit de « Défense Nationale » qui lui autorisa de créer un « Corps Franc » pour défendre la France et tenir le siège de Paris. Ce corps franc devint la Légion des Volontaires de l’Ouest.
Les royalistes, tous les royalistes, profondément catholiques, qu’ils fussent « orléanistes », « légitimistes », « providentialistes » ou autres étaient tous derrière cette Légion constituée pour défendre le territoire national face à l’envahisseur prussien.
En mentant de cette façon, vous avez insulté la mémoire des défunts, piétiné le sacrifice des engagés militaires, des civils, des militants. En mentant comme vous avez menti, vous avez insulté et humilié les familles, leurs descendants, leurs représentants. Nombre d’entre eux pourraient vous parler de leurs aïeux décorés de la Légion d’Honneur pour services rendus au pays, qu’ils fussent d’ordre civil ou militaire.
Nous vous rappelons, citoyen député Bigot, que Charles Maurras grandit dans les douleurs et le traumatisme de la défaite de 1870. C’est ce traumatisme qui fut l’anti germanisme fondateur de l’Action française. Nous vous rappelons que Jacques Bainville démontra que la Prusse, fabrication purement politique et idéologique comme votre république jacobine, devint le pire ennemi de la France issue de l’oeuvre de ses quarante Rois.
Ce que vous avez osé dire, osé faire, Monsieur Bigot, est pire qu’un affront.
Nous exigeons des excuses, que nous n’aurons jamais dans la mesure où vous êtes manifestement ce type d’homme qui préfère démontrer qu’il n’a aucune dignité, préférant la soupe quitte à alimenter des éléments de langage prompts à vous fabriquer un succès de saltimbanque mensonger…Et passager.
La Rédaction
