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Feuilleton : Son "érudition intelligente" fait "des lecteurs reconnaissants" : Jacques Bainville... (114)

 

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 (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

Illustration : portrait de Jacques Bainville par Marie-Lucas Robiquet; couverture du "Jacques Bainville, La Monarchie des Lettres, Histoire, Politique et Littérature", Édition établie et présentée par Christophe Dickès, Bouquins, Robert Laffont (1.149 pages).

Aujourd'hui : Pour Marcel Proust, lire L'Action française est "une cure d'altitude mentale"; et Bainville "explique" l'Action française (force et faiblesse)...

 

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Durant trente ans, à la "Une" de l'AF...

Pour Marcel Proust, lire L'Action française est "une cure d'altitude mentale"...

Portrait de Marcel Proust, par Jacques-Émile Blanche, Musée d'Orsay.

 

Ce que fut pendant 28 ans la "Une " de l'Action française, réunissant ces "trois talents ne formant qu'un esprit, dont le bel art réjouissait la France", Marcel Proust l'a expliqué :

"...Ne pouvant plus lire qu'un journal, je lis, au lieu de ceux d'autrefois, L'Action française.
Je peux dire qu'en cela je ne suis pas sans mérite.
La pensée de ce qu'un homme pouvait souffrir m'ayant jadis rendu dreyfusard, on peut imaginer que la lecture d'une "feuille" infiniment plus cruelle que Le Figaro et Les Débats desquels je me contentais jadis, me donne souvent comme les premières atteintes d'une maladie de coeur.
Mais dans quel autre journal le portique est-il décoré à fresque par Saint-Simon lui-même, j'entends par Léon Daudet ?
Plus loin, verticale, unique en son cristal infrangible, me conduit infailliblement à travers le désert de la politique extérieure, la colonne lumineuse de Bainville. Que Maurras, qui semble détenir aujourd'hui le record de la hauteur, donne sur Lamartine une indication géniale, et c'est pour nous mieux qu'un voyage en avion, une cure d'altitude mentale..."
(Marcel Proust, "Un esprit et un génie innombrables : Léon Daudet", La Pléiade, Essais et articles, page 603.)

 

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Bainville parle de la méthode de L'Action française...

Bonne méthode, justes idées....

 

... puis pointe sa "faiblesse" :

Bainvillle explique "la faiblesse de l'AF"....

... puis, évoquant un mot de Barrès, Bainvillle explique la vraie "faiblesse" de l'AF"...

 

Nombreux sont ceux, amis et adversaires, qui se sont interrogés sur les raisons pour lesquelles l’Action française, malgré une œuvre immense, malgré les talents exceptionnels et les extraordinaires dévouements qu’elle a réunis, n’a pourtant pas réussi, selon l’expression toute simple que Boutang utilisait, à « faire le Roi ».
Mais le Comte de Paris - qui avait rompu avec l’Action française aux alentours de 1936 - n’y a pas réussi davantage, ce qui, d’ailleurs, élargit l’interrogation bien au-delà de l’Action française ..
Certains se souviendront que dès l’Enquête sur la Monarchie, qui ouvre le XXème siècle, puisqu’elle est datée de l’année 1900, Barrès avait opposé à Maurras une objection de principe, radicale, qui tenait à l’esprit public de cette période :
« Vous ne réussirez pas parce que vous n’avez pas avec vous les puissances du sentiment ».
Elles étaient, à l’époque, en grande partie, bonapartistes, républicaines ou, comme on disait alors « poignardes ».
Barrès en était lui-même imprégné.
On pourrait s’interroger, d’ailleurs, sur ce qu’elles sont devenues aujourd’hui, si tant est qu’il en existe encore de convenables ...
Curieusement, quelques vingt-cinq ans plus tard, dans son "Cahier pour moi" (publié par Dickès, dans son Bainville, la Monarchie des Lettres, page 1106), Bainville reprend lui aussi le problème que Barrès avait posé et, avec la clarté et la concision qui le caractérisent, il lui oppose, à son tour, un point de vue bien différent, sur lequel, nous aussi, aujourd’hui, pourrions réfléchir. Voici la réflexion qu’il se fait à et pour lui-même, puisque ces notes n’étaient pas destinées à être publiées :


"Principalement, la faiblesse de l’AF n’est pas, comme le croyait Barrès, de ne s’adresser qu’à la raison et de ne pas tenir compte des puissances des sentiments. C’est de ne s’adresser qu’aux sentiments nobles, désintéressés, à l’amour du bien public, à la vertu."


Par là, Bainville retrouvait son propre stoïcisme…
Cette définition du maurrassisme et, en ce sens, de sa faiblesse n’a guère été mise en avant.
On lui a préféré la plupart du temps la caricature ou le rejet. Bainville savait de quoi il parlait : il a passé près de quarante ans à l’Action française….
Reste le problème qu’il pose, qui se pose plus encore en notre temps qu’au sien :
« ne s’adresser qu’aux sentiments nobles, désintéressés, à l’amour du bien public, à la vertu » est-ce une faiblesse pour l’éternité ?
Ce n’est pas si sûr...

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