Feuilleton : Son "érudition intelligente" fait "des lecteurs reconnaissants" : Jacques Bainville... (89)
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Illustration : portrait de Jacques Bainville par Marie-Lucas Robiquet; couverture du "Jacques Bainville, La Monarchie des Lettres, Histoire, Politique et Littérature", Édition établie et présentée par Christophe Dickès, Bouquins, Robert Laffont (1.149 pages).
Aujourd'hui : Le dernier livre de Jacques Bainville... et, en 1937, la Parution des "Lectures"...
Le dernier livre de Jacques Bainville...
"Les moments décisifs de l'Histoire de France", tel est "sans doute le dernier ouvrage du regretté Jacques Bainville", comme l'écrit Maurice Donnay, de l'Académie française, dans le court Avant-propos qu'il donne à ce très court ouvrage : très court, car il ne se se compose que de sept très brefs chapitres, illustrés chacun par une aquarelle de Georges Scott.
Voici les sept "moments décisifs" retenus par Bainville :
Chapitre I : La Gaule Romaine.
Chapitre II : La Chance des Capétiens.
Chapitre III : L'ouvrage de Jeanne d'Arc.
Chapitre IV : Le dévouement de Henri III.
Chapitre V. : La Vérité sur le Siècle de Louis XIV.
Chapitre VI : Louis XVI, auteur de la Révolution.
Chapitre VII : La Révolution et la Belgique.
Chapitre VIII : La scission de 1830.
Il s'agit donc d'une plaquette, publiée immédiatement après la mort de Bainville, devenue rarissime, voire quasiment introuvable, et, de ce fait, d'un document d'archive.
1937 : Parution des "Lectures"...
1. De Charles Maurras :
"...Ce premier livre posthume, si beau et surtout si neuf, doit en faire prévoir beaucoup d'autres, pareils et différents...
C'est en 1929, pour sa chère Revue universelle, qu'à la manière des professeurs de notre Moyen âge, Bainville a inventé de se faire "lecteur" et de publier, chaque mois, en alternant avec Massis, l'impression qu'il avait de ces grandes "lectures", qu'il faisait à longs traits...
...De ressemblances approfondies en contrastes inattendus, ce Bainville inespéré se développe et se complète d'une page à l'autre. La matière est multiforme. Comme il est né Protée, elle l'aide à varier la métamorphose.
Le beau livre ! Et le grand esprit !..."
(Charles Maurras).
2. (in Le souvenir de Jacques Bainville, Plon, 1936 - Lectures, par Geneviève Ruxton :
"... Les Lectures de Bainville paraissaient le 1er de chaque mois, et l'on peut y suivre jusqu'à la fin ses préoccupations. En janvier 1935, à propos d'un choix d'articles de Carrel, il écrit :
"La position de Carrel était faible (ceci à propos du talent et des idées politiques de Victor Hugo); aussi ne l'eût-il pas gardée et il eût, s'il eût vécu, probablement changé d'opinion littéraire, à moins qu'il n'eût changé d'opinion politique, ce qui pouvait très bien comme à d'autres lui arriver - preuve que l'on ne doit pas avoir des opinions, mais des idées et, si l'on peut, une doctrine."
Au mois de septembre, dans les allées de son jardin où se limitaient maintenant ses promenades, Bainville l'historien, "attaché lui aussi au labeur de la presse", reprend sa méditation et goûte une fois de plus la sécurité, la liberté d'être passé de l'ordre des opinions à celui des idées, et d'avoir, jeune, possédé une doctrine - cette doctrine maurrassienne, assise de sa pensée, de sa vie tout entière.
Le 1er novembre, parlant de l'incertitude, de la fragilité et surtout de la vanité des opinions, il terminait ainsi :
"Il faudrait écrire un petit traité qui pourrait s'intituler : À quoi les opinions tiennent-elles ?..."