Feuilleton : Son "érudition intelligente" fait "des lecteurs reconnaissants" : Jacques Bainville... (73)
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Illustration : portrait de Jacques Bainville par Marie-Lucas Robiquet; couverture du "Jacques Bainville, La Monarchie des Lettres, Histoire, Politique et Littérature", Édition établie et présentée par Christophe Dickès, Bouquins, Robert Laffont (1.149 pages).
Aujourd'hui : 1933 : Histoire de deux peuples, continuée jusqu'à Hitler...
1933 : Histoire de deux peuples, continuée jusqu'à Hitler
On l'a vu plus haut : c'est en 1915, en pleine guerre, que Bainville fait paraître son "Histoire de deux peuples : la France et l'Empire allemand".
En 1933, il en propose une édition augmentée, et continuée, "jusqu'à Hitler".
En fait, il reprendra tel quel son ouvrage, sans y changer un seul mot :
• sauf les six lignes du dernier paragraphe de l'Avant-propos, remplacées par celles que l'on pourra lire ci-après;
• et sauf le titre du sixième chapitre, qui, de "Causes générales de la guerre de 1914" devient "La catastrophe");
• et en ajoutant simplement un septième chapitre : "Le réveil de la Walkyrie" (qu'on lira in extenso dans l'épisode suivant).
Bainville donne pour titre à cette "reprise "augmentée d'un chapitre": "Histoire de deux peuples, continuée jusqu'à Hitler".
Et le sommaire définitif de ces "deux livres en un" s'établit donc maintenant ainsi :
• Chapitre I : La monarchie héréditaire des Capétiens et l'anarchie allemande
• Chapitre II : Les traités de Westphalie : l'anarchie allemande organisée et la sécurité de la France garantie
• Chapitre III : La France entre la Prusse et l'Autriche
• Chapitre IV : La Révolution et l'Empire préparent l'unité allemande
• Chapitre V : "La politique que le peuple élaborait depuis 1815" nous conduit à Sedan
• Chapitre VI : La catastrophe
• Chapitre VII : Le réveil de la Walkyrie
En voici tout d'abord l'Avant-propos, identique à celui que l'on a pu lire plus haut, sauf les six dernières lignes :
Avant-propos de l’auteur, avril 1915-1933
Ce livre est, en somme, une histoire à grands traits de notre pays.
Quand on étudie les rapports de la France avec le reste de l'Europe, on s'aperçoit que la plus grande tâche du peuple français lui a été imposée par le voisinage de la race germanique. Avec nos autres voisins, Anglais, Espagnols, Italiens, s'il y a eu des conflits, il y a eu aussi des trêves durables, de longues périodes d'accord, de sécurité et de confiance. La France est le plus sociable de tous les peuples. Il le faut bien pour qu'à certains moments nous ayons eu, et assez longtemps, l'Allemagne elle-même dans notre alliance et dans notre amitié. Il est vrai que c'était après l'avoir vaincue. Il est vrai que c'était après de longs efforts, de durs travaux qui nous avaient permis de lui retirer, avec la puissance politique, les moyens de nuire. Car le peuple allemand est le seul dont la France ait toujours dû s'occuper, le seul qu'elle ait toujours eu besoin de tenir sous sa surveillance.
Une idée domine ce livre. Nous pouvons même dire qu'elle nous a obsédé tandis que nous écrivions ces pages sous leur forme première.
Le sol de la France était occupé par l'ennemi qui se tenait, dans ses tranchées, à quatre-vingts kilomètres de la capitale. Lille, Mézières, Saint-Quentin, Laon, vingt autres de nos villes étaient aux mains des Allemands. Guillaume II célébrait son anniversaire dans une église de village français. Tous les jours, Reims ou Soissons étaient bombardées. Tous les jours un frère, un ami tombait. « Fallait-il que nous revissions cela », disaient les vieillards qui se souvenaient de 1870. Deux invasions en moins d'un demi-siècle ! Comment ? Pourquoi ? Était-ce l'oeuvre du hasard ou bien une fatalité veut-elle que, tous les quarante-quatre ans, l'Allemagne se rue sur la France ?
Lorsqu'on se pose ces questions, la curiosité historique est éveillée. La réflexion l'est aussi...
En suivant la chaîne des temps, nous suivions la chaîne des responsabilités et des causes. Comme nous sommes liés les uns aux autres ! Comme il est vrai, selon le mot d'Auguste Comte, que les vivants sont gouvernés par les morts ! Tour à tour, les Français ont recueilli le fruit de la sagesse de leurs devanciers et souffert de leurs erreurs. Nous n'échappons pas à cette loi de dépendance. Comprenons du moins comment elle agit , c'est l'objet de cet ouvrage.
Nous n'avons eu qu'à continuer l'histoire des deux peuples jusqu'à la date où nous sommes aujourd'hui pour qu'on vît encore que toutes les fautes se payent et que les plus graves tiennent aux idées. Sur l'Allemagne, on a commis méprise sur méprise. Le bilan, pour le passé, en est tragique. Quel sera celui de l'avenir ?
J. B.
Avril 1915-Avril 1933.
Dans l'épisode suivant, Bainville va remonter à la source de tous les maux : le calamiteux Traité de Versailles. Pour en savoir un peu plus sur ce calamiteux Traité, et sur cet Armistice funeste, signa 10 jours trop tôt (10 jours !...), on pourra se reporter à ces trois numéros de L'Action française, placés dans notre série des "Grandes "Une" de L'Action française" :
• numéro du 12 Novembre 1918 :
Grandes "Une" de L'Action française : 11 Novembre 1918, l'Armistice est signé !...
• numéro du 14 Novembre 1918 :
• numéro du 30 Juin 1919 :
Grandes "Une" de L'Action française : 29 juin 1919, signature du calamiteux Traité de Versailles...