Feuilleton : "Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu"... : Léon Daudet ! (167)
(retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)
Aujourd'hui : Rue du Bac, Chapelle des Missions étrangères...
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ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...
De Paris Vécu, 2ème Série, Rive gauche, pages 131/132 :
"...Étant député de Paris, j'ai assisté rue du Bac, à la Chapelle des Missions, au spectacle prodigieusement émouvant d'un départ de Pères, pour les terres, lointaines et cruelles, où les attendent les maux les plus divers et parfois les supplices les plus atroces.
Car il arrive que les sauvages dépassent encore en férocité les prétendus civilisés.
La fermeté de ces jeunes visages, la flamme spirituelle des regards, l'enthousiasme de la foi, la cruauté de la séparation, l'acceptation brûlante du martyre, creusant les physionomies comme la soif, l'expression de grandeur et de bonté du Supérieur de l'auguste maison, tout cela composait une atmosphère à la fois certaine et frémissante, entre saint Thomas et Pascal.
Les prières, les chants, l'embrassement de "ces pieds si beaux", qui vont porter l'apostolat aux extrémités de l'univers, vous brisaient le coeur dans la poitrine.
Nulle part, comme là, n'est sensible cette "dévotion à la Croix", qui donne son titre à la plus belle pièce du grand Calderon.
Ces âmes magnifiques des missionnaires rachètent le torrent de lâchetés et de stupres qui composent la vie politique d'une démocratie, ce que j'appelle la remontée de la lie dans la bouteille..."