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En Bretagne, l'hommage au "Colonel Armand", Marquis de la Rouërie...

En dépit d’une circulation difficile, l'Hommage au Marquis de La Rouërie s’est tenu ce mardi 30 janvier à la Guyomarais, paroisse de Saint-Denoual, où il repose.

Les participants étaient accompagnés  par trois sonneurs du Bagad de La Richardais auxquels s’était joint à la bombarde Jocelyne LE GOFFIC, de la famille du grand Charles LE GOFFIC.

A noter cette année la présence, en éclaireur, d’un représentant de la Mémoire de la Chouannerie Normande, particulièrement active depuis l’an passé.

Bref une belle matinée, un bel endroit, une belle musique, un bel hommage.

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Évocation du Marquis...

 

Deux citations :

L’Espérance : « Je mets quelque chose au-dessus d’elle c’est la mémoire, la sainte et grande mémoire d’un beau passé, quand il est plein de gloire et fort de vertu, car c’est avec lui que l’on fabrique un avenir solide, et des races vivaces. » Charles Maurras

 « Le souvenir porte en soi une vitalité supérieure, et nous ramène à cette notion suprême : la chaîne, dont nous ne sommes qu’un maillon » Jean de la Varende

En rendant hommage au Marquis de la Rouërie nous rendons mémoire à nos racines, nous nous inscrivons dans une continuité, nous témoignons de notre confiance en notre avenir.

Oui le Marquis ne sera pas oublié en Bretagne.

LA JEUNESSE :

Il est né le 13 Avril 1750 au Château de la Rouërie ,près de Fougères.

A 17 ans il mène à Paris une belle jeunesse : Officier aux Gardes Françaises, il se passionne pour les femmes, les fleurs, la danse. Une querelle avec le Comte de Bourbon-Busset, cousin du roi, un duel, et le voilà parti pour l’Amérique.

L’AMERIQUE :

Il y arrive en avril 1777 (deux mois de traversée) et se présente au Congrès afin d’offrir ses compétences.

Il prend le commandement d’une légion franche et y combat sous le nom de Colonel Armand. Il y devient célèbre par son courage et sa capacité.

Plus tard au printemps 1778 il formera un régiment de chasseurs libres et indépendants composé de 452 soldats et 14 officiers sous ses ordres.

Il sera décoré de la croix de Saint-Louis  le 15 MAI 1781.

Il participera à de nombreux combats dont la bataille de Yorktown, avec intelligence, vigilance et bravoure. Il sera distingué de La Fayette et du Général Washington. En Avril 1783 il fut promu brigadier Général.

Il rentre en France au printemps 1784, décoré de la croix de Cincinnatus. Avec lui son compagnon, le Major Schafner qui ne le quittera plus.

LA BRETAGNE :

Il s’installe en Bretagne à Fougères ou en son château de la Rouërie et épouse le 22 DECEMBRE 1785 Louise Charlotte de Saint-Brice. Sa jeune épouse tombe malade trois mois après son mariage. Elle s’éteindra le 18 JUILLET 1786.

Les réformes judiciaires du 8 MAI 1788  retirant aux Parlements l’enregistrement des Ordonnances et Edits au profit d’une Cour plénière mirent la Bretagne en ébullition. Les Etats de Bretagne, le Parlement de Rennes

protestèrent au nom du contrat d’union du Duché de Bretagne avec le Royaume de France dans le cadre du mariage du roi Louis XII et de la duchesse Anne.

Le marquis participa à ces protestations à Rennes et fit partie de la délégation envoyée à Versailles pour réclamer le maintien de la vieille constitution bretonne.

La délégation ne fut pas reçue par le roi…

L’abandon de la réforme judiciaire, la victoire des Parlements vit le retour en Bretagne du Marquis en héros. Victoire bien néfaste au Royaume de France et au Duché de Bretagne puisqu’en bloquant les réformes voulues par Louis XVI et en paralysant l’Etat, elle a précipité la France dans la spirale infernale de la Révolution.

LA REVOLUTION :

Sans qu’il soit besoin de rentrer dans une évocation précise du déroulement de la Révolution, il ne fait aucun doute  qu’il ne pouvait accepter :

-que les droits et coutumes propres à la Bretagne soient abolis pendant la nuit du 4 AOUT 1789 « Bretons ! vous devez recouvrer vos anciennes franchises et vos anciens droits, rempart de votre liberté. » estimant que les députés n’avaient reçu aucun mandat pour une telle décision.

-que les exactions, pillages, violences et meurtres s’y développent impunément dans la société.

-que le roi et sa famille soient conduits quasiment de force à Paris le 6 OCTOBRE 1789 après l’attaque du Palais de Versailles et soit dès lors placé sous contrôle, surveillance, tutelle et pour finir otage de la révolution.

Sans parler de la constitution civile du clergé dans une province particulièrement religieuse , de l’explosion des impôts et de l’aggravation de la misère publique.

Bref, le Marquis dès 1791 organise la résistance sur place.

L’ASSOCIATION BRETONNE :

D’un voyage à Coblence et Ulm, le Marquis obtient l’appui du Comte d’Artois pour la création de l’Association Bretonne. Un manifeste du 5 DECEMBRE 1791 en définit la raison :

Restauration des libertés bretonnes,

Restauration de la souveraineté du Roi,

Acceptation de la constitution du 3 SEPTEMBRE 1791 et de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen .

Acceptation du principe qui en découle que la loi est l’expression de la volonté générale et que tous les citoyens ont le droit de concourir personnellement à sa formation.

Une organisation secrète est mise en place.  

Objectif : recruter des hommes, collecter des fonds, constituer un arsenal.

Au printemps de 1792, le Marquis est prêt à entrer en campagne. Il reçoit des Princes à Coblence une Commission lui donnant le commandement de toute la province et ordonnant à tous de lui obéir comme au roi lui-même.

Une assemblée générale de l’association se réunit le 27 MAI 1792 au Château de la Rouërie.

Puis le Marquis entra en clandestinité.

L’insurrection de la Bretagne était prévue à la prise de Chalon par les armées alliées et émigrées afin de prendre Paris en étau. Valmy le 20 SEPTEMBRE 1792 sonna la fin de ce projet. Il fut décidé de reporter l’entrée en campagne au mois de MARS 1793. Mais le Marquis dont la tête était mise à prix refusa de partir à Jersey et accompagné de deux compagnons, LOISEL dit FRICANDEAU et SAINT-PIERRE il s’enfonça dans les profondeurs de la Bretagne.

CHATEAU DE LA GUYOMARAIS

Le 12/01/93 à 1h00 du matin ils arrivent à la GUYOMARAIS.

Ils sont trempés et le Marquis est blessé, suite d’une chute de son cheval.

Nous avons relaté les années passées, au jour le jour, la maladie de SAINT-PIERRE, puis celle du MARQUIS, les soins qui lui ont été prodigués par M. et Mme DE LA GUYOMARAIS et par les Docteurs TABURET, MOREL et LEMASSON.

Nous rappellerons qu’en apprenant la mort du roi, il succombera à une fièvre cérébrale dans la nuit du 29 au 30 JANVIER 1793.

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L’INHUMATION DANS LE PETIT BOIS DU VIEUX SEMIS

Le 30/01993,LE Marquis est inhumé dans une fosse creusée dans le PETIT BOIS DU VIEUX SEMIS par M. THEBAULT de la CHAUVINAIS assistée de François PERRIN

Le 31/01/93, un acte fut dressé de la mort du Marquis :

« Nous, soussignés, Joseph de la Motte de la Guyomarais, Georges de Fontevieux, Chafner, major américain, Masson médecin, certifions qu’Armand-Charles Tuffin, Marquis de La Royrie, est mort à la Guyomarais dans la nuit du 29 au 30 janvier 1793, à 4h00 du matin, âgé de 44 ans.

Le 30, vers les 10 à 11h00 du soir, son corps a été déposé dans le petit bois du Vieux Semis,  en face du jardin de la Guyomarais.

Pour reconnaître l’endroit, il est placé au milieu de 4 chênes. En face du 4ème, sur la fosse, on a planté un houx, afin de pouvoir un jour transporter ses restes dans l’enfeu de la famille de La Guyomarais ou ailleurs.

La Guyomarais le 31/01/1793.

Signé Guyomarais, Fontevieux, Chafner, Masson ». 

L’acte est placé dans une bouteille enfouie au pied d’un chênes sur la lisière de La Hunaudaye.

Il fut trouvé par hasard en 1835.

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L’année 2023 a vu la parution de quatre ouvrages consacrés en tout ou partie au Marquis de La Rouërie :

Un roman historique de François-Xavier LEFRANC titré JE BOIRAI MON SANG, Armand de La Rouërie rebelle en Haute Bretagne et jusqu’en Amérique. Il dresse le portrait intime d’un jeune homme aux vertus de générosité, d’indépendance, tourné vers les autres, entretenant des relations conflictuelles avec sa mère mais proche de son oncle et de son grand-père. Témoignant très tôt de dispositions au commandement. L’essentiel du roman est consacré à la jeunesse, à l’Amérique, aux évènements prérévolutionnaires en Bretagne. La description des contradictions traversant la société française à la fin du XVIIIème siècle est évoquée de façon pertinente . L’épisode se situe au moment de l’élection des représentants aux Etats Généraux en Bretagne :

« La situation bouleversait La Rouërie. Après avoir combattu en Amérique aux côtés des insurgés, comment aurait-il pu ignorer cette aspiration à plus d’égalité ?  il voyait également la vielle noblesse vaciller, le souverain trembler, et le combat pour les libertés bretonnes s’effacer au profit d’un autre : celui du peuple contre les privilégiés. S’il comprenait les appels à l’égalité, s’il s’était toujours élevé contre le mérite à la seule naissance, il sentait monter dans le pays une vague sourde et incontrôlable. Il prôna vainement le réconciliation, notamment auprès de Moreau et de ses jeunes compagnons. Ceux-ci lui tournèrent le dos. Un monde s’écroulait. »

Un guide historique et touristique de Olivier PAGE titré DANS LES PAS DE LA ROUERIE, un routard sur les traces du marquis. Il s’agit de l’itinéraire du Marquis, de Fougères où il est né en 1751 jusqu’en ces lieux où il est mort en 1793 dans la Bretagne qu’il a sillonné au cours de sa vie et dans les derniers mois de son existence traqué par toutes les polices de la Révolution.

C’est un bel ouvrage élégant par ses photographies des lieux, des demeures , des jardins, du mobilier… des familles qui perpétuent cet héritage et qui témoignent de la résilience d’un art de vivre à la française.

On y trouve une biographie fidèle du Marquis de la Rouërie, les principaux repères historiques de la Révolution, des anecdotes.

Egalement des bonnes adresses si vous souhaitez suivre le Marquis sur les routes de son dernier voyage.

« Comme toutes les dames de la noblesse de l’époque, Thérèse de Moëlien devait surement avoir une miniature représentant son portrait. Chateaubriand qui l’avait rencontrée dit qu’elle était très belle : Je n’avais encore vu la beauté qu’au milieu de ma famille ; je restai confondu en l’apercevant sur le visage d’une femme étrangère »

Une bande dessinée de MANKHO et Thierry JIGOUREL titrée COLONEL ARMAND, de Washington à l’armée des Chouans. En une petite cinquantaine de pages MANKHO et JIGOUREL nous content la vie du Marquis de son arrivée en Amérique jusqu’à la profanation de sa sépulture en ces lieux le 25 février 1793. La biographie fidèle s’insère parfaitement dans le contexte historique et particulièrement dans celui de l’engagement du Marquis en faveur des libertés bretonnes.

Ainsi à propos de la suppression des privilèges des provinces dans la nuit du 4 aout 1789 que les députés bretons ont voté sous réserve de l’approbation des Etats de Bretagne, supprimés dans la foulée . l’épisode se situe à Paris, Assemblée Nationale, Salle du Manège, le 9 janvier 1790 deux mois après la suppression unilatérale des institutions nationales des Bretons :

« Monsieur l’Abbé vous avez la parole.

Monsieur de Mirabeau, ce que vous dénoncez comme crime de lèse-nation n’est que la défense des termes d’un traité passé entre deux nations souveraines.

La province de Bretagne jouit par sa constitution du droit de consentir dans ses Etats la loi, l’impôt et tous les changements relatifs à l’administration de la justice.

Lors de la nuit du 4 aout, les députés de la Bretagne nous ont déclaré qu’ils étaient sans pouvoir pour faire un tel sacrifice au nom de leurs commettants .

Et la défense que vous avez faite aux provinces de s’assembler n’a pas encore permis à la Bretagne de délibérer sur cette renonciation.

Ainsi je déclare que la Bretagne est libre puisque votre assemblée a violé les conditions du traité qui l’a unie à la Couronne »

 C’est le moment  d’apporter  quelques précisions sur ces fameuses « libertés bretonnes » au moment même de leur disparition le 4 aout 1789 :

Trois institutions :

Le Parlement qui siège à Rennes. Il est la Cour de Justice qui juge en Appel les jugements des juridictions du premier degré, il est également une juridiction administrative  avec des compétences réglementaires, enfin il enregistre les édits et règlements royaux, préalable à leur application en Bretagne. Cette troisième compétence lui confère un droit de remontrance à l’égard du roi.

Les Etats de Bretagne sont constitués des trois Ordres réunis sur convocation du roi, chaque année ou tous les deux ans. Aucune imposition nouvelle ne peut être instaurée en Bretagne sans leur accord.

La Commission Intermédiaire des Etats composée de six membres est l’émanation des Etats. A la veille de la révolution elle gère tous les grands services publics : surveillance des travaux, levée des impôts… Bref la Bretagne s’administre elle-même.

Ces « libertés bretonnes » ne sont donc nullement un phantasme mais bien réelles.

Je vous livre la conclusion de Thierry JIGOUREL :

«Ainsi s’achève tragiquement l’épisode glorieux de l’Association Bretonne, mise sur pied par Armand Tuffin de La Rouërie, pour restituer à la Bretagne ses institutions nationales et établir une monarchie constitutionnelle… 

Mais en Mars 1793, les paysans ralliés par la petite noblesse, le bas clergé et, par endroits la classe ouvrière, s’insurgent contre une république de bourgeois et de robins devenue tyrannique. Qualifiés vite de CHOUANS, ils tiendront le pays durant plus d’une décennie. »          

 

Enfin le dernier ouvrage est une réédition revue et enrichie du magazine BRETONS titrée LA BRETAGNE CONTRE LA REVOLUTION de Maiwenn RAYNAUDON-KERZERHO et Didier LE CORRE.

Dans un long article on présente la biographie du Marquis :

« La vie du jeune marquis, mort en 1793 à 42 ans, est de celles qu’on imagine n’avoir existé que dans les romans. »

Il est présenté comme flamboyant, son tempérament est bouillant, brave jusqu’à la témérité, enthousiaste, chevaleresque, imprudent voire naïf, mais loyal, sans réserve, à son pays, à son roi, comme il le sera à Washington .

Plus loin : « Mais la Révolution le fera définitivement entrer en résistance. Pourtant, ayant combattu aux Etats Unis, passionné de philosophie, La Rouërie ne semble pas indifférent au désir démocratique. Comment expliquer ce basculement dans le camp contre-révolutionnaire ? »

Et l’explication qui nous est donnée est la suivante :

« C’est un aristocrate des Lumières : un militaire de carrière, un bel esprit, un séducteur, un querelleur, un bretteur. Il est cultivé, féru de philosophie et de magnétisme. Et également séduit par les idées de liberté. Mais tout cela c’est très mondain ! après, quand on se rend compte de ce que la Révolution implique concrètement, tout change… »  

C’est aller bien vite en besogne et considérer comme négligeables la violation des libertés bretonnes, la persécution révolutionnaire contre la liberté de culte, les exactions, pillages et meurtres survenus dès le début de la révolution, les pressions et violences de toutes sortes exercées contre le roi et pour finir son renversement par un coup de force sanglant au mépris de la constitution du 3 SEPTEMBRE 1791 et qui ignore la singulière personnalité du Marquis de La Rouërie à qui nous rendons ce jour hommage.

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