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Feuilleton : Chateaubriand, "l'enchanteur" royaliste... (10)

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Anne-Louis Girodet, Portrait de Chateaubriand,
Saint-Malo, musée d’Histoire de la Ville et du Pays Malouin.

(retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

Aujourd'hui : "penser" contre les Encyclopédistes...

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"...Il serait impossible d’entrer dans le détail de la philosophie des encyclopédistes; la plupart sont déjà oubliés, et il ne reste d’eux que la Révolution française.
Traiter de leurs livres n’est pas plus facile; ils n’y ont point exposé de systèmes complets.
Nous voyons seulement, par plusieurs ouvrages de Diderot, qu’il admettait le plus pur athéisme, sans en apporter que de mauvaises raisons.
Voltaire n’entendait rien en métaphysique : il rit, fait de beaux vers, et distille l’immoralité.
Ceux qui se rapprochent encore plus de nous ne sont guère plus forts en raisonnement.
Helvétius a écrit des livres d’enfants, remplis de sophismes que le moindre grimaud de collège pourrait réfuter.
J’éviterai de parler de Condillac et de Mably, je ne dis pas de Jean-Jacques et de Montesquieu, deux hommes d’une trempe supérieure aux encyclopédistes.

Quel fut donc l’esprit de cette secte ? La destruction.


Détruire, voilà leur but; détruire, leur argument. Que voulaient-ils mettre à la place des choses présentes ? Rien. C’était une rage contre les institutions de leur pays, qui, à la vérité, n’étaient pas excellentes; mais enfin quiconque renverse doit rétablir, et c’est la chose difficile, la chose qui doit nous mettre en garde contre les innovations.
C’est un effet de notre faiblesse que les vérités négatives sont à la portée de tout le monde, tandis que les raisons positives ne se découvrent qu’aux grands hommes.
Un sot vous dira aisément une bonne raison contre, presque jamais une bonne raison pour.

Ayant à parler ailleurs des encyclopédistes, je finirai ici leur article, après avoir remarqué que, si l’on trouve que je parle trop durement de ces savants, estimables à beaucoup d’autres égards, moi aussi je leur rends justice de ce côté-là.
Mais j’en appelle à tout homme impartial : qu’ont-ils produit ? Dois-je me passionner pour leur athéisme ? Newton, Locke, Bacon, Grotius, étaient-ils des esprits faibles, inférieurs à l’auteur de Jacques le Fataliste, à celui des Contes de mon Cousin Vadé ? N’entendaient-ils rien en morale, en physique, en métaphysique, en politique ? J.-J. Rousseau était-il une petite âme ? Eh bien, tous croyaient au Dieu de leur patrie, tous prêchaient religion et vertu. D’ailleurs, il y a une réflexion désolante : était-ce bien l’opinion intime de leur conscience que les encyclopédistes publiaient ?
Les hommes sont si vains, si faibles, que souvent l’envie de faire du bruit les fait avancer des choses dont ils ne possèdent pas la conviction; et après tout je ne sais si un homme est parfaitement sûr de ce qu’il pense réellement..."

(Essai sur les révolutions, Chapitre XXV, Les Encyclopédistes, 1797)

 

En septembre 1819, Chateaubriand fit paraître un petit ouvrage, assez peu connu de nos jours, intitulé De la Vendée, et dont, les premières lignes sont les suivantes :

"L'ancienne constitution de la France fut attaquée par la tyrannie de Louis XI, affaiblie  par le goût des arts et les mœurs voluptueuses des Valois, détériorée sous les premiers  Bourbons par la réforme religieuse et les guerres civiles, terrassée par le génie de  Richelieu, enchaînée par la grandeur de Louis XIV, détruite enfin par la corruption de  la régence et de la philosophie du XVIIIe siècle.  
La révolution était achevée lorsqu'elle éclata : c'est une erreur de croire qu'elle a  renversé la monarchie ; elle n'a fait qu'en disperser les ruines, vérité prouvée par le peu  de résistance qu'a rencontré la révolution. On a tué qui on a voulu ; on a commis sans  efforts les crimes les plus violents ; parce qu'il n'y avait rien d'existant en effet, et qu'on  opérait sur une société morte..."

 

Si l'on n'est pas obligé d'accepter la totalité de l'analyse de Chateaubriand, dans son premier paragraphe, et sa vindicte surprenante, s'étendant de Louis XI à Louis XIV, sa dernière affirmation sur "la philosophie du XVIIIème siècle", elle, ne fait aucun doute.

En 1837, Balzac ne jugera pas autrement. Dans un petit ouvrage également, et également peu connu de nos jours, Rois de France, il a analysé avec justesse les méfaits et les ravages de ce qu'il appelle, à bon droit, "la secte" des Encyclopédistes.

 

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On pourra rapprocher ce propos de celui-ci, de Léon Daudet, tiré de notre Album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet :

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(Illustration : Denis Diderot et Jean Le Rond d'Alembert, qui ont dirigé la publication de "L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers", de 1751 à 1772.
"Cet ouvrage produira sûrement avec le temps une révolution dans les esprits, et j'espère que les tyrans, les oppresseurs, les fanatiques et les intolérants n'y gagneront pas. Nous aurons servi l'humanité." (Denis Diderot, 26 septembre 1762)

 

L'important est d'avoir un vrai corps de doctrine.

1. De "Devant la douleur", page 249 :

"...N'oublions jamais que ce sont les encyclopédistes qui ont préparé la Révolution.
Ces erreurs meurtières ne pouvaient être détruites que par un corps de doctrine approfondie, que par une propagande intellectuelle d'un niveau supérieur.
Dans toute affection du système nerveux central, il faut soigner le cerveau et la moelle, non les nerfs.
Totalement méconnues de la plupart des réactionnaires jusqu'à l'apparition des travaux de Maurras, ces vérités sont encore aujourd'hui ignorées des pâles conservateurs..."

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