Au Cinéma, avec une chronique très "engagée" de Guilhem de Tarlé, sur "L'Etabli"...
Art et Essai : L’Établi, un film français de Mathias Gokalp, avec Denis Podalydès (Junot, Directeur de l’usine), Olivier Gourmet (Klatzman, prêtre ouvrier, délégué syndical CGT), Swann Arlaud et Mélanie Thierry (Robert Linhart, l’Établi, et son épouse, Nicole), d’après le roman éponyme de Robert Linhart (1978).
L’Établi… Qu’allez-vous penser de moi qui m’apprête à écrire l’éloge de ce film ?
Dieu merci, je suis tombé à « l’extrême droite » - comme ils disent - quand j’étais petit… J’ai en effet été élevé au bol de lait quotidien que Mendès-France a imposé dans mon lycée parisien en 1954, j’avais 7 ans et je date de cette époque mon aversion pour les socialistes et la Gauche… La suite en a découlé, j’entends encore papa dire à un oncle qui m’en félicita que j’étais poujadiste (c’était en 1956, l’année de mes 9 ans), puis il y eut le putsch du 21 avril 1961, ma 14ème année, et enfin la découverte de Jean Ousset et de « l’Office », autrement dit La Cité catholique, en 1968 juste avant les Événements de Mai…
Sans ce parcours aurais-je été d’extrême gauche ?
Cette question m’a hanté, en applaudissant (intérieurement) l’engagement de Robert Linhart, qui n’a certes pas risqué, comme le capitaine Sergent « (sa) peau au bout de (ses) idées », mais qui y a quand même mis ses mains, son confort et sa carrière… Certes il n’est pas mort de son idéalisme révolutionnaire mais, à son corps évidemment défendant, je lui sers volontiers le vers du poète fusillé…
« Le sang qui a coulé est toujours un sang pur ».
J’avoue n’avoir jamais entendu parler des Établis avant de voir ce long-métrage qui montre, une fois encore, que ce sont toujours les « intellectuels » bourgeois qui fomentent les révolutions, quand les prolétaires ont d’abord besoin de garantir leurs moyens de subsistance et de « survivance ».
La « Révolution permanente » de Mai 68, La Révolution pour la Révolution prônée par les Gauchistes et exprimée ici par Robert Linhart, n’est évidemment pas un projet de droite, mais il est légitime en revanche d’utiliser la vertu de force – et non pas la violence – soit pour s’opposer à une situation inhumaine et dégradante comme les « cadences infernales » (expression consacrée) parfaitement soulignées dans le film, soit pour s’opposer à une iniquité comme le travail non rémunéré pour compenser les « acquis sociaux ». « Je trouve légitime de rêver un monde meilleur - nous dit très bien le professeur de philosophie – mais pas seulement de rêver, aussi peut-être de le faire ».
Un film évidemment engagé et gauchiste – et le soixante-huitard Robert Linhart n’est certainement pas de nos amis - qui résonne particulièrement à nos oreilles quand le charivari actuel nous impose de discerner les revendications légitimes de celles qui ne le sont pas, distinguer le désespoir des « sans dents », comme les méprisait Hollande, de la violence des Black Blocs, Antifas, NPA et autres Mélenchonistes , ci-devant électeurs de Macron.