Feuilleton "Vendée, Guerre de Géants..." (16)
(retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)
Aujourd'hui : Maurice Joseph Louis Gigost d'Elbée
Louis-Marie Turreau de Garambouville, bourreau de la Vendée, a donné ce portrait de lui :
"A un physique agréable et distingué, d'Elbée joignait les talents nécessaires à un chef de parti. Militaire consommé, il avait formé les vendéens à la manière de combattre la plus convenable à la localité et au génie de ce peuple. Ce chef de parti avait toutes les qualités pour jouer un grand rôle...
D'Elbée a donné la preuve de ses talents dans l'exécution des plans. Ses lieutenants ont été battus à chaque fois qu'ils se sont écartés de ses principes. D'Elbée avait le don de la parole. Il s'exprimait avec grâce et facilité. Son éloquence était douce et persuasive. Il savait varier ses formes et ses tons. Il prenait souvent vis-à-vis des rebelles celui d'un inspiré, et il avait tellement acquis leur confiance et leur attachement, qu'après sa mort, j'ai vu des prisonniers vendéens verser des larmes , lorsqu'ils entendaient prononcer son nom."
Le Pater de d'Elbée...
Vitrail de l'Eglise Saint Pierre de Chemillé.
Dans l’ivresse de la victoire "du grand choc de Chemillé", certains crient vengeance des 600 Vendéens tués en combattant et des villageois massacrés (il y a 150 morts chez les bleus) :
"Pas de quartier aux prisonniers !"
D’Elbée tente en vain de les calmer. Se voyant impuissant, il crie d’une voix forte :
"Soldats à genoux ! Disons d’abord notre Pater."
Les paysans, nu-tête, obéissent… : "...Pardonnez-nous nos offenses…"
"Arrêtez ! - crie d’Elbée. Ne mentez pas à Dieu. Vous Lui demandez qu’Il vous pardonne comme vous, vous pardonnez aux autres, vous pardonnez aux autres ?"
La leçon est comprise : les fusils s’abaissent; les quatre cents prisonniers Bleus sont sauvés...
La mort du Général...
Mort du général d'Elbée, huile sur toile de Julien Le Blant, 1878, Musée de Noirmoutier.
Le 3 janvier 1794, les "Bleus" débarquent sur l'île de Noirmoutier et la garnison vendéenne capitule. D'Elbée, découvert, est fait prisonnier. Malgré les promesses du général Haxo, tous les prisonniers vendéens sont fusillés sur ordre des représentants en mission Prieur de la Marne, Turreau et Bourbotte. Incapable de marcher, d'Elbée est porté sur un fauteuil jusqu'à la place d'Armes...