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France : la grande illusion !, par Christian Vanneste.

Le fil rouge du pouvoir que la France subit depuis 2017, c’est la grande illusion, la substitution des apparences du spectacle à la réalité de l’histoire, le remplacement des actes par des discours, en l’occurrence la logorrhée présidentielle monopolistique, souvent d’une qualité théâtrale inversement proportionnelle à la cohérence et à la force du message.

christian vanneste.jpgDes médias dévoués, des encenseurs patentés applaudissent les déclamations, en louent la pertinence et s’évertuent à cacher les lézardes du décor. C’est ainsi que la France sortirait de la crise sanitaire en pleine forme, requinquée par une croissance retrouvée, ragaillardie par un emploi redynamisé, revigorée par sa comparaison avec ses principaux partenaires. La France serait en passe de retrouver sa cinquième place mondiale parmi les grandes puissances économiques, aurait une reprise de croissance supérieure à celle de l’Allemagne, et l’on y embaucherait à tour de bras. Ce matraquage publicitaire a fait dire à Marc Touati qu’on se croirait revenu à l’époque soviétique de la Pravda. Comme alors, les apparences de la propagande sont trompeuses, et il faut malheureusement revenir dans le monde réel.

Or dans ce monde réel, la France recule depuis plus de quarante ans. Douzième mondiale pour le PIB/habitant en 1981, elle n’est plus que 25ème en 2021. De même, si on tient compte avec réalisme du pouvoir d’achat, la France n’est plus 5ème ou 6ème, mais 10ème, dépassée par l’Inde, l’Indonésie, la Russie ou le Brésil. Si on s’en tient à des pays européens plus comparables, c’est la nature même de la richesse française qui doit inquiéter. Un élément de comparaison est souvent peu évoqué : le commerce extérieur, c’est-à-dire la part de cette richesse acquise par nos échanges. Les exportations allemandes étaient en Juillet en hausse depuis 15 mois, de 12,4% en un an, et avaient progressé de 1,6% par rapport au niveau d’avant crise. Face à l’excédent allemand de près de 18 Milliards d’Euros sur un mois, la France a connu un déficit de 34,8 Milliards au premier semestre 2021. L’Allemagne a accru ses exportations vers les autres pays de l’Union Européenne, vers le Royaume-Uni, vers les USA. Seuls ses échanges avec la Chine sont en recul. Certes son solde positif était tombé de 228 à 182 Milliards entre 2019 et 2020, mais dans le même temps, notre pays avait accru son déficit de 74,7 à 82,5 Milliards tandis que l’Italie faisait grimper son excédent de 56,1 à 63,6 Milliards ! Le tableau est hélas significatif : la France est lanterne rouge.

Notre “richesse” qui permet ce déficit récurrent de nos échanges est essentiellement fondée sur la consommation. On en mesure l’importance dans le poids des grands distributeurs sur les décisions gouvernementales pour élargir ou réduire le périmètre de l’obligation du “passe sanitaire”. Il faut que les Français consomment. Non seulement ce qu’ils consomment est souvent importé, mais ils paient avec de l’argent emprunté, car l’autre fragilité de notre politique, c’est bien sûr la politique folle du “quoi qu’il en coûte”. Ce sont ces 424 Milliards d’Euros injectés par l’Etat dans la machine économique qui créent l’illusion de la bonne santé, comme la morphine réduit la sensation de la douleur sans diminuer le mal. C’est donc le déficit budgétaire de l’Etat, à hauteur de 9,4% du PIB qui alimente le feu d’artifices des aides et soutiens en tous genres avec un Président distribuant les cadeaux à Marseille et ailleurs. Le carnet de chèques semble inépuisable : il puise dans une dette sans fin, passée de 20% du PIB dans les années 1980 à 120% aujourd’hui. L’Allemagne a connu un excédent budgétaire jusqu’en 2019, et donc une diminution de sa dette. Dans la logique keynésienne, loin de la folie socialiste qui sévit en France, elle a répondu à la crise par une augmentation de la dépense publique et un accroissement raisonnable de l’endettement à hauteur de 70% du PIB. La France, déjà droguée à la dépense publique, aux déficits et à la dette en temps “normal” a augmenté les doses !

Ce chateau de cartes repose sur la planche à billets de la BCE. Les taux d’intérêts ont recommencé à grimper, l’inflation pointe son museau avec une hausse de 1,9% le mois dernier. C’est le socialiste Pierre Moscovici, recasé premier président de la Cour des Comptes, après avoir été Commissaire européen, sans doute en raison de ses résultats “mirobolants” comme ministre de l’économie, qui au nom du Haut Conseil des Finances Publiques a tiré la sonnette d’alarme. La charge de la dette risque de devenir insupportable, surtout si l’Allemagne, après ses élections, revient à son exigence de rigueur et ferme la boîte de Pandore de l’endettement “quoi qu’il en coûte”.

La France est un pays qui a de nombreux atouts : sa situation géographique, la qualité de ses infrastructures, son attrait touristique, et quelques activités économiques dynamiques dans l’agroalimentaire, l’énergie, le luxe, l’aéronautique, la construction navale, la pharmacie, qu’il faut préserver d’une trop grande domination par des capitaux étrangers. Mais la France est rassurante aussi par ce qu’elle devrait craindre le plus : ses records de dépense publique, de prélèvements obligatoires qui font croire aux Français que l’Etat peut tout, alors qu’une grande partie de ces dépenses sont inutiles, superflues et nuisent au contraire au bon fonctionnement de l’Etat régalien, en matière de justice, par exemple. La France est rassurante parce qu’elle est le champion de la redistribution qui, avec 32% du PIB de dépenses sociales, fait passer le taux de pauvreté de 22% à 14% de la population, et en vient même à ouvrir ses portes à toute la misère du monde. Qui peut croire que notre pays pourra continuer à descendre cette pente inexorable du déclin, de la facilité et de la démagogie ? Le président-candidat tentera d’entretenir l’illusion jusqu’aux prochaines élections. Il est absolument nécessaire de déchirer le voile, de dire la vérité aux Français, de montrer que la voie actuelle est sans issue pour la France !

Source : https://www.christianvanneste.fr/

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