Découvrez la seule relique de saint Joseph conservée en France, par Mathilde de Robien.
@Jean-Marie Laillet
Ceinture relique de saint Joseph, conservée dans l'église Notre-Dame de Joinville (Haute-Marne).
Méconnue, la seule relique de saint Joseph conservée en France, à Joinville (Haute-Marne), a été rapportée de Terre sainte par Jean de Joinville en 1248. En passe d'être restaurée, elle est actuellement au centre de toutes les attentions.
Voilà une heureuse conséquence de la consécration de cette année au père adoptif de Jésus : la mise en valeur d’une ceinture-relique qui aurait appartenu, il y a plus de 2.000 ans, à saint Joseph. Conservée dans une chapelle latérale de l’église Notre-Dame de Joinville, petite ville de Haute-Marne, elle a été rapportée de Terre sainte lors de la 7ème croisade par Jean de Joinville, chroniqueur de l’époque et grand ami de saint Louis. Elle constitue à notre connaissance la seule relique du père nourricier de Jésus conservée en France.
Dans son Histoire de saint Louis (1839), Louis-François de Villeneuve rapporte : « La plupart des croisés de 1248 s’étaient procurés aussi quelques-uns des objets rares ou curieux. Le sire de Joinville, entr’autres, revenait avec l’écu de son oncle Geoffroy IV, blasonné par Richard Cœur de Lion, et avec la ceinture de saint Joseph, qu’on croyait pieusement, d’après une tradition orientale, avoir été filée pour son époux par la chaste Marie elle-même. Ce furent les seuls trophées dont le sénéchal put orner à son retour sa collégiale de Saint-Laurent ; mais ils suffisaient au guerrier et au chrétien ».
Composée d’un tissu plat de fil ou d’écorce assez gros, vraisemblablement de chanvre, de couleur grise, la ceinture mesure un peu plus d’un mètre de long et 4,5 centimètres de large. Elle est munie d’un fermoir en ivoire ou en os et d’une boutonnière à chaque extrémité. Sur un parchemin autrefois attaché à la relique était inscrit : « Hic est cingulus quo cingebatur Joseph, sponsus Mariae » (Cette ceinture est celle dont se ceignait Joseph, époux de Marie). Elle est présentée actuellement dans un autel-reliquaire datant de 1868, enroulée autour d’un cylindre de cristal supporté par quatre personnages : saint Louis, couronné, en tête, Jean de Joinville en cotte de mailles, appuyé sur son épée, l’évêque de Châlons, et un moine de saint Urbain.
Une histoire mouvementée
Selon la tradition, c’est saint Louis qui donna à son ami Jean de Joinville la relique. Ce dernier la remet au Chapitre de Saint Laurent, puis il construit une chapelle où il la fait déposer. Tout au long des siècles, elle n’a cessé de faire des envieux.
En 1629, un morceau de la ceinture, d’environ deux centimètres et demi, est remis à l’Hôpital Sainte Croix de Joinville. Le 20 juillet 1649, le chapitre de Saint Laurent accède à la demande de Dom Pierre Masson, et remet une parcelle de la relique au monastère de Saint Bernard à Paris.
Mais les Joinvillois ne sont pas toujours aussi conciliants. Le 6 août 1661, le chapitre de Toul en réclame également une petite partie pour son église. N’ayant pas de réponse, Mgr Félix Vialart de Herse, évêque de Châlons, prend les choses en main : le 23 juin 1662, il rend visite à l’église Saint Laurent et demande à voir la fameuse relique. Après avoir sorti la relique de son vaisseau, il avoue désirer posséder une parcelle de cette ceinture en vue d’établir deux confréries à Châlons, l’une à l’honneur de la Sainte Vierge, l’autre à Saint Joseph. Face au refus du chapitre de Saint Laurent, la tradition raconte que l’évêque aurait saisi des ciseaux et aurait lui-même découpé un morceau de la sainte étoffe. Une scène relatée dans le registre capitulaire : « Aquoy le dit Seigneur a répondu que pour la plus grande gloire de Dieu, l’honneur de la Sainte Vierge et de Saint Joseph, lesdits sieurs ne lui pouvaient refuser, ce estant pour l’Eglise Cathédrale de ce diocèse, et à l’instant ayant pris des ciseaux des mains d’un de ses aumôniers, il en aurait coupé lui-mesme de la longueur de quatre doigts environ, ce qui a causé un grand regret à Messieurs pour la grande quantité qu’il en a coupé. »
A la suite de ces différents prélèvements – ayant par ailleurs disparu -, les chanoines du chapitre de Joinville s’engagent sous peine d’excommunication « de ne consentir jamais que l’on touchât à la dite ceinture pour en couper aucune parcelle, ni la diminuer en quelque sorte et manière que ce soit, par qui ce puisse être ».
Durant la Révolution française, la relique est miraculeusement préservée du pillage. Une personne bien inspirée la récupère et la confie au curé de Vecqueville en 1823. Elle est ensuite restituée à la paroisse de Joinville. Dès lors, le culte autour de la relique connait un vrai renouvellement.
Mise en lumière
A l’occasion de cette année consacrée à saint Joseph, la Fondation du Patrimoine a lancé le 22 mars dernier une souscription afin de restaurer l’autel-reliquaire qui abrite la ceinture. L’objectif étant de lui redonner sa place d’origine au-dessus de l’autel de la chapelle saint Joseph, et non plus dans la vitrine actuelle, précise le diacre de la paroisse, Jean-Marie Laillet, auprès d’Aleteia. Un projet mené par la ville de Joinville, en collaboration avec la paroisse Marcel Callo qui regroupe une douzaine de clochers autour de Joinville, le Couvent des Annonciades Célestes, la Marche de Saint-Joseph et le Conseil d’Etat Français des Chevaliers de Colomb.
L’occasion de remettre en lumière cette relique méconnue et de rappeler l’importance que le culte de saint Joseph a pu avoir à Joinville. Une mise en lumière qui attire les pèlerins. A commencer par « la grande marche », un détachement de quelques hommes de la Marche de saint Joseph, qui ont pris la route pour deux mois, de Paris à Joinville, pour rallier ensuite Cotignac, charriant la statue de Joseph portant Jésus sur ses épaules de Luc de Moustier.
Source : https://fr.aleteia.org/
Commentaires
Ce serait peut-être bien aussi d'en tester quelques parcelles au carbone 14 pour s'assurer au moins de sa contemporanéité avec l'époque où St Joseph a vécu, car une relique trouvée en 1248, ça fait quand même déjà un grand écart avec cette époque d'origine supposée pour lui garantir un minimum d'authenticité, vous ne trouvez pas ?