Les racines de la France, par Guillaume Grenouilleau.
Quand la France commence-t-elle ? est présentée comme une enquête visant à déterminer la naissance de la France, sa genèse. Au-delà de cette investigation, on cherche à questionner l’identité de la France, ses racines. L’auteur : Bertrand Lançon, professeur émérite d’histoire romaine à l’université de Limoges, spécialiste de l’Antiquité tardive et de la chute de l’empire romain.
Sarthois, il s’engage dans son livre, puisant dans ses propres racines pour illustrer son propos, ce qui ajoute à la profondeur du livre. C’est en tant que Français et pas seulement en historien, que Lançon écrit. On appréciera l’investissement charnel qu’il met dans son travail, couplé à la rigueur et à l’approche scientifique du professeur d’histoire.
Sur la datation de la naissance de la France, l’auteur avance l’hypothèse de la deuxième partie du VIIIe siècle, à ce moment charnière entre mérovingiens et carolingiens qui voit l’adoption du toponyme Francia. Si la réponse était simple, le livre aurait été très court ! Tout un questionnement survient sur les notions d’identité et de racines. Une nation ne se résumant pas à un territoire, Lançon délivre une définition qui semble parfois oubliée : elle « réside dans un degré élevé de coalescence entre des habitants et un ensemble de terres, dans une union où prévalent les langues et les cultures, incluant elles-mêmes la religion ». La question-titre n’est qu’une excuse pour proposer un regard d’ensemble sur la France, pour élever le débat, parfois si pauvre, sur l’identité française. La France est riche de son rayonnement, de la multitude de ses racines : romaines, celtes, gauloises ou franques.
Déformation professionnelle oblige, Bertrand Lançon livre ici une déclaration d’amour à l’Antiquité romaine. On pourra donc regretter que l’Antiquité tardive et le Haut Moyen-Âge prennent une place si importante, au détriment d’une partie de l’histoire de France moins traitée et pourtant si marquante pour l’identité française. « Les racines dites “avérées” sont autant une mythologie qu’une archéologie », l’identité française est autant née de l’héritage grec et romain que du baptême de Clovis, du rayonnement artistique de la Renaissance ou de l’œuvre napoléonienne. La France n’est pas Rome, mais bien une nation liée à un territoire, avec des identités plurielles (basques, bretons, alsaciens, etc.), et immortelle, qui a subi des crises mais a su se maintenir par ses racines profondes.
Source : https://www.politiquemagazine.fr/