Affaire des dîners clandestins : Attal et Schiappa sur le gril, par Georges Michel.
Franchement ? On aimerait les croire quand ils (les ministres) affirment, croix de bois croix de fer, qu’ils n’ont pas participé à des dîners fins dans des restaurants clandestins parisiens. Et pour tout dire, j’ai même la faiblesse de les croire.
Parce qu’ils ne sont pas complètement fous, parce que la virée en boîte de nuit de Christophe Castaner n’est pas si vieille que ça, parce qu’ils ont peut-être aussi le sens de la dignité de leur charge, parce que la peur du qu’en-dira-t-on, parce qu’ils n’ont pas que ça à faire et que, demain, il y a école, etc.
En revanche, j’avoue avoir du mal à suivre les explications de certains ministres, surtout lorsqu’on confronte ces explications. Je veux parler de celles de Gabriel Attal et de Marlène Schiappa qui, tous les deux, se sont exprimés, ce mardi 6 avril, à peu près à la même heure : l’un à l’émission « Les 4 vérités », sur France 2, l’autre sur franceinfo.
Gabriel Attal, tout d’abord. Caroline Roux l’interroge sur cette ténébreuse affaire : « Dans une nouvelle vidéo publiée par M6, Pierre-Jean Chalençon affirme avoir organisé des dîners clandestins avec des ministres [il s’est, depuis, rétracté]. Il dit qu’il vous connaît. Il dit “notre ami Attal doit venir dîner prochainement”. » Sur ce point, Caroline Roux reprend en substance les propos de Chalençon tenus lors d’une interview accordée au youtubeur Sam Zirah et publiée le 1er février sur YouTube. Caroline Roux poursuit : « Alors, vous deviez venir dîner chez Pierre-Jean Chalençon ? » Réponse du ministre : « Non, j’ai découvert cette invitation avec cette vidéo… » Suit un discours sur les devoirs d’un ministre, « le respect des règles comme n’importe quel citoyen » et tout ça. Impeccable. La journaliste insiste : « Mais il ne vous connaît pas. Vous ne le connaissez pas ? » Réponse du ministre : « Non, je ne l’ai jamais rencontré. » Vous noterez que Gabriel Attal ne dit pas « Non, je ne le connais pas » mais « Non, je ne l’ai jamais rencontré ». Mais bon, on ne va pas chipoter. La journaliste poursuit : « Ça ne vous pose pas de problèmes, qu’il dise qu’il vous connaît ? » Réponse de Gabriel Attal : « J’ai été surpris, je pense qu’il s’expliquera… » Dont acte.
Peu de temps après cet interrogatoire serré sur le plateau de France 2, c’était à Marlène Schiappa de passer à la moulinette à franceinfo. Bonne camarade, la ministre déléguée au ministre de l’Intérieur prend la défense de son collègue. « Je sais de source sûre qu’il y a effectivement eu une invitation et que Gabriel Attal a refusé fermement cette invitation en disant qu’il y avait des mesures sanitaires et que, donc, ça allait de soi que lui ne viendrait pas. » « De source sûre » ! Marlène Schiappa est bien informée : normal, c’est quand même la deuxième flic de France. Une source proche du dossier, comme on dit dans la presse !
Visiblement, on a là une version un peu différente de celle livrée par Gabriel Attal quelques minutes auparavant. Entre la découverte de l’invitation en même temps que la vidéo (version Attal) et le refus ferme (version Schiappa), il y a une petite nuance. Pourquoi, si Marlène Schiappa dit vrai, Gabriel Attal n’a-t-il pas carrément répondu à Caroline Roux : « Oui, j’ai bien été informé par mon cabinet de cette invitation pour le moins incongrue mais j’ai fait répondre immédiatement qu’il n’en était pas question étant donné la situation sanitaire et tout ça… Veuillez agréer, etc… » Enfin, un truc dans ce genre, vous voyez… De peur, peut-être, que la journaliste remette une pièce dans le nourrain en demandant : « Mais pourquoi, alors, ne pas l’avoir signalé au procureur au titre de l’article 40 et patati et patata… ? »
Soit Marlène Schiappa en a trop dit. C’est possible. Soit Gabriel Attal n’en a pas assez dit. C’est possible aussi. En tout cas, faudrait voir à accorder les violons. À suivre…
Commentaires
que d'histoire pour une coupelle de caviar !
A propos de caviar !
Les temps sont difficiles pour tout le monde et le petit peuple en souffre plus que d'autres car ils n'avaient déjà pas grand chose à se mettre sous le dent, et voilà qu'on vient le provoquer avec un grand diner ! mais oui, pourquoi pas ? Les riches souffrent autant que les pauvres de la crise sanitaire mais eux ils peuvent la calmer avec quelques artifices. Ne les blâmons pas, chacun voit midi à sa porte. Si j'avais été ministre, j'aurais mangé du caviar, et comme je ne le suis pas, je me contente de miettes de thon. Excellent pour la santé ! Il faut mériter le titre de "ministre", avoir fait l'ENA et plus et bénéficier de quelques avantages. Je me réjouis pour ceux qui peuvent tout se permettre. A moi d'essayer d'en faire autant où je suis !