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Au-delà du quadrillage de la ruralité, par Dominique Paolini.

La fracture France urbaine/France rurale a engendré une grille de lecture qui utilisée sans discernement est grosse d’une vision duale débouchant sur un clivage sommaire et schématique mais néanmoins très parlant. Mais est-il opératoire ? Peut-on fonder une stratégie sur cette dualité ? On objectera que depuis Mao qui a voulu « encercler les villes par les campagnes » ce type de schéma évoque fortement des formes de conflit peu concevables dans nos sociétés ou précisément le monde rural n’est plus détenteur d’un poids démographique, économique et surtout culturel dominant. 

Les attributs de la modernité lui échappent et même le Mouvement des Gilets Jaunes, né rural est mort (temporairement !) urbain. Reste que le monde rural - la France périphérique - est aujourd’hui porteur de revendications et, osons le mot, de valeurs qui la dressent contre les Métropoles. Les ouvrages et études sur le sujet abondent. Même si la ruralité redevient un acteur politique il est probable qu’une lutte de front avec le monde urbain tournerait à sa confusion quelle que soit la qualité de ses porte paroles ou de son encadrement par : « Résistons ! » de Jean Lassalle, le Mouvement de la Ruralité ou encore les Coordination et Confédération rurales sans parler des GJ et autres réseaux implantés dans le mode rural. Sans compter que l’élargissement de cette fracture si il peut déstabiliser fortement le système emporte parallèlement une négation de la solidarité nationale et de la cohésion sociale. Dilemme donc ! Comment faire jouer un ressort puissant tout en le maitrisant ? En d’autres termes comment mobiliser le monde rural sans verser dans un affrontement social mortifère ? Comment rendre l’affrontement « positif » ?

Dans un article diffusé par l’agence ACIP, et repris par divers hebdomadaires régionaux Michel Corcelles évoque une initiative originale, prise au printemps 2020 pour jeter un pont entre les mondes ruraux et urbains en recrutant en zone urbaine des saisonniers pour venir au secours d’une agriculture privée de bras roumains, polonais ou marocains du fait la fermeture des frontières pour cause de Covid. « Parmi les initiatives prises au nom des cohésions sociale et nationale il faut signaler un recours aux jeunes urbains et périurbains. Ainsi de nombreuses associations répondirent-elles à l’appel comme « Laissezles-servir » de Seine-Saint-Denis, dirigés pas capitaine Nouroudine Abdoulhoussen, de Mayesha Espoir (les Comoriens de Marseille) ou encore de l’AICS qui regroupe plusieurs centaines de jeunes parisien des 19ème et 20ème arrondissement. Cette initiative, si elle retint l’attention de nombreuses organisations professionnelles sensibles à son enjeu civique se heurta à des difficultés techniques ou physiques et sans doute à des préjugés. Dans le Vaucluse (sous la pression des producteurs de melons) ou en Alsace les autorités durent céder à la pression d’élus conservateurs qui préfèrent le recours à des travailleurs étrangers plutôt qu’à des jeunes Français issus des banlieues ».

On le voit donc, les intérêts corporatifs, quoique légitimes, ne vont pas spontanément dans le sens la cohésion sociale et il est cocasse d’avoir vu l’establishment macronien - ministre de l’agriculture en tête - défendre en 2020 (une fois n’est pas coutume) la fermeture des frontières contre une profession et des élus - plutôt « de droite » - qui en l’espèce prônaient l’ouverture. Un combat à fronts renversés qu’on risque de retrouver en 2021 car on peut penser que l’environnement sanitaire et professionnel ne sera guère différant au moins pour les huit premiers mois de l’année.

 

Quadriller la ruralité, oui, mais sans oublier que ceux qui jetteront les ponts vers le monde urbain et péri urbain, jetteront les ponts qui permettront d’éviter que la fracture ne devienne guerre civile.

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