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Le dîner élyséen : des boulettes indigestes !, par Christian Vanneste.

Quand l’habileté politicienne engendre une série de boulettes qui reviennent en boomerang sur la tronche du talentueux manipulateur … Ainsi, l’ado narcissique et espiègle qui, selon des commentateurs vraiment peu respectueux, occupe l’Elysée a monté une opération géniale, un coup grandiose. Il n’aime ni les élections, ni le peuple, refuse évidemment les référendums d’initiative populaire que lui réclamaient les Gilets Jaunes. 

christian vanneste.jpgIl a mobilisé ses troupes pour que le modeste produit de la réforme constitutionnelle de 2008, la tentative de réunir un nombre de signatures suffisant pour que les Français puissent donner leur avis sur la privatisation d’ADP, passe inaperçu et passe à la trappe. Mais une victoire sans risque à un référendum “maison”, juste avant une campagne présidentielle, ça c’est très chouette. Les Français ne sont pas tous idiots. Beaucoup voient la manoeuvre, mais aux trois quarts ils voteraient l’inclusion de la lutte contre le réchauffement climatique dans la Constitution. En somme, ils devinent bien que le sujet sera la réélection de Macron, mais ils sont persuadés à force d’être bombardés par la pensée unique et le politiquement correct en ce sens, que le climat est important, urgent, que la France a une taille suffisante pour y jouer un rôle décisif, et qu’il a  donc sa place dans une Constitution déjà trop encombrée.  Les régionales risquent d’être décevantes pour la majorité : les retarder, et même les jumeler avec le référendum aurait l’avantage de mobiliser le camp présidentiel, de diviser l’opposition, de brouiller le sens des votes, d’obtenir un score magistral et peut-être même de sauver les régionales. Que du bonus !

Repas “de travail” donc à l’Elysée à l’invitation du chef de parti, que le président ne devrait pas être, et en présence des “chefs de la majorité” pour peaufiner la stratégie.  Première boulette : c’était un dîner, à douze, après l’heure du couvre-feu, sans masque. Or, il s’agissait d’une réunion qui pouvait être différée dans le temps, ou se faire par téléconférence. Elle n’était pas “professionnelle”, mais carrément politicienne. La cuisine politicienne avait-elle besoin de se faire autour d’un repas ? Autrement dit, ceux dont c’est effectivement la profession passagère de “faire la loi”, ont complètement négligé un décret du premier ministre, lequel cherchant parfois ses lunettes, avait peut-être mal lu le texte qu’il avait signé. 135 Euros, aussi sec, si c’était Madame Michu !  Maintenant, va-t-on aller jusqu’à l’article 223-1 du code pénal, qui définit le délit de “mise en danger de la vie d’autrui”, passible d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende, comme “le fait d’exposer directement autrui à un risque immédiat de mort ou de blessures (…) par la violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement” ? La désinvolture des comportements est manifeste mais elle plaide évidemment contre leur intentionnalité. Me Di Vizio, l’avocat qui dépose plainte plus vite que son ombre, a immédiatement agi au nom de deux associations, l’une de victimes du coronavirus, et l’autre de commerçants et de restaurateurs, “les Pendus”, qui ont été, eux, interdits d’exercer leur profession.

Au-delà de l’anecdote guignolesque, la question posée est sérieuse : l’égalité des Français devant la loi est l’un de ces principes qu’on proclame avec d’autant plus de vigueur qu’on appartient à ceux des Français qui sont plus égaux que les autres. Pas de populisme ! Les rares privilèges (prière de ne pas rire !) ne sont que la contrepartie d’un dévouement sans faille au Bien commun… D’accord, mais alors, il faut être exemplaire ! Et là, nos privilégiés, ont affiché leur exception, se sont vautrés dans le mauvais exemple ! Faîtes comme je dis, mais pas comme je fais ! Remarquons avec la discrétion qui s’impose à l’égard du gratin de la République, qu’il y avait parmi les convives Bayrou, Ferrand et Solère, dont les démêlés languissants avec la Justice avaient déjà quelque peu entaché le règne. Au moins Benalla n’y était pas, et le monarque, de toute façon, est irresponsable, et immunisé contre les plaintes.

Irresponsable, certes, mais bien coupable, car à ce dîner, il était porteur du virus contre lequel il n’est pas immunisé, ce touche-à-tout, ce tactile compulsif,  impénitent, et récidiviste. Et voilà les autres membres de la tablée devenus cas-contacts et condamnés -enfin !- à l’isolement. Bref, la deuxième boulette difficile à faire avaler, c’est qu’une réunion politicienne sous forme de banquet, va handicaper le travail sérieux de et pour la République, tout ça parce que le président contamine pour lutter contre la pollution ! Alors, le monarque est apparu sur les écrans, les yeux battus, la mine triste et les joues blêmes, bref l’ombre de lui-même, pour quémander la compassion du peuple, comme un grand frère malade. Jupiter, depuis longtemps chu de l’Olympe, fait le coup de la proximité à la Giscard. Mais là, il ne faut pas charrier : personne ne lui avait demandé de rester en tête-à-tête et sans masque pour deux heures et demie de démagogie “jeunes” chez Brut, cause possible de la transmission, première boulette de la série, en fait, surtout si on se réfère à ce qu’il y a dit.

Source : https://www.christianvanneste.fr/

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