Accusé d'avoir tenu des propos jugés «islamophobes», un professeur d’université est menacé de mort.
Une enseignante et des élèves lors de l'hommage rendu à Samuel Paty, dans un établissement scolaire de Muret, le 2 novembre 2020 (image d'illustration)
La professeur de droit de l'université d'Aix-Marseille contre laquelle la Ligue des droits de l'homme avait déposé une plainte pour «injures publiques en raison d'appartenance à des religions» vit désormais sous protection policière.
Une professeur de droit de l'université d'Aix-Marseille vit désormais sous protection policière, en raison de menaces reçues après la publication de son nom sur les réseaux sociaux, selon Le Point. Celles-ci font suite à une critique de la religion musulmane que l'enseignante a formulée lors d'un cours.
Conséquence d'une plainte déposée par la Ligue des droits de l'homme (LDH), l'enseignante a été auditionnée le 15 décembre par la police d'Aix-en-Provence en présence de son avocat, Lucien Simon, qui a annoncé avoir déposé une plainte contre Mediapart pour «mise en danger de la vie d'autrui» après la publication de son nom. Par ailleurs, «le fait que la police convoque une professeure agrégée des facultés de droit pour une formule prononcée dans le cadre d'un cours pointu dispensé à des étudiants censés disposer d'un sens critique, c'est pour le moins une surprise» a-t-il commenté, comme le rapporte le Point.
Lors d'un cours tenu le 27 octobre sur les conflits de lois, l'enseignante avait affirmé qu'«on n'a aucune liberté de conscience en islam». «Si on naît d’un père musulman, on est musulman à vie. Une sorte de religion sexuellement transmissible, je n'ai jamais compris. On dirait du judaïsme, c'est pareil, c’est par la mère. Une sorte de MST, de RST, de religion sexuellement transmissible» avait-elle ajouté.
Des propos suite auxquelles la LDH a déposé sa plainte pour «injures publiques en raison d'appartenance à des religions». Le président d'honneur de la LDH Michel Tubiana a expliqué ainsi cette démarche : «S'en prendre aux religions n'est pas punissable, et c'est heureux, mais là, vu la brutalité du propos, on passe à un autre stade [...] Renvoyer une religion à une maladie sexuellement transmissible revient à dire que les fidèles sont contaminés et contaminants». «Ce n'est pas une caricature, rien à voir avec Charlie Hebdo», a-t-il précisé.
Des associations inquiètes pour la vie de l'enseignante
La position de la LDH n'est pas partagée par d'autres associations qui s'inquiètent pour la vie de l'enseignante, deux mois après la décapitation devant son collège du professeur Samuel Paty pour avoir montré une caricature de Mahomet à ses élèves dans le cadre d'un cours d'éducation civique consacré à la liberté d'expression.
Alain David, ancien professeur de philosophie représentant de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) auprès de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) s'est exprimé en ces termes : «Je lis des articles qui donnent le nom de cette enseignante en lui accolant l'étiquette "islamophobe", ce qui la met gravement en danger. Je note que les propos qui ont été tenus font mention de l'islam et du judaïsme. Or je n'y vois en l'occurrence ni racisme ni antisémitisme. Ce n'est pas parce que quelqu'un se dit offensé que c'est nécessairement du racisme». «La LDH aurait-elle porté plainte contre Samuel Paty pour les mêmes motifs ? Cette enseignante de droit fait l'objet des mêmes accusations et des mêmes procédés d'incitation à la vindicte publique que ceux qui ont mené à la mort de Samuel Paty. On sait comment cela s'est achevé. Les enseignements de cette terrible affaire n'ont pas été tirés !», s'indigne-t-il.
Comme l'indique également Le Point, le président de la CNCDH Jean-Marie Burguburu a adressé un courrier de «demande urgente de protection d'une enseignante de l'université́ d'Aix-Marseille» à la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal. Il y déclare «craindre que l'ampleur que peut prendre désormais cette affaire à l'échelle nationale ne mette en danger cette enseignante». «Nous avons tous en mémoire qu'un enseignant a été assassiné [...] et que la jeune Mila est sous protection policière et continue de recevoir des menaces de mort particulièrement sordides.»
Source : https://francais.rt.com/