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Isidore nous prend au mot… langue française : mais où sont passées nos prépositions ?, par Isidore.

Mais où sont donc passées les prépositions de la langue française ? Elles disparaissent les unes après les autres. Oui, c’est une réalité. Non, une seule est toujours là, et bien là. On n’entend qu’elle. On ne voit qu’elle. C’est la préposition « en ». C’est ce « en » qui est le responsable du grand remplacement. Adieu, les « à », les « au », les « sur », les « avec », les « du », les « par »… Vous allez comprendre.

Il y a quelques années, nous disions tous « au début ». Jamais « en début ». Eh bien, c’est fini ! Maintenant, tout est « en début », « en milieu », « en fin ». En début de journée, en début de soirée, en milieu d’année, en fin de semaine… En, en, en… Hi han !

C’était si simple, si doux et si clair, non ? « Au début de la journée », « au milieu du repas », « à la fin du film », et caetera. N’est-ce pas mieux à l’oreille ?

Et, bien sûr, on entend partout et toujours « en matinée », « en soirée », qui font oublier et disparaître les jolis mots « le matin », « le soir », tout simplement. Au passage, l’expression « en matinée » existe et a un sens bien précis, car elle s’emploie au théâtre pour parler de la séance qui a lieu avant le dîner.

Et n’avez-vous jamais remarqué la fameuse expression « en deuxième partie de journée » employée par les présentateurs de la météo et les animateurs en général. Ils disent aussi, parlant du périphérique, « en chaussée extérieure ». Comment cela ne hérisse-t-il pas vos oreilles ?

Le problème, c’est que ce genre de formules est entendu plusieurs fois par jour par des millions de gens qui finissent par les employer à leur tour. Et, franchement, ce mot « l’après-midi », pourquoi l’abandonner ? N’est-il pas plus sympathique et élégant que « la deuxième partie de journée » ?

Poursuivons… La rue, les commerces et surtout les publicités et les médias nous envahissent de « en caisse », « en magasin », « en retraite », « en plateau », « en surface ». Il ne faut pas confondre l’argent qui est dans la caisse avec la personne qui va à la caisse. Le voleur, par exemple, se précipite « à la caisse » pour réclamer et emporter ce qui est « en caisse » ! « En » veut dire dedans. Et dedans, ce n’est pas devant, quand même !

Ainsi, « en extérieur » est une aberration, puisque ça signifierait à la fois dedans et dehors. On doit dire « à l’extérieur ». Ou alors « en mode extérieur ».

Il ne faut pas, non plus, confondre le senior, qui a arrêté de travailler et qui, donc, est « à la retraite », avec celui qui se trouve « en retraite » dans une abbaye. Il faut bien distinguer aussi « à la campagne » et « en campagne ». De plus en plus de gens vous disent qu’ils partent en campagne. Se lancent-ils en politique ? Non, non ! Ils se rapprochent de la nature le temps du week-end. « En surface » ? Non, mais « à la surface », puisqu’on ne peut pas se trouver « dedans la surface » mais « sur » cette face, comme le mot le précise lui-même.

Par ailleurs, on se trouve « en studio » mais « sur un plateau ». Et non « en plateau ». Vous avez déjà essayé d’entrer à l’intérieur du plateau ? Vous pouvez toujours creuser. C’est comme « en chaussée extérieure ». Un conseil : restez sur la chaussée, n’essayez pas de rentrer dedans !

On lit même, on entend « des enfants en rue » au lieu de parler d’« enfants à la rue ». Pire, je lisais récemment, dans un magazine qui se veut prestigieux, les mots « en situation de rue » : une double faute.

Conclusion. Les écoles de journalisme ne donnent pas de cours de français ni de diction. C’est bien dommage ! L’Académie française est reconnue comme une institution des plus illustres, mais personne n’écoute plus ses conseils. Il faudrait que Luchini y entre pour secouer tout ça. Même le gouvernement devrait montrer l’exemple. Le CSA nommerait un correcteur général qui surveillerait la langue… plutôt que les opinions. Ne laissons pas disparaître la richesse, la diversité, la beauté et la précision de notre vocabulaire. Chaque fois qu’on le peut, sortons du « en ». Utilisons les « à », les « au », les « par », les « pour », les « avec », les « sur ».

Mais attention, n’abusons pas des « sur » non plus, qui nous inondent à leur tour depuis un certain temps ! Si vous pensez habiter « sur » Paris, descendez le plus tôt possible. Vous serez beaucoup mieux « à » Paris !

 

Isidore

Chroniqueur
 

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