Contre le séparatisme, par Gérard Leclerc.
© Sébastien Désarmaux / Godong
C’est donc ce vendredi 2 octobre qu’Emmanuel Macron devrait présenter son plan d’action contre non pas le séparatisme mais les séparatismes. Est-ce simple habileté lexicale pour faire passer la potion que certains trouvent plutôt amère ? Car il ne fait pas de doute que la cible visée, c’est le péril islamiste qui entraîne le séparatisme des quartiers perdus de la République.
Le chef de l’État donnera les grandes orientations et c’est le duo Gérald Darmanin - Marlène Schiappa qui sera chargé d’élaborer la loi détaillant les mesures concrètes propres à éradiquer le fléau. Est-il possible de s’opposer à cette initiative, alors que déjà François Hollande dénonçait le danger et que Gérard Collomb avait prononcé tout un discours alarmiste sur le sujet, en quittant la place Beauvau ?
Oui, car il y a des objections formulées notamment dans deux pages du Monde daté de ce jour. En dénonçant un péril islamiste omniprésent, ne risque-t-on pas de décourager tous les musulmans de bonne volonté qui ne participent en rien de l’extrémisme islamiste, n’ont comme seul désir que d’être de loyaux citoyens ? Et il est vrai qu’un courant se dessine, même timidement pour défendre une position modérée, où l’on entend « parler du fait religieux de manière posée et constructive ». De ce côté, on déplore vivement que le débat soit écrasé par un Éric Zemmour et une Zineb El Rhazoui qui ont imposé l’idée d’un islam inassimilable.
Certains plaident aussi en faveur de la priorité d’un combat social et d’un renouveau de la politique de la ville pour lutter plus efficacement en faveur de l’intégration des quartiers. Mais, s’il y a lieu d’écouter les raisons des uns et des autres, en donnant leur chance aux plus modérés, est-ce une raison d’ignorer ce qu’il y a d’irréductible dans le danger que la loi contre les séparatismes entend juguler ? La politique de la ville, en dépit des sommes considérables dépensées, a montré ses limites, et l’islamisme constitue une des réalités redoutables de notre temps, à notre échelle et à celle de la planète.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 1er octobre 2020.