A propos du commentaire de Catoneo sur "L'aventure France..." et la rive gauche du Rhin....
Merci, Catoneo, pour votre commentaire, et l'intérêt que vous portez à notre feuilleton, en particulier, et à nos publications , en général...
A propos de l'épisode 192 d'hier de ce feuilleton (L'aventure France racontée par les cartes") vous écrivez (citation intégrale) :
"C'est Bainville qui avait raison, nous prévenant de l'uchronie. La béance rhénane est dans l'ADN de la France puisqu'elle est l'héritage des rois de la première race. Les Français ont longtemps vu dans le Rhin (fleuve des Germains) la "frontière naturelle" des Gaules en oubliant qu'il y vivait des peuples récalcitrants comme les Hollandais auxquels nous fîmes des guerres mémorables parce qu'ils nous dominaient de la tête et des épaules en mer.
Aurions-nous malgré tout achevé la marche au Rhin que nous aurions par après combattu les Allemands autant sur la rive gauche que nous y fûmes contraints par trois fois en Lorraine, dans les Vosges et en Alsace. Si les élites de l'ancien saint empire goûtaient la culture française, il n'est pas dit que les peuples résidents les auraient suivis dans cette reddition.
Il est toutefois "rageant" de voir que la fameuse banane bleue vue de l'espace soit presque tout entière sur les territoires que nous avons longtemps convoités, depuis Milan au sud à Anvers et Amsterdam au nord."
Effectivement, que répondre à ce que vous dites ? Peut-être, simplement, par "l'exemple Alsacien". Voici bien un "peuple rhénan", s'il en est; voici bien ce que vous appelez un "peuple résident" de l'ancien Saint Empire; voici bien une portion de l'actuelle France qui est "germanique" comme l'Espagne pousse un peu sa corne dans le Sud Ouest (ce que chantait Nougaro), comme Nice ou Menton sont furieusement colorées "à l'italienne", comme la Franche Comté est placide aussi bien que la Suisse voisine... et, pourtant, quelle réussite que l'assimilation de l'Alsace à la France ! Louis XIV avait conquis tout le Palatinat : la fin de la guerre de la Ligue d'Augsbourg l'obligea à le restituer, mais il gardait l'Alsace et Strasbourg...
Vous avez raison : surtout pas d'uchronie ! Mais ne peut-on au moins se demander si, le Palatinat conservé, Trèves, Mayence et Coblence ne seraient pas aussi françaises aujourd'hui que Strasbourg ?
Commentaires
Oui sans doute, mais nous avions bien avancé déjà sous le Premier Empire sur cet espace utile du nord-est que nous perdîmes à Waterloo. Ce que je voulais dire est que déplacer un ligne de friction sur un fleuve n'est pas une garantie de sûreté. Rhin, Moselle et Meuse ont été franchis, comme l'Elbe, la Vistule, le Danube.
Par ailleurs les frontières même marquées au sol bougent sans arrêt. La Catalogne maritime était française sous Louis V le fainéant ; les barons de Barcelone vinrent voter à Senlis. Les Niçois n'étaient pas une province croupion de l'ancienne République de Gênes mais une fierté de la maison de Savoie. Ils résistèrent aux Turcs de Barberousse que ce pauvre François Ier dût payer deux fois, la première pour venir l'aider contre Charles Quint, la seconde pour qu'ils quittent Marseille ! A Lépante ils se couvrirent de gloire en capturant l'amiral ottoman qu'ils s'empressèrent de décapiter pour démoraliser la flotte. La France de Napoléon III ne leur apporta rien ; pas plus qu'aux Etats de Savoie, il suffit d'y aller voir. Et quand Savoyards ou Jurassiens regardent la Suisse ils ont le droit de s'interroger.
Je pense que le grand choix qui fut offert à la France fut celui entre la thalassocratie d'Anjou traversée par la mer intérieure que devenait la Manche, et le royaume continental capétien en guerre perpétuelle contre le Saint-Empire parce qu'il lui fallait élargir ses longitudes. Le regretté Richard d'Amphernet partageait ma préférence pour la première.
Pour terminer dans cette veine, je ne pense pas que la conquête du midi par les Francimans de la croisade ait apporté aucun progrès à ces territoires bien plus développés que ceux du nord, à tous points de vue parce qu'ouverts sur le monde.