Éric Zemmour: «Fin de partie pour les “gilets jaunes”, vaincus par l’extrême gauche et les voyous de banlieue».
Manifestation de «gilets jaunes» le 12 septembre 2020 à Paris. Frederic DIDES/SIPA
La mobilisation n’est plus au rendez-vous, l’enthousiasme non plus ; l’approbation tacite de tout le pays encore moins.
Pour les «gilets jaunes», l’automne 2020 ressemble à une fin de partie. Au fameux match de trop des boxeurs vieillissants. La mobilisation n’est plus au rendez-vous, l’enthousiasme non plus ; l’approbation tacite de tout le pays encore moins.
Revenons à l’origine: le mouvement des «gilets jaunes» fut d’abord une révolte fiscale. On l’a oublié, mais c’est une augmentation de la taxe sur les produits pétroliers qui suscite les premières réactions outragées. Cela rapproche les «gilets jaunes» des poujadistes des années 1950 ou des «émotions» d’Ancien Régime contre les fermiers généraux. On pourrait dire que c’est un mouvement de droite, en tout cas pas un mouvement de gauche. D’ailleurs, la gauche regarde d’abord avec méfiance les «gilets jaunes» quand elle ne les insulte pas. Alors qu’ils n’ont pas encore ouvert la bouche, La France insoumise les traite de beaufs, racistes, misogynes, antisémites mêmes.
Les travaux de Christophe Guilluy nous permettent de tout comprendre. C’est sa fameuse «France périphérique»qui se rebelle, celle des ouvriers et employés de souche française ou d’immigration européenne, que la hausse des loyers dans les métropoles et l’immigration arabo-musulmane dans les banlieues ont reléguée au loin. D’ailleurs, les manifs des « gilets jaunes » chaque samedi à Paris et dans les grandes villes de province sonnaient comme une réappropriation symbolique de ces lieux d’où ils avaient été chassés.
Mais voilà, Guilluy ne pouvait pas prévoir qu’à côté des « gilets jaunes » s’affaireraient les black blocs, antifas d’extrême gauche et petits voyous de banlieues. Les premiers casseraient et les seconds pilleraient, le tout avec un curieux attentisme de la police. Après le saccage de l’Arc de triomphe par les voyous de banlieue, la police se réorganise et frappe… sur les « gilets jaunes ». Surtout, Guilluy ne pouvait pas prévoir le génie manipulateur de l’extrême gauche, qui est entrée comme dans du beurre parmi les « gilets jaunes ». Ceux-ci se sont avérés sans leaders, sans ligne politique, sans structure idéologique. Encadrés par les militants de La France insoumise, les « gilets jaunes » n’ont plus parlé d’impôts et n’ont pas osé évoquer l’immigration. Ils ont réclamé une nouvelle Constitution et un «RIC ». Rééduqués comme à Pékin au temps de la Révolution culturelle, ils se sont mis à parler tels des militants CGT. Certains ont accepté la « convergence des luttes » avec les Traoré. Tout est rentré dans l’ordre de la gauche. Les médias bien-pensants, qui les insultaient et les méprisaient, se sont mis à les aduler et à les vénérer, tandis que, par un effet de vases communicants, leurs effectifs se vidaient.
Emmanuel Macron, qui avait eu très peur, en ce jour où un hélicoptère tournait autour de l’Élysée pour l’exfiltrer, pouvait respirer. Ce n’était pas son « grand débat » qui avait vaincu les « gilets jaunes », mais les black blocs et les antifas, les racailles de banlieue et l’extrême gauche. Les braves gens.
Source : https://www.lefigaro.fr/vox/