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Les forces navales et aériennes grecques en alerte renforcée face à la Turquie, par Fabrice Wolf.

Source : https://www.meta-defense.fr/

La nouvelle incursion d’une flottille turque dans les eaux chypriotes pour accompagner le navire de recherche Orus Reis a amené les autorités grecques à mettre leurs forces navales et aériennes en état d’alerte renforcée.

9.jpgLa confrontation entre les deux pays s’approche à grand pas, alors qu’Athènes entend bien empêcher le navire d’exploration minière turc, escorté par au moins 5 bâtiments militaires, d’effectuer les relevés permettant de déterminer la présence d’hydrocarbures dans le sous-sol maritime chypriote. A la demande du ministre grec des affaires étrangères, Nikos Dendias, une réunion exceptionnelle des ministres européens des affaires étrangères aura lieu ce vendredi à ce sujet.

Mardi 11 aout, alors que la flottille turque composée du navire d’exploration minière Orus Reis et de 5 à 6 frégates d’escorte de la Marine Turque approchait des eaux chypriotes avec pour objectif de mener des explorations minières entre Chypre, la Crête et la Grèce, la Marine Hellénique a mis en alerte renforcée sa flotte, afin de venir lui barrer la route. Dans le même temps, les forces aériennes grecques firent de même, anticipant un possible soutien de l’aviation turque si les deux flottes venaient à se rapprocher. La mer Egée fait l’objet depuis quelques jours d’un grand nombre de survol de drones et d’avions de reconnaissance, créant un niveau de tension rarement atteint ces deux dernières décennies entre Athènes et Ankara. Dans ce contexte, l’Armée de l’Air française a dépêché deux Rafale sur la base aériennes chypriote Andreas Papandreous, officiellement dans le cadre de manoeuvre avec la garde nationale du pays membre de l’Union européenne.

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L’Orus Reis et sa flottille d’escorte se dirigeant vers le nord de Chypre

C’est d’ailleurs vers cette même Union européenne, et non vers l’OTAN, que les autorités grecques recherchent aujourd’hui le soutien dont elles ont besoin pour faire face à la détermination du président Erdogan. A l’instar des revendications chinoises en mer de Chine, la Turquie revendique des droits d’exploitation dans la zone d’exploitation exclusive chypriote sur des bases plus que contestables, raison pour laquelle Ankara tente de montrer les muscles dans un passage en force très risqué. Or, avec d’une part la Turquie elle aussi membre de l’OTAN, et d’autre part l’attitude conciliante du président américain vis-à-vis de son homologue turc, le premier ministre grec, Kyriákos Mitsotákis, n’a guère d’autres choix que de se tourner vers les européens pour faire pression sur Ankara et éviter la confrontation, si tant est que cela soit possible.

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La Défense des iles grecques de la mer Egée, ici en bleu, s’avère être casse tête permanent pour l’Etat major hellénique, d’autant que beaucoup d’entre elles sont bien plus proches des cotes turques que des cotes de la Grèce continentale

Car, sur le papier, Athènes n’a guère l’avantage face à Ankara du point de vu militaire, situation d’autant plus marquée aujourd’hui que la Turquie a en 20 ans multipliés ses dépenses en matière de Défense par 3, alors que la Grèce, sous tutelle germano-européenne suite à la crise de 2011, a vu les siennes être divisées par deux. La conséquence immédiate, au delà d’un budget militaire turc quatre fois plus important que celui de la Grèce en 2020, est un rapport de force sensiblement favorable à la Turquie, même si les forces helléniques ont jusqu’ici réussi à se montrer plus que convaincantes face à leurs homologues turques. Si un conflit venait à éclater entre la Turquie et le couple greco-chypriote, ce dernier ne pourra soutenir la confrontation dans la durée sans le soutien de ses alliés et partenaires européens.

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L’Armée de l’Air française a déployé sur place deux avions Rafale ainsi qu’un avion ravitailleurs C130J Hercule.

Cette crise représente, de fait, non seulement un risque majeur pour Athènes et Nicosie, mais également pour la cohésion, et la cohérence de l’Union européenne. Et si l’UE venait à ne pas répondre massivement, militairement, et avec une grande détermination, pour soutenir ses deux membres, l’ensemble des discours passés, présents et à venir, sur les valeurs européennes, sur le rôle fédérateur de l’Union, et sur la cohésion des pays membres, perdraient irrémédiablement toute leur portée, pour ne pas dire leur substance, ramenant l’Union Européenne au statut d’union douanière et de marché commun, 40 années auparavant. C’est peut-être dans les prochains jours que l’UE entrera dans l’histoire du vieux continent, ou en sortira par la petite porte. Quand à l’OTAN …

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