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Remplacer la parenté biologique par la parenté « d’intention », par Arisitide Renou.

Ceux qui poussent le projet de loi bioéthique qui vient d’être adopté en deuxième lecture par l’Assemblée Nationale affirment (très explicitement) vouloir remplacer la parenté biologique par la parenté « d’intention ». Ce qui devrait être pris en compte pour établir la filiation et, de manière générale, pour organiser les rapports juridiques entre les enfants et les adultes, ce serait « le projet parental » et non pas des réalités biologiques triviales comme la procréation ou l’accouchement.

C’est ce que veut dire l’ineffable Aurore Berger dans ce tweet, passablement embrouillé sur la forme mais très clair sur le fond.
C’est ce que veut dire le fanatique Jean-Louis Touraine, bien plus malin et retors que dame Berger, lorsqu’il affirme défendre une « bioéthique de liberté ».

L’argument présenté au soutien de cette politique d’apprenti-sorcier est qu’il vaut mieux pour un enfant, toutes choses égales par ailleurs, avoir été désiré par ses parents que conçu par inadvertance dans un moment d’inattention. De cette observation peu contestable, on en déduit sophistiquement que la réalité biologique n’a pas d’importance, que la seule chose qui compte vraiment pour le bien-être et le bon développement d’un enfant, c’est l’amour que ses parents lui portent. Et on en tire finalement la conclusion que le désir d’enfant devrait l’emporter sur toute autre considération.

Si je désire avoir un enfant, c’est que je vais l’aimer, et si je l’aime il sera élevé aussi bien qu’il peut l’être. A tout le moins je lui aurais donné, en tant que parent, tout ce que je dois lui donner.

Pour rendre cette position plus présentable dans le débat public, on ne parlera pas de « désir d’enfant », car le désir évoque le caprice et l’idée que l’enfant serait une sorte d’objet destiné à satisfaire subjectivement les parents. On parlera plus noblement de « projet parental », pour tirer tout cela du côté de la raison et pour bien montrer que l’objet du désir, c’est d’exercer des responsabilités, « être parent » et non pas « avoir un enfant ».

Mais enfin, si on ne se laisse pas abuser par les artifices de la rhétorique, la substance de l’argument est bien celle-là : le désir de l’adulte est équivalent au bien de l’enfant. Ce qui certes est bien pratique pour les adultes.

Il est aisé de remarquer que cet argument est essentiellement identique à celui-ci selon lequel il vaut toujours mieux pour un enfant avoir des parents qui sont heureux chacun de leur côté que malheureux ensemble – argument qui a servi à vendre le divorce à la carte et qui permet aux adultes de se montrer égoïstes en toute bonne conscience.

Cela m’amène donc à poser la question suivante : comment « le projet parental » de s’occuper d’un enfant pourrait-il constituer un engagement définitif, irrévocable de la part de l’adulte ? Puisque l’engagement repose sur le désir – puisqu’il est justifié par le désir subjectif de l’adulte - alors il semble inévitable que l’engagement cesse lorsque le désir cesse. On ne voit pas au nom de quoi la loi pourrait contraindre un « parent » qui souhaiterait se « désengager », peut-être d’ailleurs pour « s’engager » auprès d’un autre enfant.

Bien plus, si, comme on nous le serine, « l’engagement » est le meilleur gage de qualité éducative, le législateur devrait donner à ceux qui souhaitent se « désengager » la plus grande latitude pour le faire. Il devrait ainsi abroger un certain nombre de règles actuelles, comme le délit d’abandon de famille ou l’obligation de verser une pension alimentaire, qui précisément empêchent de se « désengager ».

Si l’on suit les principes avancés par les promoteurs du projet de loi bioéthique, existe-t-il une seule bonne raison pour que la « parentalité » ne devienne pas un engagement aussi précaire, fragile et révocable, que le mariage l’est devenu aujourd’hui (et rappelons qu’aujourd’hui près d’un mariage sur deux finit par un divorce) ?

Je pense que la question elle est vite répondue.

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