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Éoliennes: «Vent de fronde», par Étienne de Montety.

Source : https://www.lefigaro.fr/vox/

Ils ont poussé ces vingt dernières années, ces hauts mâts blancs, comme l’«oiseau langoureux et toujours irrité» dont s’étonnait Apollinaire. Après le temps des centrales thermiques, après l’opprobre jeté sur le nucléaire, les éoliennes sont apparues, blanches, élancées, innombrables. Bientôt, elles ont couvert la France, massivement : l’expression « champ d’éoliennes » dit assez bien la chose.

Aujourd’hui, il n’est guère de projet d’installation qui ne rencontre une vive opposition. La résistance ne prend pas forcément une forme spectaculaire, mais des recours se multiplient, déposés par des associations résolues : l’impression d’excès est générale, et les riverains sont excédés. Des sites naturels, des joyaux architecturaux sont menacés par l’arrivée intempestive de ces tristes hérons au long bec emmanchés d’un long cou. Un vent de fronde souffle sur le pays, non pour entraîner les lourdes pales mais au contraire pour les arrêter.

Devant ces flèches, peut-être gracieuses de loin, assurément affreuses de près, les populations concernées sont perplexes : pourquoi cette frénésie ? Sont-elles rentables au regard du coût de leur installation ? Inoffensives pour les oiseaux et les chauves-souris ? Leur sifflement nuirait gravement à la santé…

À leurs doutes une même réponse est faite, qui tient lieu d’argument d’autorité : l’éolien est « propre ». Ce qui est le plus agaçant, souvent, c’est le discours qui accompagne une technologie, la porte, l’impose. « Propre », soit, mais qu’est-ce à dire ?

Les promoteurs ont oublié dans leur magnifique rhétorique un très vieux mot : le beau. L’énergie produite par le vent est renouvelable, tant mieux, non polluante, à la bonne heure ; cependant, ces considérations ne doivent pas en occulter une autre : l’harmonie d’un paysage, d’un horizon, qu’il soit naturel ou sculpté par le génie humain, participe de la paix intérieure de chacun, nécessaire à sa vie. Tout le monde a le droit d’être dignement éclairé et chauffé, mais – faut-il le graver au fronton des édifices ? – la beauté est un chef-d’œuvre en péril. Or, elle aussi, elle d’abord, est une condition de notre bien-être. 

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