Pour le corps et la Création, par Gérard Leclerc.
Hier, une algarade contre l’attitude actuelle de l’Église qui serait incapable d’avoir une parole originale et qui bouscule, m’a fait réagir. Non que je refuse par principe qu’il y ait controverse entre chrétiens, mais parce que je ne voulais pas laisser sans réponse des accusations qui finissent par faire mal, dès lors qu’on les prend à la lettre et que l’on ne se décide pas à ouvrir une franche discussion. Je reconnais qu’en mettant en cause finalement une sorte de déviation gnostique, j’ai un peu sorti la grosse artillerie, et que j’aurais dû donner plus d’explication.
J’entendais par là un discours qui se veut prophétique, mais qui s’éloigne du christianisme, de ses dogmes et du primat de la charité, de la charité concrète. En l’espèce, celle-ci nous impose le souci du corps souffrant et de la détresse engendrée par une épidémie qui a endeuillé tant de familles. En discréditant le discours « hygiéno-sanitaire » adopté par l’Église, mon contradicteur s’éloigne de ce souci du prochain, en s’évadant dans on ne sait quelle considération supérieure, gnostique en ce sens qu’elle participe d’un certain mépris pour le corps.
Ce mépris s’associe d’ailleurs à un autre mépris de type aussi gnostique, en dénonçant on ne sait quel écolo-gauchisme. S’agissait-il d’une attaque directe contre l’encyclique Laudato si’ du pape François ? Associer la cause écologique à une certaine idéologie, cela peut se comprendre parce qu’il y a eu bien des déviations et des dérapages de ce côté-là, notamment avec une deep ecology qui aboutit à une sorte d’anti humanisme. Mais cela n’a rien à voir avec la conception chrétienne de la Création développée il y a cinq ans par le Pape. Il ne s’agit pas de se rallier à une mode, encore moins d’adopter une lubie. Il suffit d’ouvrir la Bible pour se rendre compte du statut théologique de la nature, que nous appelons, quant à nous, Création. Une Création sortie des mains divines et confiée à la garde de l’humanité. La crise épidémique constitue d’ailleurs l’occasion d’un examen sérieux car il y a une relation directe entre elle, la nature et aussi l’économie. Oui, l’Église a un sérieux travail à opérer pour inciter à la réflexion qu’impose une crise dont nous ne sommes pas près de sortir.