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Une Église prophétique ?, par Gérard Leclerc.

L’Église qui marque son respect pour les

aspects sanitaires de la crise actuelle agit-elle

par conformisme ou par fidélité à sa mission ?

© Fred de Noyelle / Godong

Charles Péguy, qui avait une haute idée des lecteurs de sa revue Les Cahiers de la Quinzaine, estimait qu’il était honorable pour elle de mécontenter une partie d’entre eux. Comment, pour mon humble part, n’admettrais-je pas la critique, même si elle est rude. Elle peut contribuer à faire réfléchir. Et pourquoi pas, à remettre en cause des opinions peut-être hâtives et mal fondées. Ainsi, j’ai été interpellé hier, à propos de mon éditorial du matin : « Pas grand-chose dans votre édito… Dommage que vous ne parliez pas de l’Église dont la crise révèle une chose : elle est incapable d’avoir une parole originale qui bouscule, juste bonne à surfer sur les discours dominants du moment, écolo-gauchiste puis hygiéno-sanitaire aujourd’hui ! »

gerard leclerc.jpgEt pour appuyer l’interpellation, un petit copain a ajouté : « Pas en grande forme ce matin, tout va bien Gérard ? »

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Oui, merci, ça ne va pas trop mal ! Mais j’aimerais que nous creusions un peu les reproches qui me sont faits, ou plutôt qui sont faits à l’Église. Vous désirez de sa part des propos qui bousculent ? Allez-y, mais épargnez-moi des propos polémiques qui ne servent qu’à agresser, pour le plaisir d’agresser. Dites quelle parole originale, voire prophétique vous attendez d’elle. J’espère qu’elle sera inspirée de l’Évangile et des paroles mêmes du Christ. Si je me réfère à un des passages les plus solennels de sa prédication, j’en retiens qu’au jugement c’est notre attitude à l’égard du prochain, c’est le soin que nous pratiquons à son égard, lorsqu’il est dans le dénuement, qui nous permet d’accéder à la justice divine.

« Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venu me voir » (Mt 25, 35-36). Désolé, mais ce que vous appelez hygiéno-sanitaire me semble ressortir de la pure inspiration évangélique, même si on peut discuter des modes d’actions. Une parole prophétique qui ferait l’impasse sur le souci de celui qui est malade et en danger sanitaire, me paraît appartenir à un registre gnostique qui n’a rien à voir avec l’Évangile.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 26 mai 2020.

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