(Sur Infos-Toulouse) « Sachons déceler la flamme de la transmission » : lettre d’un catholique de France.
Lisez, écoutez, recentrez-vous… Ce confinement permet à certains Français de se recentrer sur eux-mêmes. Découvrez ce cri du cœur d’un lecteur fidèle, un jeune catholique français.
Le Vendredi est un jour de jeûne et d’abstinence pour nous, catholiques de France. Mais de quelle France, chers amis, de quelle France… ? L’épidémie que subit notre pays nous en révèle ses restes. Et le constat est bien triste, bien honteux, bien méprisable. Tandis que nos soignants, nos médecins et nos infirmiers s’échinent à monter au front, à combattre cet ennemi invisible jusqu’à donner leur vie, jusqu’à sacrifier leur propre battement de cœur pour un Bien Commun, pour assurer la pérennité de notre peuple, que voyons-nous ? Une population errante, terrée, peureuse… Un pays vide, vide de sens.
Ce beau pays, terre de nos pères, bâti à la sueur des fronts de centaines de générations, ce terroir défendu dans le sang des grandes batailles, ce terroir, alliance du sang des hommes et de la nature, aujourd’hui souillé, aujourd’hui abandonné, aujourd’hui méprisé, aujourd’hui stérilisé. Les cloches de nos églises sonnent. Bien macabre est leur glas. Appelant en vain une âme qui ne semble plus, appelant en vain un peuple perdu, ce n’est qu’un tintement creux, qu’une frêle coquille vide. Notre pays a été pillé, consciencieusement dévitalisé : nos œuvres ne sont plus, celles de nos pères non plus, toutes vendues à la découpe, aux enchères… tous ces savoir-faire exportés qui ne reviendront plus. Hélas cette crise sanitaire nous le révèle, nous sommes devenus une terre de colonisation. Abasourdis par soixante-dix années de matraquage mondialiste et mensongèrement émancipateur, les Français ont été réduit à l’état d’individus, de pions, de consommateurs. Méritent-ils encore le nom de Français ? Je l’ignore et l’Histoire seule pourra en juger…
Un passé à honorer
Car ce peuple avait une fierté, il avait un honneur, un sang qui coulait dans ses veines depuis qu’un fier Sicambre, déposant ses colliers, eu la grâce d’unifier les territoires et les peuples qui l’entouraient. Une union de peuples : des Celtes, des Romains, des Germains. Mais un même héritage : gréco-latin. Un héritage que nos rois, troquant le titre de rex francorum pour celui devenu plus réaliste de rex Franciae, unirent à la beauté et à la transcendance du catholicisme romain. Dès le XIIIe siècle, bien avant Charles Trenet, nos poètes célébraient cette « douce France ». Ils célébraient des plaines, de légères collines, quelques rivières dont l’eau s’écoulait paisiblement au milieu des premières moissons d’été, des forêts d’où s’élançaient les majestueux rois cervidés, des montagnes si hautes que les neiges, délicatement déposées par le vent, y trouvaient une vocation éternelle. Un délicat manteau blanc tel celui qui recouvrit notre pays en ce début de second millénaire, ce « blanc manteau d’églises » enveloppant nos villages comme l’Aurore aux doigts de fée enveloppe le ciel rougeoyant de ses rayons.
Écoutez ! Entendez ces douces voix : on accourt. Les cloches sonnent, une silhouette, toute de blanc vêtue, sort de l’antique édifice de pierre au bras de son amant. Du haut du tympan les regarde, avec bienveillance, doux et humble de cœur, un enfant-Dieu. La voici, éclatant au grand jour, nimbée de cris enfantins et de pétales de roses, l’âme de la France ! Voici cette fierté bénie de Dieu, cet amour du prochain qui, unis dans le Bien Commun, font même reprendre à luire le soleil, font dire dans une exclamation forte et confiante « On ne passe pas ! ».
« Tout n’est pas perdu »
Hélas, qu’est-elle devenue… ? Y-a-t-il eu un voleur ou un assassin ? Ne soyons pas naïfs, ne soyons pas des Harpagons en devenir. Mais sondons nos cœurs, sondons notre être intime, notre âme. Revenons à l’essentiel… Faisons silence le temps d’un battement de cœur… Faisons silence… écoutons… C’est d’abord un doux et léger murmure dans le vent. Puis une brise marine telles celles effleurant les élégants cheveux de nos femmes. Zéphyr se fait soudain plus fort, et son murmure, plus sourd, plus profond. Ce qui n’était alors qu’un son diffus s’éclaircit à mesure que le battement se prolonge : c’est une voix ! non, un rire ! c’est un chant ! c’est un chœur ! Écoutez ! On nous parle, ils nous parlent : oui, ce sont nos pères, ce sont nos mères, ce sont les œuvres de nos ancêtres, ce sont les prières de nos aïeuls ! Ils sont en chacun d’entre nous ! Ils sont le sel de notre terre, ils sont l’âme de notre patrie, ils sont l’âme de la France !
Alors tout n’est pas perdu. Non, bien au contraire : cette âme n’est pas morte, cette âme ne peut pas mourir. Elle est en chacun d’entre nous, elle parle en chacun d’entre nous. Sachons donc la redécouvrir, sachons déceler cette flamme de la transmission, lisons ses écrits, contemplons ses grandioses ouvrages, de l’humble bâtisse bretonne aux audacieux palais parisiens, inspirons nous, et unissons-nous à la prière de notre peuple qui, s’élevant vers les Cieux dans un confiant et puissant Salve, se liait tout entier dans nos églises afin de communier avec le Seigneur, afin de se joindre à tous les Français des temps passés, de se joindre à tous les Français de notre temps, et surtout, de se joindre à tous ceux de l’avenir.
Oui, chers amis, l’âme de la France est en chacun d’entre nous. Sachons la redécouvrir et sachons la cultiver, en famille, entre amis, entre paroissiens, pour que notre beau pays se relève comme il l’a toujours fait ! Car c’est aussi ainsi que son âme s’incarne, dans cette belle devise vendéenne : combattue souvent, battue parfois, abattue jamais !
Gloire à nos anges gardiens du personnel hospitalier.
Un catholique de France.