Le petit virus, grand pédagogue ? (I), par Christian Vanneste.
« L’homme est un apprenti, la douleur est son maître » disait Musset. Le Covid-19 risque d’être un bon professeur ! La pandémie s’est répandue. Elle a appris aux Français qui en doutaient encore qu’ils sont gouvernés par des incompétents qui, une fois de plus, ont fait preuve d’une imprévoyance coupable, que notre pays subit une oligarchie où s’entrelacent des réseaux parfois cupides. Mais, plus profondément que cette mousse malodorante, il y a une grande leçon de civilisation qui est donnée en ce moment. Il se peut que le virus soit dans un an un mauvais souvenir, et qu’après une crise économique mondiale, une destruction massive de valeurs boursières et monétaires, l’on refasse marcher la planche à billets, et qu’on impute à la crise une insuffisance d’Europe et l’absence d’un gouvernement mondial… Mais il se peut aussi que la pédagogie du virus fonctionne et casse un certain nombre de processus mortifères.
Le premier enseignement est celui de la limite. Il nous appelle à nous méfier de la démesure et surtout de la démesure dans l’ouverture. En 1989, le rideau de fer est tombé et son symbole le plus fort, le mur de Berlin a cessé d’opposer l’ouest libre et riche à l’est totalitaire et carcéral. Depuis, on n’a pas cessé de vouloir remplacer les barrières par des ponts, de proclamer qu’il ne fallait plus de frontières, que tous les humains étaient interchangeables, à terme tous des consommateurs hédonistes et individualistes, dans un monde où l’égoïsme débridé ne pouvait que servir la croissance. Bien sûr, la mauvaise conscience avait aussi produit son oeuvre : l' »Hubris » nous conduisait dans le mur, à défaut de le rebâtir, en mettant en danger la planète. Il fallait donc nous limiter, limiter notre consommation, notre production, notre reproduction, tout en laissant ouvertes les portes à ceux qui ne limiteraient rien. Il fallait respecter la nature tout en niant la nature humaine, la réalité des sexes et des pulsions. C’est cette double erreur qui est peut-être en train de s’effondrer.
Nous sommes en train de redécouvrir la valeur des frontières et des distances. Le virus ne vient pas tout seul et sans passeport. Il est porté par celui qui passe d’un pays à l’autre avec ou sans titre. Cela était déjà vrai avant le Covid-19. 35% des nouveaux cas de tuberculose en France étaient déjà observés en 2001 chez les personnes de nationalité étrangère, alors que celles-ci ne représentaient que 6 % de la population totale. L’incidence était de 6,2 cas/100 000 chez les personnes de nationalité française et de 57,2 cas/100 000 chez les personnes de nationalité étrangère. Certes, dans le cas de la tuberculose, le dépistage est obligatoire. Mais il montre combien le contrôle des frontières est indispensable, combien l’immigration illégale est un risque, et doit être absolument bannie. L’asile doit se demander au départ et non à l’arrivée. Cela limitera le nombre aux vrais demandeurs, ceux qui méritent l’asile parce qu’ils sont l’objet de persécutions personnelles. Asia Bibi, la chrétienne pakistanaise persécutée, oui. Ses persécuteurs passant les frontières vers l’Eldorado européen, non !
La politique menée en France face au virus a consisté, faute de moyens, à rétablir la distance dans les rapports sociaux. Le respect marqué par un salut à la japonaise a plus de dignité que les embrassades hypocrites par lesquelles on prétend témoigner de son amour du prochain. Il paraît d’ailleurs que ce comportement, avec l’habitude de porter le masque médical, a contribué à modérer la contamination au Japon. Faire la bise à tout le monde, c’est noyer la hiérarchie des affections, la différence du proche et du lointain, dans une sentimentalité apparente qui efface les sentiments forts. C’est aussi gommer la hiérarchie qui structure toute société entre parents et enfants, enseignants et élèves, détenteurs d’une autorité légitime et ceux qui doivent, dans leur intérêt même, s’y soumettre. Nos traditions occidentales européennes ont subi une érosion, un relâchement, dans le langage, l’habillement, le comportement, encouragé par la rencontre sur notre sol des images venues d’Outre-Atlantique et de gens venus d’ailleurs sans souci de se soumettre à nos normes culturelles. Peut-on espérer que l’exigence de rigueur, que la pandémie impose, restaure un équilibre que nous avons perdu, aussi éloigné de la froideur nippone que du débraillé vulgaire ? Lorsqu’on entend dire par un ministre chargé de l’ordre public que le respect du confinement dans les banlieues n’est pas une priorité, on peut en douter.
Ces propos rapportés par le Canard Enchaîné nous ramènent à nos limites : celle d’un Etat obèse, d’une dépense publique qui atteint les 58% du PIB, et qui, pourtant sont incapables de remplir leurs finalités premières, la sécurité malmenée dans des quartiers hors-la-loi où les trafics se poursuivent, et cette protection sanitaire qui n’a pas été convenablement assurée dans notre pays face à la pandémie. ( à suivre)
Commentaires
Comme d'habitude, excellent article de Christian VANNESTE, espérons qu'une fois la pandémie disparue, les Français sauront en tirer les conséquences, et bloquer ce mondialisme destructeur