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Jean Daniel aux Invalides, par Gérard Leclerc.

Cour d’honneur des Invalides

CC by-sa : EduardoVieira88

Que les obsèques de Jean Daniel aient lieu vendredi dans la cour des Invalides, en présence du président de la République, ne devrait pas nous surprendre Il n’y a pas si longtemps, c’était Jean d’Ormesson qui recevait le même hommage. La France continue à se reconnaître dans sa culture et ceux qui l’ont fait vivre pas seulement par la création proprement littéraire, mais aussi par une certaine qualité de sa presse.

gerard leclerc.jpgPersonnellement, je dois reconnaître ma dette à l’égard du directeur du Nouvel Observateur. Non que je me sois toujours trouvé en accord avec sa ligne éditoriale. J’ai eu de violents sujets de querelle avec elle ! Mais la tenue que Jean Daniel a toujours imposée au traitement de l’actualité dans toutes ses dimensions faisait que le jeune journaliste que j’étais ne pouvait se priver de sa confrontation hebdomadaire.

Et puis sur une question aussi importante que l’avenir du Moyen Orient et des relations entre Israël et la Palestine, je ne pouvais que suivre celui dont Hubert Védrine a dit ces jours-ci qu’il réagissait en véritable homme d’État. J’ajouterai qu’on n’a pas assez souligné comment Jean Daniel avait contribué à modifier la culture politique française, pas seulement dans le milieu de la gauche, même si celle-ci était la plus directement sollicitée, car la droite par contrecoup suivait les évolutions de ses partenaires. Un des collaborateurs qui ont eu le plus d’influence dans ce processus, c’est l’historien François Furet, puisqu’il a changé radicalement l’historiographie de la Révolution française, en rompant avec la vieille école républicaine. Et même si Jean-Paul Sartre fut considéré comme un des parrains du Nouvel Obs à ses origines, Jean Daniel a fait que ses lecteurs s’en détachent de plus en plus.

Je ne puis oublier ce que me confiait mon ami Maurice Clavel : « Si je puis m’exprimer librement chaque semaine dans Le Nouvel Observateur, je le dois à la seule grâce du prince, c’est-à-dire à son directeur. » Là aussi, Jean Daniel innovait, en rompant avec l’anticléricalisme de l’intelligentsia. Clavel pouvait conduire une œuvre étonnante de retournement intérieur qui se traduisait par la ferveur de ceux qui témoignaient à quel point, par son intermédiaire, ils avaient entrevu l’appel de la foi. Rien que pour avoir permis cela, je suis reconnaissant à celui qui sera honoré vendredi dans la cour des Invalides.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 25 février 2020.

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