Cinéma • Grâce à Dieu
Par Guilhem de Tarlé
A l’affiche : Grâce à Dieu, un film « magistral » (selon l’affiche) de François Ozon, avec François Marthouret (Mgr Barbarin), Bernard Verley (l’abbé Bernard Preynat), Melvil Poupaud (Alexandre Guérin), Denis Ménochet (François Debord), Swann Arlaud et Josiane Balasko (Emmanuel Thomassin et Irène, sa mère), Frédéric Pierrot (Capitaine Courteau).
« Imagine-t-on un même film sur une autre communauté religieuse, professionnelle ou politique ? »
Grâce à Dieu…Y aller ou ne pas y aller ? C'est une question que je me suis posée depuis la 1ère bande-annonce, bien avant la sortie du film, et avec davantage d’acuité encore au lendemain de la condamnation de Mgr Barbarin.
Y aller, n'est-ce pas hurler avec les loups ? Ou au contraire s’informer pour participer, « en même temps » que ce film-événement, au « grand débat » sur ladite condamnation.
Ne devient-on pas, d’ailleurs, inéluctablement l’agneau de l’Évangile quand on a l’honneur de prendre place sur le « Mur des c… » ? Et la Parole libérée ne nous permet-elle pas de relire à haute voix « Le jugement des juges » du poète fusillé ?
Y aller, c'est surtout accepter de voir la réalité en face... N'est-ce pas le philosophe Marcel Clément – je crois - qui enseignait : L'Église est sans péché mais elle n'est pas sans pécheurs ?
Grâce à Dieu est un film à charge, totalement à charge.
Et l’on notera que les « coupables » portent leurs vrais noms alors qu’il n’en est pas de même des autres personnages !
En outre, selon les critiques, ce film a été « tourné dans le plus grand secret » !
Vous avez dit « transparence » ?
A charge, bien évidemment, quand faisant fi de la présomption d'innocence, il affirme la pédophilie du père Preynat… Mais n'y a-t-il pas désinformation à continuer d’appeler « présumé innocent » le coupable qui a avoué ?
A charge, quand, longuement, à plusieurs reprises, il nous submerge dans les prières - « Seigneur, je ne suis pas digne.. » - pour nous forcer à n'y voir qu'hypocrisie.
A charge, - c’est l’objectif avoué -, contre le cardinal Philippe Barbarin, toujours en faisant fi de la présomption d’innocence puisque le film est sorti avant le jugement, alors que la procédure judiciaire était en cours… Mais Mgr Barbarin n’est-il pas l’homme à abattre puisque, « Primat des Gaules », il a été le fer de lance – le film le rappelle - contre « Le Mariage pour Tous » ?
A charge donc contre l’Église catholique – « écrasons l’infâme » disait déjà Voltaire – complice par son silence, et donc coupable d’un péché par omission : Alexandre Guérin, après avoir à plusieurs reprises affirmé que son action n’était pas contre l’Église mais au contraire pour la « sauver », finit par nous dire qu’il lui suffit d’être baptisé, donc chrétien, et qu’il n’a pas besoin des autres sacrements.
A charge enfin – le but ultime (inavoué) - contre Dieu, avec cette dernière scène où ce même Alexandre s’abstient de répondre – un « silence éloquent » - à son fils qui l’interroge : « Crois-tu encore en Dieu » ?
Un bon long-métrage, néanmoins, « magistralement » interprété, et très politiquement correct !
Imagine-t-on, d’ailleurs, un même film sur une autre communauté religieuse, professionnelle ou politique… Cela ferait, comme l’écrivait Cohn Bendit en 1975, « Le grand bazar ». ■
PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.
Commentaires
Je me suis déjà exprimé sur la condamnation du primat des Gaules: lorsqu'il a eu connaissance des faits, il y avait déjà prescription de l'action pénale, il n'avait donc rien à faire au plan judiciaire. De plus les victimes de Preynat étaient majeures, c'est elles qui devaient porter plainte ou leurs parents lorsqu'ils étaient mineurs, mais je sais que ce n'est pas simple. Le soucis, c'est qu'il y a beaucoup de cas....
L'aveu n'enlève pas la présomption d'innocence et heureusement! On a vu des faibles avouer sous la pression des crimes qu'il n'avait pas commis, surtout il ne faut pas l'oublier.
Grâce à Dieu, j’ai oublié le titre du film, les cinémas où il se joue, les polémiques qu’il soulève, le thème de ce film et tout ce qui s’y rapporte....
Et tout cela, Grâce à Dieu bien sûr !