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Face à la paix et à la guerre, Giraudoux tempère les optimismes, scrute les fatalités et envisage le rôle dévoulu aux « grands » par le destin ... Actualité ?

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(Ulysse à Hector)

« À la veille de toute guerre, il est courant que deux chefs des peuples en conflit se rencontrent seuls dans quelque innocent village, sur la terrasse au bord d'un lac, dans l'angle d'un jardin. Et ils conviennent que la guerre est le pire fléau du monde, et tous deux, à suivre du regard ces reflets et ces rides sur les eaux, à recevoir sur l'épaule ces pétales de magnolias, ils sont pacifiques, modestes, loyaux. Et ils s'étudient. Ils se regardent. Et, tiédis par le soleil, attendris par le vin clairet, ils ne trouvent dans le visage d'en face aucun trait qui justifie la haine, aucun trait qui n'appelle l'amour humain, et rien d'incompatible non plus dans leurs langages, dans leur façon de se gratter le nez et de boire. Et ils sont vraiment comblés de paix, de désirs de paix. Et ils se quittent en se serrant la main, en se sentant frères. Et ils se retournent de leur calèche pour se sourire…

Et le lendemain pourtant éclate la guerre… Ainsi nous sommes tous deux maintenant… Nos peuples autour de l'entretien se taisent et s'écartent, mais ce n'est pas qu'ils attendent de nous une victoire sur l'inéluctable. C'est seulement qu'ils nous ont donné pleins pouvoirs, qu'ils nous ont isolés, pour que nous goûtions mieux, au dessus de la catastrophe, notre fraternité d'ennemis. Goûtons-la. C'est un plat de riches. Savourons-la… Mais c'est tout. Le privilège des grands, c'est de voir les catastrophes d'une terrasse. »

Jean Giraudoux 

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La Guerre de Troie n'aura pas lieu, créée le 22 novembre 1935 au Théâtre de l'Athénée sous la direction et avec Louis Jouvet.

 

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