Des économies sur les collectivités territoriales ? Le bon sens et le bon mot du journaliste de France info qui contredit les illusions présidentielles...
Ce mercredi matin, un journaliste de France info explique que François "normal" veut faire des économies; enfin ! se dit-on, pensant qu'il a - même un peu tard... - été finalement touché par les ailes du génie du bon sens. Sauf que...
Posant la question à un autre journaliste, en duplex, et lui demandant où le président va faire ses économies, l'autre journaliste - qui suit le président dans son déplacement en Bourgogne - répond sans langue de bois (pour une fois !) que c'est "avec les collectivités territoriales". Et d'expliquer que c'est là que le bât blesse parce que, au fond, qu'est-ce que c'est, dit-il, que les collectivités territoriales : en substance, "une grosse PME socialiste à laquelle, vu les retombées électorales auxquelles leurs dépenses renvoient, il va être extrêmemnt délicat de toucher, et qu'il ne va pas falloir trop titiller...".
Saluons la franchise du ton, et la justesse de l'analyse.
La décentralisation, c'est la meilleure des choses. Faite par le Système, avec les Lois Deferre, elle s'est révélée aboutir au pire des résultats : recréer des dizaines de féodalités, gourmandes en fonds publics, et à visées électoralistes et clientélistes évidentes. Tout cela parce qu'il n'y a pas de fédérateur, pas d'arbitre au sommet de l'Etat; où, si l'on préfère, parce que la République, qu'est-ce que c'est, sinon "l'absence de Roi" - comme le rappelait Hilaire de Crémiers dans son Café politique de samedi dernier à Marseille...
Ce qu'une Royauté moderne pourrait faire et ferait, car l'Etat serait "nationalisé par le Roi" (la formule célèbre est de Léon Daudet), une République caracterisée par l'absence d'un pouvoir stable, permanent, a-démocratique au sommet de l'Etat ne peut pas le faire. Et si elle le fait - comme elle s'y est essayé avec les lois Deferre - cela aboutit à la catastrophe à laquelle on assiste avec nos collectivités locales budgétivores, et pièce supplémentaires du monstrueux millefeuille de notre sur-administration, qui nous ruine, nous étouffe, nous paralyse...
Précisément parce que cette absence d'autorité stable, ce court-termisme institutionnel, empêche l'Etat de jouer le rôle de régulateur, d'arbitre, sans lequel les autorités locales dégénèrent en autant de féodalités, dont le centre d'intérêt n'est pas le Bien commun, mais leur bien à elle, tout court, et tout simplement...
Commentaires
Dans une série en six épisodes sur la carrière de Mitterrand sur la chaine Planète, on lui demandait de quelle réforme il était le plus fier, qui restera dans les annales de la République. Il répondit bravement la décentralisation ! On voit le résultat.
J'entendais récemment dans une émission économique la mise en cause d'une couche du mille feuille que l'on ne cite jamais mais qui est un gouffre à budget totalement opaque les sociétés de développement régional (les SDR), voir lien http://www.senat.fr/rap/a95-272/a95-2725.html
Répétons que la dette a un coût, que son coût est le premier poste du budget de la Nation, donc à couvrir avec nos impôts directs et indirects, et que les retours sur investissements sont très aléatoires comme le démontre chaque année le rapport de la Cour des Comptes
EXACT, il suffit de voir la pléthore de cadres A ( supérieurs) dans les collectivités territoriales.En plus les dépenses abusives ( rond points à gogo...)parc immobilier exagéré, opérations prestige onéreuses.IL y a dans ces structures d'importantes économies à réaliser ainsi que des recettes ( dans certaines communes moins de la moitié des foyers paie les impots locaux.
le président sait d'autant plus qu'i lparle d'or qu'il fut un président de CG de Corrèze particulièrement dispendieux. endetté 3 fois la moyenne des départements
La France est le seul pays d'Europe (et du monde) où l'on a cinq niveaux d'administration du territoire : Etat, régions, départements, intercommunalités et communes, plus leurs satellites respectifs. C'est difficile à expliquer aux autres Européens. Il serait temps de supprimer les départements, superflus, mais comme c'est une création de la Révolution, un pays "idéologique" comme le nôtre ne commettra pas cet acte sacrilège. Il serait temps aussi de supprimer les chevauchements de compétences, mais ils profitent à trop d'élus. Il serait temps encore de réduire le nombre de tous ces élus, mais la tentative positive de Sarkozy pour le faire est passée à la trappe. Notre République bavarde, brouillonne et clientéliste continuera donc ses pratiques ruineuses au détriment de l'intérêt général. Et la descente au enfers de notre pays continuera jusqu'à ce que le peuple ait enfin un sursaut salutaire - s'il peut encore survenir.
Supprimer les départements, en tant que collectivité territoriale, et non en tant que circonscription administrative de l'Etat, est en effet une question pertinente.