Dans son Journal inédit 1914, note du 4 décembre, pages 209/210/211, Bainville écrit même qu'une paix séparée aurait pu, peut-être, être réalisée... dès la Noël 1914 ! :
Oui, mais voilà : Clémenceau était un républicain farouche, haineusement anti-catholique, de la trempe des Villani et des Jules Ferry (celui qui voulut "organiser le monde sans roi et sans Dieu").
Leur idéologie républicaine et anti-chrétienne passait avant ce qui était pourtant, de toute évidence, le plus élémentaire intérêt national. Clémenceau, Villani, Ferry, et tous leurs semblables, étaient les héritiers de ceux qui n'ont ni compris ni admis le renversement des alliances, opéré par Louis XV : politique véritablement "progresiste" et "révolutionnaire", à laquelle se sont opposé des soi-disant révolutionnaires, en fait "conservateurs" et "rétrogrades"; qui ont ensuite haï l' "Autrichiennne", laissant libre cours à une xénophobie de mauvais aloi; et qui ont déclaré à l'Autriche - et à l'Europe... - une stupide guerre de 23 ans qui a mis la France à genoux, amenant par deux fois les alliés à Paris; et ont enfin, à tout prix, fût-ce celui du sang de millions de jeunes français, détruit cet Empire catholique qu'était l'Autriche-Hongrie, devenu allié naturel de la France depuis Louis XV, et qui aurait probablement bien gêné - peut-être même empêché - Adolf Hitler...
Mais il fallait, pour Clémenceau, que l'idéologie républicaine at anti-chrétienne triomphât, fût-ce en agissant directement contre l'intérêt national....
"4 décembre - Toujours à propos de la mission anglaise auprès du Vatican, je reçois cette information intéressante :
"L'envoi par le gouvernement anglais d'un ambassadeur extraordinaire près le Saint-Siège est très certainement l'indication du désir de l'Angleterre que le Pape s'entremette près du gouvernement autrichien pour qu'il se sépare de l'Allemagne et fasse avec les alliés une paix séparée et immédiate. (En Autriche, les partisans de la guerre et de l'alliance allemande sont l'empereur, M. Tisza et la famille impériale, à l'exception de l'archiduc héritier; toute l'aristocratie est hostile à la politique du souverain et n'a pas souscrit le dernier emprunt pour manifester son hostilité)...
Les dispositions de François-Joseph ont pu changer : je sais de bonne source qu'au mois de juillet il a énergiquement resisté à Tisza et aux partisans de la manière forte....
Le bruit de son abdication a couru ces jours-ci : son successeur, le jeune archiduc héritier, dont la femme, princesse de Bourbon-Parme, a une éducation et des sentiments français bien connus, serait l'homme de cette "paix séparée" qu'il n'est aucunement déraisonnable d'espérer. Les X..., qui ont de fortes attaches de famille en Hongrie, ont dû, au moment de la guerre, laisser une de leurs fille à Budapest, chez le comte Tisza lui-même. On ne sait, dans la société hongroise, quels égards lui témoigner, quelles preuves lui donner du regret qu'on a d'être en guerre avec la France. Les officiers russes prisonniers ne sont pas davantage traités en ennemis. Dans une des dernières lettres reçues à Paris par les X..., leur fille fait comprendre que Tisza recherche les moyens de consclure la paix et d'abandonner l'Allemagne avant que l'Italie et la Roumanie se soient décidées à intervenir..."
Commentaires
Intéressant texte, qui mérite cependant quelques croisements, car Tisza fut malheureusement très inconséquent, comme le montre Fejtö. Petite observation cependant. Puisque Bainville et l'AF étaient si lucides, pourquoi avoir adopté la ligne politique de la "gendarmerie supplémentaire", qui faisait de nous les supplétifs disciplinés de cette crapule de Clemenceau? En politique, il faut choisir. On ne peut pas vouloir renverser le régime et lui obéir. Bien sûr, on peut feindre un moment. Cependant on ne peut pas se payer de mot à l'instant décisif.
Clémenceau, le Tigre de papier, vieille crapule maçonnique, a sur les mains le sang de centaines de milliers de Français. Il avait joué un rôle fourbe dans l'affaire de Mayerling. Ca n'en rend que plus odieux le culte officiel rendu au prétendu Père la Victoire qui fut surtout le Père la Boucherie.
Merci pour ce très précieux texte et pour votre très bel éphéméride qui devient LA référence de la roycosphère !...
Dans l’attente du Bourbon-Habsbourg nécessaire à la résurrection du Royaume de France …
extrêmement intéressant, nous serions dans un autre monde aujourd'hui car cela modifiait consiérablement les rapports de force, les engagements financiers eussent été de moindre ampleur. les conséquences incalculables.
Tout à fait "lepage" !...
A l'attention de la modération peut-être serait-il opportun de donner l'hyperlien correspondant à la photo du mariage de la princesse de Bourbon-Parme ?
Et au risque de prendre mes désirs pour la réalité, voici une réaction suscitée par votre généreuse hospitalité :
Ciel ! La rupture épistémologique royaliste a-t-elle commencé ?
http://cril17.info/
Une excellente émission de FR 3 le 16 Novembre 2011, « l’ombre d’un doute ; Clémenceau contre la paix » retrace exactement ce qui est écrit ici. L’obsession de ce personnage était d’écrouler les monarchies d’Europe centrale. Triste sire. Le sang du jeune français lui importait peu. La propagande dont il a bénéficié pour accrocher une fausse image demeure un mystère. Le Grand Orient certainement, mais était ce suffisant ?